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ROIS (LIVRES I ET II DES). LE CULTE


et des pains de proposition disposés devant Jahvé.

I Reg., xxi, 7 ; xxii, 18. Plus important était toutefois le sanctuaire de Gabaon, dont l’origine remonterait à la conquête de Canaan, Jos., ix, et qui possédait, au dire des Chroniques, le tabernacle que Moïse avait construit au désert et l’autel des holocaustes. I Par., xvi, 39-42 ; xxi, 29. Conscient de cette importance, David tint à assurer le service d’un sanctuaire aussi vénérable en le confiant à la branche aînée des prêtres aaronides et à leur chef Sadoc ; Salomon y vint au début de son règne pour y sacrifier car c'était un grand haut-lieu. III Reg., iii, 4-15.

A ces sanctuaires, gardiens des antiques objets du culte, s’en ajoutaient d’autres, dont l’importance, si l’on en juge par les événements qui s’y rattachent, est surtout d’ordre politique. Tel est le sanctuaire de Maspha, témoin des assemblées plénières d’Israël, I Reg., vu, 5-12, 16 ; x, 17 ; tel celui de Galgala où Saùl fut proclamé roi et convoqua ses guerriers, I Reg., xi, 14-15 ; xiii, 4-14 ; xv, 12 ; tel encore celui d’Hébron, lieu du sacre de David, comme roi de la maison de Juda d’abord, puis comme roi de toute la maison d’Israël,

II Reg., ii, 4 ; v, 3 ; c’est là qu’Absalom, en révolte contre son père, avait espéré recevoir à son tour l’onction royale. II Reg., xv, 7-12. Gabaa, Béthel, Bethléem ont également leur sanctuaire. I Reg., x, 3 ; xvi, 1-5 ; xx, 6. Enfin Samuel érige un autel dans sa ville de Rama, Saùl et David en élèvent également. I Reg., vu, 7 ; xiv, 35.

Une telle multiplicité de sanctuaires et d’autels ne répondait guère à l’unité imposée par le législateur et facilitée par la vie nomade du désert et la présence de l’arche au milieu des tribus. Si la tentative des Éphraïmites pour imposer leur sanctuaire aux tribus demeurées à l’est du Jourdain, Jos., xxii, 9-34, n’avait pas eu d’effet bien durable, pas plus d’un côté que de l’autre du fleuve, le transfert de l’arche à Jérusalem et la construction du temple ne parviendront pas non plus de sitôt à réaliser l’unité cultuelle, symbole et garantie de l’unité religieuse.

2. Ministres.

Le service de ces multiples sanctuaires était assuré par les membres de la tribu de Lévi,

nombreux dans les sanctuaires plus importants comme celui de Nobé par exemple. C’est dans ceux-là que se rencontrait la portion privilégiée de la tribu de Lévi, la famille sacerdotale qui descendait d’Aaron, frère de Moïse ; l’arche à Silo, l'éphod à Nobé, le tabernacle et l’autel mosaïques à Gabaon y étaient gardés par les descendants des deux fils survivants d’Aaron, Éléazar et Ithamar ; avec Héli c'était la branche cadette, celh d’Ithamar, qui fut condamnée en la personne même d’Héli, I Reg., ii, 30 ; avec Sadoc, de la descendance d'Éléazar, déchue pour un temps de ses droits, la branche aînée recouvra ses droits, ainsi qu’en témoigne son rôle lors de la révolte d’Absalom. II Reg., xviixviii.

A côté de l’oblation du sacrifice, une des principales fonctions des prêtres, il y avait la consultation de l'éphod et l’interprétation de ses oracles ; n’est-ce pas Jahvé qui rappelle à Héli les fonctions sacerdotales ? « Je l’ai choisi (Aaron) d’entre toutes les tribus d’Israël pour être mon prêtre ; pour monter à l’autel, pour faire fumer l’encens, pour porter l'éphod devant moi. » I Reg., ii, 29. Ces attributions essentielles s’accompagnaient de fonctions secondaires concernant la garde des objets sacrés, l’entretien des luminaires, le renouvellement des pains de proposition, l’accueil et la surveillance des pèlerins, etc. I Reg., i, 9-19 ; ii, 12-25, 29, 36 ; iii, 3-15 ; xxi, 4-10. Les fils du grand prêtre Héli, abusant de leur situation, au mépris des droits de Jahvé et de ses serviteurs, attirèrent sur eux et leur famille la malédiction divine. I Reg., ii, 22-36.

