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    1. SAGESSE##


SAGESSE. CANONIC1TÉ

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palestinien, et en conséquence n’énumèrent que ceux-ci dans leurs catalogues. Ils ont puisé, du reste, leurs renseignements sur les livres sacrés dans les cercles juifs eux-mêmes : Méliton le déclare expressément. Origène ne veut énumérer que les livres du canon « hébreu », xa6’'Eêpoctouç — <î)ç’E6poûoi roxpa 816°ôamv ; saint Jérôme exalte Yhebraica verilas. Par ailleurs, Origène cite Sap., vii, 25-26 comme parole de Dieu : wç ô 6eToç Xôyoç ôpoÇsToa, Cont. Celsum, III, 72, I’. G., t. xi, col. 1018 ; de même saint Athanase, Oral. cont. gentes, 11, P. G., t. xxv, col. 2-1, introduit un passage de la Sagesse par les mots : TrposS’lSarjy.E 7) TpaçT) Xéyouaa. Saint Jérôme cite sans restriction Sap., i, 4-5, In Jsaiam, 1. VII (cap. lxiii, 8 sq.), P. L.. t. xxiv, col. 610, sur le même plan que Eph., îv, 30 ; Ps., l, 13 ; Act-, v, 9 et Joa., xiv, 15-16 ; Sap.. îv. 0, In Jerem., 1. I (cap. i, 8) P. L., t. xxiv, col. 683, à titre de propheta loquens ; Sa])., vii, 22-24, In Ezech., 1. IV (cap. xvi, 10), P. L., t. xxv, col. 133, comme définition du spiritus sapicnlio’, se déjugeant ainsi, et reconnaissant au « livre » une autorité divine. Agissent de même saint Grégoire le Grand, Moral., v, 45, P. L., t. lxxv, col. 723, et Rupert de Deutz, Corn, in Joa., i, 3, P. L.. t. clxix. col. 313.

LU catalogue de Livres saints qui peut passer pour le plus ancien des documents ecclésiastiques attestant la canonicité d’une série de ces livres, et peut constituer en fait un véritable canon de caractère officiel — on l’a pu croire, du moins — dans la primitive Église romaine, c’est le catalogue des livres du Nouveau Testament dit Canon de Muratori, dont « l’original ne peut être postérieur aux premières années du iiie siècle ». Cf. M.-J. Lagrange, Le canon d’Hippolyte et le fragment de Muratori, dans Revue biblique 1933, ]). 170. Ce catalogue mentionne comme « tenue aussi dans l’Église catholique » Sapientia ab amicis Salomonis in honorem ipsius scripta (lignes 09-71) entre les épîtres de saint Jean et l’Apocalypse. L’auteur du catalogue croyait à la composition récente du livre et, avec plusieurs écrivains anciens (voir plus loin), l’attribuait, dans le texte grec original dont est traduit le canon muratorien. à Philon ; car il faudrait lire : Sapientia Salomonis a Philone (’jttô OD.covoç = ûtcc çtXcov = ab amicis) in honorem ipsius (Sapientia’) scripta : un livre ainsi placé au nombre de ceux du Nouveau Testament ne pouvant avoir été considéré comme écrit ab amicis Salomonis. Le dit canon peut bien être d’origine romaine et avoir eu pour auteur saint Hippolyte, antipape, adversaire de Calliste, mais affirmant néanmoins la tradition authentique de l’Église relativement aux Livres saints.

Voir M.-J. Lagrange, L’auteur du canon de Muratori, dans Revue biblique, 1926, p. 83-93, et l’article mentionné ci-dessus. Pour le texte même du canon, voir aussi H. Leclercq, Dict. d’archéol. ebrét., art. M uratorianum, t..xii, 1933, col. 543-553. Rapporter comme le fait Lagrange, loc. cil., p. 176-177, au livre de la Sagesse de Salomon ce que le catalogue dit (ensuite) du Pasteur d’Hermas (lignes 7380) pour mettre celui-ci hois du canon officiellement reçu dans l’Église : et ideo legi eum (lire : eam) quidem oportet se, publicarc vero in eclesia populo neque inter projetas conplelum numéro neque inter apostolos in fine temporum potest, c’est peut-être faire au texte une violence trop habilement justifiée ; car le Pasteur d’Hermas, débarrassé de cette exclusive, perd en même temps la très puissante recommandation leqi eum oportet qui l’accompagnait, et malgré la circonstance de l’origine toute récente du livre — nuperrime, teniporibus nostris herma, conscripsit (1. 74, 75) — l’a fait sans doute citer comme Écriture (ypaçïj, Scriptura divina) par des contemporains d’Hippolyte, tels saint Irénée, Cont. hær., IV, xxx, 2, P. G., t. vii, col. 217 ; Tertullien, De oral., xvi, P. /, ., t. i, col. 1172 ; Origène, K comment, in Osée, P. G., t. xiii, col. 828, et lire encore couramment et publiquement dans les églises au ive siècle. Eusèbe, lhst. ceci., t. III, c. iii, 3, P. G., t. xx, col. 217.

