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S AC R A M E N T AUX. N OT 1 N S ( ! E N É H A I > E S

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1. Avant le XW siècle.

a) En Occident. — Cette période sera plus spécialement étudiée à l’art. Sacrement. Il suffit de rappeler ici, en bref, que, des l’origine, le terme sacrement s’est trouvé appliqué à certains rites non sacramentel-, mais simplement religieux. C’est ainsi que Tertullien applique le mot de sacrement à la bénédiction de Jacob, dans laquelle il voit l’origine de l’imposition des mains qui suit le baptême, De baptismo, c. viii, P. /, ., t. n (1860), col. 1208 A ; au baptême de Jean, Adi>. Marcionem, t. IV, c. xxxviii, t. i, col. 453 A ; à certains rites symboliques, comme le baptême du Christ, Adv. valentinianos, c. xxvii, t. ii col. 581 A ; ou mystiques, comme l’onction consécratoire du Christ, Adv. Praxeam, e. xxviii, t. ii, col. 192H, Cf. E. de Hacker, dans Pour l’histoire du mot « sacrement ». I. Les anténicéens, Couvain, 1921, p. 111-113. Du même auteur, Sacramentum, le mot et l’idée représentée par lui dans les œuvres de Tertullien, Louvain, 1911, p. (il sq. J. Poukens, S. J., a également relevé, dans le sens de cérémonies sacrées, le mot sacramentum, une fois chez saint Cyprien, Epist., lxxiv, n. 4, édit. Hartel, p. 802 ; deux fois chez Firmilien, Epist., i.xxv, n. 6, 10, ibid., p. 813 et H 1 <S ; une fois dans le De aleatoribus, n. 5, ibid., p. 97, et une fois dans la Passio SS. Montant et Lucii, n. 22, dans von Gebhardt, Acla marturum setecta, Berlin, 1902, p. 160.

Au iv c siècle, cette extension très large de la signification du mot sacrement se maintient chez les auteurs ecclésiastiques. « Tout ce qui est en rapport avec les sacrements et le sacrifice, choses et personnes, était consacré au service divin par une bénédiction particulière. La bénédiction consécratoire, les choses nécessaires à cet effet ainsi qu’à l’administration des sacrements, furent communément appelés aussi « sacrements » : sacramenta catechumenorum, baptismi. La consignation avec le signe de la croix, l’enquête sur la foi, l’exorcisme, l’onction avec la salive sur les oreilles et les narines, la bénédiction des cendres, leur distribution aux catéchumènes, la bénédiction du sel et sa présentation, tout cela fut appelé sacrement. » Schanz, Die Lehre von den heiligen Sacramenten der katholischen Kirche, Fribourg-en-B., 1893, p. 80. Il serait facile de démontrer l’exactitude de cette affirmation, en interrogeant saint Augustin qui, cependant, a commencé à esquisser la théologie des éléments et de L’efficacité des sacrements. Ce Père, en effet, parle du sacrement du symbole, de l’oraison dominicale, exactement comme il parle du sacrement de baptême et du sacrement de l’autel, et cela dans le même sermon. Serm., cc.xxvui, n. 3, P. L., t. xxxviii, col. 1101 sq. C’est pour lui, vu la pauvreté et l’hésitation du langage ecclésiastique, une nécessité de désigner par le même mot des choses lointainement analogiques et en réalité dissemblables. Leur symbolisme commun autorise cette communauté d’appellation : Isla dicuntur sacramenta, quia in iis aliud videtur, aliud intelligituT. Serm., cci.xxii, ibid., col. 1247. Voir, en ce sens, divers textes d’Augustin : De peccatorum meritis et remissione, t. II, c. xxvi, P. L.. t. xi. iv, col. 17*i (sacramentum catechumenorum) ; Contra Fauslum, I. XII. c. xix : I. XIX, c. i, t. xi.u, col. 264, 355 ; De catech. rudibus, c. wvi, n. 50, I. xi, , col. 344 ; Serm., r.cxxvii (sacramentum jejunii et exorcismi), t. xxxv, col. 1 100.

Cette extension du mot sacrement aux choses et cérémonies liturgiques diverses que nous appelons aujourd’hui sacramentau. est vraisemblablement la clef qui permet de résoudre maintes difficultés tou cbanl le nombre des sacrements chez les Pères. Voir Sa-CREMENT. Ambroise qui appelle sacrement la lotion des pieds. De mi/sleriis, c. VI, n. 32, P.L., t. xvi ( 1 <S 15), col. 398, n’a en vue sans doute qu’un simple sacramenta ! auquel on recourt, ut hereditaria peccata tollantur, non qu’il s’agisse ici du remède contre le péché originel

lui-même, mais parce qu’il s’agit d’un remède contre les effets mauvais de ce péché héréditaire, lesquels subsistent même après le baptême. Cf. De sacramentis, t. III, c. i, n. 7, ibid., col. 433, et Ambroise lui-même, in ps. XLVIII, n. 9, t. xiv, col. 1159.

