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    1. RUSSIE##


RUSSIE. INVASION DES MONGOLS

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russe (en russe : Pamjatniki…), dans Russ. Ist. liibl., t. VI (2 « éd., Pétersbourg, 1908).

Histoire ecclésiastique.


Nous n’en dirons que quelques mots, laissant l’étude de détail aux dictionnaires spécialement consacrés à l’histoire. Rappelons tout d’abord la chronique, ou plutôt les chroniques dont nous avons déjà eu l’occasion de parler en étudiant l’authenticité de la profession de foi antilatine proposée a saint Vladimir lors de son baptême. La Chronique de « Nestor » donne d’abondants détails sur la vie monastique à Kiev et de temps à autre contient d’amples développements édifiants sur la Providence, le châtiment des pécheurs, etc. Il y a d’autres chroniques aussi, généralement plus sobres, importantes cependant elles aussi pour l’histoire ecclésiastique. D’autres ont disparu. La littérature hagiographique est intéressante. Il y a l’éloge de sainte Olga et de saint Vladimir par le moine Jacob, les vies des saints martyrs Boris et Gleb (martyr, ici, veut dire simplement tué injustement : l’idée de témoignage de la véritable religion n’est même pas sous-entendue) assassinés par leur frère Svjatopolk, la vie de saint Théodose des Cryptes, la vie de saint Abraham de Smolensk qui date déjà du xiiie siècle..Mentionnons aussi le Puterik du monastère, des Cryptes ou recueil hagiographique des moines considérés comme saints au xiiie siècle.

Nous renverrons seulement à Y. -S. Ikonnikov, Essai sur l’historiographie russe (en russe : Opyt russkoj…), 2 vol., Kiev, 1891-1898, ouvrage extrêmement précieux, quoiqu’un peu vieilli. Voir aussi V. Istrin, Esquisse de ihisl. de l’une, lillér. russe (Ocerk islorii…), Pétrograd, 1922.

La première période de l’histoire littéraire de Hussie se termine avec l’invasion des’Mongols ; telle est du moins la division classique que l’on retrouve chez tous les historiens, mais elle nous semble un peu artificielle. Nous dirions plutôt qu’une nouvelle période s’ouvre dès le milieu du xiie siècle avec l’hégémonie de Vladimir.

Tant que Kiev resta la capitale des Hurikides, la littérature religieuse de Russie connut un vif éclat. On attendra longtemps, à Moscou, avant de retrouver une pléiade d’auteurs comme Hilarion et Théodose, Nestor et les chroniqueurs Clément de Smolensk et Cyrille de Tuiov, pour ne nommer que les plus connus. Le fonds théologique durant cette période prémongolienne est constitué par ce qui a été reçu des Grecs ; les dogmes principaux sont rappelés (non étudiés ou discutes) dans les œuvres des auteurs russes. C’est la doctrine sur la Trinité, l’incarnation, les sacrements, mais proposée avec simplicité. Le monachisme, surtout celui qui a Kiev pour centre, paraît être le foyer principal d’où jaillit presque toute l’activité religieuse et littéraire. Les relations fréquentes avec l’Occident donnent aux auteurs russes une attitude parfois sympathique, jamais hostile aux latins. Tout a l’ait caractéristique est la polémique antijuive, si commune alors comme dans la suite, a tous les auteurs lusses.

Mai ;, après le sac de Kiev par les troupes d’André Bogoliubski] et ses alliés barbares (1169), on prévoil les divisions futures, l’hégémonie du Nord avec son isolement culturel. La Russie européenne > (le-saint Vladimir et de Jaroslav le Sage disparail et l’on voit surgir deux Russies ; celle qui dans la suite tombera sous la domination polono-litbuanienne et se ressent ira des Influences occidentales ; l’autre, celle du Nord, qui s’enfermera dans un cercle (le 1er. resserré encore par la domination mongole d’une part et l’impérieux (les potisme des prélats byzantins de l’autre. C’est a cette dernière que nous allons désormais conserver toute notre attention. Nous verrons comment ce peuple. extraordinairement tenace, tombé dans une servitude humiliante à l’époque où le este de l’Hurope développait ses universités, saura, malgré tout, créer une civilisation qui, malgré les emprunts étrangers, n’en reste pas moins son grand litre de gloire.


