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ROIS (LIVRES III ET IV DES). CHRONOLOGIE


fort discutée (cf. Vincent, dans Revue biblique, 1932, p. 403-433 ; 1935, p. 583-G05), ont été de même retrouvées des traces de reconstruction de la cité, entreprise par Hiel, sous le règne d’Achat », vers 870. III Reg., xvi, 34.

Samarie, dont Amri avait fait la capitale d’Israël au début du ixe siècle, a conservé d’imposants vestiges des constructions de ce roi et de son fils Aehab. III Reg., xvi, 24. « Établie sur des constatations archéologiques, l’attribution à Omri (Amri) et à Achab du palais dont les vestiges ont été retrouvés au-dessous du temple hérodien est pleinement confirmée par la découverte d’un vase d’albâtre portant le nom du troisième successeur de Sesonq (le Sisaq biblique), Osorkon II, contemporain d’Achab… » De même des ostraca trouvés à Samarie et écrits en caractères phéniciens très voisins de ceux de l’inscription de Siloé. pour ne pas dire identiques, remontent très probablement à l’époque d’Achab. Abel, dans la Revue biblique, 1911, p. 290-293. De la même époque encore, d’après le niveau où ils furent découverts et d’après leur parenté avec d’autres ivoires trouvés à Nimroud et en Syrie, de magnifiques ivoires, mis au jour en 1932-1933, provenant sans doute du palais d’ivoire bâti par Achab, III Reg., xxii, 39. Cf. Dictionnaire de la Bible, Supplément, art. Fouilles en Palestine, t. iii, col. 388.

Les découvertes faites depuis 1933 sur remplacement de Lachis, qui joua un rôle si important dans la campagne de Sennachérib contre Juda, IV Reg., xviii, 13-18, illustrent heureusement les données bibliques. Outre les traces de brèches en divers secteurs du rempart, « le directeur du chantier a notamment retrouvé le cimier d’un casque assyrien, tels qu’on en voit représentés sur les bas-reliefs de Lachis, conservés au British Muséum (voir Dicl. de la Bible, au mot Lachis, t. iv, col. 14-27), de même qu’un sceau israélite portant le nom de Shebna (fils de ?) Ahab. Ce personnage est à identifier selon toute vraisemblance avec Sobna, secrétaire d’Ézéchias, qui accueillit aux portes de Jérusalem les envoyés de Sennachérib, résidant alors à Lachis (IV Refe., xviii, 18). » Dict. de la Bible, Supplément, art. Fouilles, t. iii, col. 302. A signaler aussi, parmi les objets recueillis au cours de l’hiver 1934-1935, un sceau portant l’inscription : « A Godolias le gouverneur. » Cf. IV Reg., xxv, 22.

Intéressant également la campagne de Sennachérib contre Juda une autre découverte archéologique est à retenir. Ézéchias, entre autres travaux de défense, exécutés pour abriter sa capitale contre les envahisseurs assyriens, perça un tunnel en plein rocher, afin de supprimer une source visible à l’Orient et en dehors de la ville et d’en dériver le cours à l’Occident de la ville de David, incluse alors dans une enceinte plus large. Ce fut là un travail dont la Bible tint à transmettre le souvenir à la postérité, IV Reg., xx, 20 ; II Par., xxxii, 30 ; Eccli., XL viii, 17 ; mention spéciale est faite de l’obturation soigneuse et prudente des issues anciennes de l’eau, II Far., ibid. ; or « l’attribution du tunnel-aqueduc à Ézéchias donne un sens même aux plus minimes détails d’aspect si chaotique énumérés dans la description des monuments découverts (par les fouillis d’Ophel, 1910-1911) ». Une inscription découverte en 1880 sur la paroi du tunnel, datée des environs de 700, rappelle l’événement. Vincent, dans la Revue biblique, 1912, p. 530. Cf. ibid., 1911, p. 506-591 ; 1912, p. 424450 ; 551-574.

