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ROSMINI. l’Hdl’OSITIONS CONDAMNÉES, I rc SECTION


l'être considéré initialement et l'être considéré dans son terme : acte d’intelligence, écrit Rosmini, col quale neW essere assolulo dislinse l’inizio dal termine, e vide quello separato da questo. Sans doute cette séparat ion n’est pas réelle, mais elle est le résultat de l’abstraction mentale. Teosofia, t. i, p. 401.

Qu’est-ce que cet être initial ? Pure existence, répond parfois Rosmini : II che è quarto dire corne pura tsislenza, è egualmenle inizio di Dioe délie créature. Teosofia, t. i, p. 230. Être purement intelligible et dénué de toute subsistance, dit ailleurs Rosmini. Cf. prop. 38. Cette seconde interprétation est la plus fréquemment présentée par les rosminiens. Cf. Aile quaranla proposizioni…, p. 8, ou encore Alla Civillù Cattolica, riposta di un Prelalo romano, Rome, 1889, p. 39.

Au point de vue philosophique, ces deux explications aboutissent pour Rosmini à des contradictions. Si l'être que l’intelligence saisit est l'être divin dans son existence, nous ne pouvons que voir Dieu lui-même : in Deo non est aliud essenlia vel quiddilas, quam suum esse. S. Thomas, Conl. genl., t. I, c. xxii. Si l'être que l’intelligence saisit est simplement l'être divin intelligible, alors ce n’est plus l'être divin par essence, mais bien l’idée que nous nous en formons en partant des créatures. Les deux solutions sont en contradiction avec la thèse générale de Rosmini, Trutina, n. 11-16, p. 13-20.

Au point de vue théologique, les dangers signalés dans les deux premières propositions ne font que s’accentuer : l’ontologisme qui conduirait à méconnaître la distinction radicale de la connaissance naturelle de Dieu par le raisonnement et l’abstraction et de la connaissance surnaturelle de Dieu par l’intuition de la vision béatifique ; le panthéisme : « Les intelligences Unies sont actuées par une actualité divine ; il ne faudrait pas un grand clïort pour en conclure qu’elles sont elles-mêmes actuellement divines. » J. Didiot, op. cit., p. 404-405.

t. L’essere indeterminato (essere idéale), il quale < l indubitamente palese a tulle le intelligenze (è quel divino che) si manifesta all’uomonellanatura (Teosofia, t. iv, n. 5 et 6, p. 8).

Esse indeterminalum, quod L'être indéterminé, qui lirocul dubio notum est omnisans aucun doute est celui-là bus intelligentiis, est divinum même que toute intelligence illud quod homini in natura connaît, est cet être divin mantfestatur, manifesté à l’homme dans la

nature.

Sur 1' « être indéterminé » qui se présente tout d’abord à l’intelligence, on pourrait trouver, en saint Thomas, des textes se rapprochant des formules rosrniniennes. Cf. Sum. theol., I a, q. lxxxv, a. 3, ad lum ; In /™ Sent., dist. VIII, q. i, a. 3. Mais, tandis que l'être indéterminé, universel, dont parle saint Thomas, est un concept qui peut recevoir, qui doit recevoir des déterminations nouvelles selon les applications qu’on en fait aux diverses réalités, cf. dont, gent., t. I, c. xxvi, l'être sans détermination et universel dont parle Rosmini n’est pas susceptible de recevoir les limites, les précisions nécessaires pour convenir à telles ou telles réalités précises : c’est l'être dans sa plénitude de perfection qui se confond en réalité avec l'être divin ; qualenus ipsius essendi plenitudo nullis limilibus circumscribitur, explique pertinemment la Trutina theologica, n. 21, p. 24. Sans doute, Rosmini et ses disciples invoqueront ici encore la distinction entre l'être idéal et initial, et l'être réel-idéal considéré dans son terme. Mais nous avons vu qu’il n’y a pas de différence essentielle entre l’un et l’autre. L’analyse des propositions 9, 10, 11, nous le fera voir plus clairement encore. Logiquement, c’est encore au panthéisme qu’il faut ici aboutir. Il y a confusion entre l'être universel qui est au fond de tous nos concepts et l’actualité

divine. « Au panthéisme idéologique s’associe le panthéisme cosmique. » J. Didiot, op. cit., p. 405.

