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SA CESSE. C AN UNICITÉ

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désert, tout comme la sagesse : I Cor., x, 4 et Sap.,

x, 17 ; il est, comme la sagesse, une « image » (stxwv) de Dieu : Col., i, 15 et Sap., vii, 26 ; il a tout créé et il conserve tout, comme la sagesse : Col., i, 16-17 et Sap., vii, 12, 22. 27 ; vin. 1, (i ; il est. comme la sagesse, un reflet de la gloire de Dieu : Heb., i, 3 et Sap., vii, 25-26, un esprit pénétrant qui sait tout de toutes choses et de l'âme humaine : Heb., iv, 12-13 et Sap., vii, 22-23. Cf. aussi Heb., viii, 2 ; ix, Il et Sap., ix, 8 : le Tabernacle et le Temple opposés à la tente des deux ; Heb., ii, 1 1 et Sap., ii, 24 : le diable introducteur de la mort.

Saint Jean a emprunté également au livre de la Sagesse nombre de traits essentiels pour sa propre christologic et sa doctrine du Logos. Cf. Joa., i, 1 et Sap., viii, 3 ; ix, 4, 9 : le Logos auprès de Dieu, Joa., i, 3 et Sap., vii, 21-22 ; viii, G ; ix, 9 : tout a été lait par lui ; Joa., i, 4, 5, 9 et Sap., vi, 12 ; vii, 10, 29-3(1 : il est vie, et lumière ; Joa., iii, 13 et Sap., ix, 10 : le Christ, comme la sagesse, vient du ciel sur la terre : Joa., v, 20 et Sap., viii, 3 : le Père aime son Fils comme Dieu la sagesse. Dans l’Apocalypse, iii, 12, le juste reçoit sa récompense « dans le temple de Dieu » comme l’eunuque fidèle son lot « dans le temple du Seigneur », Sap., iii, 14 ; d’avoir encouru le châtiment, pour les impies, ou mérité la récompense, pour les bons, s’exprime dans la même courte formule : « ils le méritent » àÇiof eîatv, Apoc, iii, 4 ; xvi, (i et Sap., iii, 5 ; xvi, 9.

L'épître de Jacques, v, 5-0 accuse, comme la Sagesse n, 0-10, les riches de vivre dans le libertinage, d’opprimer les justes et de les condamner à la mort ; Jac, m, 17-18 caractérise la sagesse dans des termes analogues à ceux de Sap., vii, 22-23. Saint Luc, xii, 20 et Sap., xv, 8 : « l'âme redemandée » au riche insensé ; Luc, ix, 31 et Sap., iii, 2 ; vii, : la mort est un « exode » ; Luc, xix, 44 et Sap., iii, 7 : le jugement est « le temps de la visite », xoupoç È7uaxo7r7)ç. Dans la I a I’etri, i, 7 comme dans la Sagesse, iii, 0, les épreuves du juste sont comparées ù l'épreuve de l’or par le feu, et le jugement est également le < jour de la visite », Tjuipoe èmGXOTrf]ç, II, 12. Beaucoup d’autres parallèles d’expressions caractéristiques du livre de la Sagesse pourraient encore être relevés dans ces mêmes livres du Nouveau Testament. Le rapport de ces textes entre eux ne peut cependant pas toujours être considéré comme certain. Voir Stier, Die Apocrgphen, Brunswick, 1853, p. 18-22 ; Rochat, Étude historique et critique sur la Sapience de Salomon, Genève, 1890, p. 69-89 ; Heinisch, Dos Buch der Weisheit, Munstcr-en-W., 1912, p. xlii-xlvi.

Les plus anciens écrivains ecclésiastiques, comme les apôtres, utilisent le livre de la Sagesse, qu’ils lisent dans les LXX ou dans la version latine, sans toutefois le citer nommément. Ainsi la Doctrine des douze apôtres : iii, 6 et Sap., i, 1 1 ; Did., v, 2 et Sap., n, 10, 19 ; Did., vi, 3 et Sap., xvii, 17. Clément de Home, surtout / Cor., xxvii, 5 et Sap., xii, 12 et xi, 22 ; puis : / Cor., lx, 1 et Sap., vii, 17 ; / Cor., i.xi, 1 et Sap., vi, 3, 26 ; // Cor., xvii, 7 et Sap., iii, 1 sq. Le l’asleur d’Hermas : Vis., III, iii, 5 et Sap., XVIII, 15 ; Vis., III, iv, 1 et Sap., ix, 2 ; Moud., viii, 9 <l Sap.. viii, 7 ; SimiL, IX, xviii, 1 et Sap., x, 15 ; Simil., IX, xxiv, 3 et Sap., x, 10. Saint [renée, Cont. tuer., IV, xxxviii, 3, /'. Ci-, t. vii, col. 1108, offre une rémi niscence incontestable de Sap., vi, 19 : < L’immortalité rapproche de Dieu » ; selon Eusèbe, llisl. ceci.. I. Y. c. xxvi. /'. (', ., t. xx, col. 509, [renée citait même expressément la Sagesse de Salomon (avec l'épître aux Hébreux) en s’approprianl quelques nuits de ce livre ; tïjç Xe*{'>ixivr t c, Eo<ptaç EoXou.<ôvroç [xvpu, oveûei, pr-y. -riva… 7tapa0ép.evoç. Lactance, De Institut, div., IV. xvi, 7-10, /'. /, ., t. vi, col. 197, attribue i Sap. n. 12-20 (de Salomon) un caractère prophétique.

