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ROHRBACHER (RENÉ-FRANÇOIS) — ROIS (LIVRES DES)


du pouvoir ecclésiastique, invoquant pour se justifier les Pères et les théologiens ; dans ses Observations à M. l’abbé Caillau sur ses douze articles de critique…, 19 juillet 1849 (Hist. univ., t. i, p. 141-148) ; dans ses Observations sur un volume de M. l’abbé de La Coulure et sur un Mémoire clandestin adressé à l'épiscopat…, 1852 (Hist. univ., t. i, p. 149-158) ; dans une Lettre à Mgr d’Astros, archevêque de Toulouse, du 24 janvier 1855 (Hist. univ., t. i, p. 122-126). Ses amis prirent également sa défense : l’abbé Gridel, Quelques observations au rédacteur de l’Ami de la religion, dans l’Espérance, courrier de Nancꝟ. 19 et 21 août 1845 (Hist. univ., 1. 1, p. 130-136) ; Lettre de C. C, datée de Metz, 24 août 1845, dans V Abeille, union catholique d’Alsace, 30 août 1845 (Hist. univ., t. i, p. 136-137) ; Lettre de J.-C. Lardinois, datée de Liège, 20 août 1815, en réponse à l’article du Journal historique de Liège (Hist. univ., t. i, p. 138-140).

Il est inutile d’entrer dans le détail de toutes ces controverses. Notons seulement que, en ce qui concerne ses idées sur la gentilité, Rohrbacher s’efforce de tenir le milieu entre les théories des jansénistes, pour qui les gentils avaient totalement perdu les lumières de la révélation et la grâce du salut, et celles de Lamennais, pour qui les idées religieuses s'étaient conservées, même au sein du paganisme, pures et intactes, l’idolâtrie n'étant pas une erreur de l’esprit, mais un crime de la volonté. Rohrbacher montre que l’on rencontre chez les peuples barbares des vestiges de la tradition primitive, non toutefois exempts d’erreurs. Il emploie cependant des expressions équivoques qui rendent sa pensée douteuse sur ce point. Il trouve des textes de Pères et de théologiens pour se justifier.

Au reproche fait à sa théorie de la communication de la souveraineté temporelle par le peuple, il répond en invoquant l’autorité de.Mgr Parisis, La démocratie devant l’enseignement catholique. Sur les relations entre les deux pouvoirs, il avait déjà précisé ses idées de façon originale, dans une lettre à Lamennais du 23 mars 1835. L'Église, disait-il, conduit la grande caravane vers le ciel. Les puissances temporelles président aux gîtes qui se trouvent sur la route. Leur devoir est de disposer toutes les facilités pour permettre aux pèlerins de continuer leur route et, pour cela, de s’entendre avec la première. Si le préposé d’un gîte devient par trop mauvais et qu’on puisse le remplacer, la puissance qui préside à la caravane peut et doit le remplacer. S’il y a trop de difficultés, il ne faut pas le tenter : il ne s’agit que d’un gîte. Si une bande de la caravane réussit toute seule dans cette entreprise hasardeuse, tant mieux. Sinon, on remédiera à la mésaventure le mieux que l’on pourra. Hist. univ., t. i, p. 128.

Ces controverses doctrinales alarmèrent l’autorité ecclésiastique. L'évêque de Nancy, Mgr Menjaud, nomma une commission pour examiner l’Histoire universelle. L’abbé Gridel rédigea un long rapport de 50 p. in-4°, qui, signé par la commission et approuvé par l'évêque, fut envoyé à l’auteur. Celui-ci promit d’en tenir compte ; mais, pour couper court à toute controverse et à toute nouvelle manœuvre, il soumit son œuvre à Rome, avec d’autant plus d’empressement qu’elle avait été déférée au tribunal de l’Index. Le cardinal Mai', préfet de la Congrégation, n’y « trouva rien qui méritât le moindre blâme ». Il le fit savoir à l’auteur en 1846 et en 1847 et promit son intervention pour faire cesser les attaques. Hist. univ., t. i, p. 07. Rome avait senti l’importance de l’ouvrage pour achever de ruiner le gallicanisme.

Lorsque la deuxième édition de l’Histoire universelle fut terminée, Rohrbacher publia encore, en 1853-1854, en 6 vol. in-8°, une Vie des saints pour tous les jours de l’année. Elle fut traduite en italien par G. Teglio, Le vile dei santi per ogni giorno dell' anno. Elle est compo DICT. DE THÉOI.. CATIIOL.

sée d’extraits de l’Histoire universelle et se donne pour but de fournir un aliment aux âmes pieuses et de montrer la fécondité de l'Église.

