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ROUMANIE. ENSEIGNEMENT, RITE ROUMAIN


ouvrage, on discute les quatre points de divergence entre orthodoxes et catholiques, à l’aide de textes appropriés des livres rituels de l’Église orthodoxe.

A la suite de ceux-ci, il faut signaler le « triumvirat » de la renaissance culturelle roumaine : Samuel Micu-Klein, Georges Sincaï et Pierre Maïor.

1. Samuel Micu-Klein († 1806), après de brillantes études faites à Blaj et à Vienne, en 1772, est professeur de mathématiques et d’éthique à Blaj, enfin correcteur de l’imprimerie de l’université de Buda (Hongrie). Ses ouvrages, au nombre de plus de quarante, remplissent de nombreux volumes dont quelques-uns in-folio. Peu de Roumains ont développé une activité aussi féconde que ce véritable « bénédictin » de la jeune littérature roumaine. Ces ouvrages appartiennent à tous les domaines : théologie, philosophie, histoire et philologie. Nous ne ferons mémoire que des plus importants : Ouvrages de théologie philosophie : Dissertatio canonica de malrimonio juxla disciplinam grœcæ orienlalis Ecclesiæ, Vienne, 1781 : Dissertatio de jeiuniis græcæ orienlalis Ecclesiæ, Vienne, 1782 ; Théologie morale [en roumain], Blaj, 1796 ; Dissertatio de statu et polilia religiosorum et monachorum orienlalis Ecclesiæ [inédit] ; Sermons funèbres [en roumain], Blaj, 1784 : Pratique consistoriale [inédit] ; La Bible, ou la divine Écriture de l’ancienne et nouvelle Loi, Blaj, 1795 ; Acathiste ou livre de prières pour la dévotion de chaque chrétien, Sibiu, 1801 ; Les canons de tous les conciles reconnus dans l’Église d’Orient [inédit] ; Histoire de l’Église d’après Fleury [inédit] ; Histoire religieuse des Roumains de Transylvanie ; Histoire du concile de Florence ; Histoire de l’union entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident [inédit] ; De metropoli Transylvanica ; Logica, Buda : Melaphysica ; Le droit naturel ; Arithmelica. De tous ces ouvrages, celui Sur le mariage, publié en latin à Vienne, est souvent cité par les théologiens catholiques de partout.

Pour les Roumains la traduction de la Bible est de grande importance. Dans la préface, S. Micu-Klein fait mention non seulement de la Bible de Serban Vodâ Cantacuzino(1688), mais aussi de la traduction d’après la Vulgate restée en manuscrit, de l’évêque Aron. Mais, parce que plusieurs parties de cette traduction sont perdues, il se voit obligé de traduire en entier la sainte Écriture, d’après le texte grec des Septante. Cette traduction, approuvée par l’évêque J. Bob, contient aussi des prolégomènes sur les auteurs et les livres saints, ainsi que de courtes notes et observations. Il faut regretter que la traduction de S. Micu-Klein — pour l’Ancien Testament — ne soit pas faite d’après l’original hébreu, mais d’après un texte qui, malgré son prestige, n’est lui-même qu’une traduction. Elle n’en garde pas moins sa valeur, et reste encore aujouid’hui indispensable. Les éditions qui la suivent, celles de Saint-Pétersbourg, de Buzâu, etc., si elles ne sont pas des rééditions exactes, ne présentent du moins que des variantes peu importantes de la sienne.

La Théologie morale est elle aussi un ouvrage important. Elle fut en usage aux cours de théologie morale de Blaj — cours de deux ans seukment pour la préparation des prêtres des paroisses pauvres — jusqu’en 1850. L’auteur y recueille tout ce qu’il trouve de meilleur dans les Écritures, les conciles, les Pères et les écrits des maîtres approuvés par l’Église. Son ouvrage est dédié à Ignace Darabant, généreux Mécène, d’abord vicaire général sous trois évêques, grand prédicateur, puis évêque roumain uni d’Oradéa, fondateur du séminaire uni de cette ville, animateur du mouvement politique national connu dans l’histoire sous le nom de Suppl"X libellus Vallachorum. Cette dédicace et celle surtout qu’il fit au métropolite orthodoxe serbe de Karlovctz de l’un de ses ouvrages d’histoire ecclésiastique lui causèrent de grandes difficultés, qui

