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QUIETISME. LE MOLINOSISME


det deinde gravia esse delicta, ut anima se inquietct, ne in via interna ulterius progredJatur ; unde ad ejus vires enervandas melius est ea non confiteri, quia non sunt peccata, nec ctiam venialia.

49. Job ex violentia dæmonis se propriis manibus polluebat, eodem tempore quo mundas habebat ad Deum preces : sic interpretando locum ex capite xvi Job.

50. David, Jeremias et multi ex sanctis prophetis hujusmodi violentias patiebantur harum irapurarum operationum externarum.

51. In sacra Scriptura multa sunt exempla violentiarum ad actus externos peccaminosos ; uli illud de Samsone qui per violentiam se ipsum occidit cum Philistæis, conjugium iniit cum alienigena et cum Dalila meretrice fornicatus est, quæ alias erant prohibita et peccata fuissent ; de Judith qua' Holoferni mentita fuit ; de Elisæo qui pueris maledixit ; de Elia qui combussit duos duces cum turmis régis Achat). An vero fuerit violentia a Deo immédiate peracta, vel daîmonum ministerio, ut in aliis animabus contingit, in dubio relinquitur.

52. Cum hujusmodi violentise, etiam impure, absque mentis offuscntione accidunt, tune anima Deo potest uniri et de facto semper magis unitur.

53. Ad cognoscendum in praxi an aliqua operatio in aliis personis fuerit violenta, régula, quam de hoc habeo, nedum sunt protestationes animarum illarum qua ; protestantur se dictis violentiis non consensisse aut jurare non posse quod iis consenserint, et videre quod sint anima 3, quæ proficiunt in via interna ; sed regulam sumerem a lumine quodam actuali, cognitione humana ac theologica superiori, quod me certo cognoscere facit, cum interna securitate, quod talis operatio est violenta, et certus sum quod hoc lumen a Deo procedit, quia ad me pervenit conjunctum cum certitudine, quod a Deo proveniat, et mihi necumbram dubii relinquit in contrarium ; eo modo, quo interdum contigit quod Deus aliquidrevelando eodem tempore animam certam reddit quod ipse sit qui révélât et

l'âme que ce sont de graves péchés afin de l’inquiéter et de l’empêcher d’avancer davantage dans la voie intérieure. C’est pourquoi, pour rendre ses efforts inutiles, il est préférable de ne pas confesser cela, car il n’y a là aucun péché, pas même véniel.

49. Job, par la violence du démon, se souillait de ses propres mains au moment même où il adressait à Dieu des prières pures, comme on peut interpréter ce passage (v. 18) du c. xvi de son livre.

50. David, Jérémie et beaucoup d’autres saints prophètes souffraient ces sortes de violences dans de semblables actions extérieures impures.

51. Dans la sainte Écriture il y a beaucoup d’exemples de violences portant aux actes extérieurs de péché, celui de Samson qui par cette violence se tua avec les Philistins, épousa une femme étrangère, pécha avec la courtisane Dalila, choses qui, en d’autres circonstances, auraient été défendues et mauvaises ; celui de Judith qui mentit à Holopherne ; celui d’Elisée qui maudit les enfants fà Béthel] ; celui d'Élie qui fit descendre le feu du ciel sur deux chefs du roi Achab et sur leurs soldats. Cette violence fut-elle exercée immédiatement par Dieu ou par le ministère des démons, comme cela arrive aux autres ? La réponse reste douteuse.

52. Lorsque ces violences, même impures, arrivent sans troubler la conscience, l'âme peut alors s’unir à Dieu et de fait elle lui est toujours plus unie.

53. Pour savoir, en pratique, si une action qui se produit dans les autres provient de cette violence, la règle, que je suis, n’est pas tirée uniquement des protestations que ces âmes font de n’avoir pas consenti à ces violences, ni du fait qu’elles ne pourraient pas jurer y avoir consenti, ni même des progrès de ces âmes dans la voie intérieure. Je prendrais plutôt ma règle d’une certaine lumière actuelle, supérieure à la connaissance humaine et théologique, qui me fait connaître avec certitude par une conviction intérieure que telle action vient de la violence. Je suis certain que cette lumière vient de Dieu, parce qu’elle est jointe à la conviction qu’elle est d’origine divine, et qu’elle ne laisse en moi pas même l’ombre d’un doute du contraire. C’est de la même manière que ce qui arrive par anima in contrarium non potest dubitare.

