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    1. RUSSIE##


RUSSIE. CONTROVERSES AVEC LES PROTESTANTS

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Jaroslav Bidlo, l’r. Jean Rokila chez le tsar Juin : le Terrible (en tchèque), dans Cesky Casopis Historicky, t. ix, 1903, p. 1-2.").

Les conditions des protestants, nous l’avons indiqué, s’améliorèrent encore sous Boris Godunov. Ils bâtirent une école qui, le 25 novembre 1602, comptait déjà 30 élèves. L’enseignement s’y donnait en allemand. Il est malaisé de suivre le mouvement protestant en Hussie. durant la crise révolutionnaire : on sait seulement que, parmi les Polonais qui suivirent Dimitii. se trouvaient un certain nombre de protestants. L’armée suédoise conduite en Moscovie par Pontus de La Gardie était, de toute évidence, entièrement protestante. Après l’avènement des Romanov, la communauté protestante connut des jours plus tranquilles. Les registres de baptêmes et de mariages commencent en 1620. L’église et l’école luthérienne existaient de nouveau à Moscou en 1621, peut être même avant, lai 1623. on ramassa parmi les étrangers la somme de 63 roubles pour bâtir une église commune à tous les étrangers protestants, luthériens et réformés, mais, dès l’année suivante, un pasteur anglais faisait bande à part et constituait sa propre communauté, lai 1629 les réformés ont déjà une église (mais sans école) et des communautés protestantes s’organisent dans toutes les villes principales de Hussie.

Les Moscovites, pourtant, regardaient les protestants avec une défiance d’autant plus éveillée que les Suédois faisaient alors d’énergiques efforts pour établir la Réforme dans les provinces (baltes, finnoises et russes) acquises par la paix de Stockholm. On imprimait des livres protestants en slavon. Sans doute, les vieilles éditions yougoslaves de Primus Truber (Urach, Tubingue, 1561, 1562), le catéchisme du calviniste devenu antitrinitaire Siméon Budny, imprimé à Nieswiez en 1562 et dédié au prince Nicolas Radziwill et d’autres écrits de ce genre semblent n’avoir guère inquiété les esprits dans l’empire des tsars ; il en fut autrement quand les Suédois imprimèrent à Xarva, en 1611 (1616’?), une Courte exposition de noire foi chrétienne el de noire service liturgique, écrite par J. Rubbeck et I. Palma. On établit une imprimerie slavonne à Stockholm en 1625 ; le catéchisme de Luther y fut imprimé en 1628. En 1633, les Suédois s’efforcèrent de constituer dans leurs provinces une métropolie autocéphale.

A Moscou, d’autre part, les étrangers devenus propriétaires ou patrons faisaient parfois travailler leurs serfs et leurs ouvriers les jours chômés (qui d’ailleurs étaient abondants !) et les empêchaient ainsi d’aller aux offices. Telle est du moins l’accusation qu’on leur faisait. On fit donc une loi interdisant aux « Allemands » de posséder des serfs et des terres ; ou détruisit aussi leur église qui était à l’intérieur de la ville el on leur donna l’ordre de bâtir plus loin. Ces étrangers vivaient à l’écart des Musses dont ils ne pouvaient visiter les églises : circonscrits dans leur ghetto (un ghetto bien tenu, sans doute I) ils ne pouvaient porter le costume national. Pour s’assimiler, depuis le concile de 1620, ils devaient se faire baptiser, mais alors ils entraient d’emblée dans la société russe qui se faisait très accueillante à leur égard. Si l’un des conjoints seulement se faisait baptiser, l’autre l’était également, de gré ou de force.