Au iv° siècle, la Sagesse de Salomon est placée au même rang que les livres protocanoniques de l’Ancien Testament. Les conciles africains d’Hippone, en 393, et de Carthage, eu 397 et 419, l’ont comprise parmi les livres de Salomon sous la formule Salomonis libri quinque. Denz.-Bannw., n. 92. Dans son « canon des Écritures », saint Augustin reconnaît à ce livre « la même autorité » qu’à « ceux qui sont reçus de toutes les Églises catholiques » et veut qu’il « compte parmi les livres prophétiques ». De doctr. christ., t. II, n. 12 et 13, P. L., t. xxxiv, col. 40-41 ; De civ. Dei, t. XVII, c. xx, 1, t. xli, col. 554 ; De prædest. sanct., 27, t. xliv, col. 980. Au v 1’siècle, le pape Gélase le met au rang des « Écritures divines » après les livres salomoniens : item Sapientia-liber unus. Denz.-Bannw., n. 84. Auparavant, le pape Innocent I er avait assuré l’évêque de Toulouse, saint Exupère, qu’il y avait in canone, Salomonis libri quinque. Ibid., n. 96.

Comme les Pères grecs du iv c et du Ve siècle, l’Église orientale, tout en n’inscrivant pas encore le livre de la Sagesse au rang des livres canoniques dans ses catalogues, lui reconnaît cependant le caractère d’ « Lcriture » par Léonce de Byzance (vn c siècle), De seclis, P. G., t. i.xxxvi, col. 1200, ou tout au moins la qualité de livre « excellent et beau » (èvâpe-roç (iiv xocl xaXrj) par saint Jean Damascène (vme siècle), De orthod. fuie, iv, 17, P. G., t. xciv, col. 1180. La Synopsis Scripluræ sacra’, tout en 1 excluant du canon (où xocvoviÇé[zevov), l’admet pourtant au nombre des « livres de l’Ancien Testament » et l’analyse comme les livres protocanoniques. P. G., t. xxviii, col. 284 sq. Du ix au xv c siècle la Sagesse, qui continue à faire partie du catalogue des livres « lus », ou qu’il « est permis de lire » aux catéchumènes, est admis implicitement au rang des n divines Écritures » énumérées dans les Canons des conciles d’Hippone et de Carthage : Syniagma canonum, P. G., t. civ, col. 589 sq. : les canonisles : Zonaras (xi’-xir siècles). Comment., P. G., t. cxxxvii, col. 216 et cxxxviii, col. 564 ; Blastarès, Syntagma alphabeticum, B, lf, P. G., t. cxliv, col. 1140 sq.

En Occident, du VIe au xvie siècle, nombre de docteurs, influencés par l’opinion de saint Jérôme touchant les deutérocanoniques, paraissent refuser la canonicité à la Sagesse de Salomon ; mais ce semblant d’opposition se réduit chez eux le. plus souvent à une affaire de mots, comme on l’a vu pour saint Grégoire le Grand et Rupert de Deutz citant ce livre équivalemment à titre d’Écriture. Même il arrive que le livre déclaré nommément « pseudographe » et non inséré dans le catalogue canonique, soit néanmoins noté comme « rendu authentique (avec les autres) par l’usage de l’Église, la règle de foi, les écrits des Pères », Gilles de Paris, De numéro librorum ulriusqiie Testamenti, P. L., t. ccxii, col. 43 ; ou que, « n’ayant pu atteindre la sublimité » des protocanoniques, il « ait mérité cependant, d’être reçu par l’Église », Pierre le Vénérable, Cont. Petrobrusianos, P. L., t. clxxxix, col. 751 ; ou que, dit « apocryphe », mais « hagiographe » et « véridique » il soit « reçu par l’Église », Pierre le Mangeur, Hisl. scolast., P. L., t. cxcviii, col. 1200, 1431, 1475 ; ou qu’il « n’était pas encore au nombre des Écritures canoniques » au temps de l’Aréopagite, saint Thomas d’Aquin, In Dionys., De div. nomin., c. iv, lect. ix ; ou que. « douteux », c’est-à-dire non compté dans le canon, il « chante néanmoins la vérité » et que « l’Église le reçoit », Hugues de Saint-Cher, Postil. in Jos., prol. Le cardinal Cajétan pensa préciser ces opinions doctrinales en comptant la Sagesse parmi « ces livres du Canon de la Bible qui ne sont pas canoniques, c’est-à-dire qui ne sont pas régulateurs pour confirmer ce qui est de foi, mais qui peuvent néanmoins être dits canoniques, c’est-à-dire régula-