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ROUCOl HT (JEAN :

ROUMANIE

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    1. ROUCOURT ou RAUCOURT Jean##


ROUCOURT ou RAUCOURT Jean. —

Né à Louvain en 1636, il fit ses études au Collège du pape Adrien VI, où plus tard il enseigna la philosophie ; en 1667, il devint curé de Sainte-Gudule à Bruxelles ; l’archevêque de Malines le nomma censeur des livres et le chargea d’examiner les ordinands et les confesseurs. 11 mourut à Bruxelles, le 26 septembre 1676. En 1672, Roucourt fit imprimer en flamand un Traité de la pénitence que Gerberon, bénédictin de Saint-Maur, traduisit en français sous le titre de Catéchisme de la pénitence qui conduit les pécheurs à une véritable conversion, Paris, 1672 et 1675, in-12 ; Gerberon y ajouta deux méditations de saint Anselme, traduites en français, et une Ordonnance du cardinal Grimaldi, archevêque d’Aix, qui contient une liste des cas où le confesseur doit refuser ou différer l’absolution. Goujet, dans la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVIIe siècle, t. iii, p. 90, attribue cet écrit à Le Tourneux, mais c’est à tort, car Gerberon, dans l’A brégé de sa vie, dit formellement qu’il a traduit et publié l’ouvrage de Roucourt.

Moréri, Le grand dict. hist., t. ix, p. 387-388 ; Biogr. nal » de Belgique, t. xx, col. 203-204.

J. Carreyre.

    1. ROUMANIE##


ROUMANIE. — Le présent article n’a pas le dessein d’étudier au complet la situation religieuse du royaume de Roumanie, tel que l’ont fait les récents événements. Encore que les traités qui ont terminé la Grande Guerre lui aient donné un nombre important de catholiques, le nouvel État ne laisse pas de demeurer une puissance s orthodoxe ». Orthodoxe était dans son immense majorité la population de l’ancien royaume ; à cette masse sont venus s’ajouter de nombreux orthodoxes des provinces réunies. Groupés maintenant sous un seul chef, qui prend le titre de patriarche, tous ces fidèles forment l’Église roumaine autocéphale, ne se rattachant plus que par des liens fort lâches au patriarcat œcuménique. De cette Eglise de beaucoup la plus importante de Roumanie, il ne sera guère question ici.

L’ancien royaume comptait aussi un nombre restreint de catholiques, la plupart de rite latin. Le retour à la patrie roumaine de la Transylvanie et de portions importantes du Banat et de la Bukovine vient d’adjoindre à ceux-ci une masse considérable de frères, les uns, c’est la majorité, de rite gréco-roumain (liturgie byzantine en langue roumaine), les autres de rite latin, quelques-uns de rite arménien. C’est de cette Église catholique de Roumanie, mi-partie gréco-roumaine, mi-partie latine que l’on s’occupera surtout dans l’article.

I. Renseignements historiques. IL Rapports entre l’Église et l’État (col. 23). III. Enseignement et éducation ecclésiastiques (col. 30). IV. Les ordres religieux (co 61>). V. L’action catholique (col. 75). VI. Rapports avec l’orthodoxie (col. 77). VIL Le protestantisme et les sectes (10I. 94).

I. Renseignements historiques.

1° Les origines

religieuses. — Le christianisme, en Roumanie, comme en général chez les peuples du proche Orient, est assez ancien. Le lexique de la langue roumaine prouve l’ancienneté du christianisme chez ce peuple. Ce sont vraisemblablement les missionnaires de Rome qui ont christianisé les Roumains. Parmi eux, saint Nicétas de Rémésiana, près de Nich (Yougoslavie) († 420) est vénéré comme l’apôtre des Roumains. Voir son article, t. xi, col. 477-479.

