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RIîSSIK. LA THÉOLOGIE DANS LES ACADÉMIES

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un même professeur développait pendant quatre années tout le cycle des sciences théologiques. Les manuscrits de ces premiers cours dictés à Kiev indiquent la division générale de la théologie en spéculative ou scolastique et polémique. Le plan général qu’on suit est celui de l’Occident latin : la Summa theologica du Docteur angé’ique. A. Jablonowski. Akademia Kijowsko-Mohilanska, Cracovie, 1899-1900. p. 178. Et c’est tout naturel, puisque le premier professeur de théologie, I. Krokovskij, avait étudié à Rome sous la direction des jésuites au collège Saint-Athanase. Sur Krokovskij, cf. Th. Titov, Russkaja pravoslavnaja Cerkov v polsko-lilovskom gosudarstvê v xvii-xviii v., t. [I, p. 150-170.

Pour connaître l’extension et la distribution des matières pendant cette première époque de l’enseignement théologique dans les académies, examinons quelques traités ; par exemple le cours deThéophylacte Lopatinskij, élève de Kiev et ensuite recteur et professeur de théologie, à l’académie de Moscou de 1706 à 1710. Voir ici son article, t. ix, col. 933. Le cours, conservé dans de nombreux manuscrits de l’académie de Moscou, est intitulé : Scientia sacra, disputationibus et Patribus consentaneis, spéculative et controverse illustrata in collegio Petro Alexiewiano Mosquensi ann. 17061710. Pour chaque année il signale une ou plusieurs questions scolastiques, morales, ou polémiques : I n année : Doctrine scolastique de Dieu un en trois personnes ; des contrats en général et en particulier : de la procession du Saint-Esprit. — IIe année : Doctrine scolastique de l’incarnation et des anges ; de prœceptis ; de la vénération des images. — IIIe année : Doctrine scolastique de la grâce et des sacrements : des sacrements, spécialement du mariage et de l’eucharistie (azymes, épiclèse…). — IVe année : Sur les vertus théologales et sur la contrition ; sur la confession ; de l’Église et de son chef. Voir S. Smirnov, Istorija Moskovskoi slavjano-grcko-latinskoi academii, Moscou, 1855, p. 136-137 : cf. p. 139 sq. le plan et l’analyse de ces traités.

2° Le Règlement ecclésiastique de Pierre le Grand (21 janvier 1721)

élaboré par Théophane Prokopovid, ancien élève et professeur æ Kiev, où il avait enseigné « le 1705 à 1714, la poésie, la rhétorique, la philosophie et la théologie, quand il parle des académies, réserve les deux dernières années à l’enseignement théologique. Texte dans Mansi, Concilia, t. xxxvii, col. 53-64 : voir surtout col. 62. Il recommande au professeur de théologie renseignement du dogme et de la morale (enarret dogmata et legis divinæ præcepla), en suivant en lout la sainte Écriture et la doctrine des Pères de l’Église, usant discrètement des auteurs modernes hétérodoxes, lbid., col. 56-58. Le Règlement, flans quelques-uns de ses paragraphes, laisse peut-être sentir les nouvelles doctrines qu’introduisit Prokopovid dans la théologie russe (voir ci-dessous, col. 351 sq.) ; mais, quant à l’organisation des études, il n’altère pas, mais consacre plutôt la méthode qu’on employait à Kiev et à Moscou. Sur le Règlement, cf. P.-V. Verkhovskij, Vëreïdenie dukhovnoi collegii i dukhovnyi reglament, 2 vol., Rostov-sur-le-Don, 1916 ; voir t. i, p. 116 sq. Pour le curriculum vitæ de Th. Prokopnviè. voir ci-dessus, col. 3.^0.

