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ROUMANIE. ENSEIGNEMENT, RITE ROUMAIN

plus tard (1779) on organisa dans cette école un cours pour familiariser tous les instituteurs roumains, sans différence de confession religieuse, avec la méthode du pédagogue autrichien Sagan.

Le premier évêque titulaire de l’évêché d’Oradéa, fondé en 1777, Moïse Dragos (1777-1787), répara le vieil édifice scolaire ruiné. De nos jours, Mgr Valère Trajan Frentiu a inauguré les constructions nouvelles, véritable ornement de sa ville épiscopale. L’inauguration du nouvel édifice s’est faitee : i très grande pompe à la Pentecôte 1934, en présence des ministres, le Dr Constantin Angelesco, Alex. I. Lapedatu, Iulius Valaori et des représentants de toutes les autorités civiles et militaires de la ville. Cel événement important, fut relevé non seulement par la presse roumaine, mais aussi par celle de l’étranger : YOssrriHitore rnmano, 18-19 juin 1934 ; Y Illustrazione Valicana, l or -15 septembre 1934 ; la Croix, etc.

a) Systèmes pédagogiques. — Ce qui est intéressant à suivre dans le développement de cette école, c’est la variété de systèmes pédagogiques essayés d’après les époques, les courants et les personnalités. Nous avons rappelé le cours Sagan, organisé dans les vacances île la Pentecôte 1779, malgré l’évêque serbe d’Arad, Pacôme Knezevich, qui protesta contre cette mesure (cf. N. Fini, Données et documents pour servir à l’histoire des écoles roumaines de Bihor, p. 40), nouvelle preuve de la triste vérité constatée par Démétrius Tzikindeal, dans une lettre adressée à Samuel Vulcan : « Les Serbes ne veulent pas que les Roumains s’éclairent. » Depuis sa fondation (1733-1734) jusqu’en 1780, se succèdent à la tête de cette école, plusieurs directeurs, tels que : Gergelyfi, Silvasi, Paul Bercghi et Jean Ciontos. Entre 1780 et 1790, Siméon Maghiar prend cette place. C’est un pédagogue cultivé, connaissant les langues française, allemande, grecque, latine, serbe, hongroise et roumaine. Ayant grand besoin de livres scolaires roumains, l’inspecteur royal Charles Luby le pria de traduire en roumain plusieurs manuels, en lui proposant une rémunération d’argent pour ses travaux et dépenses ; il la refusa. Ses services sont d’autant plus précieux, qu’il les apportait en un temps où le gouvernement tenait à dessein les Roumains dans les ténèbres de l’ignorance, sous prétexte que leur langue ne se prêtait pas aux enseignements plus élevés. Entre les années 1780 et 1785, S. Maghiar compose neuf livres didactiques.

Une autre personnalité qui présida longtemps aux destinées de cette école ce fut Jean Corneli († 1848), ami, collaborateur et protecteur des grands triumvirs : S. Micu-Klein, G. Sincaï et P. Maïor. Il avait fait ses études à Vienne, Agria, Lemberg (Lwow), se familiarisant avec les langues latine, grecque, allemande, hongroise, française et roumaine. Pour un temps, il fut aumônier militaire de la garnison d’Oradéa, puis curé de Ghida-Bihor. Malgré les insistances de ses paroissiens, l’évêque Ignace Darabant (1788-1805) le recommanda aux autorités scolaires et en mai 1792, le gouvernement le nomma inspecteur des écoles nationales et directeur de l’école normale. A partir de cette date jusqu’en 1848, il travaillera sans cesse pour la culture roumaine et chrétienne dans ces contrées. II apporte un soin tout particulier à la construction des écoles. Il sait ce que signifie une construction convenable, non seulement pour le progrès culturel de la jeunesse, mais du peuple entier. Il sacrifie beaucoup aussi de ses modestes moyens matériels.

Toutefois, en 1800. il est remplacé par Jean Molnar, professeur à Carei-Sfilaj. Son ami G. Sincaï l’avait prévenu deux ans auparavant. Le conseiller du gouvernement de Buda, Pelô. avait dit en effet, dès 180 1, à Sincaï et à Tarkovits que J. Corneli perdrait son poste de directeur de l’école roumaine parce qu’il était prêtre.

