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ROMAINS E PITRE AUX). LA C RIT in TE MODERNE

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Clément de Rome, Ignace, Polycarpe offrent de nombreuses citations de l'Épître aux Romains. Ils possédaient vraisemblablement le Corpus paulinum déjà complet. Cf. Harnack, Die Briefsammlung des Apostels Paulus, p. 6, 14. Voir les références à l'épître, dans Sanday, op. cit., p. lxxx sq. et dans Funk, Patres apostolici, t. i, p. (543 sq.

Dans saint Justin on trouve des réminiscences de l'épître : Dial., 47 = Rom., ii, 4 ; Dial., 27 = Rom., iii, 11-17 ; Dial., 23 = Rom., iv, 3 ; Dial., 44 = Rom., ix, 7 ; Dial., 32, 55, 64 = Rom., ix, 27-29 ; Apol., i, 40 = Rom., x, 18 ; Dial., 39 = Rom., xi, 2-3. Il en est de même dans Athénagore, Leg. pro Christ., xiii = Rom., xii, 1 ; xxxiv = Rom., i, 27.

Dans saint Hippolyte on trouve des citations de l'épître attribuées aux naasséniens, aux valentiniens, surtout à Basilide. Cf. Refutatio (Philosophoumena), v, 7 ; vi, 36 ; vii, 25. Remarquer l’usage fait par Basilide des passages Rom., viii, 19, 22 et v, 13, 14. Cf. éd. Wendland, p. 202 sq.

Les interpolations chrétiennes dans les Testaments des douze patriarches, antérieures probablement à Tertullien, dénotent l’usage de l'Épître aux Romains. Cependant Charles est porté à croire que saint Paul a utilisé cette littérature apocryphe. Cf. R.-H. Charles, The Testaments of the twelve Palriarchs, Londres, 1908, p. lxi-lxv ; The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament, t. i, Oxford, 1913, p. 292.

Marcion, vers 140, est le premier à mentionner explicitement l'Épître aux Romains, dans l’Apostolicon. Il la cite sous le titre ripôç 'Pwlaaôouç. Il omettait Rom., i, 19-n, 1 ; iii, 31-iv, 25 ; ix, 1-33 ; x, 5-xi, 32 ; et la doxologie, xvi, 25-27. Il n’est pas démontré qu’il ait rejeté également les c. xv-xvi. Il les avait mutilés, dissecuit et non desecuit comme restitue Lietzmann. Voir plus loin, col. 2863 sq. Il omettait également de courts passages ou les modifiait pour les adapter à sa doctrine, par exemple, x, 2-3 : àyvooûvTeç yàp tôv 0eôv. Voir plus haut, col. 2855.

A partir de saint Irénée l'épître est citée fréquemment et acceptée comme canonique et authentique par toute la tradition. Le Canon de Muratori, à la fin du iie siècle, la compte parmi les treize épîtres de saint Paul et lui assigne le but suivant : Romanis autem ordinem Scripturarum sed et principium earum esse Christian intimans prolixius scripsit.

A partir de la fin du iie siècle, la tradition est unanime à attester l’authenticité de l'Épître aux Romains. Il est inutile de multiplier les citations, elles sont si nombreuses qu’elles suffiraient presque à reconstituer l'épître.

2° L'épître et la critique moderne. — Les deux derniers chapitres mis à part, rien dans la tradition manuscrite ou patristique ne peut fournir prétexte à la négation de son authenticité. Baur et son école l’avaient admise comme authentique et. à l’heure actuelle, la très grande majorité des critiques l’accepte sans arrière pensée. On pourrait donc se dispenser de parler des errements de l'école hollandaise. Mais quelques vul 'arisateurs, jouant le rôle d’extrémistes, ont rajeuni ses arguments dans un but de propagande anti chrétienne et les ont présentés comme des découvertes scientifiques. Il n’est donc point inutile de montrer quels furent leurs précurseurs et quelle a été la fortune de leurs théories.

