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ROMAINS fÉPITRE AUX). DOCTRINES. MORALE


L’union du fidèle au Christ suppose la présence e1 l’action de l’Esprit, tic l’Esprit divin. Le Christ a été ressuscite par l’Esprit, car c’est l’Esprit qui donne la vie. Rom., viii, 11, cf. vi, 1 ; I Cor., vi, 14 ; II Cor.,

xiii, 4. Ainsi le Christ est esprit non seulement par sa nature divine, mais aussi d’une certaine manière en vertu de sa résurrection corporelle. En vertu de l'état nouveau dans lequel il se trouve depuis sa glorification, il est principe d’une vie spirituelle et immortelle, vi, 8-9. Or, c’est précisément l’Esprit de Dieu qui en a fait un « esprit vivifiant ». Ainsi, l’action du Christ spirituel dans l'âme du fidèle n’est point séparable de celle de l’Esprit-Saint.

La foi et le baptême sont également nécessaires à l’acquisition de la vie surnaturelle ; la foi comme disposition et le baptême comme rite mystique initiateur. La foi devait comporter la volonté de se soumettre au rite qui était en usage depuis la première prédication chrétienne. La signification mystique ou symbolique du baptême, rc, 3-10, n'était point pour les Romains une nouveauté introduite par saint Paul, car l’Apôtre leur dit qu’ils doivent la connaître, vi. :  ;. Au moment du baptême l’on devait faire une profession de foi dont les éléments essentiels sont indiqués x, 6-13. Voir plus haut, col. 2879.

L’ordre du salut est gratuit. C’est par grâce, Sojpeàv, par la grâce de Dieu, ifi oojtoû -/âpi-ri, iii, 24, que l’on est justifié. La gratuité du salut contraste avec la récompense ou salaire accordé aux « œuvres légales ». xi, 5 sq. Le terme X^-P 1 ^ est employé vingt-quatre fois dans l'Épitre aux Romains. Pour l'étude de cette notion, voir J. Wobbe, Der CharisGedanke bel Paulas, p. 15 sq. L’ordre du salut est surnaturel. Il est conforme à un plan divin qui est un mystère révélé, xvi, 25-27. Cf. Eph., i, 7-12. L’homme a besoin de la grâce pour accomplir le bien, pour s’affranchir de la loi de la chair et du péché, pour se soumettre à la loi de Di.-u. Vil, 2 1-25. Si l’homme abuse de la grâce, Dieu la lui retire en l’abandonnant à ses passions et en le laissant s’enfoncer dans le vice, i, 24 sq.

Par la faute d’Adam, l’homme était devenu » psychique », mortel, pécheur, ennemi de Dieu. Le Christ lui a rendu surabondamment ce qu’Adam avait perdu au préjudice de sa race : par le Christ, les fidèles sont constitués justes. Ils sont dans un état habituel de justice, par « la justice de Dieu » qui leur est communiquée. Cf. v, 18-19. Là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé ; elle règne par la justice, v, 20-21.

L’homme justifié reçoit l’Esprit qui le transforme, l'élève au-dessus de sa propre nature et lui est un principe de vie surnaturelle, viii, 5-13. Cette vie surnaturelle, comporte des relations nouvelles entre Dieu et l’homme. Une fois justifié l’homme est fils de Dieu. Il a avec le Christ une communauté de vie et île sentiments. Il est héritier de Dieu et cohéritier du Christ, viii, 1617. Mais il doit souffrii avec lui s’il veut participer à sa gloire, car l’adoption ne portera tous ses fruits que dai s l’autre vie, par h résurrection qui opérera la « rédemption de notre corps ». viii, 23.

Sous le régime de la toi, l’homme est fils adoptif au lieu d'être serviteur ou esclave comme sous la Loi. Dans ix, 26, l’Apôtre rattache à un texte prophétique la notion de fils de Dieu, Os., ii, 1 ; cꝟ. 1s., x, 22. Mais, dans le texte d’Osée, il s’agii d’Israël en tant que groupement : « les fils d Dieu ». lai le citant, l’Apôtre n’expose point uiw doctrine mystique comme dans Rom., VIII, où il entend la notion de fils dans un sens plus personnel et plus intime que dans l’Ancien Testament.