Nous avons rappelé le concile de 1620. À cette occasion aussi le rituel pour la réception des protestants dans le giron de l’Église oit hodoxe fut revu. Ils étaient baptisés de nouveau. I.a profession de foi qu’ils devaient prononcer, si elle était moins âpre que (elle des néophytes qui venaient de l’Église catholique, était pourtant complète et longue elle aussi. Ils devaient rejeter YYiclyfï, Jean Mus, Martin Luther avec leurs écrits, leurs conciles et leurs écoles, Calvin, Servel et leurs disciples Œorges Blandrata (unitaire, 1515 1585), Paul (Gregorius Pauli, anabaptiste), Alsted (Jean, 1588-1638). Lelius ( ?). Sotsinus (Fauste Socin, fondateur île l’hérésie socinienne), Frantseska (probablement Francesco Stancaro), les Davidovici (c.-à-d. les disciples de Franz Davidis) et les ministres de Seniigrad (en Transylvanie, centre îles antitrinitaires polonais ) : ils devaient maudire le synode de Lublin (lequel ? ) et ceux qui en acceptaient les décisions ; Yalentin Entilis qui est venu d’Italie (’?) : et encore rejeter les disciples de Luther et de Calvin comme Xcika et Gliana (probablement Zwingle dont le nom fut coupé en deux !).

Api es les personnes, les hérésies : la négation du monachisme, du sacerdoce, le mariage du clergé. Le néophyte doit encore rejeter « leur célibat et leurs concubines, toutes les kirki luthériennes et les curki calvinistes, dans lesquelles les uns font des diableries en se tournant vers l’Orient, d’autres en se tournant vers l’Occident, et d’autres prient couchés parterre. On maudit encore les azymes, le baptême par infusion, l’hérésie de regarder le cours des astres, la suppression des jeûnes, l’orgue dans les églises, le nouveau calendrier, l’iconoclasme. On reproche aux protestants de ne pas admet Ire le culte des saints, la confession, les prières pour les morts, les communions sans purification, etc.

Parmi les écrits composés en Moscovie vers cette époque (patriarcat de Philarète) citons le traité Contre les iconoclastes et contre toutes les hérésies perverses qui ont iu le jour à noire époque, composé par un certain Joannes Dux que Serge Platonov a identifié, assez heureusement, ce semble, avec le prince Ivan Mikhailovic Katyrev Rostovskij, connu par d’autres écrits sur la crise révolutionnaire. L’ouvrage, qui nous est parvenu dans un seul manusetit, a été édité par Pla-Innov en 1907. Il est rl’in’érèl secondaire. Un peu plus de la moitié traite du culte des images et de la sainte croix. Comme date de composition, Platonov suggère 1624-1633. Le même savant a noté, sans d’ailleurs s’y arrêter davantage, la ressemblance entre cet ouvrage et divers passages du Kniga Kirilovskaja. Il y a manifestement une source commune aux deux écrits. Faut-il l’identifier avec le Litovskij Prosvêlilel dont parle Kaptcrcv (Pravoslavnoe Obozrênie, 1887, n. l, p. 156-159, dans Tsvêtaêv, Protestantstvo, p. 646, note). Nous n’avons pas en main les éléments suffisants pour hasarder une solution de ce problème.

V.-I. Savva, S. -Th. Platonov et V.-G. Druzinin, Ouvrages polémiques contre les hérétiques du XVII’siècle, récemment découverts (en russe : Vnov otkrjftija…), dans l.èt. zan. (1905), t. xiii, Pétersbourg, 1907 ; on y trouve les écrits du prince Khvoroslinin, d’Ivan Katyrev Kostovskij.

Plus important est le rôle joué par le prêtre Ivan Yasil’cvic Nasedka. Moine à la laure de la Troilsa, il cou i ri hua a délivrer la Moscovie des armées polonaises. Après l’avènement des Romanov, il travailla avec son archimandrite Denys à la correction des livres liturgiques. Nous ne décrirons pas ici les fameuses controverses dans lesquelles il fut entraîné pour avoir supprimé dans la formule de la bénédiction de l’eau les paroles ; oanem (cl pai le feu). Il fut excommunié, emprisonné, mais, plus heureux que son supérieur Denys, il réussit à se faire rapidement libérer : il fut absous parmi nouveau concile et écrivit deux traités pour jus-I ilier sa correct ion.

En 1622 il lil partie d’une ambassade envoyée en Danemark et cul l’occasion de voir les protestants elleL eux. De retour en Moscovie, il rédigea sa volumineuse Expesition contre Luther (Izloienie nu Liutory) encore inédite. Il s’était inspiré sui tout d’auteurs occidentaux, blanc russiens et ukrainiens, car ici, tout comme pour la polémique antilatine, les occidentaux avaient ouvert la voie aux Moscovites. Le prêtre Basile d’Ostrog avait