On trouve encore dans les œuvres de Rohrbacher un Sermon prononcé le vendredi saint, 13 avril 1838, dans l'église de Lunéville et dans la cathédrale de Nancy, suivi de la Lettre d’un Israélite de Lunéville ; des Remarques sur la science et la bonne foi historique de M. Sismondi deSismondi ; Quelques remarques sur l’histoire de France, dans Y Université catholique, 1841 ; Le monopole universitaire dévoilé à la France libérale et à lu France catholique ; Les doctrines, les institutions de l'Église et le sacerdoce enfin justifiés devant l’opinion du puys, par une société d’ecclésiastiques sous la présidence de M. l’abbé Rohrbacher, Nancꝟ. 1810, in-8°.

L’abbé Rohrbacher a laissé une œuvre considérable ; son Histoire universelle connut un grand succès, dû, en partie, au fait qu’il fut le premier à mener jusqu’au bout une œuvre aussi considérable, et surtout à la réaction contre ce qui restait en France de jansénisme et de gallicanisme. Rohrbacher avait pris nettement position : il a écrit, selon Hùlskampf, Kirchenlexikon, t. x, p. 1241, moins en historien qu’en apologiste. Mais l’apologiste n’est-il pas tenu de s’appuyer sur les faits dûment établis par une étude et une critique sérieuses des documents ?

h' Introduction à l'édition de l’Histoire universelle de Mgr Fèvre, Paris, 1899-1901, contient une longue notice (t. i, p. 1-91) sur la vie et les travaux de Rohrbacher, et plusieurs pièces justificatives (p. 110-138). L. Veuillot, Notice biographique sur AI. l’abbé Rohrbacher, Univers du 23 janvier 1856 ; du même, Notice sur l’abbé René-François Rohrbacher, auteur de l’Histoire universelle…, Paris, 1856, in-12 ; J.-A. Boullan, Notice sur l’abbé Rohrbacher, Paris, 1856 ; Michaud, Nouvelle biographie générale, t. xliii, Paris, 1862 ; Abbé Gilly, Élude sur l’Histoire ecclésiastique par Rohrbacher, dans la Revue des sciences ecclésiastiques, t. v ; Ch. SainteFoi, Notice biographique et littéraire sur l’abbé Rohrbacher, Paris, 1876 ; Cardinal Mathieu, L’abbé Rohrbacher, discours de réception à l’Académie Stanislas, Nancꝟ. 1883 ; J.-H.-J. Thiriet, Un mol sur l’abbé Rohrbacher, dans Semaine religieuse de Nancꝟ. 1885 ; L. Finot, L’abbé Rohrbacher, le premier grand historien de l’Histoire universelle de l'Église catholique, Sainte-Marie-aux-Mines, 1893 ; Hùlskampf, art. Rohrbacher, dans Kirclienlexikon, 2e ' éd., t. x, Fribourg, 1897 ; Hurter, Nomenclator (3e éd.), t. v a, col. 1275-1277.

L. Marchai, .

    1. ROIS (LIVRES DES)##


ROIS (LIVRES DES). Dans la Bible grecque des Septante, à la suite du Livre des Juges et de celui de Ruth, vient un groupe de quatre livres désignés par un même titre Baat.Xei.cov et distingués les uns des autres par l’une des quatre premières lettres de l’alphabet grec. La réunion de ces quatre livres constitue un ouvrage historique que la Bible hébraïque appelle Livres de Samuel et Livres des Rois. Le titre, ainsi que les autres de la Bible grecque, est sans doute d’origine alexandrine et antérieur à l'ère chrétienne ; on le trouve non seule mentdans Origène (Eusèbe, Hist. ceci, t. VI, c. xxv, P. G., t. xx, col. 581), mais encore dans la liste de Méliton de Sardes. Ibid., t. IV, c. xxvi, col. 396.

De la version grecque, par l’intermédiaire de l’ancienne version latine, ce titre a passé dans la Vulgate, en subissant toutefois une modification. Saint Jérôme corrige le grec Bocaikeiiùv, llegnorum, en Regum, correspondant plus exactement à l’hébreu Melakîm, rois, titre des troisième et quatrième livres réunis en un seul dans le texte massorétique : Melius multo est Malachim, i. e. Regum quam Mamlachot, i. e. Regnorum dicere. Non enim multurum gentium describit régna, sed unius Isrælitici populi, qui tribubus duodecim conlinetur. Prsefatio in Libros Samuel et Malachim, P. L., t. xxviii, col. 553.

Le concile de Trente, dans la liste des livres inspirés, De canonicis Scripturis decretum, sess. iv, mentionne après Ruth : quatuor Regum et l’emploi de la formule,

T. — XIII. — 88.