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ROIS (LIVRES IIIe ET IVe DES. LE TEXTE


comme des prêtres, III Reg., viii, 14, 55 ; trois fois par an Salomon brûle des aromates sur l’autel des parfums qui est devant Jahvé. III Reg., ix, 25. « Les rois hébreux tenaient à ces pratiques qui satisfaisaient leur piété en même temps qu’elles rehaussaient leur prestige et rendaient leur autorité sainte. » Desnoyers, op. cil., t. iii, p. 218. En Israël, Jéroboam monta à l’autel pour sacrifier, ne faisant pas en cela du moins œuvre de novateur, et au viie siècle encore, en Juda, Azarias, l’Ozias des Chroniques, brûle des aromates sur l’autel des parfums. II Par., xxvi, 16. Peu de temps après, c’est Achaz qui fait brûler son holocauste et son oblation et verse sa libation sur l’autel qu’il avait construit d’après le modèle de Damas. IV Reg., xvi, 12-13. Ces quelques traits montrent assez que la pratique royale, qui continuait la pratique patriarcale du sacerdoce, ne disparut qu'à la longue, après une période de luttes et de revendications qui finit par imposer la reconnaissance des prérogatives que les prêtres lévitiques tenaient de par l’institution mosaïque.

c) Sacrifices. — Holocaustes, sacrifices pacifiques, oblations sont, comme à l'âge précédent, les formes ordinaires de l’offrande des victimes et des produits du sol. III Reg., viii, 64. Chaque jour est consacré par l’holocauste du matin et l’oblation du soir. IV Reg., xvi, 15 ; III Reg., xviii, 29. Quant aux autres espèces de sacrifices, surtout expiatoires, dont les Livres de Samuel ne parlent pas, un texte des Livres des Rois en suppose l’existence au temps de Joas de Juda : « L’argent des sacrifices pour le délit et des sacrifices pour le péché, y est-il dit, n'était point apporté dans la maison de Jahvé : il était pour les prêtres. » IV Reg., xii, 17. Les termes employés par l’auteur pour désigner ces sacrifices sont les termes techniques eux-mêmes du Lévitique, iv, 1-5, 26 : 'dsdm et hattà't. Si dans le code lévitique il n’est pas question de somme à payer, on peut supposer que, dans le cas prévu au Livre des Rois, ceux qui étaient tenus à l’offrande d’un sacrifice expiatoire, au lieu d’amener eux-mêmes les victimes, en remettaient le prix aux mains des prêtres qui assuraient l’immolation. Il ne s’agit pas en effet d’une simple amende pécuniaire, transformée dans la suite en un sacrifice spécial (Wellhausen) ; on ne voit pas à quel titre les prêtres auraient pu prétendre à une telle amende, n’ayant subi aucun dommage. Aussi n’est-ce pas sans raison qu’on voit dans ce texte la preuve de l’existence, au temps de Joas, des deux sacrifices lévitiques pour le délit et pour le péché ; ils y apparaissent comme une institution florissante, en vogue parmi le peuple et respectée du pouvoir. En effet, malgré d’urgentes nécessités, l’autorité royale défend de faire servir l’argent des sacrifices expiatoires à d’autres fins même aussi pieuses que la reconstruction du temple, tant l’expiation est un devoir sacré. Cf. Médebielle, L’expiation dans l’Ancien et le Nouveau Testament, t. i, 1924, p. 162.

La même conclusion, relative à l’antique usage des sacrifices expiatoires, se dégage du reproche adressé par le prophète Osée, iv, 8, aux prêtres qui se repaissent du péché du peuple, et de la comparaison avec des sacrifices analogues chez les anciens peuples de Canaan, Philistins et Phéniciens. L’expiation du péché par un sacrifice, loin d'être d’institution récente, s’avère de ))1 us en plus une institution de la plus haute antiquité ; l'école Graf-Wellhausen qui a voulu en faire une invention hiérosolymitaine de basse époque a abouti « à une conception radicalement fausse des sacrifices en Israël ». Dussaud, Le sacrifice en Israël, p. 2. Cf. art. Lévitique, t. ix, col. 485-487.

