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ROIS (LIVRES III ET IV DES). COMPOSITION


zinger, Jahwist und Elohist in den Kônigsbùchern, 1019 ; Hôlscher, Das Bueh der Kôniqe, seine Quellen und seine Bcdaktion, dans Gunkelfestschrift, 1923. L’hypothèse d’une double rédaction deutéronomistique est particulièrement accréditée : à la première reviendrait la plus grande partie de l'œuvre : le discernement des sources, le choix des extraits à insérer dans l’histoire d’Israël et le ton général ; à la seconde appartiendraient quelques informations complémentaires, entre autres la relation des événements survenus après l’achèvement de la première rédaction et le calcul des synchronismes. « Cette théorie des deux rédacteurs consécutifs, observe un de ses tenants, ne rend pas seulement raison des faits signalés, elle présente encore l’avantage d’expliquer certaines fluctuations dans les procédés de rédaction et même dans l’orientation religieuse. » Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, t. i, p. 307. Cf. Sellin, Einleilung in das Alte Testament, 5e édit., 1929, p. 78 ; Steuernagel, Lchrbuch der Einleitunq in das Alte Testament, 1912, p. 374-377.

Date et auteur.

1. Date. — Reste à déterminer

l'époque de la composition du livre et la personne de son auteur. Dans leur état actuel, les Livres des Rois ne sauraient avoir été écrits avant la date du dernier événement relaté, à savoir la délivrance de Joachin, qui eut lieu la trente-septième année de la captivité, c’est-à-dire en 561, et il semble bien que ce ne fut pas immédiatement après, puisqu’il est dit que le roi de Babylone pourvut à l’entretien de Joachin tout le temps de sa vie. IV Reg., xxv, 27-30.

S’ils n’ont pas été écrits avant 501, ils ne l’ont pas été non plus après 538, date de la fin de la captivité, car on peut bien supposer que l’auteur, s’il l’avait connu, aurait mentionné l'édit de Cyrus, événement d’importance au moins égale à celle de la délivrance de Joachin. La rédaction se placerait donc entre ces deux dates, 501 et 538, pendant l’exil par conséquent. A l’appui de cette conclusion on invoque certaines données des deux derniers chapitres du livre et quelques allusions dans les chapitres précédents qui toutes supposent déjà la captivité de Babylone, III Reg., xi, 29 ; IV Reg., xxiii, 26-27 ; mais la menace de la captivité qui fait l’objet des passages en question, n’implique pas, malgré sa précision, une rédaction contemporaine de l'événement annoncé. Plus pertinente est la remarque sur la manière dont il est parlé, III Reg., iv, 24, de la domination de Salomon, s'étendant au-delà du fleuve (l’Euphrate) et qui laisse supposer l'établissement du rédacteur dans la région située à l’est du fleuve, c’est-à-dire en Babylonie avec les exilés ; la même expression dans les livres d’Flsdras et de Xéhémie se réfère toujours à la situation des captifs.

Inversement, d’autres indications se rencontrent dans le livre d’après lesquelles on serait plutôt en droit de conclure à une rédaction antérieure à la ruine de Jérusalem et à la disparition du royaume de Juda. On cite en premier lieu l’expression « jusqu'à ce jour », impliquant le maintien, jusqu’au moment où écrivait l’auteur, d’un état de choses tel qu’il se trouvait avant la captivité. Ainsi les barres de l’arche d’alliance qui étaient encore en place « jusqu'à ce jour », III Reg., vin, 8 ; ainsi les Cananéens, levés comme esclaves de corvée par Salomon, et qui le son ! demeurés « jusqu'à ce jour », III Reg., ix, 21 : ainsi encore la séparation entre les dix tribus et la maison de David, qui dure « jusqu'à ce jour ». IV Reg., VIII, 22 ; XVI, 0. Étant donné que l 'expression se rencontre surtout dans de longs récits, reproduits sans doute d’après le texte même des sources, faut-il l’attribuer à ces sources, ce qui exigerait un temps assez long entre l'événement et sa relation, ou bien plutôt au rédacteur, notant un fait que les contemporains sont a même de vérifier ?

