Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/757

Cette page n’a pas encore été corrigée
2927
2928
ROSMINI. HISTOIRE DE LA CONDAMNATION


liques In sublimis militantis Ecclesise, 29 septembre is : ii ». Voir le texte dans Trullet, Examen des doctrines de Rosmini, trad. Sylvestre de Sacy, Paris, 1893, p. 289, ou F.-X. Krauss, Essags, t. iv, Antonio Rosmini, lierlin, 1890, p, 152. D’autres membres de la Compagnie publièrent en 18Il un livre anonyme intitulé Eusebio cristiano, incriminant Rosmini sur sa conception du péché originel. La controverse s 'étant engagée, Grégoire XVI lit examiner, en 1813, les écrits des deux partis et silence fut imposé aux adversaires. V. Lockhart. op. cit.. p. 522.

La mise à l’Index du projet de Constitution (italienne) selon la justice sociale et des Cinq plaies fut le point <le départ de nouvelles attaques. Bien que Rosmini déclare avoir appris « que la prohibition ne porte sur aucune proposition condamnable au point de vue théologique, mais qu’elle vient de ce que ces deux écrits ont été jugés inopportuns » (lettre à Leonardo Rosmini, son cousin ; cf. Lockhart, p. 289), l'école opposée aux doctrines rosminiennes prétendait que les deux opuscules avaient été condamnés « parce qu’ils contenaient des opinions hérétiques, et qu’on le verrait bien par la prompte condamnation de tous les écrits de l’auteur ». W. Lockhart, p. 524. On mit en circulation un pamphlet intitulé Apostilles, contenant 327 censures doctrinales relatives à des propositions extraites des ouvrages de Rosmini. Les accusations contenues dans les Apostilles furent bientôt appuyées par un ouvrage anonyme en deux volumes, signé du pseudonyme Prête liologne.se. Pie IX, qui avait déjà reçu à Gaète une demande formelle de condamner les ouvrages de Rosmini et venait d'être rétabli à Rome, résolut de soumettre les ouvrages incriminés à un examen sérieux et impartial. L’examen, commencé en mars 1851, dura trois ans. La congrégation spéciale qui en était chargée termina par la sentence de Dimillantur, c’est-à-dire d’acquittement. Le pape, en promulguant cette sentence, imposa l’injonction du silence, défendant de renouveler les mêmes accusations. Mais, dans la suite, plusieurs journaux ou revues, notamment la Civiltà caltolica, VOsservatore romano, VOsservatore cattolico, ayant insinué que la sentence laissait seulement la cause en suspens et les attaques se renouvelant sans cesse contre l’orthodoxie de Rosmini, le préfet de l’Index, cardinal di Luca, fit publier par le Maître du Sacré-Palais, le P. Vincenzo Gatti, une communication officielle, en date du 20 juin 1870, dans VOsservatore romano. Eu voici la filiale : « Sans doute, il ne s’ensuit pas qu’il ne soit pas permis de rejeter le système philosophique de Rosmini ou la manière dont il explique certaines vérités, et de réfuter ses opinions dans les écoles ; mais de ce qu’on n’est pas d’accord avec lui sur la manière d’expliquer certaines vérités, il n’est pas permis de conclure que Rosmini a nié ces vérités : il n’est pas licite, non plus, d’infliger une censure théologique aux doctrines qu’il a soutenues dans celles de ses œuvres que la Sacrée Congrégation de l’Index a examinées et déclarées exemptes de toute censure et contre lesquelles le Saint-Père interdit d'élever àl’avenir de nouvelles accusations. » L.' Osservatorc cattolico publia, le 1 er juillet, une note de regret d’avoir mal interprété la formule Dimittantur. Mais la Civiltà cattolica fut dispensée de toute rétractation. YV. Lockhart, p. 535-539.

Les attaques ne devaient pas cesser pour autant. Entre temps, en effet, la Sacrée Congrégation de l’Index avait publié deux déclarations. La première, en date du 21 juillet 1881), spécifiait que la formule Dimittantur signifiait simplement : opus quod dimittitur non prohibera La seconde, en dale (lu 5 décembre 1881, décidait qu’un livre renvoyé (dimissum) ou non prohibé n'était pas pour autant déclaré exempt d’erreur cl qu’on pouvait encore l’attaquer au point de vue phi losophique ou théologique sans encourir la note de témérité.

