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ROUMANIE. RENSEIGNEMENTS HISTORIQUES


de l’année 1791, il convoque un synode à Alba-Julia avec ordre à chaque village d’envoyer deux représentants et d’apporter quelques ducats pour lui et pour les nécessites de l'Église. Les partisans de Sophrone vont jusqu'à s’emparer de l'église unie de Fâgâras, déclarée par la bulle Ralioni eongruit (1721) église cathédrale.

Tout le monde croit que l'Église unie est tout à fait détruite en Transylvanie. Seul l'évêque Aron ne désespère pas. Pour mettre fin à ces troubles qui avaient pris des proportions de guerre civile, Marie-Thérèse détache quelques compagnies de soldats sous les ordres du général Adolph Bucov et les envoie en Transylvanie. Celui-ci pacifie « militairement » la province. La vraie paix cependant est apportée par le zèle de l'évêque et des religieux basiliens de Blaj, nouveau centre de l'évêché uni. En 1754, PierrePaul Aron ouvre les « sources des grâces », les écoles de Blaj, voir ci-dessous, col. 32 sq. Les successeurs d’Aron ont pris soin de ces écoles précieuses entre toutes.

Certains ont eu soin aussi de la diffusion de l’union et en particulier, Grégoire Maïor (1772-1782) qui a joui d’une aussi grande popularité que son prédécesseur Innocent Micu-Klein. Le 8 juin 1774, il écrit à la Congrégation de la Propagande, à Borne : « Plus de trois cents villages viennent d’embrasser la sainte union. » Le 2 janvier 1775, il relate encore à la même Congrégation : « A l’occasion de la visite canonique.

« lu 10 août au 10 septembre, dans la vallée de Somes,

quarante villages se sont convertis, et ainsi l’on peut à présent compter cinq cents villages revenus à l’union ». Par les efforts apostoliques de l'évêque Gr. Maïor, aidé des pieux et savants religieux, Ignace Darabant et Samuel Micu-Klein, presque toute la Transylvanie du Nord, le Maramures et Satu Mare, embrassent de nouveau et définitivement la foi religieuse de Borne. Ces efforts ne sont pas du goût des grands et en particulier des nombreux seigneurs calvinistes, pour lors grands propriétaires et hommes de gouvernement, détenteurs de presque toutes les charges du pays. Ils conspirent contre l'évêque auprès du gouvernement et l’obligent à renoncer à son évêché. Le fils de Marie-Thérèse, l’empereur Joseph II (1780-1790) n’est pas, tant s’en faut, l’ami des religieux. Il ne nomme pas à l'évêché uni vacant un religieux comme c'était jusqu’alors la coutume, mais un prêtre séculier, Jean Bob (1782-1830), alors doyen de Târgul-Mures. Durant son long épiscopat, celui-ci fait de bonne besogne (entretien des écoles, fondation d’un chapitre de chanoines, etc.), mais il donne le coup de grâce au monachisme uni, qui arrive à peine à se reconstituer aujourd’hui.

Pour les Roumains unis de la région de Crisana, Pie VI, à la demande de Marie-Thérèse, par la bulle Inde/essum du 6 ~juin 1777, avait créé un nouveau diocèse comprenant toute la frontière de l’ouest de la Roumanie d’aujourd’hui. Le zèle missionnaire n’a pas manqué non plus aux évêques d’Oradéa, siège du nouvel évêché : Moïse Dragos (1776-1787), Ignace Darabant (1788-1805), Samuel Vulcan (1806-1839), Basile Erdelyi-Ardeleanu (1842-1862) et.Joseph Popp Szilagy ou Pop Sàlâjanul (1863-1873). Aucun de leurs successeurs n’a manqué de zèle. Leurs noms se retrouveront plus loin. Ces évêques, et particulièrement les premiers, ont rencontré des difficultés imprévues. Les évêques serbes d’Arad qui, depuis les troubles religieux signalés plus haut, tenaient sous leur autorité les Boumains non unis, venaient en visite canonique accompagnés de soldats en armes. Ils réussirent même à se fixer dans « Venise », quartier de la ville résidentielle d’Oradéa, d’où ils terrrorisaient toute la région Les catholiques de rite latin, complètement débarras sés de la longue domination turque et calviniste, ne prêtèrent pas, quoiqu’ils détinssent de hauts emplois dans l'État, une aide assez grande à la diffusion de l’union. Malgré cela, sous l'épiscopat d’Ignace Darabant, douze paroisses embrassent l’Union ; sous celui de Vulcan, il s’en ajoute soixante-douze ; sous Basile Erdelyi-Ardeleanu, vingt-deux dans les limites du Banat, etc.