L’historien du dogme devra constater qu’aucun progrès dans la terminologie ne se produira en Occident avant le XIIe siècle ; témoin, les énumérations de saint Pierre Damien († 1072), Serm., lxix, P. L., t. cxliv, col. 897 sq.

b) En Orient. Le même phénomène de terminologie confuse suit une courbe analogue. Au ve -vie siècle le pseudo-Denys en est une preuve intéressante. Au début de sa Hiérarchie ecclésiastique, t. I, c. i-v, puis, plus loin, t. II, c. i-iii ; t. III, c. i, les mots kpocp/ixà (j.o<7Tr)pia, lepà aùfi.60Xa, dont il se sert plus fréquemment pour désigner les vrais sacrements, se trouvent aussi appliqués aux sacramentaux. Dans les ; j.uaT7)pt, a et les tspà a^yL^Ac, il fait entrer, en effet, la consécration du chrême et de. l’autel, le rite consécratoire des moines, le rite de la sépulture qui comportait une onction d’huile sur le corps du défunt. P. G., t. iii, col. 372-425, passim. Cf. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, t. iii, p. 9 ; Pourrat, La théologie sacramentairc Paris, 1907, p. 240. Théodore le Studite († 826), s’en tient à la doctrine du pseudo-Denys et enseigne que le saint habit monacal est un « mystère ». Cf. Pargoire, L’Eglise byzantine de 527 à 847, Paris, 1905, p. 338.

L’influence du pseudo-Denys, mêlée sans doute à d’autres considérations personnelles, se retrouvera encore dans la confusion qui règne en certaines énumérations postérieures des sacrements, celle de Job le moine (fin du xiiie siècle), probablement le même personnage que Job Jasitès, contemporain de Michel Paléologue et de Jean Veccos, qui considère le « saint habit monacal » comme un des sacrements et complète sur ce point Théodore îe Studite en distinguant trois degrés dans cet habit, tô [xixpô(r/Y]u.a ou ii, iy.p6ery ?)u.ov ou poceroçôpov c’est-à-dire le petit habit ; xo xrjç xoupâç réXs-tov îyiov ayryua., l’habit parfait de la tonsure, et enfin to àyYSA’.xôv ou [isyx ay7)[i.a, Ie grand habit, ou habit angélique. Cf. Jugie, op. cit., p. 19. D’ailleurs la virginité rentre, pour cet auteur, dans le sacrement du saint habit : la consécration et la dédicace de l’église, dans celui de la confirmation, et la consécration du saint chrême — chose étonnante — dans celui de l’eucharistie ! l.’clevalio sanctissimse, rite accompli après le repas, se réfère (gaiement au sacrement de l’eucharistie. Jugie, op. cit.. p. 18-19. Le traité de Job, ’l(V, àuapTcoXo’j Twv ÉTrrà quCTTYjptwv TÎjç’ExxA/]<naç k~-T~ ; r l [).>y.-i.v.ri Œcopta y.y Siaaàcpjaiç n’est pas édité et est cité par M. Jugie d’après le ms. 64 du Supplément grec de Paris.

La dissertation de Job semble avoir été connue de Syméon de Thessalonique qui, au xive siècle, considère encore comme un sacrement le saint habit et désigne du nom de sacrement (mystère) un certain nombre de sacramentaux : consécration du saint chrême, consécration de l’autel, dédicace de l’église, sacre de l’empereur, oraison dominicale, heures canoniques, élévation TÎjç, TZOMOLyloiç, office des funérailles. Qu’il s’agisse ii i de confusion, non de doctrine, mais de simple dénomination, la chose apparaît évidente, tout d’abord parce que Syméon lui-même discerne parfaitement les Véritables sacrements des sacramentaux ; ensuite, parce qu’à cette époque le nombre septénaire des sacrements était déjà, entre Orientaux et Latins, parfaitement fixé. L’ouvrage de Syméon de Thessalonique, I [epi tûv lepôv TeXeTÛv, dans la P. G., t. clv, col. 175696. Cf. Jugie, op. cit.. p. 19-20.

On trouve la même confusion des sacrements et des sacramentaux sous la même dénomination, au xve siè-