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ROSAIRE

ROSCELTN

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Qui en vous se repose — Entre ciel et la terre — La si très douce chose — Ave Sainte.Marie — Glorieuse royne - - Joie de toutes dames — Et couronne virgule — Requérez votre Filz — Ainsi le mons incline — Qu’il di mes trépas — Me fasse médecine. » Fol. 234. On a du reste l’impression que le Rosarius fut écrit pour les confréries du rosaire. Il fait plusieurs fois allusion, par exemple fol. 221, à « ceste présente compaignie ». » Dévotement en die — Ceste présente compaignie. »

Far ailleurs, confréries de la bonne mort, les confréries du rosaire savent se garder de l’ambiance attristante de la fin du Moyen Age. La « compagnie du chapel vert », ou celle du « cappiaux de rose ». ou celle de la « verde Piioré » à Tournai, au début du xe siècle, semblent responsables d’une bien curieuse coutume. Lorsqu’un confrère meurt, on lui chante une messe où le prêtre et ses assistants, ainsi que les « frères bourgeois », assistent avec une couronne de roses sur la tête. Puis a lieu un dîner où chacun participe avec son chapeau de roses joyeuses sur la tête. A. de La Grange, Choix de testaments tournaisiens antérieurs au xvie siècle, t. i, p. 129 et 178. Pourquoi ne fêterait-on pas dans la joie le jour où le dévot à Notre-Dame est salué par la Vierge au seuil du paradis ? Cette déviation est étrange et l'Église y a mis bon ordre ; mais, cinquante ans avant Alain de La Hoche elle donne une idée du grand élan d’allégresse chrétienne qui caractérisa le rosaire primitif.

L'élan religieux du rosaire primitif est un fait collectif qui s’est montré essentiellement durable. Pour toutes les générations de catholiques, demeureront vrais les jugements de Léon XIII : « Il y a sans doute plusieurs moyens d’obtenir l’assistance de Marie : cependant nous estimons que l’institution du rosaire est le meilleur et le plus fécond. » Encycl. Adjulricem populi. « L’un des principaux avantages du rosaire est de fournir au chrétien un moyen court et facile d’alimenter sa foi et de la préserver de l’ignorance et du péril de l’erreur. » Ibid… « L'àme s’enflamme d’amour et de gratitude devant les preuves de la charité divine présentées par le rosaire. » Encycl. Oclobri mense… « Dans les familles et parmi les peuples où la pratique du rosaire est restée en honneur comme autrefois, il n’y a pas à craindre que l’ignorance et le poison des erreurs détruise la foi. » Encycl. Magnæ Dei Matris. « Le rosaire, cette méthode de prière, condense en lui tout le culte dû à Marie. » Encycl. Oclobri mense.

A. Benoist, Suite de l’histoire des albigeois, Toulouse, 1 083 ; D. Ftcheverry, Le saint rosaire et lanouvelle critique, Marseille, 1911 ; X. Faucher, Les origines du rosaire, Paris, 1924 ; D. Federici, Istoria de' Caaalieri gaudenti, Venise, 1787, 2 vol. ; M. Gorce, Le rosaire, et ses antécédents historiques, Paris, 1931 ; du même, Figures dominicaines (saint Dominique et le rosaire, etc.), Juvisꝟ. 1935 ; Ch. Jorel, la roseau Moyen Age, Paris, 1906 (insuffisant) ; F.-D..loret, I.e rosaire, Juvisꝟ. 1934 (l’ouvrage le plus complet pour tout ce qui concerne l’organisation actuelle de la dévotion du rov. i î r< ; contient d’abord in extenso les textes des encycliques .li' Léon XIII) ; M. Sepct, Origines catholiques du théâtre moderne, Paris, 1901 ; II. Vaganay, L< rosaire dans la poésie, Lyon, 1907 : I). Wilmart, / es méditations d’Etienne de Sallai, dans îicvuv d’ascétique et mystique, 1929 ; R. Zeller, Le saint

rosaire. Paris, 1932.