Aux sacrifices offerts au vrai Dieu, des Israélites trop nombreux en ajoutaient d’autres offerts aux idoles, immolant parfois leurs propres enfants, malgré la défense de faire passer ses enfants par le feu, en l’hon neur de Moloch. Lev., xviii, 21. Ce dieu avait un sanctuaire proche de Jérusalem, III Reg., xi, 7, et il est rapporté que les rois de Juda, Achaz et Manassé, firent passer leurs enfants par le feu, IV Reg., xvi, 3 ; xxi, 6 ; cf. IV Reg., xxiii, 10, 13. Le sacrifice d’enfants était un usage pratiqué chez les peuples voisins ; l’histoire de la campagne contre Mésa, roi de Moab, en fournit un exemple, IV Reg., iii, 27 ; les fouilles des antiques cités cananéennes de Ta’annach, de Mageddo, de Gézer ont révélé l’existence de sacrifices humains de fondation ou d’inauguration de monuments. De tels sacrifices de fondation la reconstruction de Jéricho fut l’occasion. Hiel de Béthel, malgré la malédiction dont Josué avait menacé toute tentative de rebâtir les murs de la ville vouée à l’anathème, Jos., vi, 26, « en avait jeté les fondements au prix d’Abiram, son premier-né, et en avait posé les portes au prix de Ségub, son dernier fils. » III Reg., xvi, 34. Cf. Vincent, Canaand’après l’exploration récente, 1907, p. 197-200.

VIII. Texte.

Pour nous avoir été transmis dans un état plus satisfaisant que celui des Livres de Samuel, le texte hébreu des Livres des Rois ne saurait être dit excellent, car nombreuses y sont les traces manifestes d’altération et nombreuses aussi les corrections faites d’après la version des Septante. Kittel, Biblia hebraïca, t. i, 1905, p. 458-552 ; Stade et Schwally, The Books of Kings, dans la Bible polychrome de Haupt, 1904 ; Burney, Notes on the hebrew text of the Books of Kings, 1903.

Pour la reconstitution du texte primitif, on dispose de deux sources principales d’information, les textes parallèles et les anciennes versions. Pour de très nombreux et importants passages il existe entre les deux derniers Livres des Rois et le deuxième Livre des Paralipomèncs des ressemblances qui vont parfois jusqu’au littéralisme ; leur comparaison n’est pas sans intérêt dans la recherche du texte primitif. Voici les principaux de ces passages : III Reg., 5-15 et II Par., i, 713 ; III Reg., x, 1-29 et II Par., ix, 1-28 ; III Reg., xii, 1-19 et II Par., x, 1-19 ; III Reg., xiv, 25-31 et II Par., xii, 916 ; 1Il Reg., xv. 16-22 et II Par., xvi, 1-6 ;

III Reg., xxir, 2-35, 41-50 et II Par., xvii, 1-34 ; xx, 31 37 ; IV Reg., viii, 17-23, 25-29 et II Par., xxi, 5-10 ; xxii, 1-6 ; IV Reg., xi, 1-xii, 14 et II Par., xxiii, lo-xxiv, il ; IV Reg., xv, 32-38 et II Par., xxvii, 1-9 ;

IV Reg., xxi, 1-9, 17-24 et II Par., xxxiii, 1-9, 18-25 ; IV Reg., XXII, 1 -xxiii, 4 et II Par., xxxiv, 1-33. Cf. P. Vannutelli, Libri synoptici Veleris Testamenti, seu librorum Regum et Chronicorum loci paralleli, t. i, 1931 ; t. ii, 1934.

La version des Septante, avec ses nombreuses variantes, additions, omissions, transpositions et autres modifications, représente certainement une recension de l’hébreu différente de celle qui a servi de base au texte massorétique. Ses manuscrits n’offrent pas un texte uniforme. D’après Sanda, le Vaticanus reproduirait un texte antéhexaplaire, tandis que l’Alcxandrinus un texte posthexaplaire, aussi le premier peut-il revendiquer une plus grande originalité, le second ayant été souvent modifié d’après l’hébreu massorétique. Sanda, Die Bûcher der Kônige, 1911, p. xii. Cf. Silberstein, Ueberden Ursprung des im Cod. Alexandrinus und Vaticanus des dritten Kônigsbuches der Alexand. Ueberselzung, dans Zeitsch. fur A. T. Wissenschaft, 1893, p. 1-75 ; 1894, p. 1-30. La recension de Lucien est aussi un témoin de grande valeur ; nombre de problèmes critiques qui s’y rattachent ne sont pas toutefois élucidés. Cf. Rahlfs, Studien zu den Kônigsbùchern, 1904 ; Lucians Rezension der Kônigsbiïcher, . 1911. Les versions grecques plus récentes, Aquila, Symmaque et Théodotion, peuvent à l’occasion être mises à profit. Cf. Burkitt, Fragments of the Books of the Kings according lu the translation of Aquila, 1897.

La vieille version latine, étant données ses nom-