En octobre 1885, la Civiltà caltolica résumait ses accusations en une phrase nette et concise : « Rosmini est un janséniste en théologie, un panthéiste en philosophie, un libéral en politique. »

Léon XIII qui, dans L’intérêt général, avait demandé aux « journalistes catholiques de s’abstenir entièrement de discuter ces questions », Lettre aux archevêques de Lombardie et de Piémont, janvier 1882, devait faire reprendre l’examen des doctrines rosminiennes. Plusieurs raisons militaient en faveur de ce nouvel examen. Tout d’abord les raisons d’opportunité et le ménagement dû à la personne de Rosmini, fondateur d’ordres, n’existaient pluscomme sous Pie IX. Ensuite, ainsi que le fait remarquer le début du décret Posl obitum, les doctrines dénoncées et condamnées sont extraites d’ouvrages posthumes, sur lesquels n’avaient pu porter les premières dénonciations. Enfin, les propositions reconnues « non conformes à la vérité catholique i contiennent « des chefs de doctrine « qui se trouvaient seulement en germe dans les premiers ouvrages de l’auteur, mais qui se sont développés et expliqués plus clairement. Faut-il ajouter que les défenseurs de Rosmini avaient singulièrement exagéré en présentant ses doctrines philosophiques et théologiques comme l’expression authentique de la doctrine de saint Thomas ? Voir, en ce sens, W. Lockhart, op. cit., c. i.i ; A. Trullet, Examen des doctrines de Rosmini, trad. Sylvestre de Sacy, Paris, 1893, surtout du c. iv à la fin (Parère intorno aile dottrine ed aile opère deV abbutc Rosmini, Rome, 1854). Les meilleurs esprits pouvaici.t être troublés par des affirmations aussi audacieuses.

2° Le décret « Post obitum » et les quarante propositions rosminiennes réprouvées. — Le décret est du mercredi 14 décembre 1887. Il signale deux catégories de travaux suscités par la publication des ouvrages posthumes de Rosmini : d’abord, des études philosophiques et théologiques de docteurs privés ; ensuite des études faites par des membres de l'épiscopat lui-même. Les unes et les autres ont abouti à la dénonciation d’un certain nombre de propositions au Saint-Siège. Ces mêmes études ont été accompagnées de longues et vives polémiques auxquelles il fallait également que Rome mît enfin un terme.

Les quarante propositions sont proscrites, condamnées et réprouvées dans le sens de l’auteur, c’est-à-dire dans le sens de son système, de sa doctrine, en un mot, dans leur sens objectif, sans qu’il y ait lieu ni utilité de se préoccuper du sens subjectif et des intentions de Rosmini. Dans cette condamnation, le Saint-Office a agi comme inquisition universelle et son décret s’adresse à l'Église entière. Enfin, par une clause remarquable et très défavorable à la réputation des autres ouvrages de Rosmini, le décret du Saint-Office défend absolument de conclure, du silence qu’il garde au sujet des autres doctrines rosminiennes, à une approbation tacite ou implicite qui leur en reviendrait. Voir le texte du décret dans Rosminianarum propositionum quas S. R. U. Inquisilio… reprobavit, proscripsit, damnavit trutina theologica, Rome, 1892, appendix, p. 127-428 ; cf. J. Didiot, La fin du rosminianisrne. dans Revue des sciences ecclésiastiques, 1888, p. 401-402.

Des quarante propositions condamnées, les vingtquatre premières sont d’ordre plutôt philosophiques, les seize dernières sont d’ordre strictement théologique. Nous indiquerons pour chacune d’elles : t. le texte italien original avec la référence aux (cuvres de Rosmini, ce texte étant fréquemment plus développé que le résumé qu’en a fait le Saint-Office ; 2. le texte latin du Saint-Office juxtaposé à la traduction française. Un bref comment aire, dont les idées essentielles sont empruntés à l’Examen théologique (Trutina theologica)