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    1. RUSSIE##


RUSSIE. ÉPOQUE PRÉMONGOLIENNE

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surtout de la pureté du cœur, de l’obéissance, de la patience, etc. Le Zlalostruj suit plutôt l’ordre de l’année liturgique tandis que Y Izmaragd groupe les sermons suivant les matières. L’Émeraude, recueil à l’usage des gens du monde, semble avoir été compilé par un laïc. Ceux-ci, d’ailleurs, comme on le voit par les écrits du prince Vladimir Monomaque, étaient non seulement aussi (et souvent plus) cultivés, mais ils étaient tout aussi bons théologiens, quand ils le voulaient, que les moines eux-mêmes.

Plus tardive est la Mnrgaril (Pierre précieuse) traduite vers la fin du xiiie siècle. Nous avons encore la Source d’or, la Pierre précieuse, la Profondeur, le Livre de la colombe, etc. La plupart de ces recueils ont été étudiés du point de vue littéraire, artistique et philologique. Sobolevskij, Petukhov, Nikolskij, Pypin, Arkhangelskij et d’autres se sont rendus célèbres pour leurs études sur les anciens monuments littéraires de Russie. Une étude d’ensemble sur le contenu doctrinal de ces écrits reste encore à faiie. Ce serait un travail minutieux, difficile aujourd’hui après que les bibliothèques ont été en partie désorganisées, très intéressant au point de vue psychologique, qui apporterait sans doute de jolies contributions à la théologie ascétique et peut-être mystique, mais nous croyons que l’apport dogmatique serait peu considérable.

Pour les recueils de Svjatoslav, voir : Recueil de 1073, édition phototypique, Izdanja drevnej pis’mennosti, Pétersbourg, 1880 ; une autre édition (textes grec et slave) avec introduction, a été publiée dans les Ctenija de Moscou, 1882, ms. n. 4.

A. Rozenfeld, La langue de l’Izbnrnik de Svjatoslav de 1073 (Jaztjk…), dans Russkij filologic. véstnik, 1899, D. 1, 2 ; Leonhard Masing, Studien zur Kenntnis des Izbornik Svjatoslava vorn Jalire 1073 nebsl den Bemerkungen zu den junrjeren Ilandschriflen, dans Archiv jiir slavische Philologie, t. viii, 1885, p. 337 sq. ; A.-A. Sakhmatov, Zur Texlkrilik des Codex Svjatoslav vont Jahre 1073 nacli der photolitliogr. Ausgabe, ibid., t. vi, 1882, p. 599 sq.

Recueil de 1076 : V. Simanovskij, Sbornik Svjatoslava de 1076, Varsovie, 1894 ; recension de Nekrasov, dans 2 uni. Min. Nar. Pr., oct. 1897 ; et de S. Kulbaken, fév. 1892 ; Bobrov, Hist. de l’étude du « Sbornik de Svjutoslav » de 1076 (en russe : Islorija izueenija…), Kazan, 1902 ; V. dagic, Die Ausgabe des altruss. Codex vom Jalire 1076 uebst den Berichtingungen Simonij’s, dans Archiv jiir slavisclie Phil., t. xi, 1888, p. 233 sq. ; 368 sq.

On trouvera de précieux renseignements sur les sborniki en général dans : V.-M. Istrin, Esquisse de l’hist. de l’une, littér. russe (en russe : Ocerk…), Pétrograd, 1922, que nous avons souvent citée ; voir aussi A.-G. Il’inskij, Le » ’Llalostruj "de Th. Bychov du XI’siècle, éd. de l’Acad. des sciences de Bulgarie, Sofia, 1929 ; V.-M. Istrin, Le livre appelé « Kaath », c’est-à-dire « Sobornik » (en russe : Kniga naritsæmaja. ..), dans Izv. OUI., 1897 ; I. Zdanov, La conversation des trois évêques et les Joca monaclioruin (Beseda…), dans Zurn. Min. Nar. Pr., janv. 1892 ; V. Malmin, Élude du « Zlalostruj » d’après un manuscrit du XII’siècle (en russe : Izsledovanie…), Kiev, 1878 ; P.-A. Lavroskij, Description île sept manuscrits de la biblioth. publ. irnpér. (Opisanie…), dans Ctenija, avril 1858 ; V. Moculskij, Analyse historico-littérairedu « Livre de la colombe », Varsovie, 1887, recension dans Zurn. Min. Nar. Pr., oct. 1888 ; I.-I. Streznevskij, « Zlalostruj », notices et remarques, xxi, xxii (t. i, p. 1 sq.), Pétersbourg, 1867 ; A.-A. Sakhmatov et P.-A. Lavrov, Izbornik du XII’siècle de la cathédrale de l’Uspenskij à Moscou, dans Ctenija, fév. 1899, éd. de la plus grande partie de ce recueil fameux, d’importance surtout hagiographique ; on y trouvera la vie de saint Théodose de Kiev, des saints Boris et Gleb et de saint Méthode.

