Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/221

Cette page n’a pas encore été corrigée

42’S A i E M M A N I ]— 1.

SAAVEDRA (SILVESTRE DE

428

aiites : Absolulio, n. S : Absolutio sacramentalis non potest dari absenli in ullo prorsus casu, quicquid aliqui in contrarium docuerint, ita declaravii démens papa VIII, et Confessio, n. 14 : non licet absenli per nuntium nul per scriptum confileri.

Mais la correction romaine s’étendit à bien d’autres passages : plus d’une centaine étaient remaniés ou modifiés ; le même maître du Sacré-Palais en donne la liste dans son Index purgatorius, Rome, 1607, p. 347370. Th. Raynaud (Erolem., p. 537) et d’autres se sont plaints, non sans raison, que le correcteur ait exagéré ; il a retravaillé le livre d’après ses vues personnelles et a substitué ses opinions à celles de Sa ; cf. Rcusch, Der Index…, t. ii, p. 312. Aussi Sandoval (Index… et Expurgatorium, Madrid, 1672) se contentera de rapporter les deux corrections sur l’absolution et la confession, en ajoutant : Alia autem omitluntnr, quæ neque ad S. Otficit judicium speetare, neque grauem of/ensionem habere videntur, Reusch, t. II, p. 313 ; cf. Estudios écries., t. iii, 1924, p. 190. L’Index portugais de Lisbonne, 1624, signale en outre une proposition sur l’extrême onction, justement efîacée dans In nouvelle édition : en cas de nécessité, l’huile non bénite par l’évêque serait matière valide. Reusch, loc. cit.

L’édition corrigée, désormais seule autorisée (cf. Index d’Alexandre VII, 1664), parut à Rome en 1607 (Sommervogel) et en d’autres lieux en 1608. (".’est d’après elle que furent faites toutes celles qui, en très grand nombre, se succédèrent au coins du xvir siècle. Kn seize ans, de 1607 à 1623. Sommervogel en note plus de trente. Parmi elles, il faut signaler celles où un prêtre et théologien de Bassano, André Victorelli, rétablit les indications de ; sources et qu’il enrichit de notes (Venise, 1611, etc.). Des traductions françaises furent en outre publiées à Paris, 1607, à Rouen, 1619. et à Lyon, 1627.

Les Aphorismi furent utilisés dans la lutte des parlements français contre les jésuites : en 1618, des adversaires de la Compagnie jugèrent habile de faire réimprimer à Rouen le texte de l’édition non-censurée ; Prat, Recherches…, t. iii, p. 776, reproduit la protestation des jésuites ; ce qu’on comptait utiliser contre eux, c’était un passage sur le tyrannicide, qui d’ailleurs n’avait pas été censuré par le P. Rrasichel et se trouvait, croyons-nous, couramment, dans les éditions faites hors de France, même après 1607, mais avait été effacé dans les éditions françaises. Ce passage se contentait du reste de résumer la doctrine courante admise dans les écoles. Cette édition de 1618 fut utilisée plus tard ; c’est elle qui fut publiquement brûlée par le parlement de Rouen en 1762.

Quant aux Provinciales, elles ne citent Sa qu’à deux reprises : Ve Provinciale, à propos de la probabilité que peut assurer un seul docteur bon et sçavant », édit. îles Grands écrivains, t. iv, p. 311 et 312, et VIIe Provinciale, sur le meurtre permis des faux témoins et du juge, qui est de connivence avec eux. Tbid., t. v, p. 95. En outre, dans le Ve écrit des aires de ]>aris, ibid., t. iiv p. 356, une autre proposition sur l’acceptation et la demande du prix de la prostitution est reprochée à Sa.

Comme appréciation générale sur les Aphorismi. il nous suffira de dire que l’ouvrage joui ! d’une grand : ’faveur et d’une réelle autorité Jusqu’à la réaction rigoriste du milieu du xvir siècle ; il les devait à sa brièveté, ; ’! sa densité, à sa modération ; loin de lui nuire, sa mise à l’Index lui servit plutôt, à cause de la garantir qu’on vit dans la correction romaine. Puis, même cliez ceux que n’atteignit pas cette réaction, il semble avoir été remplacé vers la même époque par des livres nouveaux et mieux au point, spécialement par la Medulla de lUisembaum. Saint Alphonse mettait l’.inm. Sa au nombre des auteurs graves et probabilités i. Aujourd’hui encore les Aphorismi gardent, au

point de vue historique, un réel intérêt et une vraie valeur comme témoin de la casuistique et de son état à la fin du xvi c siècle.