L’Assemblée nationale réunie, au Champ de la liberté, à Blaj, le 3-15 mai 1848, ayant exprimé, entre autres, le désir de voir rétabli l’archevêché roumain, l'évêque Basile Erdelyi Ardeleanu prit pour cela, la guerre civile terminée, les initiatives nécessaires. Les négociations commencèrent le 18 novembre 1850, et, le 26 novembre 1853, Pie IX, par la bulle Ecclesiam Christi, érigeait l’ancien évêché de Fâgâras au rang d’archevêché et de métropole avec le titre historique d’Alba Julia et Fâgâras, mais avec résidence à Blaj et avec le roumain comme langue liturgique, lui soumettant comme suffragants, à côté de l’ancien évêché d’Oradéa, ceux de Gherla et Lugoj récemment créés.

Après la guerre mondiale, la Roumanie conclut un concordat avec le Saint-Siège, le 10 mai 1927. Dans ce concordat, entre autres, fut prévue la fondation d’un nouveau diocèse pour les nombreux Boumains unis de la Transylvanie du Nord et aussi une nouvelle délimitation de tous les diocèses roumains unis, plus appropriée aux circonstances de la Roumanie reconstituée. Ce nouvel arrangement est fixé par la bulle Solemni convenlione du 5 juin 1930. Acla apost. Sedis, 1930, p. 381-386.

Cette constitution apostolique fixe la situai ion ecclésiastique de l'Église roumaine unie de la manière suivante : archidiocèse de Fâgâras-Alba Julia (avec résidence à Blaj) ayant comme suffragants les diocèses d’Oradéa-Mare, de Cluj-Gherla, de Lugoj, anciennement existants, et le diocèse de Maramures, créé par la bulle elle-même. Les limites coïncident avec les frontières de l'État roumain. Aucun Ordinaire d’un pays étranger n’a plus juridiction sur territoire roumain et vice-versa aucun Ordinaire roumain sur des territoires étrangers. Les limites de ces diocèses les uns par rapport aux autres ont été sérieusement remaniées.

Le même document réorganise également la distribution des évêchés latins existant soit dans l’ancien royaume, soit dans les parties réunies. Passent sous la juridiction métropolitaine de l’archevêque latin de Bucarest : le diocèse latin d’Alba Julia ; le diocèse latin de Temisoara créé par amputation du diocèse latin de Csanad ; le diocèse latin de Satu-Mare cl Oradéa-Mare formé par la fusion des deux anciens évêchés de ce nom (en hongrois Szatmàr et Nagyvarad), amputés de leurs territoires demeurés à la Hongrie ; enlin le diocèse latin de Iassy, augmenté de la partie de la Bukovine attribuée à la Boumanie et qui est détachée de l' archidiocèse latin de Léopol (Lwow). Les évêchés de l’ancien royaume (Bucarest et Iassy) qui relevaient jusqu'à présent de la Propagande, passent sous l’autorité de la Consistoriale.

Enfin les Arméniens unis seront gouvernés par un administrateur apostolique dont la résidence habituelle est fixée à Gherla.

Comparer cette division avec celle qui est donnée au mot Hongrie, t. vii, col. 54-55, en tenant compte des équivalences suivantes : Alba Julia = Gyulafelicrvàr ; OradéaMare = Nagyvarad ; Satu-Mare = Szatmàr ; Lugos = Lugoj ; Gherla = Szàmos-Ujvàr. I.a carte, t. ix, col. 1.">t>8, qui fournit les délimitations des anciens diocèses latins de la région roumaine soumise aux Hongrois avant la Grande Guerre, donnera une idée des circonscriptions acl uelles pour les latins ; elle ne tient pas compte des circonscriptions des gréco-roumains.