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

le forcèrent même à quitter Blaj, pour s’établir à Buda. Le gouvernement de Transylvanie de Cluj (note 3640 du 30 mai 1796) demande à l’évêque Bob d’empêcher le moine et prêtre S. Micu-Klein de fréquenter dorénavant Sibiu, à cause des intrigues qu’il y trame et aussi parce qu’il convoite l’évêché orthodoxe de là-bas. L’évêque Bob qui n’a guère d’amitié pour aucun de ces savants ecclésiastiques, demande qu’il soit interné dans le couvent de Muncaciu. Le gouvernement trouva cette mesure trop dure et se contenta d’une surveillance plus étroite, à Blaj. S. Micu-Klein présenta son apologie, de laquelle nous ne retenons que ce qui suit : ce n’esi pas lui qui complote et ourdit les intrigues, mais un certain Démétrius Serkovits, ancien secrétaire de l’évêque serbe Gérasime Adamovits. C’est ce secrétaire qui s’acharne à haïr tout ce qui est roumain, à plus forte raison donc tous les unis. Il trouve mauvais le fait que le clergé orthodoxe roumain ait comme secrétaire un uni, surtout pour la correspondance avec le gouvernement dans la personne de Aron Buda’). C’est ce même Démétrius qui cherche à tyranniser Je clergé roumain orthodoxe. Et en vérité, après toutes les tristes épreuves endurées sous tant de chefs serbes, le clergé orthodoxe roumain semble plus incliné que jamais à conclure l’union religieuse avec l’Église de Rome.

L’alteslalum de Sibiu portant, à côté de celle du notaire Budaï, la signature du président Jean Popovich (22 avril 1798) remarque « la très faible poussée de cœur et le très faible souci pour le bien du peuple de ces évêques serbes devenus étrangers à sa cause ».

Par malheur, Bob ne possède point le zèle de son devancier Maïor et lorsque S. Micu-Klein signale à l’évêque cet état favorable d’esprit du clergé orthodoxe roumain, qui a déclaré préférer un Roumain, même uni, à un Serbe orthodoxe, on lui répond ejue, si les orthodoxes veulent l’union, ils n’ont qu’à traiter directement avec les catholiques du rite latin. De cette manière ils délivreront les unis de tout soupçon de coquetterie avec les schismatiques. (lllmus Pnvsul reposuit Lalinos magis debere solicitas esse hac de re, nam si nos cum disunilis agamus, apud Lalinos suspicionem incurrimus, quasi non essemus vere unili.)

S. Micu-Klein insiste pour que l’on fasse dans les régions méridionales de la Transylvanie une série de visites canoniques pareilles à celles ele Gr. Maïor dans le nord de cette province, lorsque plus ele 50 000 familles se sont converties à l’Église de Rome. Lui-même s’était tenu alors à côté do son noble patron Ignace Darabant, le partisan enflammé de la sainte union. En ce moment même il avait reçu l’invitation des Râsinàreni et des Sâlisteni — deux grandes paroisses orthodoxes proches ele Sibiu — à venir chez eux et à leur prêcher la parole ele vérité et de vie. Pour les catholiques hongrois du rite latin — et bien plus encore pour les calvinistes, les luthériens et les unit arien s — l’union religieuse de tous les Roumains sous la soumission du Saint-Siège de Rome ne pouvait être préconisée ; ils comprenaient bien quelle source d’intarissable énergie spirituelle cette union apporterait aux Roumains A cause de cela, ils préféraient les voir faibles et partagés entre eux, selon l’antique adage : Divide et impera.

S. Micu-Klein requiert quelqu’un d’entre les moines de Blaj pour l’accompagner dans cette entreprise apostolique (cum aliquo de noslro gremio). Mais au lieu de l’encourager, on le suspecte et on le menace. Il renonce alors à son idéal apostolique. Pour ce qui est de la défection à la foi catholique dont on l’accuse, il se justifie en alléguant une multitude de preuves et de témoignages puisés dans l’Église roumaine entière. Si vraiment il avait des penchants vers le schisme, comment l’évêque l’aurait-il admis pour

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