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    1. ROIS (LIVRES I ET II DES)##


ROIS (LIVRES I ET II DES). ORIGINE

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étrangère et plus spécialement de celle des Philistins. Deux combats victorieux y contribuèrent efficacement, l’un à Baal-Pharasim, l’autre qui dégénéra en une poursuite de Gabaon à Gézer. G. v.

Pour achever de faire de Jérusalem la véritable capitale d’Israël, il fallait en faire le centre religieux du pays. C’est à quoi devait contribuer le transfert de l’arche d’alliance sur la colline de Sion. Après une première tentative malheureuse pour l’y amener, son installation solennelle eut lieu au milieu des transports de tout le peuple et de David lui-même, sautant et dansant devant Jahvé. C. vi. A. l’arche sainte, David veut édifier un sanctuaire digne de l’abriter, mais le prophète Nathan s’y oppose, promettant par contre à la postérité royale une durée sans limites ; une belle prière exprime la reconnaissance de David à Jahvé. C. vu.

Au chapitre suivant sont brièvement mentionnées des guerres contre les Philistins, les Moabites, les Ara : méens, les Syriens et les Édomites ; puis, ayant signalé la bienveillance dont David, en souvenir de son ami Jonathas, usa envers le fils de ce dernier, Miphiboseth, c. ix, le narrateur rapporte deux nouvelles campagnes victorieuses contre les Ammonites et contre les Syriens. C. x.

A un épisode d’une de ces campagnes, le siège et la prise de Rabba, se rattache la double faute de David, son adultère avec Bethsabéc et le meurtre d’Urie. C. xi. Aux reproches, aux menaces du prophète Nathan le roi répond par l’humble aveu de sa faute. Elle sera pardonnée, sans doute, mais le châtiment n’en frappera pas moins rudement le coupable, d’abord dans l’enfant né de l’adultère, puis dans la famille royale, c.xii, où ne tardent pas à se produire de tristes événements, l’inceste d’Amnon avec Thamar, une fille de David, et la vengeance qu’en tire Absalom, frère de la victime, en faisant massacrer l’incestueux au cours d’un festin. Pour échapper au châtiment, le meurtrier s’enfuit au pays de Gessur, mais après un exil de trois ans, grâce à l’habile intervention de Joab, David autorise le retour du fugitif avec lequel il finit par se réconcilier. C. xm-xiv.

La révolte d’Absalom fut la réponse au pardon de David. Après quatre années de propagande, employées à se concilier les mécontents dont le nombre allait toujours grandissant, Absalom, croyant le moment venu de détrôner son père, fait annoncer dans toutes les tribus que désormais il règne à Hébron. La conjuration devient menaçante, à tel point que David, pour échapper au danger, quitte en hâte Jérusalem, accompagné de serviteurs demeurés fidèles et en butte aux injures d’un Beiijainite de la maison de Saûl, Séméï. Cependant Absalom, dédaignant le conseil d’Achitophel, se rallie à celui de Causal, espion déguisé, et laisse ainsi au roi fugitif le temps de chercher un abri au-delà du Jourdain et de réunir autour de lui ses guerriers qui, sous les ordres de Joab, mettent en déroute les révoltés ; le fils rebelle est parmi les victimes du combat. La nouvelle de la victoire fut singulièrement assombrie pour David par l’annonce de la mort d’Absalom. D’abord inconsolable, il consentit enfin, sur les instances du général vainqueur, à s’associer aux joies du triomphe et à reprendre le chemin de Jérusalem, recevant avec bienveillance les soumissions, celle-là même de son insulteur Séméï. Une autre tentative « le révolte, celle des Israélites entraînés par Séba n’eut pas plus de succès ; les insurgés livrèrent eux-mêmes la tête de leur chef qu’ils jetèrent par-dessus les murs de la ville assiégée. C. xv-xx.

