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ROIS (LIVRES III ET IV DES). VALEUR HISTORIQUE 2824

de Jaudi ; longtemps on l’a identifié avec Azarias de Juda, mais par erreur, car le pays dont il s’agit est celui de Jadi ou plus exactement de Jodi, en Syrie septentrionale au nord de l’Oronte ; des inscriptions aratnéennes trouvées à Zindjirli ont permis de l’identifier. Cf. Wincklcr, Allorientalische Forschungen, 1. 1, p. 1 sq. ; Dhorme, loc. cit., p. 101). Les mêmes annales nous donnent la liste des princes qui apportèrent le tribut à Téglatphalasar III ; deux noms y figurent, dont l’identification cette fois ne prête pas à confusion ; c’est Rason, transformé par les Massorètes en Razin. mais que les Septante écrivent Paacôv ou Poeaoao>v, et Mc-hi-ni-me ou Manahem. De ce tribut la Rible nous dit : « Pûl, roi d’Assyrie, vint dans le pays et Manahem donna à Pùl mille talents d’argent afin qu’il l’aidât et affermît le royaume dans sa main. Manahem leva cet argent sur Israël, sur tous ceux qui avaient de grandes richesses, afin de le donner au roi d’Assyrie. « IV Reg., xv, 19-20. Quant à Rason de Damas, c’est le Razin. roi de Syrie, qui, avec l’appui d’Israël, attaquera Juda à la fin du règne de Joatham et au début de celui d’Achaz. IV Reg., xv, 37 ; xvi, 5 ; cf. Is., vii, 1-9. On sait que, pour se défendre contre cette coalition, le roi Achaz fit appel au secours des Assyriens. IV Reg., xvi, 7-9. Or, d’après la Chronique des Éponymes (canon H) et une petite inscription mutilée (III Rawlinson, 10, n. 2, 1. 6 sq.), Téglatphalasar fit campagne en Philistic en 7.34 ; c’est au retour de cette campagne que le vainqueur assyrien, répondant à l’appel d’Achaz, aurait pénétré en Israël, l’aurait livré au pillage et emmené en captivité une partie de la population ; Phacée, roi d’Israël fut renversé et mis à mort par une conjuration de gens partisans de l’Assyrie dont le chef A-u-si’(Osée), établi roi par Téglatphalasar, fut assujetti à un tribut de dix talents d’or. IV Reg., xv, 29-30. L’année suivante, c’est Damas que le même roi assyrien « mit en ruines comme par un déluge ». Annales, I, 195-209. Le fait est signaléparlaRible disant que le roi d’Assyrie monta contre Damas et, l’ayant prise, emmena ses habitants en captivité à Qîr et fit mourir Razin. IV Reg., xvi, 9. Enfin une tablette de Nimroud ( 1 1 Rawlinson, 07, I. 57-03 ; Rost, Die Keilinschrifltexte Tiglath-Pilesers III., t. i, p. 51 sq. et t. ii, p. 24) énumère les différents princes des contrées de l’Ouest assujettis au tribut par le même Téglatphalasar ; parmi eux se trouve Ia-u-ha-zi de Ia-u-da, qui n’est autre qu’Achaz, tenu à reconnaître le secours assyrien, humblement sollicité contre Phacée et Razin. Cf. Plessis, art. cit., col. 785786.

Sur la prise de Samarie, que laissaient prévoir les fréquentes interventions de la puissance assyrienne en Israël, les données bibliques et assyriennes semblent à première vue se contredire. D’après un double récit des Livres des Rois, Salmanasar IV (727-722), fils et successeur de Téglatphalasar, monta contre Osée, le dernier roi d’Israël, se l’assujettit et lui fit payer le tribut. Puis à la suite d’une conspiration d’Osée, il le fit jeter en prison et après avoir parcouru tout le pays, vint nul I re le siège devant Samarie qu’il prit au bout de. trois ans, la neuvième année d’Osée, emmenant Israël captif en Assyrie. IV Reg., XVII, 3-6 ; xviii, 9-11. Selon les Annales de S argon, I. 11-17, et l’Inscription des Fastes, I. 23-25, au palais de Khoisabad, c’est Sargon II, l’usurpateur, successeur de Salmanasar IV sur les trônes de Ninive et de Babylone, qui serait le véritable conquérant de Samarie : i.le cernai, dit-il, la ville de Samarie (Sa me ri mi) et je la conquis..J’emmenai en captivité 27 200 personnes qui habitaient en elle, je m’emparai de 50 chars qui s’y trouvaient. « Bien des solutions ont été proposées pour résoudre l’antimoine (pli semble bien exister entre le document cunéiforme et la narration biblique. Voici celle que propose Dhorme, loc. cit., p. 371. Dans le premier des récits du Livre des