Les réformes. — El.es commencent sous le règne de « l’impératrice philosophe » Catherine II et continuent pendant tout le xix 1 e siècle. La première réforme Tut celle du tsar Paul I" le 31 octobre 1798. Cf. Th.-I. Titov, Akti i dokumenti otnosjasciesja k istorii Kievskoi akademii, sect. iii, t. 1, Kiev, 1910, p. 97-104. Cette réforme, à laquelle aidèrent par leurs projets et leurs observations le métropolite de Novgorod. Gabriel Petrov, Platon LevSin, métropolite de Moscou, Ambroise, archevêque de Kazan. Hiérolhée Malitskij métropolite de Kiev, transforma la vie des académies, auxquelles furent soumis les séminaires diocésains. Th.-I. Titov, Kievskaja dukhovnaja akademija v epokhu reform, dans Trudꝟ. 1910-1915 ; cꝟ. 1910, t. 11. p. xx, 489-491. Quant aux études supérieures, on prescrivait le cours complet de philosophie et de théologie, qui devaient être enseignées en latin. Dans les deux années de philosophie on expliquait : l’histoire naturelle, la physique, l’histoire de la philosophie, la logique, la métaphysique et la morale. On consacrait trois années à la théologie, mais les élèves qui avaient fait des progrès suffisants pouvaient sortir de l’acadé mie au commencement de la troisième année. Th.-I. Ti tov, Akti i dokumentii, ’oc cit., p. 99. Les études théologiques comprenaient : l’histoire ecclésiastique, l’herméneutique, la théologie dogmatique, la théologie polémique, la morale, la lecture des saintes Écritures avec explication des passages difficiles, le droit canon et la théologie pastorale. Th.-I. Titov, dans Trudy, 1910, t. iii, p. 80.

Certainement, ce plan dénote un progrès ; mais bientôt commencèrent » surgir des désirs d’amélioration. Le premier qui réclama de nouvelles réformes fut l’évêque Eugène Bolkhovitinov, vicaire du métropolite de Novgorod, qui dès 1803 parla de cette affaire au métropolite Ambroisc. Le Saint-Synode (12 décembre 1804) chargea les métropolites Ambroisc de Novgorod. Sérapion île Kiev, Platon de Moscou et l’archevêque de Kazan, d’établir la réforme. Par ordre de cette commission, Eugène élabora un projet, qui fut à la base de la réforme de 1814. Yo r B.-V. Titlinov, Dukhovnaja Skola v Rossii v XIX slolèlii, t. 1, Vilna, 1908, p. 16 sq. Le 29 novembre 1807, l’ober-procureur du Saint -Synode, le prince A.-N. Galitzin, nomma le comité de réforme de l’enseignement ecclésiastique, composé de six membres : deux appartenaient à la hiérarchie : Ambroise, métropolite de Novgorod, et Théophylactc. évêque de Kaluga (plus tard de Riazan) ; deux faisaient partie du clergé blanc, l’aumônier de la cour. Serge, et l’archiprètre Jean ; enfin, deux étaient des séculiers, le prince Galitzin et le secrétaire d’Étal M. -M. Speranskij, l’homme indispensable dans toutes les affaires politiques et religieuses de cette période. M. Rogoslovskij, Reforma vyse dukhovnoi Skoli pri Aleksandrc 1, dans liog. Vëst., 1917, t. 11, p. 368.

Speranskij prit sur lui-même tout le poids du travail ; et dès le mois de février 1809 il présentait à la commission la première’partie de la loi qui traitait des académies comme des institutions d’enseignement supérieur ; bientôt il présenta la seconde et la troisième partie, avec les règles qui devaient diriger le travail de l’académie, quant à l’enseignement et la formation des élèves. La rédaction de la loi était terminée en 1810 ; Speranskij y avait mis son mysticisme et ses idées sur l’enseignement théologique, pas très favorables à !.i scolastique, qu’il définissait " un vol abstrait et hardi ». M. Rogoslovskij, loc. cit., p. 368-375. Mais, avant que le décret fût promulgué comme loi générale pour les académies, on le mit en vigueur à titre d’essai à l’académie de Saint-Pétersbourg, où enseignait alors le futur métropolite de Moscou, Philarète Drozdov, qui devint le principal auteur de la réforme.

Celle-ci ne prétendait pas seulement mieux organiser l’enseignement dans la partie didactique, mais surtout elle voulait lui marquer de nouvelles voies doctrinales, d’accord avec la pensée européenne de l’époque. Philarète remarqua que, si pour les sciences et les lettres le projet indiquait les différents auteurs qui devaient servir de guide et de norme pour l’enseignement, il n’indiquait pas suffisamment ce qu’il fallait faire dans les études théologiques. L’académie de Saint-Pétersbourg, sous la direction de Philarète. compléta le projet qui fut enfin sanctionné par Tempe-