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    1. RUSSIE##


RUSSIE. LA SUPPRESSION DU PATRIARCAT

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faite au couvent de la Trinité et de Saint-Serge, fut remise à l’archimandrite Vincent qui la transmit au patriarche et de la convocation par le patriarche du concile de 1690. 5. La rétractation de Silvestrc Medvèdev. Celui-ci y raconte comment, se trouvant dans le couvent de Sergiev Troitsa, il y reçut la visite de l’archimandrite Ignace de Novospass, de l’higoumène Éphrcm et du maître orthodoxe Sophrone (Likhudès) qui apportaient, de la bibliothèque patriarcale, un certain nombre d’anciens livres pour prouver que la transsubstantiation s’opérait par l’épiclèse. Ces livres démontrèrent à Medvèdev que la doctrine likhudienne était celle des anciens livres grecs et russes, défendue par les vieux saints de Russie, et provenant des apôtres. Les liturgies des apôtres (Jacques, Marc et Clément qui donne celle de Pierre) la contiennent ; après eux, les Pèles de l’Église la proclamèrent : Denis l’Aréopagite, Cyiille de Jérusalem, Basile le Grand, Éphrem, Jean Chrysostome, Sophrone de Jérusalem, Proclus de Constantinople, Jean Damascène, Théophylacte, Calixte de Constantinople, Siméon de Thessalonique, Nicolas Cabasilas archevêque de Dyrrachium, Marc d’Éphèse qui confondit les Latins au concile de Florence, Maxime le Grec, Georges Pachyméros qui écrivit un commentaire de Denis l’Aréopagite, Nectaire de Jérusalem et beaucoup d’autres, comme aussi les quatre patriarches, Parthène de Constantinople, Macaire d’Antioche, Joannice d’Alexandrie et Païse de Jérusalem. Beaucoup d’autres disent la même chose, en particulier les 307 Pères inspirés du VIIe concile oecuménique. Viennent ensuite les missels russes : celui de Cyprien, canonisé, métropolite de Moscou et de toute la Russie, le missel de saint Euthyme de Novgorod, celui de saint Serge de Radonège, celui de saint Sérapion, archevêque et thaumaturge de Novgorod, celui du bienheureux Joseph de Volokolamsk, un des tout premiers imprimés à Moscou, un autre jadis imprimé à Kiev sous l’archimandrite Elisée Pleteneckij. A ces livres, il faut encore ajouter le Nomocanon de Kiev. Accablé par tant d’autorités (qu’il avait pourtant jadis, pour la plupart, brillamment expliquées dans son propre sens), Silvestre déclare s’être trompé et demande humblement pardon. Il demande particulièrement pardon des insultes qu’il a prononcées contre le patriarche Joachim et les autres prélats : il proclame en pleurant sa douleur d’avoir écrit la Manne et multiplie ses demandes de miséricorde pour les multiples péchés qu’il a commis en exposant sa doctrine sur la transsubstantiation. Il fait enfin sa profession de foi. Viennent ensuite : fi. La rétractation, beaucoup plus brève, de Siméon Dolgoj ; 7. le discours du patriarche Joachim au concile de 1600 ; 8. sur la métanie au corps et au sang du Christ durant la liturgie ; 9. comment l’officiant tient la place du Christ : 10. sur les parcelles détachées durant la proscomédic : 11. sur les anlidora ; 12. il ne faut pas offrir le sacrifice pour les hétérodoxes ou pour ceux qui vivent en étal de péché sans pénitence ; 13. Credo de la liturgie d’après la tradition de saint Basile le Grand et de saint Jean Chrysostome.

Tel est YOsleri (Aiguillon) d’après l’édition de Kazan (1865). Les manuscrits en connaissent une autre rédaction en vingt et un chapitres. Quatre sont intioduits avant la dispute entre Épiphane Slaviucckij et Siméon de Polock, mais il ne nous semble pas, d’après la description du catalogue, qu’ils contiennent des éléments nouveaux. Après le dernier chapitre, nous avons encore : 16. sur le concile de Florence d’après un livre écrit à Paris : 17. sur le mariage dans les 3e et 4e degrés ; 18. hérésies luthériennes (il y en a 19) ; 19. hérésies latines (il y en a i£) ; 20. sur le nombre de clous dans la croix : 21. contre le purgatoire.

Nous ne nous arrêterons pas à décrire le Bouclier de la fol (Slit vêrtj) de l’archevêque Athanase de Kholmogory que nous ne connaissons que par les catalogues de manuscrits. Il ajoute à ce que nous connaissons déjà une importante lettre du patriarche Adrien, successeur de Joachim au trône patriarcal de Moscou. Adrien déclare avoir reçu des lettres des divers patriarches orientaux au sujet de l’épiclèse ; elles tranchent la question. Adrien a lu tout ce que fit Joachim ; il l’approuve et le confirme. Disons cependant qu’Adrien ne montra pas la même ardeur que son malheureux prédécesseur. Mais ceci touche déjà au paragraphe suivant.

