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110 1 S (LIVRES I ET II DES). LE TEXTE


chair) avec le sang, i Saiil dit : « Nous ave. commis une in fidélité, roulez à Tins tant vers moi une grande pierre. » Et sur cette pierre chacun égorgea son bœuf. Il y a là une sorte de rite religieux ; l’emploi de la pierre, considérée aux temps primitifs comme l’autel de l’immolation, avait ici pour but d’assurer la séparation complète du sang d’avec l’animal, séparation qui n’apparaissait pas suffisamment dans l'égofgement de la victime à même le sol. Il n’est pas dit, ainsi que l’insinuent quelques exégètes, que la pierre employée servit à Saiil pour l’autel qu’il érigea ensuite ; l’expression « il construisit » donne à entendre que l’autel fut fait de pierres entassées. I Reg., xiv, 35. Cet incident tout en confirmant l’existence de la vieille législation sur la défense capitale de l’usage du sang, cf. Lev., vii, 1014, suppose un mode différent d’immolation, puisque dans la loi il est ordonné de répandre le sang simplement à terre. Cf. Deut., xii, 16, 24 ; xv, 23.

Faut-il ajouter aux sacrifices ci-dessus mentionnés les sacrifices humains qui, comme d’aucuns le prétendent, auraient été offerts, l’un par Saiil en exécution de son vœu imprudent lors de la défaite des Philistins à Machinas, I Reg., xiv, 24-26, l’autre par Samuel, immolant Agag, le roi d’Amalec, à qui Saiil avait laissé la vie sauve malgré ses nombreux méfaits et surtout malgré l’anathème porté contre les ennemis,

I Reg., xv ? Dans le premier cas on ne voit pas qu’une Victime de substitution ait été offerte en rançon pour Jonathas épargné, comme il est stipulé dans les cas de rachat prévus par la loi ; dans le second, l’hébreu que l’on traduit ordinairement par « mettre en morceaux » ou déchirer, demeure incertain car le mot n’est employé qu’ici seulement, xv, 33 ; le grec traduit eaçocÇev, il égorgea. Par conjecture, certains proposent de corriger ce verbe inconnu vayeëassÊf en vayeëassa', employé par le Livre des Juges, xiv, 6, à propos de Samson, qui « déchira » le lionceau. « On voit que l’incertitude du sens du mot employé à propos de Samuel, devrait rendre plus réservée l’accusation de cruauté barbare que l’on porte contre lui et moins assurée l’affirmation des historiens qui veulent retrouver ici un exemple de sacrifice humain après la victoire, comme il s’en offrait chez les anciens Arabes. » Desnoyers, op. cit., t. ii, p. 68, n. 1. La formule « devant Jahvé » indique non pas un sacrifice offert à la divinité, mais tout simplement le lieu de l’exécution, c’est-à-dire devant le sanctuaire de Jahvé à Galgala.

VI. Le texte.

La solution de maints problèmes littéraires ou exégéliques îles Livres de Samuel dépend de la solution de problèmes de critique textuelle ; c’est pourquoi il y a lieu de déterminer brièvement l'état du texte de ces livres.

Le texte massorétique se présente à nous dans un état très défectueux. Exceptés les recueils prophétiques d'Ézéchiel et d’Osée, aucun autre livre de l’Ancien Testament ne nous offre un texte aussi mal conservé ; à ce sujet la critique est unanime. Cf. l'édition de Budde dans la Bible polychrome de Haupt, The Books of Samuel. 1894.

Les causes de l’altération du texte sont les mêmes que celles d’autres parties de la Bible, mais en plus grand nombre dans le cas présent ; c’est ainsi que l’on a compté jusqu'à trente-neuf passages où le texte massorétique est lacuneUx par haplographie (une lettre ou un mot transcrits une seule lois an lieu de deux).

Pour remédier à cet élat défectueux du texte deux sources d’information s’olfrent au critique : les passages parallèles et les anciennes versions.