Littérature juridique.


Le droit canon, en ancienne Russie, tut une importance secondaire pour la théologie. Nous avons dit comment le Nomocanon original ne contenait pas de littérature antilatine. Nous n’avons pas à nous arrêter aux diverses traductions du Nomocanon apportées ou faites en Russie. De l’époque primitive semble dater le novau de ce qui canon de saint Vladimir dont l’importance historique ne peut être sous-estimée. Le texte latin du Nomocanon ressemble beaucoup à des textes analogues d’origine latine et occidentale. Reaucoup de personnes et de causes étaient réservées ù la juridiction épiscopale : ainsi les évêques jugeaient des litiges au sujet des héritages, géraient les établissements de charité et de bienveillance, s’occupaient des orphelins, des veuves et des pauvres, surveillaient les poids et les mesures. Leur pouvoir dépassait largement celui de leurs confrères de Dyzancc. Le Nomocanon de saint Vladimir ne nous est pas parvenu dans sa forme originale. Jaroslav Vladimiroviè laissa lui aussi un Statut ecclésiastique semblable à celui de son père. L’un et l’autre documents illustrent les influences occidentales sur la constitution du droit russe.

Mentionnons aussi les Réponses de Niphon de Novgorod aux questions de Kirik de Saiwa et d’Élie (quoique plusieurs réponses soient d’autres personnages), document embrouillé, mais qui connut une grande vogue et que Herberstein publia en appendice à ses Herum Moscovitarum comiuenlarii, Râle, 1556, pour l’édification de l’Occident. D’intérêt secondaire pour les théologiens, le document jette une vive lumière sur l’état de la Russie au xiie siècle, ses coutumes plus ou moins chrétiennes, sa discipline ecclésiastique, son code pénitent iel extraordinairement sévère pour des faut es surtout extérieures, les rapports entre catholiques latins et orientaux qui faisaient le désespoir de certains prélats, les pratiques liturgiques d’ordinaire semblables aux pratiques byzantines. L’inlluence grecque semble peser si lourdement sur ce document que M. Zernin a cru devoir avancer l’hypothèse (qui n’appartient d’ailleurs pas à lui seul) que Niphon était d’origine grecque. C’est une confirmation de ce que nous disions ailleurs au sujet de ce prélat.

La grande préoccupation qui tenait constamment en éveil les intelligences russes au xii c siècle semble avoir elé celle du jeune. Déjà dans divers documents canoniques, on voit que les esprits étaient inquiets de ce qu’on pouvait ou l’on ne pouvait pas manger à certains jours. Mais cette question obtint un grand retentissement après que i’évêque de Rostov eut défendu de manger de la viande tous les mercredis, même si ces jours coïncidaient avec une fête de Notre-Seigneur ou de la Vierge. Ce même Léonce, s’il faut en croire l’historien Tatygcev, qui eut a sa disposition des chroniques qui ont disparu depuis lors, était partisan du célibat ecclésiastique. On lui causa de graves difficultés, d’abord a Rostov, puis a Kiev, enfin ; ï Constantinople où il faillit être mis à mort. Ses doctrines furent reçues en Russie par un certain nombre de personnes et, en 1169, un grand concile se réunit à Kiev pour discuter du jeune monastique. Le concile fut réuni par le prince Mstislav 11 ; c’est le seul concile (on ne peut guère appeler de ce nom quelques autres réunions privées d’évêques, comme celle île 1072 pour la translation des reliques des saints Boris et Gleb) de la Russie prémongolienne sur lequel nous ayons quelques détails. Tant évêques, qu’higoumènes, prêtres et m -ines, il y eut environ cent cinquante ecclésiastiques. Les princes locaux se passionnèrent, et quand on parla d’en référer à Constantinople, u.i des plus puissants d’entre iuk, André Rogoliubikij, prince de ladimir, s’écria que de Constantinople ne venaient que des malheurs, et il proposa franchement d’établir I autocéphalie en Russie. Les avis furent très partagés (au sujet du jeune), trois évêques s’en allèrent bruyamment ; le concile ne prit aucune décision.

Nous avons donné col. 216 quelques notes bibliographiques sur le Nomocanon de Vladimir. Voir aussi A.-A. Pas-lov et V.-N. Benesevié., Monum. de Varie, droit canon.