Rois, IV Reg., XVII, 3-6, est rapporté un double épisode, d’abord la venue d’un roi d’Assyrie, du nom de Salmanasar, qui fait du roi d’Israël son tributaire, ꝟ. 3, puis une nouvelle invasion d’un roi d’Assyrie, dont cette fois le nom n’est pas donné et qui, après un siège de trois ans, finit pas s’emparer de Samarie ; bien que rien n’indique un changement de règne d’après le texte de la Rible, on peut supposer d’après les déclarations de Sargon que le roi d’Assyrie qui mit le siège devant Samarie n’était pas le même que celui qui prit la ville ; le premier était Salmanasar, le second Sargon. Le deuxième refit, IV Reg., xviii, 9-11, qui synchronise la chronologie d’Israël avec celle de Juda, ne retient que le second épisode, le siège et la prise de la ville, et il identifie le vainqueur de Samarie avec le roi de la première campagne en Israël, d’où l’attribution à Salmanasar et non à Sargon de la prise de la ville. Une autre solution suppose l’intercalation au ꝟ. 10 du c. xviii du mot « et il la prit », qui serait ainsi une addition qu’un scribe aurait cru devoir ajouter ; si l’on laisse ce mot de côté, le texte reste clair et la difficulté disparaît : « Salmanasar… mit le siège devant Samarie ; au bout de trois ans la ville fut prise, et le roi d’Assyrie (c’était alors Sargon au début de son règne) déporta Israël en Assyrie. » Cf. Plessis, art. cit., col. 787. Il convient d’ajouter que la leçon du qeri pour ce même mot « et ils la prirent » est trop douteuse pour être retenue comme moyen de solution ; les Septante et la Vulgate, en effet, ont, comme l’hébreu massorétique, le singulier, plus normal puisqu’il n’a été question que de Salmanasar et non des Assyriens. Pour d’autres enfin (Hommel, Condamin), la solution serait à chercher tout simplement dans le fait que Salmanasar ayant entrepris le siège de Samarie, l’ayant poursuivi pendant trois ans et étant mort très peu avant la chute de la ville, l’historien biblique a fort bien pu, sans commettre une erreur formelle, lui attribuer cette conquête. Cf. The American journal of semilic languages and lileratures, t. xxi, 1905, col. 179-182 ; A. Condamin, Babylone et la Bible, dans Dictionn. apol., t. i, col. 355.

Le choix des pays où furent déportés les captifs israélites et de ceux d’où furent amenés les colons étrangers pour remplacer les déportés de Samarie, mentionnés par la Bible seule, IV Reg., xvii, 0 ; xviii, 11 ; xvii, 24, cadre fort bien avec l’histoire assyrienne. La déportation jusqu’en Médie des habitants de Samarie, où Sargon les fit habiter dans les villes des Mèdes, (et non dans les montagnes d’après les Septante), avait pour objet sans doute de remplacer une partie des Mèdes qu’à deux reprises, en 744 et en 737, Téglatphalasar avait emmenés captifs. De même pour les villes d’où sortirent les colons étrangers, on sait que c’était une méthode déjà suivie par les devanciers de Sargon de déplacer leurs sujets assimilés pour introduire dans les pays conquis les mœurs assyriennes et l’esprit de soumission à la métropole commune ; quelques années plus tard, 710-709, Sargon amena à Samarie des colons de Cutha et de Babylone. Ces colons, au reste, n’ont pas dû arriver en un seul convoi ; le texte du Livre des Rois aura groupé des envois successifs, échelonnés sur plusieurs années. Du contact des cultes idolâtriques, pratiqués par ces colons, avec le culte national d’Israël devait résulter cette religion samaritaine qui fut un cauchemar pour les Juifs de Juda, surtout après le retour de la captivité. Dhorme, loc. cit., p. 373-375.

Du lits et successeur de Sargon, Scnnachérib (705681), de nombreux documents cunéiformes nous ont conservé le souvenir des campagnes qu’il entreprit. On y rencontre maints points de contact avec les récits bibliques des démêlés d’Ézécbias avec le monarque assyrien. IV Reg.. xviii-xix et les récits parallèles d’Isaïe, xxxvi-xxxvii et du IIe Livre des Paralipomènes, XXXII. Si la concordance des relations trans-