Plus intéressante semble être le Glaive spirituel (Mec dukhovnyj) écrit en février 1690 par les Likhudi. Ce glaive est censé être le compte rendu d’une dispute entre les Likhudi et le jésuite Rutka à Lvov, en 1685, sur les différences entre les doctrines de « l’Église du Christ » et celles de « l’Église occidentale ». Il y a vingt et un chapitres dans cet ouvrage : 1. Sur la primauté du pape. 2. Sur les différences dans le baptême (infusion et formule indicative). 3. Sur les diOérences dans l’eucharistie (azymes et communion sub una specie). 4. Sur la récompense des justes et la punition des pécheurs avant le jugement général. 5. Sur le purgatoire. 7. Sur le célibat des prêtres. 8. Sur le nouveau calendrier. 9. Sur la lumière divine de la Transfiguration. 10. Sur l’immaculée conception. 11-18. Sur le Filioque. 19-20. Sur le moment de la transsubstantiation. Cette seule table des matières laisse à entendre que le Glaive spirituel pourrait peut-être nous donner beaucoup d’informations sur la pensée orthodoxe grecque au xviie siècle.

K.-V. Kharlampovif, L’influence malo-russe (supra, col. 306) ; V. Istrin, Introd. à l’hist. de la lillér. russe de la seconde moitié du XVIIe siècle (Vvedenie…), Odessa, 1903 ; N.-’l’h. Kapterev, Les écoles yreco-latines à Moscou au XVIIe siècle avunt l’ouverture de l’académie slavo-gréco-latine (O greko-latinskikh…), dans Pribavlenija k izdanilu, 1889, n. 4 ; du même, Les relations du patriarche Dosilhée avec le gouvernement russe (Snosenija…), dans Clenija, 1891, n. 2, ce sont 21 lettresde Dosithée à Pierre le Grand, aux patriarches .Joachim et Adrien. Le même auteur a imprimé une étude à ce sujet la même année dans les Clenija v obslestve liubilelej dukh. prosv., 1890-1891 ; L. Majkov, Esquisses d’Iiisl. de la liltér. russe aux XVIIe et XVIIIe s. (Ocerki…), Pétcrsbourg, 1889 ; Gr. Mirkovië, Sur le moment de la transsubstaidiulion des saints dons (O vremeni…), Vilna, 1886, excellent ouvrage ; l. Sljapkin, Sur la polémique entre les savants moscovites et malo-russes à la fin du XVIIe s. (K islorii…), dans Éurn. Min. Nar. Pr., 1885, n. 10 ; voir aus>i col. 309.

Pour la vie et l’oeuvre de l’archevêque de Kholmogory, Athanase, voir V. Veriuzskij, Athanase, archevêque de Kholmogory, sa vie et ses œuvres par rapport à l’hist. de l’éparchie de Kholmogory, Pétersbourg, 1908 ( Afanasij…).

Sur le patriarche Joachim voir A. Barsukov, Joachim Savelov, patriarche de toute la Russie (Vsêrossijskij…), ibid., 1890 ; S. Belokurov, Sur le patriarcat de Joachim (K patriar-Sestvn. ..), dans Khr. Clen., 1886, n. 1 ; La vie du patriarche Joachim, écrite comme monument hagiographique par l’extravaganl métropolite de Sibérie, Ignace Rimski-Korsakov, a été publiée clins la collection Pamjatniki drevnej pis’mennosti ; Nicanor, Serment de ceux qui aspirent au sacerdoce imposé par le patriarche Joachim ( Prisjaga…), dans Zurn. Min. Sur. Pr., 1915, n. 1 ; h. Savelov, À la défense du patriarche Joachim (K zailitu…), dans tiuss. Arkh., 1895, n. 1 ; P. Smirnov, Joachim patriarche de Moscou, dans Clenija v obsc. liub. dukh. prosv., 1879-1880.

XVII. La suppression du patriarcat.

Après la mort de Joachim. deux noms surtout furent mis en avant. Adrien, métropolite de Kazan, était appuyé par l’ancien entourage du patriarche défunt, le clergé séculier et régulier de traditions et d’idées moscovites : il eut aussi l’appui décisif de Nathalie Kirilovna, veuve d’Alexis Mikhailovicet mère de Pierre le Grand. Nathalie, quoique élevée dans une famille assez ouverte aux idées occidentales, semble avoir eu quelque inquiétude au sujet des tendances révolutionnaires du terrible