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QUIÉTISME. LE MOLINOSISME


agere debent, quia utrumque est actus propriæ voluntatis.

16. Non convenit indulgentias quærere pro pœna propres peccatis débita ; quia melius est divinæ justitiæ satisfacere, quam divinam misericordiam quærere ; quoniam illud ex puro Dei amore procedit, et istud ab amore nostri interessato, nec est res Deo grata, nec meritoria, quia est velle crucera fugere.

17. Tradito Deo libero arbitrio et eidem relicta cura et cogitatione animæ nostræ non est amplius habenda ratio tentationum, nec eis alia resistentia fieri débet, nisi negativa, nulla adliibita industria ; et si natura commovetur, oportet sinere ut commoveatur, quia est natura.

18. Qui in oratione utitur imaginibus, figuris, speciebus et propriis conceptibus, non adorât Deum in spiritu et veritate.

19. Qui amat Deum eo modo quo ratio argumenta tur aut intellectus comprehendit, non amat verum Deum.

20. Asserere quod in oratione opus est sibi per discursum auxilium lerre, et per cogitationes, quando Deus animam non alloquitur, ignorantia est ; Deus nunquam loquitur, ejus locutio est operatio et semper in anima operatur quando hæc suis discursibus, cogitationibus et operationibus eum non impedit.

21. In oratione opus est manere in fide obscura et universali, cum quiète et oblivione cujuscumque cogitationis particularis ac distinctse attributorum Dei ac Trinitatis, et sic in Dei prsesentia manere ad illum adorandum et amandum, eique inserviendum, sed absque productione actuum, quia Deus in his sibi non complacet.

22. Cognitio hæc per fidem non est actus a creatura productus, sed est cognitio a Deo creaturse tradita, quam creatura se habere non cognoscit, nec postea cognoscit se illam habuisse ; et idem dicitur de amore.

23. Mystici cum S. Bernardo, in Scala claastralium [vel auctore Sculie claustralis, sub nomine ejusdem Bernardi ], distinguunt quatuor gradus : lectionem, méditât ionem, orationem et contemplationem infusam ; qui sem plus le remercier de rien, car demande et remerciement sont des actes de propre volonté.

16. Il ne convient pas de chercher des indulgences pour la peine due a nos propres péchés, car il est mieux de satisfaire à la justice de Dieu — ce que demande le pur amour divin — que de recourir à sa miséricorde — ce qui est le propre de l’amour intéressé de nous-mêmes — chose non agréable à Dieu, ni méritoire pour nous, puisque c’est vouloir fuir la croix.

17. Le libre arbitre étant remis à Dieu, le soin et l’examen de notre âme lui étant aussi abandonnés, il n’y a plus lieu de s’inquiéter des tentations. On ne doit pas leur opposer d’autre résistance que la résistance négative, sans faire aucun effort. Si la nature est troublée par la tentation, laissez-là se troubler puisqu’elle est la nature.

18. Celui qui dans l’oraison se ».ert d’images, de figures, d’idées et de ses propres concepts, n’adore pas Dieu en esprit et en vérité.

19. Celui qui aime Dieu de la manière que le demande la raison ou que l’entendement le conçoit n’aime pas le vrai Dieu.

20. Dire que dans l’oraison il soit besoin de s’aider de raisonnements et de pensées lorsque Dieu ne parle pas à l’âme, c’est être dans l’ignorance. Dieu ne parle jamais ; sa parole est son action, et il agit toujours dans l’âme lorsqu’elle ne l’en empêche pas par ses raisonnements, par ses pensées et par ses opérations.

21. Dans l’oraison, il faut demeurer dans la foi obscure et universelle, dans le repos et dans l’oubli de toute pensée particulière et distincte des attributs de Dieu et de la Trinité. On doit rester ainsi en la présence de Dieu pour l’adorer, l’aimer et le servir, mais sans produire des actes, parce que Dieu n’y prend aucune complaisance.

22. Cette connaissance par la foi n’est pas un acte produit par la créature, mais elle est une connaissance donnée par Dieu à la créature, que celle-ci ne sait pas avoir au moment où elle l’a, ni ne sait ensuite avoir eue. Il faut en dire autant de l’amour.