V. L’invasion des Mongols et le synode de 1274.

Situation de la Russie sous les Mongols.

Lors de la prise de Kiev par les Tartares (1240), le métropolite Joseph, un Crée qui était arrivé en Russie en 1237, mourut ou plus probablement encore s’enfuit ; en tout cas il disparut sans laisser de traces. Les chro niques russes lai sent le siège vacant jusqu’en 1248 ; mais les sources occidentales connaissent un « Pierre, archevêque de Russie », rpii vint avec le prince Michel (de Cernigov ?) au concile de Lyon (1245). Un savant ukrainien récent a cru pouvoir identifier cet archevêque de Russie avec un métropolite. Pierre de. Kiev (1241-1245), inconnu jusqu’aujourd’hui. Ses arguments rencontrèrent de la faveur ; on l’écouta moins quand il ajouta que ce métropolite était le boiar Pierre Akeroviè dont parle la chronique laurentienne en 1230. Ce métropolite, d’après son attitude à Lyon, fut catholique, probablement russe. Il accepta donc l’union à Lyon. Nous ne savons rien d’autre à son sujet.

Voir S. T >ma5 vs’kij, Un prédécesseur d’Isidore : Pierre Akerovië, un métropolite inconnu de Russie (1241-1245), dans Analecla ord. S. Basilii Magni, 1927 (en ukrainien : Predleca Isidora…) ; du même, Boiar ou higoumène ? Ibid., 1928. (Ce dernier article est une réponse à la critique du baron de Taube.)

En 1248, huit ans après la chute de Kiev, le prince Daniel de Galicie, tout en maintenant les relations les plus cordiales avec Rome, envoyait à Nicée le moine Cyrille pour y être consacré métropolite de Galicie. Le nouveau prélat était à peine rentré que Daniel, ayant accepté l’union, se faisait couronner roi de Galicie par les légats du pape. Cyrille aimait trop peu les latins pour rester auprès d’une cour catholique. Il partit donc pour « au delà des forêts », vint à Yladimir-sur-Kliazma, où en 1274 il réunit un concile.

L’invasion des Tartares avait laissé la Russie dans un état déplorable : la fleur de la vieille noblesse variague disparut sur le champ de bataille de la Kalka au cours d’une première rencontre. Lors de l’invasion définitive de 1237, un grand nombre de princes périrent : d’autres se soumirent et cherchèrent à la Horde, en y mettant le prix, la confirmation de leur dignité de prince local ou encore de grand-prince. Car la poussée tartare, après les massacres des premiers moments, n’avait pas détruit l’ancien système politique et social de l’époque antérieure. L’ancienne distribution du pays en apanages restait et nous y retrouverons des princes locaux à Vladimir, à Suzdal, à Tver, à Niznij-Novgorod et ailleurs. On comprend la possibilité d’intrigues et de meurtres que cet état de choses signifiait. Tour reprendre l’expression du P. Pierling, c’était ordinairement le prince le plus riche et le inoins fier qui obtenait gain de cause. Ajoutons aussi que c’était le moins scrupuleux dans le choix des moyens : en fait, c’est bien grâce à l’appui tartare que les princes de Moscou, souvent plus riches et toujours moins fiers et moins regardants que leurs compétiteurs, finirent par s’en débarrasser. Les métropolites russes qui jouirent d’une considération exceptionnelle auprès des envahisseurs jetèrent tout le poids de leur influence du cô’ié de Moscou et c’est pour cette raison que deux d’entre eux, Pierre et Alexis furent canonisés. Ce fut le malheur de l’Église russe.

Nous renvoyons aux historiens pour une bibliographie sur l’invasion mongole. Voir J. I lainnier-Furgstall, Gesch. der goldenen Horde in Kiptschak, tins ist : der Mongolen in Hussl /uut, Pesth, 1840 ; V. Tizenhausen, Recueil de matériaux ayant trait à l’histoire de la Horded’or, l’etersbourg, 1881. 1. 1