En 1792, l’anglais Evanson niait déjà l’authenticité de l'épître, dans son livre The dissonance oj the four generally received Eoangelists, p. 257-261. Les Actes montrent qu’il n’existait pas d'Église à Rome ; saint Paul n’a pu connaître les nombreuses personnes mentionnées dans l'épître ; Aquila et Priscille n’ont pu s’y trouver à cette époque ; Rom., xi, 12, 15, 21, 22 supposent la destruction de Jérusalem et n’ont donc été

('(rit s qu’après l’an 70 : tels sont les arguments invoqués. Ces arguments furent repris par Bruno Bauer en 1K.Y2, dans Krilik der paulinischen Briefe, 1850-1852 ; et dans Christus und die Câsarcn, 1877, puis par l'école hollandaise, dont les principaux représentants sont Loman, Van Manen, Voelter. Selon Loman, le Christ n’est point un personnage historique. Saint Paul a sans doute existé au i er siècle, mais les lettres qu’on lui attribue sont du iie siècle. Les arguments de Loman contre l’authenticité de l'épître sont : le silence des Actes sur l'Église de Rome ; l' « incohérence » des sections dont se compose l'épître. La diversité des opinions concernant l'état de l'Église de Rome vers l’an 58 montrerait que l'épître ne répond à aucune situation historique bien définie. Cf. Loman (A. D.), Quæstiones Paulinie, dans Theologisch Tijdschrift, Leyde, 1882, 1883, 1886. En 1867, C. H. Weisse suivit une autre voie pour nier, au moins partiellement, l’authenticité de l'épître. Il prétendait distinguer, par le seul fait du style, les éléments authentiques et les interpolations : Beitràge zur Kritik der paulinischen Briefe an die Galater, Rômer. Philipper und Kolosser, Leipzig, 1867. Il fut suivi par D. Voelter et Van Manen.

Voelter admet un fond authentique composé des éléments suivants : i, l a, 5, 6 ; 8-17 ; v-vi sauf v, 13, 14, 20, vi, 14, 15 ; puis xii-xiii, xv, 14-32 ; xvi, 21-23. Tous ces passages seraient authentiques car ils portent la marque de l’originalité, leur christologie est primitive, exempte de la théologie de la préexistence et des deux natures. Un premier interpolateur aurait ajouté i, 18m, 20 (excepté H, 14-15 qui seraient d’une main plus tardive) ; viii, 1, 3-39 et i, 1&-4. Là, en effet, la christologie est plus avancée : Jésus-Christ est présenté comme le Fils de Dieu préexistant. Un second interpolateur aurait ajouté iii, 21-iv, 25 ; v, 13, 14, 20 ; vi, 14-15 ; vu, 1-6 ; ix ; x ; xiv, 1-xv, 6. Il aurait écrit vers l’an 70. Antinomien décidé, il regardait la Loi comme mauvaise. Un troisième interpolateur aurait ajouté vii, 725 ; viii, 2 ; un quatrième, xi ; ii, 14-15 ; xv, 7-13 ; un cinquième, xvi, 1-20 ; un sixième, xvi, 24 ; un septième, xvi, 25-27. Cf. D. Voelter, dans Theologisch Tifdschrift, 1889, p. 265 sq. ; Die Composition der paulinischen Hauptbriefe ; I, Der Rômer-und Galaterbrief, Tubingue, 1890 ; Paulus und seine Briefe. Kritische Untersuchungen zu einer neuen Grundlegung der paulinischen Briefliteratur und ihrer Théologie, Strasbourg, 1905.

Van Manen essaye une reconstitution du texte marcionite qu’il regarde comme le texte original. En dehors de ce texte il ne voit que des interpolations. Cf. Van Manen, De Brief aan de Romainen, 1890 1896, traduit en allemand par Schlœger, Die Unechthe.it des Rômerbriefes. Leipzig, 1906 ; Encyclopœdia biblica, art. Paul. § 1-3, 33-51, t. iii, col. 3603-3606, 3620-3638 ; Romans et Galatians, t. iv, col. 4128 sq. et t. ii, col. 1618 sq. Sur l'école hollandaise, voir Van den Bergh van Eysinga, Die hollândische rudikale Krilik des Neuen Testaments, Iéna, 1912. Moffat voit dans l'œuvre de Van Manen la négation même de la critique : « Si la méthode qu’il applique (cf. E.Bi., 4127-4145) est légitime, il faut renoncer à toute critique, soit biblique, soit même simplement littéraire », J. Moffat, An introduction lo the lilerature of the New Testament, Edimbourg, 1927, p. 142. Ses arguments sont en effet de pures hypothèses où il prend le rêve pour la réalité. Le cas des épîtres pauliniennes n’est point comparable à celui des écrits apocryphes ou d’autres ouvrages de l’antiquité pour lesquels on a de sérieuses raisons de tenter la division des sources. Ceux-ci ne nous sont point parvenus dans le texte original. Nous n’avons point pour eux la garantie de multiples témoins du texte, comme poulies écrits du Nouveau Testament. En outre, la théorie des interpolations invoque surtout la doctrine. L'Épître aux Romains, dans son ensemble, supposerait la rup-