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    1. RUSSIE##


RUSSIE. ÉPOQUE PRÉMONGOLIENNE

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et sur divers sujets. Le contenu dogmatique de ces sermons n’est pas intéressant.

Vers 1143, un moine grec des Cryptes, nommé lui aussi Théodose, traduisit, pour le. prince Svjatoslav Davidoviô, devenu moine sous le nom de Nicolas (après la mort de son épouse Anna Svjatopolkovna), l’épître de saint Léon le Grand au concile de Chalcédoine ; il y ajouta une préface et une conclusion. Dans l’introduction, il explique qu’une lettre sage et dogmatique est venue « de Rome, pour notre foi », qu’elle est « pleine de l’Esprit-Saint, pleine de sagesse, et qu’elle fut appelée conseil ci colonne de l’orthodoxie par le IVe concile œcuménique ». La phrase est obscure : elle peut signifier que la lettre fut composée à Rome (par Léon le Grand) ou encore, ce qui est une interprétation plus vraisemblable, que la lettre fut envoyée de Rome en Russie » à cause de la foi ». De la conclusion, ajoutée par le même Théodose, nous retiendrons simplement qu’ « il convient de remarquer que le pape Léon n’alla pas en personne au concile ; il ne le fit que par cette épître, étant en possession du trône apostolique suprême ». Cette phrase, qui contient un témoignage implicite en faveur de la primauté romaine nous empêche d’attribuer à ce même Théodose les écrits antilatins composés par un Théodose à l’adresse d’un prince Izjaslav. Voir supra, col. 218. Le texte russe de l’épître de saint Léon avec la préface et la conclusion de « Théodose » a été imprimé dans Clenija, 1848 (3e année, n. 7), par O. Bodianskij.

Pour être complet, il faudrait encore déterminer l’origine et faire l’analyse de nombreux sermons composés, traduits ou recopiés à l’époque prémongolienne. On avait déjà beaucoup publié de textes de sermons semblables sans encore les étudier suffisamment. Le désordre survenu dans les bibliothèques de Russie depuis la révolution de lit 17, retardera ces études de plusieurs générations.

A.-K. Arkhangelskij, Les œuvres des Pères de l’Église dans l’ancienne littérature russe (Tvorenija otsou…), 4 vol. dont les deux prem’ers réunis, Kazan, 1889-1890 ; Bene-Sevic, « Les commandements des saints Pères » de la période prémonijoliennc (Zapovedi…), dans Izo. Otd., t. xxii, 1917, p. 10-15, BeneseviÈ l’attribue à Grégoire de Novgorod (1186-1193) ; G. -A. Il’inskij, L’importance du Mont Athos dans l’histoire de la littérature slave (Znacenic Athona…), dans Zurn. Min. Nar. Pr., nov. 1908, p. 1-11 ; A. Nikolski.j, Matériaux pour l’histoire de l’ancienne littérature russe, dans lzv. Otd.., 1903 ; seconde édition dans Shorn. Otd., t. lxxxii, 1907 ; du même, Matériaux pour un dictionnaire des propriétaires de manuscrits, des copistes, traducteurs, correcteurs et bibliothécaires du XI" au XVIIe siècle, I (A-B), dans Izdanja drevnej pis’mennosti, t. c.x.xxii, 1913 ; M. l’-ij, Discours sur la nativité de la Mère de Dieu, dans lzv. Otd., mars 1902, p. 115 Sq. ; A. -S. Pavlov, Documents inédits du ilroit ecclésiastique russe du XIIe siècle : Homélie de l’éoêque de Novgorod, Èlie-Jean (en russe : Neizdannyj…), dans’Luni. Min. Nar. Pr., oct. 1890 ; A.-f. Ponomarev, Monuments île l’ancienne littérature doctrinale ecclésiastique de Itussie (Pantjatniki dreone-russkoj tëerkoono uCitel’noj literaturg), t. i-iv, Pétersbourg, 1891-1898 ;  ! ".. Petukhov, Anciennes homélies pour les dimanches du grand carême (en russe : Drevnija poucenijn. ..), dans Sborn. Otd., t. xi., 1886, n. 3 ; du même, Matériaux et remarques sur l’histoire île l’ancienne littérature russe (Materialy i zamelki…), dans Izn. Otd., t. ix, 1904, p. 1 11-172, n. 4 ; la première pari le de cet le étude (i-m), parut sous le même titre, Kiev, 1894 ; A.-I. Sobolevskij, Dans le domaine île l’ancienne prédication slave ( / : oblasti…), dams Izn. OUI.. 1903-1906 ; M.-X. Speranskij, Sur les rapports entre les littératures russe et jugoslaoe, dans Izo. Otd., t. xxvi, 1921, Pétrograd, 1923 ; [.-A. Sllapkln, Homélie russe du A’/ 1’siècle à l’occasion de la translation des reliques de suint Nicolas le Thaumaturge, dans Pamjatniki drevnej pis’mennosti, xix(x), Pétersbourg, 1881 ; A.-I..lalsimirskij.

