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ROUMANIE. ENSEIGNEMENT, RITE ROUMAIN


un programme détaillé applicable aux trois catégories d’élèves : commençants, moyens et grands. Il prévoit encore l’institution d’un conseil scolaire composé d’hommes compétents, et de professeurs ayant fait des études spéciales.

b) Personnalités sorties de cette école. — Parmi les personnalités de l’enseignement sorties de cette école, nous rappellerons : Jean Vancea, né à Vasad-Bihor, d’abord prêtre à Macau [Makô] (Hongrie), professeur à cette école, ensuite chanoine et évêque de Gherla, et finalement métropolite de Blaj. Il a écrit un dialogue sur la constitution de l’Église et une biographie de l’évêque B. Erdelyi-Ardeleanu. Pendant qu’il exerce à cette école comme professeur, le vicaire apostolique de Sahle (Liban), passe, le 21 novembre 1852, par Oradi a. Il prononce un discours en langue arabe, que traduit le jeune professeur J. Vancea, promu récemment docteur en théologie à l’université de Vienne. Jean Sabo, professeur et plus tard chanoine puis évêque de Gherla, a laissé aussi le souvenir d’une personnalité bien douée et d’une mémoire prodigieuse. Augustin Lauran travailla aussi à cette école pendant un quart de siècle et davantage. Il a fait imprimer un excellent ouvrage : Le chrétien gréco-catholique, instruit de sa foi, manuel catéchislique et historique pour les guides du peuple concernant spécialement l’histoire des querelles grecques [en roumain], Oradéa, 1 878. La première partie de l’ouvrage est faite d’après les controverses de Bellarmin ; la seconde d’après un ouvrage similaire du chanoine Jean Nogâll et d’après 11 trionfo délia rcligione de saint Alphonse de Liguori. Le même auteur a rendu de signalés services à l’enseignement normal roumain et particulièrement à cette école, en traduisant et refaisant Le livre des instituteurs, manuel de l’auteur hongrois Ignace Barany. Jean Butean fut directeur de l’école à l’époque qui précéda l’union (1907-1914). Éducateur de grand prestige, il apportait du lycée de Beius-Bihor, au service duquel il s’était dévoué comme professeur et directeur, une expérience pédagogique des plus précieuses. En décembre 1908, à l’occasion de l’inauguration des locaux qui serviront jusqu’en 1933, jetant un coup d’œil rétrospectif sur le développement de cette école, il espère en toute justice que l’avenir rapproché va devenir encore meilleur. En attendant cet avenir meilleur, l’école passe, durant la guerre mondiale, par des humiliations et des chicanes qui constituent le plus sombre de tout son passé. Sous le prétexte qu’après l’entrée de l’armée roumaine dans la guerre aux côtés des puissances occidentales, ciuelques instituteurs et professeurs roumains unis ont passé dans le camp ennemi, le comte Adalbert Apponyi, alors ministre des Cultes et de l’Instruction publique de Hongrie, institue le contrôle « patriotique » permanent pour toutes les écoles normales roumaines. Le 17 juillet 1917, il adresse au métropolite Victor Mihalyi de Blaj. une lettre, où il dit : « J’ai décidé de nommer pour chacune d’entre elles [les écoles normales des Roumains], un commissaire ministériel spécial, en l’investissant des attributions qui s’étendent à toutes les branches de l’enseignement, tant du point de vue de l’éducation que de la pédagogie en général et de la didactique en particulier. » Il s’agit avant tout, la lettre n’en fait pas mystère, d’empêcher les écoles gréco-catholiques de Transylvanie d’infuser à la jeunesse l’esprit national roumain. Contre cette mesure abusive, équivalant à une confiscation de l’enseignement normal, confessionnel, l’Église roumaine unie proteste énergiquement et avec dignité, d’autant plus que d’autres mesures viennent aggraver la première : le règlement spécial de ces commissariats, approuvé par le même ministère, n. 139, 932-1917, VI, du 18 septembre 1917, directives et ordonnances faites par le ministre lui-même.