M. -M. G0R( i

    1. ROSCELIN ou ROSCELLIN##


ROSCELIN ou ROSCELLIN. Théologien

français, né peut-être dans la région de Compiègne. On le fait, en général, chanoine de Compiègne ou de Besançon, soit à une église métropolitaine soil en quelque collégiale. A la suite de sa condamnation par un concile de Soissons vers 1D92 ou K>9.'i, il passe en Angleterre où il ne peid continuer de séjourner pour des raisons que nous indiquerons. Il semble que vers 1096 il habile la Touraine et même qu’il enseigne dans l'église collégiale

de Sainte-Marie de Loches. Il est encore question de

lui dans l’histoire des doctrines à propos de sa querelle avec son disciple Abélard, ce qui se passerait vers 1120. A cette date, Roscelin paraît avoir été admis dans la collégiale de Saint-Martin de Tours. Ces dates semblent situer sa naissance vers le milieu du xie siècle. Dans son édition de l’Histoire des conciles de Hefele, dom Leclercq fait de Roscelin un Rreton transplanté à Compiègne et devenu finalement chanoine de Tours, ce qui permet de risquer la réflexion suivante : « Il y aurait une curieuse étude à faire de ces hérétiques bretons. Comme Menendez y Pelayo pour ses compatriotes espagnols, Çantù pour ses compatriotes italiens, il faudrait rencontrer un historien indifférent aux intérêts de clocher. De Roscelin à Renan en passant par Abélard et Lamennais, et en faisant place au menu fretin que je n’ai pas à nommer ici, on noterait ces caractères communs, immanquables : subjectivisme, vanité énorme, passion ardente sous des airs détachés et plus de forme que de fond. » Op. cil., t. v, p. 365, p. 2. Tout ceci est très suggestif et très vague, ainsi que tout ce qui touche de près ou de loin au personnage de Roscelin, personnage d’ailleurs prestigieux, puisqu’il est célèbre en philosophie comme inventeur du nominalisme et en théologie comme hérésiarque d’une hérésie trithéiste subtile et adroitement présentée.

I. Nominalisme. — Selon une chronique, voir V. Cousin, Fragments philosophiques…, p. 87, l’auteur du nominalisme serait un certain Jean qui aurait eu bon nombre de disciples parmi lesquels le fameux Roscelin. Selon du Roulay, qui n’est jamais qu'à demi croyable, ce Jean avait été médecin du roi Henri I er. Il était chartrain et l’infirmité dont il était atteint le fit nommer Jean le Sourd. Mais cet obscur Jean n’aurait jamais fait qu’entrevoir le nominalisme. Le metteur en œuvre de la doctrine nouvelle, celui qui lui donna son ampleur, la répandit, la rendit aux yeux de ses contemporains non plus indifférente mais agréable ou odieuse, son véritable auteur, ce fut incontestablement Roscelin.

Le développement de la pensée chrétienne, qui, en morale, en psychologie et donc en métaphysique, est un personnalisme, devait aboutir tôt ou tard à des nominalismes excessifs, par où se caricatureraient certains de ses aspects éventuels. Il est remarquable que le tout premier nominalisme, celui de Roscelin, fut loin d'être aussi ridicule et outrancier qu’on le dit souvent. Roscelin fut peut-être sophistique. Il fut sûrement adroit. Sa manière ressemble assez, pour autant que nous pouvons nous en faire une idée, à la souplesse dialectique de cet Abélard qui fut son disciple. C’est d’ailleurs par Abélard lui-même, qui en écrivait à l'évêque de Paris, E| ist., xiv, P.L., t. ci.xxvin, col.355, que nous connaissons un trait de l’argumentation du fondateur du nominalisme. Pour établir sa doctrine, Roscelin voulait montrer qu’un cire n’a pas de parties. Le sophisme était criant et Abélard lui-même, pourtant peu prompt à s'étonner en matière d’apparents paradoxes philosophiques, en reste scandalisé : « car à ce compte, écrit-il, dans l’endroit où l’Ecriture rapporte que Jésus mangea une partie d’un poisson, il devrait dire qu’il s’agit seulement d’une partie du mot poisson et non pas d’une parlie de la chose elle-même… ». Pris à part, les deux arguments de Roscelin rapportés par Abélard à ce sujet peuvent paraître terriblement spécieux : 1. dire qu’une partie d’une chose est aussi réelle qlie cette chose, c’est dire qu’elle fait partie d’elle-même, car une chose n’est ce qu’elle est qu’avec toutes ses parties ; 2. la partie d’un tout devrait précéder le tout, car les composants doivent précéder le composé, mais la partie d’un tout l’ait partie du tout lui-même, donc la partie devrait se précéder elle-même, ce qui est absurde. Cependant, à y réfléchir, par delà