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    1. RUSSIE##


RUSSIE. ÉPOQUE PRÉMONGOLIENNE

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à une époque plus ou moins reculée. Il n’exerça pas une influence très notable sur la polémique juive postcrie ure.

N. Nikolsl<ij, Matériaux, p. 75-90, décrit le*, éditions de ce document, p. 81-82 ; cf. G.-M. Baratz, Sources du discours sur la loi et la grâce (on russe : Istoàniki…), Kiev, 1916 (compte rendu dans Bibliografifeskaja lêlopis, t. viii, 1917, 54) ; I.-N. L<l ; mo, Discours sur ta toi et la grâce et éloge du kagan Vladimir (en russe : Slovo o zakone…), dans Œuvres complètes, l. i, 1904, p. 1-80 ; N.-K. Nikolskij, Rédaction commentée du Discours sur la loi ci la grâce > avec îles fragments du Commentaire des Prophéties d’L’pir Likhov (en russe : Tolkovaja redaklsija…), dans Sbor. Otd., t. l.xxxii, 1907, p. 28-55 ; M.-N. P-ij, Hilarion, métropolite de Kiev et Domenlian, liiéromoine de Khilandur, dans Izv. Otd., t. xiii, 1008, p. 81-133 ; Th.-M. Pokrovskij, Fragment du discours du métropolite Hilarion sur la loi et la grâce dans un ms. du XII’-XIl Psiècle (en russe : Olryvok slova…), dans Izv. Otd., t. xi, 1000, p. 412-117 ; B.-M. Sokolov, Au sujet du « Discours sur la loi et la grâce d’Hilarion (en russe : Po povodu…), ibid., t. xxii, 1017, p. 314-310. On consultera aussi les historiens Golubinskij, Istrin, etc.

La polémique antijuive postérieure fut influencée davantage par un Commentaire des prophètes, avec réfutation des juifs, anonyme, qui contient des passages de la Genèse, d’Isaïe, de Baruch, de Daniel et d’Ézéehiel commentés dans un sens antijuif. D’après Evseev, la source principale de cet ouvrage serait dans les Prophéties commentées (Tolkomjja pron c ; slva) composées en Bulgarie sous le règne de Siméon. Les autres sources du traité russe seraient la Dispute de Gregentios avec Herban que nous avons déjà nommée et les Paroles des saints prophètes.

Evseev attribue une grosse importance à ce traité et le donne comme la première rédaction d’une partie de la Tolkovaja Palea, ce recueil massif de polémique antijuive dont nous reparlerons. Il le fait sans doute avec prudence et n’avance son affirmation que comme « une opinion non sans fondement ». Quoi qu’il en soit, l’hypothèse ouvre de vastes aperçus.

I.-E. Evseev, Remarque sur l’ancienne traduction slave de la sainte. Écriture (en russe : Zametka…), dont la publication a commencé dans Izvestija lmpcrat. Akad. Nauk, t. viii, 1898 ; t. x, 1899 et s’est terminée dans Izv. Otd., t. v, 1900, p. 788-823, rous n’avons utilisé que ce dernier fascicule ; du même, Commentaires de quelques passages des prophètes avec incrépalions contre les juifs (en russe : Tolkovanija…), dans Izv. Otd., 1900.

Saint Cyrille de Turov.


On trouve des traces de polémique anti juive dans les sermons de saint Cyrille, évêque de Turov (en 1130-1182), en particulier dans son sermon sur les Rameaux, dans celui du dimanche après Pâques, l’éloge de Joseph d’Arimathic et ailleurs. On peut dire que, dans toute l’œuvre de i’évêque de Turov, on peut discerner un courant de polémique antijuive d’autant plus frappant qu’il n’y a pas de trace de sentiment antilatin, pas même là où le célèbre orateur parle des azymes… Fort intéressant est le sermon pour le sixième dimanche de Pâques (guérison de l’aveugle de la piscine de Siloé) où, ayant rapporté une longue controverse entre les juifs et l’aveugle, l’orateur conclut : « Nous autres, ayant laissé la malice juive, louons l’homme dont Dieu a eu compassion. » Nous donnerons la bibliographie sur Cyrille de Turov dans le paragraphe sur les traités oratoires et doctrinaux.

On trouve encore dans un recueil du xiii° siècle un Sermon sur l’incarnation adresse à un juif. Dans la fameuse épitre du métropolite Clément de Smolensk au prêtre Thomas, on trouve aussi un fragment anti juif ; en liii, dans les Bylines, les poèmes épiques populaires de l’ancienne Russie qui oui survécu dans la tradition orale avant d’être consignés par écrit au cours du siècle dernier, on voit constamment apparaître le juif dans les rôles ingrats.

La Tolkovaja Palea.