Dans le même sens on cite encore les promesses

faites à David d’avoir toujours une lampe à Jérusalem, c’est-à-dire un de ses descendants sur le trône de Juda. III Reg., xi, 36 ; xv, 4 ; IV Reg., viii, 19. Il est certain que le rappel d’une telle promesse s’explique plus naturellement si, au moment même, il y avait encore un monarque en Juda ; toute la question sera de savoir si le passage provient du document ou s’il est de la main du rédacteur.

On a fait remarquer enfin que le travail de recherches auquel a dû se livrer l’auteur des Livres des Rois se conçoit mieux à Jérusalem que partout ailleurs, car, dans cette ville, les annales ou chroniques, les archives du temple et même les récits appartenant aux cycles prophétiques étaient plus aisément à sa disposition. Gautier, op. cit., p. 306.

En raison de ces observations, plus d’un crit-ique moderne place la composition desLivresdes Rois avant . la captivité et après la découverte du Livre de la Loi sous Josias, en 621, à cause de l’esprit qui anime tout le livre, et qui est le même que celui de la réforme entreprise à la suite de cette découverte. Le travail aurait été achevé avant 600. Quant aux passages qui impliquent une date plus récente, ils seraient le fait de remaniements du temps de l’exil ; on sait, en effet, que le texte des Livres des Rois n'était pas encore fixé de façon définitive à l'époque de la traduction des Septante, ainsi qu’en témoignent les nombreuses divergences relevées entre le texte massorétique et la version grecque.

2. Personne, de l’auteur. — Aux divergences de vues sur la date de composition correspondent naturellement des divergences sur la personne de l’auteur. Si l’on admet que la rédaction a eu lieu pendant l’exil, on pourra, et c’est ce que font maints auteurs catholiques, tenir pour l’opinion du Talmud : « Jérémie, y est-il dit, a écrit son livre (ses prophéties), le livre des Melakim (IIIe et IVe des Rois) et les Thrènes. » Baba bathra, 15 a.

A l’appui de l’hypothèse on invoque ordinairement les arguments suivants : a) les affinités nombreuses entre le recueil des oracles du prophète et les Livres des Rois, surtout vers la fin et plus particulièrement IV Reg., XVII, 13-20 ; xxi, 11-15 ; xxii, 16-19 ; Driver en donne la liste dans Introduction to the literalure of the Old Testament, 7e édit., p. 203. Mais pour rendre compte de ces affinités est-il nécessaire de faire de Jérémie le seul auteur des textes où on les rencontre ? Pas nécessairement, car ces textes se rapportent à l’enseignement prophétique dont le principal représentant était alors Jérémie, et il n’est pas étonnant que le rédacteur des Livres des Rois ait employé pour en parler une phraséologie qui en bien des points lui est commune avec celle du grand prophète du viie siècle ; de plus, n’est-il pas singulier que le verbe hiddiah, dont se servait si souvent ce dernier pour désigner la dispersion des Juifs en exil, Jer., viii, 3 ; xvi, 15 ; xxiii, 3, 8… n’apparaisse nulle part dans les Livres des Rois ? — b) Le rôle capital joué par Jérémie dans l’histoire lamentable des derniers rois de Juda et la place considérable que tiennent dans les Livres des Roisles événements auxquels se rapportent ses prophéties s’expliquent au mieux s’il en est le rédacteur ; l’absence de toute mention de son nom n’y contredit pas, au contraire. — c) La description détaillée de l’activité des anciens prophètes suppose de la part de l’auteur, portant son choix sur des documents qui s’en font l'écho, une sympathie personnelle telle qu’on peut s’attendre à la rencontrer surtout chez un prophète. — ci) Le dernier chapitre du livre de Jérémie lu est un récit historique à peu près textuellement identique à IV Reg., XXIV, 18-xxv, 30. — e) Enfin le but poursuivi parl’auteur des Livres des Rois et celui des oracles prophétiques est bien, le même : Jérémie a composé en grande partie son œuvre