Le passage Rom., vi, 5, marque l’effet de l’union au Christ : par le baptême, le Christ et le fidèle deviennent comme deux [liantes unies ensemble dans une même croissance. La vie religieuse du fidèle est étroitement liée à celle du Christ. L’idée de « greffe que l’on attri bue généralement à C2 passage restreint un peu trop la signification du mot ctÙ[jkputoç.

D’après Rom., viii, 10, le Christ, par l’Esprit, devient source ou principe de vie pour le fidèle. Cf. Gal., il, 19-21 ; Phil., i, 21.

Rattaché ainsi au Christ par un lien surnaturel, le fidèle participe â ses privilèges : justice, purification, sanctification. Il est sous l’empire et comme dans la sphère d’action du Christ. Ses actes, ses souffrances, sa mort, n’ont de valeur qu’en vertu du lien qui le rattache au Christ. Il faut « reproduire » les actes du Christ, l’imiter, le former en soi, le « revêtir » dans la vie morale, xiii, 14, comme on l’a « revêtu » au moment du baptême, en recevant le principe de la vie surnaturelle ; cf. vi, 2 sq.

L’ordre de la grâce comporte l’espérance et le principe de la gloire. Le chrétien y est prédestiné. Cette prédestination olïrc, du moins du côté de Dieu, un caractère de certitude qui ne trompe pas : tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont prédestinés. VIII, 28.

Les fidèles forment un seul corps en Jésus-Christ : c’est le Christ mystique. Ils sont « membres les uns des autres » ; chacun remplit sa fonction selon la grâce qui lui a été donnée, xii, 3-8. Cette doctrine du Christ mystique n’est qu’insinuée dans l'Épître aux Rcmains ; elle est plus développée dans la première aux Corinthiens et surtout dans les épîtres de la captivité, où les fidèles forment « le corps du Christ », par opposition à leur « chef », le Christ ressuscité.

Il y a dans le Christ mystique divers « charismes » ou dons accordés pour le bien de la communauté. C’est d’abord le don de prophétie ou inspiration divine qui donne des lumières surnaturelles pour faire connaître ou expliquer les choses religieuses : il doit s’exercer dans la mesure ou dans la limite des choses de la foi. Cf. Gal., i, 8 ; Tit., i, 4. Puis c’est le don du « ministère », qui comporte plusieurs services déterminés : dans l’ordre spirituel, l’enseignement et l’exhortation ; dans l’ordre temporel, l’aumône faite pour un motif désintéressé, la présidence ou la direction des œuvres de charité : ô Trpoïo’râu.evoç, xii, 8, à caus° du contexte, peut difficilement' s’entendre du chef de la communauté : enfin la miséricorde ou les œuvres hospitalières exercées personnellement à l'égard des pauvres et des malades.

Il y a une communauté de sentiments et un lien entre l'Église de Rome et les autres Églises. Toutes appartiennent au Christ leur chef, mais l’Apôtre reconnaît à celle de Rome une dignité et une importance particulière, c’est pourquoi il la salue au nom de « toutes les Églises du Christ ». xvi, 16.

L’expression « royaume de Dieu » ne se rencontre que dans xiv, 17 ; elle a un sens moral, non cschatologiquc : « Le royaume de Dieu ne consiste ni dans le manger ni dans le boire ; il est dans la justice, dans la paix et dans la joie de l’Esprit. Celui qui sert le Christ de cette manière' est agréable à Dieu et approuvé des hommes. Cf.I Cor., iv, 20 ; vi, 9, 10 ; xv, 2 I. 50 ; Gal., v, 21 ; Eph., v, 5 ; Col., iv. 11.

5° Mortilc. 1. Avant le Christ la vie morale de l’homme était réglée par la loi : loi de Moïse pour les juifs, loi de nature ou lumière de la conscience pour les païens. Pour les uns et les autres la loi était l’expression de l’autorité divine s’iniposant à la conscience humaine ; toute violation de cette loi, divine ou naturelle, étant justiciable de Dieu. Cf. ii, 5-27.

Les païens non seulement pouvaient connaître Dieu par la lumière de la raison, i, 19-20, mais ils distinguaient le bien du mal, ils comprenaient clairement qlie le jugement de Dieu SixaiMixa toû 0eoù, frappe les pécheurs et que les vices mentionnés I, 24-31 méritent un châtiment, cf. i, 32. Ils avaient la loi de cous-