Nombreux sont les passages parallèles dans les Livres de Samuel et dans ceux des Chroniques : I Reg., XXX] i i Par., , 1-12 ; II Reg., iii, 2-5 et I Par., m. Il ;

II Reg., v, 1 10 et [ Par., xr, 1-9 ; Il Reg., v, 11-25 et I Par., xiv, 1-16 ; II Reg., vi, 2 1 1 et l Par., m. Ml ;

II Reg., vi, 12-16 et I Par., xv, 25-29 ; II Reg., vi, 1719 et I Par., xvi, 1-3, 43 ; II Reg., vii, 1-29 et I Par., xvii, 1-27 ; II Reg., viii, 1-18 et I Par., xviii, 1-17 ; II Reg., x, 1-19 et I Par., xix, 1-19 ; II Reg., xi, 1 et

I Par., xx, 1 ; II Reg., xii, 19-21 et I Par., xx, 2-3 ;

II Reg., xxi, 18-22 et I Par., xx, 4-8 ; II Reg., xxiii, S-37 et I Par., xi, 11-41 ; II Reg., xxiv, 1-25 et I Par., xxi, 1-26 ; II Reg., xxii et Ps. xvii (hébr. xviii).

Parmi les anciennes versions, celle des Septante a une spéciale importance, non seulement en raison de son antiquité, mais aussi du fait que l’original hébreu qu’elle traduit apparaît sensiblement différent du texte massorétique. Si cette version nous était parvenue dans sa forme primitive, a-t-on dit, elle équivaudrait à un manuscrit hébreu du premier siècle de l'ère chrétienne ou même plus ancien (Smith, The Books of Samuel, p. xxx). Des diverses recensions sous lesquelles elle nous est parvenue, celle du Valicanus (B) apparaît comme la plus fidèle et en même temps la plus indépendante du texte massorétique actuel. Voir le texte dans Swete, The Old Testament in Greek according to the Septuagint, 1. 1, p. 545-668. Il n’en est pas de même de celles que représentent l’Alexandrinus et le texte de Lucien, édité par Lagarde ; toutes deux ont été retouchées en maints passages pour les rendre plus conformes à l’hébreu massorétique. Cf. Méritan, La version grecque des Livres de Samuel, m. La recension de Lucien, p. 96-113. Sans lui donner systématiquement la préférence, la version grecque ne laissera pas que d'être d’une « incomparable utilité » pour la reconstitution du texte primitif.

Des anciennes versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion, il ne subsiste pour les deux premiers Livres des Rois que quelques fragments, dont le texte se trouve dans Field, Hexaplorum Origenis quæ supersunt , 1875 ; quelques bonnes leçons s’y rencontrent.

Quant à la version syriaque, la Peschito, elle est dans son ensemble conforme au texte massorétique ; quand elle s’en écarte, c’est probablement sous l’influence de la version grecque, du fait de correcteurs ou des traducteurs eux-mêmes, de là son peu d’intérêt pour la reconstitution du texte.

L’ancienne version latine, d’après les fragments qui en subsistent (Sabatier, Bibliorum sacrorum latinæ versiones antiquæ, 1713) et les leçons données en marge dans le Codex gothicus Lcgionensis (Verccllone, Variæ lectiones Vulgatse latinæ Bibliorum editionis, l&61), peut aider à rétablir le texte de la version grecque dont elle dérive.

C’est par les Livres de Samuel et des Rois que saint Jérôme commença sa traduction de l’Ancien Testament, avec quel souci de Vhebraica Veritas, il nous le dit lui-même dans le Prologus galeatus : Lege primum Samuel et Malachim meum, meum inquam, affirmant n’avoir rien voulu changer à cette vérité hébraïque, que de fait il reproduit très fidèlement. Dans les passages douteux il suit généralement Aquila, parfois aussi adopte l’interprétation des rabbins et laisse subsister à côté de la sienne l’ancienne traduction latine : I Reg., i, 18-19, iv, 5. Cf. Stummer, Einige Beobachlungen iiber die Arbeitsweise des Hieronymus bei der Ucbersetzung des A. T. aus der Hebraica veritas. i, Jùdische Traditionen in den Bùchern Samuel und Kônige. a, Einfluss beslimmter Textgruppen der Sepluaginta. ni. Einfluss der Vêtus latina au) die sprachliche (.estait der Yuhjata, dans llil’liea, 1929, p. 3-30.

Le Targum, quoique dans l’ensemble conforme à l’hébreu massorétique, y fait quelques additions et explique quelques passages.

I. Commentaires.

Catholiques.

Origine, quelques

annotations sur les deux livres de Samuel, P. G., t. xvii, col. 39-52 ; Mit. Klostermann, t. iii, p. 295-303 ; Théodoret. Quæsllones in Libros Regum, P. ('., t. i.xxx, col. 527-800 ;