Dans les derniers chapitres se trouve d’abord le récit d’une famine survenue au temps de David eu châtiment d’un crime de Satil, non encore expie, contre les (iabaoniles, auxquels David livre les derniers descen dants de Saiil pour être pendus à Gabaa. C. xxi, 1-14. Vient ensuite la double relation des exploits guerriers de David et de ses héros. C. xxi, 15-22 et xxiii, 8-39. Entre cette double relation, s’intercalent l’hymne de reconnaissance de David, c. xxii, et ses dernières paroles. C. xxiii, 1-7. Le livre se termine par la description du fléau de la peste qui frappe Israël en punition d’un dénombrement du peuple ordonné par David. C. xxiv.

Ce n’est qu’aux premiers chapitres du IIIe Livre des Rois que sont racontés les derniers jours du roi et la proclamation de Salomon à la succession au trône d’Israël.

Qu’un plan d’ensemble, d’où résulte une certaine unité de rédaction, ait commandé le choix et la distribution des matériaux, c’est la conclusion qui se dégage de l’analyse des deux premiers Livres des Rois. Raconter l’histoire suivie de la période qui va de la naissance de Samuel à la fin du règne de David, donner ainsi une suite au Livre des Juges, avec lequel il présente d’ailleurs de telles affinités qu’on a voulu voir dans les sept premiers chapitres des Livres de Samuel une partie intégrante de son texte primitif, tel apparaît bien le but poursuivi par le rédacteur des deux premiers Livres des Rois. Comment l’a-t-il atteint, de quels éléments d’information disposait-il, comment les a-t-il utilisés, à quelle date se place ce travail de rédaction, autant de questions auxquelles l'étude de l’origine des Livres de Samuel essaie d’apporter une réponse.

III. Origine.

D’après la tradition et d’après la critique. — 1° la tradition. — Le Talmud dit que Samuel écrivit son livre ainsi que les Juges et Ruth, qu’il mourut et que Gad et Nathan le continuèrent. (Baba Bathra, vi, 14 b, 15 a.) Cette tradition juive qui reconnaissait trois auteurs pour les Livres de Samuel, remonte vraisemblablement à ce passage de I Par., xxix, 29-30, qui termine l’histoire de David : « Les actions du roi David, les premières et les dernières, voici qu’elles sont écrites dans l’histoire de Samuel le voyant, dans l’histoire de Nathan le prophète et dans l’histoire de Gad le voyant, avec tout son règne et tous ses exploits et les vicissitudes qui lui sont survenues, ainsi qu'à Israël et à tous les royaumes des autres pays. » Si l’on manque de preuves pour identifier ces différentes sources avec le livre canonique de Samuel, il n’en manque pas au contraire pour les contredire, ne seraient-ce que les passages portant trace d’une rédaction certainement non contemporaine des événements, tels que : I Reg., vii, 5 ; ix, 9 ; xxvii, 6 ; et d’autres.

Théodoret pensait que chacun des prophètes avait écrit ce qui se passait de son temps et qu’ensuite d’autres auteurs se servirent de ces mémoires pour rédiger les quatre Livres des Rois. Qusesl. in I Reg., Prxf., P. G., t. i.xxx, col. 529. Cette opinion était déjà celle de Diodore de Tarse, qui distingue également entre le rédacteur final et ceux qui fournirent la documentation. P. G., t. xxxiii, col. 1588. Quant à ce rédacteur final les uns y ont vu Jérémie (Isaac Abravanel et Grotius), d’autres Isaïe ou Ézéchias (Sanctius), ou encore les écoles de prophètes et même des écrivai.is publics (Richard Simon).

.Mais pas plus qu’on n’est autorisé à voir dans le passage cité des Paralipomènes les Livres de Samuel, on ne l’est à voir dans les documents, mis en œuvre par le rédacteur de ces livres, les écrits des prophètes Samuel, Gad et Nathan ; le seul endroit, en effet, où l’auteur indique sa source est II Reg., i, 18 et il s’agit alors du Livre, du Juste, déjà cité dans Jos., x, 13.

La tradition, on le voit, ne nous est pas d’un grand secours dans la recherche des origines des deux premiers Livres des Rois. Reste la critique.