Les citations deviennent expresses et reconnaissent au livre un caractère divin, prophétique, inspiré, avec les Pères africains : Tertullien, Adv. Valent., c. ii, /'. /… t. ii, col. 544, cite Sap., i, 1 en ajoutant : ut docet ipsa Sophia Salomonis. Saint Cyprien, De habitu virgin., c. x, P. L., t. iv, col. 448 (Scriptura divina) ; De mortal., c. xxv, P. L.. t. iv, col. 598 (docet Spiritus Sanctus). Avec les Pères alexandrins : Clément d’Alexandrie, Strom., I. IV, 16, P. G., t. viii, col. 1309, cite Sap., iii, 1-8 avec la formule ir 6eta aoepîa -rrepl (xapTupcov Xéyst.. Origène et saint Athanase (voir plus loin). Avec les Pères de l'Église orientale : Eusèbe de Césarée, Præp. ev., i, 9, caractérise comme Ostov Xoyiov Sap., xiv, 12, P. G., t. xxi, col. 69, et ibid., XI, 14, cite comme ypaç/ ; Sap., vi, 22 ; vii, 22 ; viii, 1, P. G., ibid., col. 885. Saint Méthode de Tyr, Conviv. virg. Or, i, 3 et ii, 7, P. G., t. xviii, col. 44 et 52, traite également le livre d' « Ecriture », et y trouve les « paroles de ['Esprit-Saint ». Jugent de même saint Épiphane, saint Basile le Grand, saint Grégoire de Nazianze, Didyme d’Alexandrie, Théophile d’Alexandrie, saint Jean Chrysostome, dans de nombreux passages de leurs écrits. Dans l'Église d’Occident, saint Hippolyte, Adv. Judseos, ix, P. G., t. x, col. 792, allègue « aussi comme prophétie » (xal tt]v 7rpo'.p7)TÎav) avec d’autres passages des livres tenus pour canoniques, Sap., ii, 12-20. Saint Hilaire de Poitiers, De Trinitate, I, vii, P. L., t. x, col. 30, cite Sap., xiii, 5 à titre de propheticæ voces ; cf. aussi : In Ps. ex xxv, Il et Sap., i, 7, In Ps. cxviii, 8 et Sap., xvii, 1 : In Ps. cxxvii, 9 cl Sap., viii, 2, 9, P. L., t. ix, col. 775, 514, 708. Saint Ambroise, De virg., i, P. L., t. xiv, col. 155, apporte en témoignage Sap., iv, 1, comme Sapientiam quum Spiritus edidil per prophelam ; il cite fort souvent le livre dans ses ouvrages.

Dans ce concert de témoignages affirmant la canonicité du livre de la Sagesse quelques notes discordantes sont pourtant données par Origène et saint Athanase pour l'Église grecque, par saint Jérôme pour l'Église latine. Ainsi Origène, qui, dans le Prologus ad Canticum, n’admet comme canonique que les trois livres salomoniens (Prov., Eccle., et Cant.), qualifie la Sagesse comme un livre qui (ulique) non ab omnibus in auetoritale Iiabetur, De princip., t. IV, c. xxxiii, P. G., t. xi, col. 407, et omet dans son canon des livres saints les deutérocanoniques (Eusèbe, Hist. cccles., t. VI, c. xxv, P. G., t. xx, col. 580). Ainsi saint Athanase, qui, dans son Épitre festale de l’an 365, Ep. fest., xxxix, /'. G., t. xxvi, col. 1436, tient les deutérocanoniques pour des livres simplement édifiants à l’usage des catéchumènes. Ainsi saint Jérôme, qui, dans le Prologus gale/dus aux livres des Bois, P. L., t. xxviii, col. 556, veut que l’on tienne pour « apocryphe » la Sagesse quæ vulgo Salomonis inscribitur, parce qu’elle < n’est pas dans le canon », et affirme dans sa Præjatio in libros Salomonis, P. L., ibid., col. 1212-1213. que ce même livre n’est pas « reçu » par l'Église inler canonicas Seripluras et n’est « lu » que pour l'édification du peuple chrétien, et non ad aueloritatem ecclesiaslicorum dogmatum confirrnandam. Cf. Prief. in lib. Salomonis juxta L.XX interprètes, P. L., t. xxix,

col. 10 1.

Ces assertions de saint Jérôme se retrouvent, des siècles durant, dans les ouvrages des écrivains ecclésiastiques du Moyen Age. Citons seulement saint Grégoire le Grand, Moral., xix. 21, P. L., t. lxxvi. col. Il9.ci Rupert de Deutz, In Gen., iii, 31, P. L., t. n. xvii, col. 318. Les discordances venant des canons de Mililoii. d’Origène et de saint Jérôme lui-même sonl dues a ce l’ait quc, dans la polémique engagée entre juifs et chrétiens aux premiers siècles, les écrivains ecclésiastiques n’entendent nourrir la controverse que de Icxles scripl uraires afférents aux livres du canon