Aux prêtres seuls cependant n'était pas réservée la

fonction capitale de l’oblation du sacrifice. Antérieurement au sacerdoce lévitique, la coutume réservait l’immolation de la victime offerte à Dieu au père dans la famille, au cheikh dans le clan, au prince dans la tribu. Ce privilège du chef constituait une sorte de sacerdoce patriarcal qui, trop profondément entré dans la pratique, ne pouvait disparaître du jour au lendemain après l’institution mosaïque du sacerdoce lévitique. C’est ainsi que, non seulement dans la période des Juges, mais aussi du temps de Samuel et de David, nous voyons Saùl offrir l’holocauste et les sacrifices pacifiques et, s’il est blâmé par le prophète, ce n’est pas pour avoir sacrifié lui-même, mais pour avoir désobéi à Jahvé en n’attendant pas l’arrivée de Samuel, f Reg., xiii, 9-12 ; nous voyons de même David offrir holocaustes et sacrifices pacifiques devant l’arche et sur l’aire d’Areuna et tout comme un prêtre bénir le peuple au nom de Jahvé des armées. II Reg., vi, 13, 17, 18 ; xxiv, 25 ; cf. Deut., x, 8 ; xxi, 25 ; Num., vi, 23 ; Lev., ix, 22. Sans doute la formule « il sacrifia » peut s’entendre dans certains cas dans le sens de donner l’ordre de sacrifier, par exemple lorsqu’il est dit que Salomon immola 22 000 bœufs et 120 000 brebis pour le sacrifice pacifique offert à Jahvé lors de la dédicace du temple, III Reg., viii, 63 ; mais, pour signifier l’ordre d’offrir un sacrifice, l’hébreu n’est pas dépourvu d’expression qui évite toute amphibologie : « Ézéchias dit de faire monter l’holocauste sur l’autel ». II Par., xxix, 27. La pratique royale qui continuait la pratique patriarcale d’offrir le sacrifice ne disparut qu'à la longue. La survivance d’usages et de coutumes du passé ne contredit pas l’existence des lois du Pentateuque qui n’avaient pu faire disparaître d’antiques pratiques, même chez des rois comme David et Salomon. Ces rois d’ailleurs exercent leur autorité religieuse à l'égard des prêtres ; ils ne leur confèrent pas le pouvoir sacerdotal, détenu par droit de naissance, mais ils règlent et surveillent l’exercice de leurs droits. III Reg., n, 26-27. On sait la part prise par David dans l’organisation du culte d’après les Chroniques.

3. Sacrifices.

Acte essentiel du culte, le sacrifice est souvent mentionné dans les Livres de Samuel ; l’holocauste et le sacrifice pacifique en sont les seules espèces nommées, ce sont les formes anciennes de l’offrande des victimes à Jahvé, l’une avec oblation totale de la victime, l’autre avec participation à un repas sacré. Le silence sur les autres espèces de sacrifice, soit pour le péché, soit pour le délit, n’implique pas leur non-existence à l'époque de Samuel et de David. Cl. l’art. Lévitique, t. ix, col. 485-487. L’emploi du terme’didm pour désigner le tribut offert parles Philistins afin de détourner la colère de Jahvé, I Reg., vi, 3-4, est identique au terme désignant le sacrifice pour le délit. Sans lui donner évidemment le même sens dans les deux cas on peut remarquer « que les trois éléments qui constituent V'âSdm cananéen : restitution, amende et sacrifice, se retrouveront dans V'âëâin lévitique, en sorte que les institutions les plus caractéristiques du « Code sacerdotal » plongent leurs racines dans les couches les plus profondes des traditions sémitiques et empruntent les noms de la langue populaire. » Médebielle, L’expiation dans l’Ancien et le Nouveau Testament, t. i, 1924, p. 20.

Intéressant sinon l’histoire du sacrifice proprement dit, du moins d’une immolation « à mode sacrificiel » et de l’une des plus instantes prescriptions du Lévitique et du Deutéronome, relative à l’usage du sang, est l'épisode qui marqua la déroute des Philistins. « Le peuple ; est-il rapporté, I Reg., xiv, 32-33, se jeta sur le butin, et ayant pris des brebis, des bœufs et des veaux, ils les égorgèrent sur la terre et le peuple en mangea avec le sang. On le rapporta à Saùl en disant : « Voici que le peuple pèche contre Jahvé en mangeant (la