Menus textes et remarques sur la littérature staroslave et

russe, dans lzv. Otd., 1899-1910.

4° Recueils mi Sborniki.

Les Russes cherchèrent longtemps leur nourriture théologique ou ascétique flans des recueils de morceaux choisis plutôt que dans des ouvrages déterminés. Les deux plus anciens recueils que nous connaissons nous sont parvenus sous le nom de Recueils de Svjatoslav. Il y en a deux : l’un, daté de 1073 et dont nous avons une magnifique édition phototypique, avait été traduit du grec pour le prince bulgare Siméon, puis copié pour le prince russe Izjaslav I er, dont le nom fut efïacé ensuite pour faire place à celui de Svjatoslav Jaroslaviô, son frère et heureux rival. Le texte grec de ce recueil, publié par Barsov dans les Clenija de Moscou, existe dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris. Le recueil est composé en grande partie des Réponses d’Anastase le Sinaïte ; il contient aussi quelques extraits du livre V de saint Rasile contre Eunome, quelques passages du Dialogue de saint Cyrille avec Hermias, la profession de foi de Michel le Syncelle (dont une traduction, défigurée dans un sens semiarien, devait entrer dans l’ancienne chronique russe), un opuscule sur « les six saints conciles », où l’activité des pontifes romains reçoit un relief extraordinaire et quelques autres fragments (p ; eudo-Ju ; tin, S. Maxime, S. Athanase, S. Grégoire de Nysse, S. Jean Chrysostome). Le second Recueil de Svjatoslav dont l’origine est disputée, date de 1076. Au xiie siècle nous avons déjà une quantité intéressante de ces recueils dont le contenu est varié : fragments de Pères de l’Eglise, sermons, textes hagiographiques, etc. Ainsi, un sbornik du xiie siècle, de caracièr ? plutôt hagiographique, celui-là, contient le texte le plus ancien que nous ayons de la « légende pannonienne » de saint Méttiode et l’office liturgique des apôtres des Slaves.

En dehors de ces recueils, plus ou moins vagues, il en est d’autres dont le contenu peut être déterminé avec plus de précision et dont l’origine remonte au xiie, au xiiie, au xive siècle ou encore plus tard, quoiqu’il soit difficile de leur fixer une date plus exacte.

Mentionnons en particulier la Chaîne d’or (Zlalaja Tsêp) ; c’est un recueil de sermons pour le carême. On y a découvert les discours du seul écrivain russe qui ait prêché des sermons qui nous soient parvenus de la lin du xiiie siècle, l’évêque Sérapion de Vladimir. Beaucoup plus important est le Zlatoust (Bouche d’or, Chrysostome) ; il y en a deux espèces : Le Chrysostome abrège est composé des sermons pour les dimanches du carême (à l’instar de la Chaîne d’or), des sermons pour Pâques et pour les dimanches après Pâques jusqu’à la fête de tous les saints. Le compilateur pouvait quelque peu varier les sermons ; le titre du recueil venait de ce que la plupart des sermons étaient pris aux œuvres (authentiques ou non) de Jean Chrysostome. On y trouvait aussi des serinons d’autres prédicateurs. Le Chrysostome complet (prostrannyj) contenait des sermons pour toutes les fêtes de l’année ; il se subdivisait à son tour en plusieurs catégories. Ces recueils servaient aux services liturgiques publics et ils doivent être considérés comme l’expression de la prédication officielle. Du même genre étaient l’Évangile commenté (Evangelie ulUel’noe) et les recueils pour solennités (TorSestvenniki).

A ces recueils de caractère officiel il faut en joindre d’autres destinés à l’usage privé des fidèles : les Zlatoslmj (Onde d’or), recueils de sermons tirés aussi en grande part des œuvres de Jean Chrysostoms. Le premier de ces recueils remonte au tsar bulgare Siméon qui, suivant quelques historiens — surtout bulgares aurail non seulement choisi les sermons <le son recueil mais les aurait lui-même traduits du ne Du même genre que le Zlalostruj, sauf que la variété de son contenu est plus grande, est Y Izmaragd (Émeraude). Le sujet des sermons varie peu : il s’agit