« La loi, disent les cvêques, admet le droit d’inspection

du ministère deux fois par an et plus souvent, dans des cas exceptionnels. Contrairement à la loi, le ministre Apponyi ne se contente pas de quelques inspections, plus sérieuses et plus détaillées, mais il institue des commissariats permanents près de chaque école normale confessionnelle. De plus, le commissaire a le droit d’assister à toutes les leçons, de surveiller les professeurs et les élèves, ces derniers même à la maison, d’être appelé à toutes les conférences et d’y présenter ses observations. Il est plus infaillible que le pape. » En dépit de ces protestations, le système fut instauré et la personnalité même du commissaire ministériel François Tégiâssyne contribua guère à son bon fonctionnement. Ses premiers contacts avec le directeur et les professeurs de l’école furent pénibles et amenèrent de nouvelles protestations. I ! ne se priva pas de faire à tout propos et hors de propos les observations les plus tendancieuses, prétendant même assister non seulement aux cours de religion, mais au service divin et aux sermons, enlevant à l’autorité ecclésiastique, patronne de l’école, toute initiative et toute direction, multipliant les dénonciations et les mesures arbiti aires.

Les autres personnalités qui fournissent leur apport au développement de l’école normale unie d’Oradc’a sont : Florian Stan, docteur en droit canonique, prévôt du chapitre, vicaire général. Il enseigne la langue française gratuitement d’ailleurs, comme il l’a fait aussi au lycée de Beius. Il faut signaler le courage avec lequel il s’élève, en pleine guerre, quand les internements et emprisonnements sont à l’ordre du jour, contre la mesure prise par le ministre Apponyi, de supprimer l’élément roumain de la frontière orientale de la Transylvanie, par la création d’une « zone culturelle » magyare, ce qui à l’époque signifiait la magyarisation forcée de plus de trois cents écoles roumaines. Dans une interview au journal Pcsti Naplô du 15 août 1917. il déclare : « L’ordre ministériel que nous a transmis la métropole de Blaj nous a fait frémir. Nous ne pouvons l’accepter. Écrivez, je vous prie, que moi, vicaire général, j’attribue exclusivement cet ordre à ce fait que Apponyi a soixante et onze ans ». En petit, Florian Stan joue ici le rôle qu’à la même époque tiennent avec tant d’éclat le cardinal Mercier en Belgieme et le cardinal La Fontaine à Venise. Après la guerre, devant l’incompréhension du rôle joué par l’école et les professeurs, Florian Stan écrit au ministère de Bucarest :

« Cet institut, par ses mérites impérissables dans le

passé, est devenu pour nous un sanctuaire, et les professeurs des oints du Seigneur. Aussi directeurs et secré1 aires généraux du ministère ne sont dignes d’entrer dans cette école que la tête découverte et nu-pieds. »

Élie Stan, chanoine, est pendant quelque temps professeur de religion. Ici, comme au lycée de garçons et au lycée de filles de Beius, il se rend compte que, pour développer le sentiment religieux dans l’âme de la jeunesse scolaire, il n’est pas besoin de multiplier les heures de catéchisme, mais qu’il faut mettre en concordance avec cette matière principale toutes les autres matières d’enseignement.

Jacques Radu, vicaire général, prévôt du chapitre, prélat, est lui aussi pendant quelque temps professeur d’histoire et de droit constitutionnel. Il est d’ailleurs dans son élément puisque c’est un historien averti. Parmi ses œuvres rappelons : L’histoire du vicariat gréco-catholique de Halzeg, Lugoj, 1912 ; L’Église de la sainte Union de Tdmpâhaza-Uifalâu (aujourd’hui Râdesti), Oradéa, 1911 ; Monographie de la ville d’Oradéa, dans le Bulletin de la Société, royale roumaine de géographie, Bucarest, 1921 ; La vie et les œuvres de l’évêque Démétrius Radu. Oradéa, 1923 ; Les manuscrits de la bibliothèque de l’évêché uni d’Oradéa et Deux