Sincaï comprit tout de suite la pointe anticléricale de la mesure du gouvernement austro-hongrois. Ce gouvernement n’a pas besoin de prêtres dans l’enseignement, il préfère des laïcs qui n’accordent aux évêques que des égards extérieurs et ne sont soumis qu’au directeur royal des écoles. Après J. Molnar sont directeurs de l’école, Michel Benes (1808-1814) et Nicolas Borbola (1814-1816). En 1817, J. Corneli est enfin réintégré.

Dès 1806, il avait été prié de faire au gouvernement de Buda des propositions relatives à l’écriture de la langue roumaine, et sa requête fut présentée par le vicaire préposé G. Fârcas. Après avoir affirmé l’identité d’origine, de langue, de nationalité et d’aspirations du peuple roumain entier de la Tissa jusqu’au Dniester et à la Crimée, J. Corneli plaidait non seulement pour la réduction des lettres slaves de 45 à 34. mais aussi pour leur remplacement systématique par les lettres latines. Il proposait pour l’organisation de l’enseignement primaire une compréhension fraternelle entre les représentants des deux Églises roumaines. II prévoyait dans le programme de cet enseignement l’histoire de la nation daco-roumaine, afin que la jeunesse pût en tirer des exemples dans les luttes de la vie.

En dehors de ces ouvrages officiels, J. Corneli, a écrit encore deux volumes de recueils de sentences et de morceaux littéraires, demeurés manuscrits, et conservés à la bibliothèque épiscopale roumaine unie d’Oradéa (n. 119 et 120) : Congestarume variis auetoribus de variis maleriis scribenlibus phrasium pars i a ; et… pars II*. Il s’agit d’extraits des principaux classiques latins, destinés à fournir des modèles de style. Il s’y trouve encore une ode latine, à la mémoire de Paul-Pierre Aron, le fondateur des écoles de Blaj, par Joseph Pop de Daïa. Il y a aussi des vers latins d’occasion sur Marie-Thérèse, Joseph II, Frédéric II ; une pièce latine à l’adresse du prince roumain Nicolas-Alexandre Maurocordatus et, chose rare à l’époque, quelques citations d’auteurs français. Après tant de mérites, l’évêque Basile Erdelyi-Ardeleanu obtint du pape la croix pastorale d’or, pour le prévôt J. Corneli, croix que portent tous ses successeurs dans cette dignité. Après la guerre civile de 1848-1849, c’est l’époque de l’absolutisme autrichien. Elle amène l’égal asservissement de tous les citoyens et pourtant, en comparaison de l’envahissement hongrois précédent, elle représente un adoucissement. Le régime autrichien se rend mieux compte de la signification de l’instruction pour les peuples et préconise une préparation aussi solide que possible des futurs instituteurs. L’enseignement normal est séparé du primaire. Nul ne peut être instituteur, s’il n’a fait pendant deux années des études systématiques de pédagogie à une école normale. A la place de la langue hongroise, on introduit l’allemand. En ce temps de liberté nationale relative, le savant chanoine d’Oradéa, Joseph Papp Szilâgyi (Pop Sâlâjeanul) est nommé inspecteur scolaire ; il est l’auteur d’un célèbre traité de droit canonique, Enchiridion juris Ecclesiæ orientalis catholicu, Oradéa, 1862 ; 2° éd., 1880. Par l’intermédiaire de l’évêque B. Erdelyi-Ardeleanu. le nouvel inspecteur présente un projet pour la réorganisation de renseignement épiscopal. A côté de l’école normale, fonctionnera une école d’application, où les normaliens devront s’exercer à faire des leçons. Pour se bien péni trer des chants et des rites ecclésiastiques, les normaliens, en dehors des deux heures de cours théoriques dans ce but, feront des exercices aux vêpres du jour cpii précède les dimanches et les fêtes de l’année. En dehors d’une quantité de mesures d’ordre administratif et économique (édifices scolaires, leur entretien, appoint cineut des instituteurs et chantres de paroisse-., terres de culture, etc.), le projet donne, comme de Juste,