L’ouvrage monumental de polémique antijuive est la Tolkovaja Palea qui est une sorte d’encyclopédie historique à l’usage des Musses pieux du xiii c siècle et d’une époque plus tardive. Il y a plusieurs recensions de la Palea : il y a celle qu’on est convenu d’appeler la Palea islor, ë : skaja dont l’original grec a été identifié et dont le texte slave a été publié par Popov dans les Lectures de la Société impériale d’histoire et d’antiquités russes, de Moscou. Mais beaucoup plus importante pour l’histoire (le la pensée religieuse de Russie est la Tolkovaja Palea eni la Palea avec commentaires, dont il convient de distinguer diverses formes : il y a celle du manuscrit de Kolomna (Kolomenskaja Palea), éditée par les élèves du professeur Tikhonravov ; elle est probablement le type primitif : c’est une histoire de l’Ancien Testament arrangée de façon à réfuter les prétentions juives. La SinodaV naja Palea est déjà postérieure ; l’intérêt antijuif étîit tombé et l’ouvrage ressemblait davantage à un immense recueil historique où l’on traitait de l’histoire de l’Ancien Testament. Plus tard on y ajouta l’histoire byzantine et la conversion de la Russie. On trouvera dans Istrin les autres types ou sous-types de la Tolkovaja Palea ainsi qu’une excellente étude sur leurs relations mutuelles.

On a beaucoup étudié la Palea et ses rapports avec d’autres documents. Sakhmatov l’appela une. « encyclopédie bulgare du xe siècle », mais c’est là une opinion extrême. Depuis les études de Mikhailov et d’Istrin, indépendantes les unes des autres, mais parvenant aux mêmes conclusions, on est à peu près d’accord pour dire que la Palea ne fut pas écrite en Russie avant le xiiie siècle, mais probablement vers la fin de ce siècle ou plus tard encore. Mikhailov a proposé récemment comme auteur le moine Barsanuphe qui vécut à la fin du xive siècle, mais ceci n’est qu’une conjecture. L’existence et la popularité de cet énorme recueil (il en existe un grand nombre de manuscrits) semble indiquer que la polémique antijuive était assez bien accueillie à l’époque de la formation de l’État moscovite.

Nous reparlerons de la polémique antijuive à l’occasion de la querelle des judi.ï.ants.

Il y a une abondante bibliographie spéciale sur la Palea : V. Adrianova, L’histoire littéraire de la Palea (en russe : K literal urnoj…), dans Trudꝟ. 1909, n. 9 et 10 (excellent article ) ; K.-K. Istomin, Au sujet des rédactions de la Tolkovaja Palea (en russe : K voprosu), dans Izv. Otd., 1905-1913 ; du même, Réponse à M. Istrin, dans Ëurn. Min. Nar. Pr., nov. 1906 ; V. Istrin, Remarques sur la composition de la Tolkovaja Palea, dans Izv. Otd., 1897-1808, ou encore Sbor. Otd., t. lxv, 1899, n. 6, et la recension qui en parut dans tiyz. Zeitschrijt, t. vil, 1898, p. 226 et t. viii. 1809, p. 230 ; du même, Les rédactions de la Tolkovaja Palea ( Redaklsija), dans Izv. OUI., 1905-1906, ou séparément, Pétersbourg, 1 907 ; du même, La Tolkovaja Pcdeæt la Chronique de Georges Hamartolos, dans Izv. Otd., 1921 ; A.-IJ. Karneev, Sur les relations mutuelles entre la Tolkovaja Palea et la Zlalaja Matitsa, dans Zurn. Min. Nar. Pr., févr. 1900 f K voprosu…) ; M. Mikhailov, De l’origine et des sources littéraires de la Tolkovaja Palea (K voprosu), dans Izv. OUI., janv. 1928 ; A.-V. Kystenko, Matériaux pour l’histoire littéraire de la Tolkovaja Palea (Malerialy), dans Izv. Otd., tévr. 1008 ; A. Sakhmatov, l’ne encyclopédie bulgare ilu x’siècle, dans X’izantijskij’remennik, t. vii, 1900.

La Palea istoriccskuja a élé publiée par A. Popov élans Ctenija, janv. 1881, sous le titre de Kniga bytija nebesi i zemli ; par les élèves de Tikhonravov, Moscou, 1892-1896 ; en partie à Pétersbourg, 1802.

IV. Traités doctrinaux et oratoires, canoniques ET HISTORIQUES COMPOSÉS A LA MÊME ÉPoQUE. —

Cyrille de Turov est l’orateur le plus connu de l’époque prémongolienne et peut-êlre de toute l’ancienne Russie. Né a Turov au début élu xiie siècle, il s’appliqua de bonne heure à l’élude, entra au monas-