54. Spirituales vita ? ordinariæ in hora mortis se delusos invenient et confusos et cum omnibus passionibus in alio mundo purgandis.

55. Per hanc viam internam pervenitur, etsi multa cum sufferentia, ad purgandas et extinguendas omnes passiones ; ita quod nihil amplius sentitur, nihil, nihil ; nec ulla sentitur inquietudo, sicut corpus mortuum, nec anima se amplius commoveri sinit.

56. Duæ leges et duæ cupiditates, animæ una et amoris proprii altéra, tamdiu perdurant, quamdiu perdurât amor proprius ; unde quando hic purgatus est et mortuus, uti iit per viam internam, non adsunt amplius illse dua ? leges et duæ cupiditates, nec ulterius lapsus aliquis incurritur, nec aliquid sentitur amplius, ne quidem veniale peccatum.

57. Per contemplationem acquisitam pervenitur ad statum non faciendi amplius peccata nec mortalia nec venialia.

58. Ad hujusmodi statum pervenitur, non rellectendo amplius ad proprias operationes, quia defectus ex reflexione oriuntur.

59. Via interna sejuncta est a confessione, a confessariis et a casibus conscientiæ a theologia et philosophia.

60. Animabus provectis, qua ? rellexionibus mori incipiunt et eo etiam perveniunt ut sint mortua 1, Deus confessionem aliquando etlicit impossibilem et supplet ipse, tanta gratia præservante, quantum in sacramento reciperent ; et ideo hujusmodi animabus non est bonum in tali casu ad sacramentum rænitentiæ accedere, quia id est illis impossibile.

61. Anima, cum ad mortem mysticam pervenit, non potest amplius aliud velle, quam quod Deus vult, quia non habet amplius voluntatem, et Deus illi eam abstulit.

62. Per viam internam pervenitur ad continuum statum in pace imperturbabili.

63. Per viam internam pervenitur etiam ad mortem sensuum ; quinimo signum quod quis in statu nihilitatis maneat, id est mortis myslicæ est si sensus exteriores

fois lorsque Dieu fait une révélation à une âme et qu’il la convainc en même temps que c’est bien lui qui révèle, de sorte que le doute ne lui est pas possible.

54. Les spirituels qui marchent dans la voie commune, à l’heure de la mort se verront joués et confondus ; ils auront à se purifier de toutes les passions dans l’autre monde.

55. Par cette voie intérieure, on parvient, quoique avec beaucoup de peine, à purifier et à éteindre toutes les passions, au point qu’on ne sente plus rien, oui rien, rien, aucune révolte, comme si le corps était mort ; l'âme ne se laisse plus troubler.

56. Les deux lois, les deux convoitises, l’une de l'âme et l’autre de l’amour-propre, durent autant que règne l’amour-propre. Aussi, lorsqu’il est épuré et mort, comme il arrive dans la voie intérieure, il n’y a plus alors les deux lois ni les deux convoitises ; on ne fait plus aucune chute, on ne sent aucune révolte, on ne commet même pas un péché véniel.

57. Par cette contemplation acquise, on parvient à un état où l’on ne fait plus aucun péché ni mortel ni véniel.

58. On arrive à cet état en ne réfléchissant plus sur ses propres actions, car les fautes naissent de la réflexion.

59. La voie intérieure est indépendante de la confession, des confesseurs et même des cas de conscience, de la théologie et de la philosophie.

60. Aux âmes avancées, qui commencent à mourir aux réllexions et qui sont arrivées à être mortes, Dieu rend quelquefois la confession impossible. Aussi y supplée-t-il par une grâce qui les préserve et qui est égale à celle qu’elles recevraient du sacrement. C’est pourquoi il n’est pas bon à ces âmes de s’approcher, dans ce cas, du sacrement de pénitence, car cela leur est impossible.

61. L'âme qui parvient à la mort mystique ne peut plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut, car elle n’a plus de volonté. Dieu la lui a ôtée.

62. Par la voie intérieure, on parvient a un état continu de paix imperturbable.

63. Par la voie intérieure on arrive aussi à la mort des sens. Bien plus, le signe que l’on est dans l'état d’anéantissement, c’est-à-dire de mort mystique, c’est que les sens