23. Les mystiques avec saint Bernard dans L’Échelle des cloîtres [ou avec l’auteur de l’échelle claustrale, qui est sous le nom du même saint Bernard ], distinguent quatre degrés : la lecture, la méditation, l’oraison et la con per in primo sistit, nunquam ad secundum pertransit ; qui semper in secundo persistit nunquam ad tertium pervenit, qui est nostra contemplatio acquisita in qua per totam vitam persistendum est, dummodo Deus animam non trahat (absque eo, quod ipsa id expectet), ad contemplationem infusam ; et bac cessante anima regredi débet ad tertium gradum et in ipso permanere absque eo quod amplius redeat ad secundum aut primum.

24. Qualescumque cogitationes in oratione occurrant, etiam impurse, etiam contra Deum, sanctos, fidem et sacramenta, si voluntarie non nutriantur, nec voluntarie expellantur, sed cum indifferentia et resignatione tolerentur, non impediunt orationem fidei ; imo eam perfectiorem efficiunt, quia anima tune magis divinæ voluntati resignata remanct.

25. Etiamsi superveniat somnus et dormiatur, nihilominus fit oratio et contemplatio actualis, quia oratio et resignatio, resignatio et oratio idem sunt ; et dum resignatio perdurât, et oratio perdurât.

26. Très illse v iæ purgativa, illuminativa et unitiva sunt absurdum maximum, quod dictumfuerit inmystica, cum non sit nisi unica via, scilicet via interna.

27. Qui desiderat et amplectitur devotionem sensibilem, non desiderat, nec quærit Deum sed seipsum et maie agit, cum eam desiderat et eam habere conatur, incedens per viam internam, tam in locis sacris quam in diebus solemnibus.

28. Tsedium rerum spiritualium bonum est, siquidem per illud purgatur amor proprius.

29. Dum anima interna fastidit discursus de Deo et virtutes et frigida remanet, nullum in seipsa sentiens fervorem, bonum signum est.

30. Totum sensibile quod experimur in vita spiritual ! est abominabile, spurium et immundum.

31. Nullus meditativus veras virtutes exercet internas, quæ non debent a sensibus cognosci. Opus est amittere virtutes.

32. Nec ante nec post communionem alia requiritur prseparatio, aut gratiarum actio (pro istis animabus internis), quam permanentia

templation infuse. Celui qui s’arrête toujours au premier ne monte jamais au second ; celui qui s’éternise au second n’atteint jamais le troisième qui est notre contemplation acquise dans laquelle il faut persister pendant toute la vie, à moins que Dieu n’attire l’âme (sans qu’elle le désire toutefois) à la contemplation infuse. Celle-ci venant à cesser, l’âme doit redescendre au troisième degré et s’y fixer si bien qu’elle ne retourne plus ni au second ni au premier.

24. Quelles que soient les pensées qui surviennent dans l’oraison, même impures, ou contre Dieu, contre les saints, la foi et les sacrements, si on ne les entrelient pas volontairement sans les repousser cependant, mais qu’on les tolère avec indifférence et résignation, ces pensées n’empêchent pas l’oraison de foi. Au contraire, elles la rendent plus parfaite parce que l’âme est alors davantage résignée a la volonté divine.

25. Lors même que le sommeil surviendrait et que l’on s’endormirait, l’oraison et la contemplation actuelle n’en continueraient pas moins parce qu’oraison et résignation, résignation et oraison sont une même chose. L’oraison dure autant que la résignation.

26. La distinction des trois voies : purgative, illuminative et unitive est la plus grande absurdité qui ait été dite en mystique, car il n’y a qu’une seule voie, la voie intérieure.

27. Qui désire la dévotion sensible et s’y attache ni ne désire ni ne recherche Dieu, mais soi-même. Et il agit mal celui qui, marchant dans la voie intérieure, souhaite cette dévotion et s’efforce de l’avoir tant dans les lieux saints qu’aux fêtes solennelles.

28. Le dégoût des choses spirituelles est bon, puisque par lui l’amour-propre est purifié.

29. Lorsqu’une âme intérieure prend en dégoût les entretiens de Dieu et les vertus, et qu’elle reste froide et ne sent en elle aucune ferveur, c’est un bon signe.

30. Tout sensible qui serait éprouvé dans la vie spirituelle est chose abominable, malpropre et immonde.

31. Celui qui fait la méditation ne pratique pas les vraies vertus intérieures, car elles ne doivent pas être connues par les sens. II faut donc bannir les vertus.

32. Ni avant ni après la communion, une autre pré-, paration ou une autre action de grâces n’est requise (pour les âmes intérieures) que