5. L’essere intuito dall’iromo deve necessariamente essere qualche cosa d’un ente necessario ed elerno, causa créante, déterminante et finiente di lulli gli enti contingenti : e questo è Dio (Teosofia, t. i, n. 298, p. 211).

6. NeW uno (essere che prescinde dalle créaturee da Dio, c che è l’essere indeterminato}}e neW allro essere (che non è più indeterminato, ma Dio stesso, essere assolulo) c'è la stessa essenza (Teosofia, t. ii, n. 848, p. 150'.

Esse quod homo intuetur L'être, objet de l’intuition

necesse est ut sit aliquid eniis humaine, doit être nécessai necessarii et œlerni, causée rement quelque chose de

creantis, delerminantis ac fil'être nécessaire, éternel,

nientis omnium entium concréateur, cause déterminante

tingentium ; atque hoc est et finale de tous les êtres

Deus. contingents, c’est-à-dire de Dieu même.

In esse quod præscindit a Dans l'être [universel] qui creaturis et a Deo quod est esse fait abstraction des créatures indeterminalum, atque in Deo et de Dieu, c’est-à-dire dans esse non indeterminato sed abl'être indéterminé, il y a la soluto, eadem est essenlia. même essence qu’en Dieu,

être déterminé et absolu.

Ces deux propositions peuvent être jointes, car elles ne font, l’une et l’autre, que reprendre, en les affirmant avec des nuances nouvelles, les précédentes assertions.

Dans la proposition 5, l’identification de l'être transcendantal des logiciens avec l'être divin lui-même, s’affirme plus audacieusement. Cet être, objet de notre intuition, est nécessairement quelque chose de l'être nécessaire, éternel, créateur, cause déterminante et finale de tous les êtres contingents, c’est-à-dire quelque chose de Dieu lui-même. C’est du pur ontologisme. Et cette conclusion reçoit une confirmation de la proposition suivante. On y affirme, en effet, que l'être transccndantal, indéterminé, qui convient aussi bien à Dieu qu'à la créature, tout en faisant abstraction de l’un et de l’autre, a réellement une essence qui n’est pas simplement logique et abstraite : c’est la même essence que l’essence de Dieu, l'être absolu et déterminé.

Étant donnée cette identification, comment peut-on encore logiquement admettre une distinction entre Dieu et le monde ? D’autre part, comment discriminer la vision béatifique de la connaissance naturelle de Dieu ? On le voit, avec ces deux nouvelles propositions, identiques quant au sens et presque dans la forme, nous nous enfonçons toujours plus avant dans l'équivoque foncière du rosminianisme. Cf. Trutina, n. 2224, p. 26-29 ; J. Didiot, p. 406-407.

7. L’essere indeterminato delta intuizione… l’essere iniziale … è qualche cosa del Verbo, che ella (la mente del Padre) dislingue non realmente, ma secondo la ragione, dal Verbo (Teosofia, t. ii, n. 848, p. 150 ; t. i, n. 490, p. 445).

Esse indeterminalum inluiL'être indéterminé de l’intionis, esse initiale, est aliquid tuition, l'être initial, est quelVerbi, quod mens Patris disque chose du Verbe, que l’inlinguil non realiler sed secuntelligence du Père distingue dum rationem a Verbo. du Verbe, non réellement,

mais en raison.

Cette proposition paraît d’autant plus intéressante qu’elle semble vouloir donner l’ultime raison de la distinction si souvent apportée par Rosmini entre la « réalité » et 1' « idéalité », ces deux formes primordiales de l'être. Cf. // rinnuovamento délia ftlosofta. C. xlii. L'être idéal, qui renferme en lui-même toutes les idées divines, archétypes des réalités créées ou créables, est pensé par Dieu dans le Verbe avec lequel ces idées s’identifient réellement. Elles s’en distinguent cependant, selon la raison, en tant que l’intelligence du Père les conçoit par abstraction selon leur être idéal. Ainsi, nous en revenons encore à la disti iction par laquelle les rosminiens estiment pouvoir laver leur maître du