De l’ancienne vie chrétienne, on trouve d’importants vestiges dans la Dobroudja actuelle, l’ancienne Scythie mineure. De Tomi, l’actuelle Constanza, on connaît huit archevêques, unis d’amitié, non seulement avec Constantinople, la Nouvelle Rome, et en particulier avec son archevêque saint Jean Chrysostome, mais encore avec les papes de Rome. D’autre part, Rémé siana, siège résidentiel de saint Nicétas, fut placé plus tard sous l’autorité de l’archevêque de Justiniana Prima et, par conséquent, sous la dépendance directe du Saint-Siège. De Tomi, également, il nous reste la liste de soixante-cinq martyrs. De cette Scythie mineure on connaît près de trente localités, parmi lesquelles Silistra (Doroslorum), Adamclissi (Tropœum Trajani), Hinog (Axiopolis), Isaccea (Noviodunum), etc., ayant d’anciens monuments chrétiens. Jusque vers la fin du vme siècle, il existe une vie chrétienne romaine dans toute la vallée du Bas-Danube. Au VIIe concile général, à Nicée en 787, on trouve parmi les évêques, Ursus d’Abritus, en Scythie mineure.

Presque aussitôt après l’installation des Serbes et surtout des Bulgares au sud du Danube, la situation changea. Les Roumains, en vivant avec ces peuples, et en formant même avec eux, en particulier avec les Bulgares, un État, partagèrent naturellement leur sort. Quand les Bulgares, d’abord hésitants entre Rome et Constantinople, passèrent sous l’autorité de cette dernière, les Roumains les suivirent. Ceci devait avoir de funestes conséquences tant au point de vue religieux qu’au point de vue culturel.

A la suite de ces événements, en effet, les Roumains sortirent de la zone de culture et de civilisation romaine d’Occident. Après la mort des apôtres des Slaves, les saints Cyrille († 868) et Méthode († 885), leurs disciples, persécutés en Bohême et en Moravie, vinrent en Bulgarie où ils furent bien reçus. Là ils introduisirent la langue slavonne (médio-bulgare) dans l’Eglise et dans l’État, ainsi que l’alphabet cyrillique. C’est des Bulgares que les Roumains les reçurent à leur tour. La langue slavonne a dominé en Roumanie jusqu’au xviie siècle et l’alphabet cyrillique jusqu’en 1860. Quant à l’organisation ecclésiastique, quand elle se reconstitue après les multiples invasions que le pays voit défiler, elle demeure en dépendance soit directe, soit indirecte (par les Serbes) du patriarcat de Constantinople. La Roumanie est une des provinces de l’Église gréco-slave, encore qu’il y subsiste des îlots catholiques.

Au xvie et xvne siècle, les Saxons luthériens d’une part, et les Magyars calvinistes d’autre part, influents, sinon très nombreux dans la région transylvaine, cherchent à convertir à leur confession les Roumains qui sont la nation la plus considérable entre le Dniester et la Tissa, les Carpathes du Nord et la mer Noire. Les calvinistes impriment une multitude de livres pour les Roumains, imposent aux évêques, pour leur nomination, des conditions extrêmement humiliantes, oppriment les consciences d’une manière inouïe, font de l’Église roumaine un vrai monstre : Église orientale dans les formes extérieures, calviniste au fond.

Cet état de choses change en 1688, quand la Transylvanie passe sous la domination des Habsbourg. Comme ceux-ci faisaient partie de la « Ligue chrétienne » fondée par le pape pour arrêter la diffusion de la Réforme et aussi pour chasser les Turcs d’Europe, ils cherchèrent sans doute à encourager l’élément catholique à peu près complètement détruit pendant la longue et impitoyable domination calviniste, mais ils pensèrent aussi à ramener au catholicisme les Roumains orthodoxes. Dès 1595, avait eu lieu l’union à Rome des Ruthènes ou Ukrainiens et, en 1648, celle des populations ruthènes des Carpathes du Nord. L’union des populations arméniennes de Transylvanie devait s’effectuer seulement en 1701.

L’union avec Rome.

En conformité avec cette

politique religieuse, l’empereur Léopold I er (1657-1705), libérateur de la Hongrie et de la Transylvanie du joug des Turcs, publiait, le 23 août 1692, un décret en vertu duquel les prêtres et les fidèles roumains jouiraient des mêmes droits que les prêtres et les fidèles de