L’inscription araméenne de la stèle de Zakir, roi de Hamath et de La’aS (Syrie), du commencement du vme siècle avant notre ère, mentionne la victoire de ce personnage sur la coalition, dont Bar-Hadad, fils de Hazaël, roi d’Aram, était le chef. Bar-Hadad n’est autre que Benhadad, le contemporain de Joas, roi d’Israël (799-781). « L’importance historique de ce

texte, note le P. Savignac, n’échappera à personne, il est destiné à jeter un nouveau jour sur une époque et des personnages en relation étroite avec les récits de la Bible. Il est fort possible que l’issue désastreuse de la campagne entreprise par Bar-Hadad contre Zakir n’ait pas été étrangère aux victoires remportées par le roi d’Israël sur les Syriens. Joas profita sans doute de ce que son ennemi était occupé au nord de Damas pour l’attaquer au Sud et reconquérir une à une toutes les villes enlevées par Hazaël à Joachaz. » Revue biblique, 1908, p. 598. Cf. H. Pognon, Inscriptions sémitiques de la Syrie, de la Mésopotamie et de la région de Mossoul, 19(18.

VI. Chronologie.

Pour dater les événements de l’histoire des royaumes d’Israël et de Juda, les données chronologiques ne manquent pas dans les Livres des Rois ; aucun autre livre de la Bible n’en contient d’aussi nombreuses et d’aussi détaillées ; non seulement pour chaque roi des deux royaumes sont donnés son âge, lors de son accession au trône et la durée de son règne, mais encore un synchronisme est maintes fois établi entre les deux royaumes. C’est ainsi qu’en règle générale est indiqué en quelle année du règne du roi d’Israël un roi de Juda commence à régner et inversement.

Malheureusement ces données ne sont pas toujours concordantes ; ni le total des années de règne ne coïncide, ni les données synchroniques ; parfois même se révèle un écart considérable, par exemple au sujet de la somme des années des régnes depuis le schisme des tribus jusqu’à la chute de Samarie il y a une différence de dix-huit années entre Israël et Juda. D’autre part les données chronologiques des Livres des Rois ne concordent pas toujours avec les données certaines de l’histoire profane, avec celles de la chronologie babylonienne par exemple, qui, pour le dernier millénaire avant Jésus-Christ, s’est révélée en général absolument exacte. A la solution de ce problème chronologique les réponses n’ont pas manqué ; le jugement sévère de san t Jérôme ne semble pas en avoir diminué beaucoup le nombre. Relege, disait-il, omnes et Veteris et Novi Testamenti librus, et tanlam annorum repaies dissonanliam, et numerum inlcr Judam et Israël, id est inter regnum ulrumquc, confusum, ut hujusmodi liœrere queeslionibus, mm lam studiosi, quam oliosi hominis esse videatur, Epist., LXXll, ad Vitalem, P. L., t. xxii, col. (170.

Il y a lieu tout d’abord de rechercher les causes possibles des discordances. Qu’on les attribue aux documents utilisés ou au rédacteur, la difficulté demeure. Il est certain que les possibilités d’erreur sont plus fréquentes dans la transcription des nombres que dans tout autre élément du texte ; les altérations y sont inévitables, dont certaines sont manifestes, quand il est dit, par exemple, qu’un fils n’a que onze ans de moins que son père. IV Reg., xvi, 2 et xviii, 2. Une autre cause d’erreur serait à chercher dans la simultanéité des régnes, autrement dit, dans le fait que les années sont comptées ou depuis l’association au pouvoir ou depuis le règne proprement dit ; pour Joachaz, par exemple, d’après IV Reg., xiii, 1 et 10, il régna depuis la vingt-troisième année jusqu’à la trente-septième de Joas, roi de Juda, soit cpiatorze ans, or le total des années de son règne est d’après le compte de l’auteur sacré de dix-sept ans, xiii, 1 ; tout s’explique si l’on admet que Joachaz a été associé au trône l’avant-dernière année de Jéhu, c’est-à-dire la vingt-et-unième année de Joas. De la même manière s’expliquerait le double synchronisme de l’avènement de Joram, roi d’Israël, IV Reg., i, 17 et iii, 1, qui aurait été associé au pouvoir par son prédécesseur Josaphat, IV Reg., vin, 10. Moins probable est l’hypothèse d’interrègnes ou de périodes d’anarchie ; elle n’a pas de base dans le