4° Enfin, il semble bien qu’il faille attribuer au P. Emm. Sa les deux écrits suivants : Assertiones théologies dispulandx in templo S. J. tempore élection is Prœposili generalis, respondente uno ejusdem Societalis… Rome, 1598 ; ce sont les thèses des discussions théologiques dont il a été question plus haut ; Sommervogel, t. iv, col. 1648, n. 1, les place sous le nom du P. Jacques Ledesona, elles sont plutôt l’œuvre de Sa. Cf. Estudios eccl., t. v, 1926, p. 254 ; et une vie écrite en espagnol et restée inédile du P. franciscain Jean de Texeda, confesseur de saint François de Rorgia, avant son entrée en religion : le Père de la Compagnie qui l’a écrite paraît être le P. Sa ; un exemplaire manuscrit s’en trouve aux archives générales de Valence d’après le P. Suau, Vie de saint François de Borgia, p. 142.

P. A. Franco, Ano sanlo da Companhia de Jésus cm Portugal, rééd. de Porto, 1931, p. 772 sq. ; P. Fr. Kodrigues, Histôria da Companhia de Jésus na assisleneia de Portugal, t. I, vol. i, 1921, p. 154 sq. ; P. Pierre Suau, Hist. de saint François de Honjia. Paris, 1910, p. 191, 215 ; Nie. Antonio, Biblioth. hispana nova, t. i, 1783, p. 356 ; Sommervogel. Biblioth. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 319-353 ; E.-M. Rivière, Corrections et additions à la Biblioth. de la Comp. de Jésus, col. 775 sq.j Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iii, col. 222-221 ; 11. Reusch, Der Index der verbotenen Biiclier, t. il, 1885, p. 30 !) sq. ; Estudios ecclesiasticos, t. v, 1926, p. 251-255 et t. iii, 192 I, p. 190.

R. Brouillard.

    1. SAAVEDRA (Silvestre de)##


SAAVEDRA (Silvestre de), mercédaire(xvii c s.).

I. Vie.

Né à Séville, il prit l’habit de la Merci dans le couvent de cette même ville, où il fit profession le 9 septembre 1599. Ensuite il fut envoyé à Salamanque pour y faire ses études. Il eut l’occasion d’entendre te célèbre Zumel et de vivre avec lui dans le même couvent. Ses études achevées, il revint en Andalousie, où il s’adonna a l’enseignement en vue des grades de Présenté et de Maître. Il s’exerça aussi avec grand succès à la prédication. En 1634 il fut nommé commandeur de Séville. Comme tous ses confrères de la Merci, le P. Saavedra était très fortement attaché à la pieuse croyance en l’immaculée conception de Marie. Aussi en 1641 il voulut défendre douze thèses en faveur du grand privilège de la Mère de Dieu, mais plusieurs adversaires de cette pieuse croyance s’opposèrent è l’impression de ces thèses. Saavedra chercha alors l’ap pui de quelques universités et ordres religieux ; le résultat fut que plus de cent théologiens, séculiers, bénédictins, franciscains, etc. se rangèrent de son côté pour le soutenir. L’Inquisition permit l’impression des thèse-, que leur auteur soutint publiquement à Séville et à Malaga. Le développement de ces thèses formera dans la suite son grand ouvrage Sacra Deipara, achevé l’année même de sa mort.

Ce travail se termine par une expressive profession de foi dans le mystère de l’immaculée conception en ces termes : Ego quidem pro hujus sententiæ tutela libentissime cervicem gladio apponerem : ita aveo. ita desidero. l’tinam pro hac verilale piissima essem ut aller Ignatius Christi frumentum. Sacra Deipara, p. 570. Saavedra mourut à Séville en 1643. Le grand Zurbarân avait fait son portrait qui fut conservé dans la bibliothèque du couvent de la Merci à Séville. jusqu’à la spoliation de 1835.

II. Œrviii.s. 1° liuzon del pecado original y preservactàn de il en la concepciôn de la oirgen Maria, etc. (Cause du péché originel et comment la vierge Marie en fut préservée dans sa conception, etc.), Séville 1615. Arana y Mendez lïejarano pense que fr. Pierre de Ofla, évêque de Gaète et membre de la Merci a fourni à Saavedra les sources de cet ouvrage. — 2° La santisima eucartstla, sermon prêché en la cathédrale de Séville