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la vertu curative de l’unguentum sympatheticum et armarium parl’action du magnétisme animal. Dans un ouvrage de 1608, réédité en 1613, Tractalus de magnetica curatione vulnerum, le calviniste Goclenius, professeur à Marbourg, avait repris cette théorie et vanté, au détriment des miracles, l’efficacité merveilleuse du magnétisme. Le P. Roberti l’attaqua vivement dans une thèse soutenue à l’université de Trêves : Dissertatio theologica de superstitione, Trêves, 1615, réimprimée l’année suivante à Louvain sous le titre Tractalus novi de magnetica curatione vulnerum. Il accuse le médecin calviniste d’impiété et de blasphème, de superstition, de magie, voire d’idolâtrie. Ses attaques visent en même temps les calvinistes en général : ils refusent les miracles aux catholiques et s’abandonnent eux-mêmes aux superstitions les plus impies. Une réplique publiée par Goclenius en 1617 provoqua de la part du jésuite deux nouvelles attaques plus développées et non moins virulentes : Goclenius heautonlimorumenos, id est curationis magneticie et unguenti armarii ruina, Luxembourg, 161 S, et Metamorphosis magnetica caluino-gocleniana, Liège, 1618. Le médecin riposta de nouveau en 1619 : Morosophia Joannis Roberti jesuilæ. Celui-ci revint à la charge : Goclenius magus serio délirons, Douai, 1619. Entre temps le médecin bruxellois Van Helmont avait composé un traité en faveur de la théorie magnétique. Il soumit son manuscrit à la censure ecclésiastique ; l’autorisation de l’imprimer fut d’abord accordée, puis retirée. Toutefois, à l’insu de l’auteur, l’ouvrage fut imprimé à Paris en 1621 : De magnetica vulnerum naturali et légitima curatione, disputatio contra opinionem D. J. Roberti. Tout en critiquant sur certains points Goclenius, Van Helmont admet comme certain le magnétisme animal ; il lui attribue même les guérisons miraculeuses opérées par les reliques ainsi que les maléfices des sorcières. Roberti publia sans tarder une réfutation : Curationis magneticie et unguenti armarii magica impostura, Luxembourg, 1621. Il reproche vertement au médecin bruxellois son dédain de la théologie, son abus de l’Écriture sainte, ses moqueries contre les miracles, ses théories superstitieuses. L’ouvrage de Van Helmont fut censuré par de nombreuses facultés de théologie et de médecine, lui-même emprisonné.

Ce ne fut pas la seule polémique de Roberti. En 1616 l’ancien jésuite Marc-Antoine de Dominis, archevêque de Spalato, s’enfuit en Angleterre à la suite de dissensions avec le pape. Passé à l’anglicanisme, il se livra dans sa prédication et dans plusieurs écrits à de violentes attaques contre le Saint-Siège. Voir ici, t. iv, col. 1668-1675. Roberti, qui l’avait déjà pris à partie en 1618 dans sa Metamorphosis calvino-gocleniana, publia contre l’apostat et les anglicans en général un réquisitoire virulent intitulé Ecclesise anglicanæ reformata : basis, impostura…, Luxembourg, 1619. Il consacra plusieurs autres ouvrages à la controverse avec les novateurs, en particulier : Parallela sacræ missæ cl ccenir hæreticaz, thèse soutenue à l’université de Trêves en 1616 ; De. l’idolâtrie prétendue de. l’Église romaine en l’adoration des images, Liège, 1635, réédité à Tournai en 1638, réponse à un libelle d’Abraham Rambour et Pierre du Moulin, ministres réformés à Sedan ; La confession de foi des Églises prétendues réformées des Pays-Bas, convaincues de fausseté…, Liège, 1612. Tous ces écrits attestent la science et les qualités de polémiste de l’auteur. Mais son ardeur combattive l’entraîna plus d’une fois à des excès de langage regrettables que le Père général lui reprocha à plusieurs reprises. Cf. A. Poncelet, Histoire de la Compagnie de Jésus dans les anciens Pays-Bas, t. n. Bruxelles, 1927, l>. 505, note 4.

Les ouvrages qui restent à signaler sont de nature plus pacifique. Un des premiers qu’il publia est consa cré à l’Écriture sainte : Myslicæ Ezechielis quadrigse…, Mayence, 1615. C’est un essai de synopse des quatre évangiles. Suivant l’ordre chronologique, il donne en autant de colonnes le texte grec et latin du récit évangélique et des passages parallèles. Un triple index termine le livre qui est une réussite remarquable d’ingéniosité et de typographie. Cf. Fr. Falk, dans Zeilschrift fur kath. Théologie, 1898, p. 368-371.

En dehors de la controverse, les préférences de notre auteur allaient à l’hagiographie. La plus importante de ses œuvres a pour objet la vie et le culte du patron de son pays natal : Historia S. Huberti, principis Aquitani, ultimi Tungrensis et primi Leodiensis episcopi…, Saint-Hubert, 1621. A l’aide d’un questionnaire rédigé en quatre langues et largement répandu, l’auteur put réunir sur le saint une foule de données nouvelles. « A un labeur considérable autant que consciencieux avaient présidé de réelles qualités de critique, vraiment remarquables pour qui songe à l’état de l’historiographie à l’époque de l’auteur… C’est avec fruit que le livre est encore consulté de nos jours par tous ceux qui ont à s’occuper de saint Hubert. » J. Vannérus, Biographie nationale de Belgique, t. xtx, col. 527 sq. ; on trouvera dans cette excellente notice une analyse détaillée de l’ouvrage. Dans Sanctorum quinquaginta jurisperitorum elogia, Liège, 1632, Roberti s’efforce de prouver que, contrairement à l’opinion courante, saint Yves n’est pas le seul saint jurisconsulte ; il donne la biographie de cinquante saints représentants de cette profession qu’il comprend à vrai dire très largement, puisqu’il y fait figurer Moïse, Aaron, Job, et Charlemagne. Legia catholica, Liège, 1633, a pour but d’établir que, depuis saint Materne, Liège est toujours restée fidèle à la foi catholique. La même année il consacra un ouvrage au patron de cette ville : Vita S. Lamberti martyris…, Liège, 1633.

Nous devons enfin au P. Roberti la publication de deux textes anciens : Contemplus mundi, opuscule ascétique d’un anonyme du Moyen Age, Luxembourg, 1618, et Flores epitaphii sanctorum de l’abbé d’Echternach, Théofroy. Luxembourg, 1619, édition qui lui fait le plus grand honneur.

Neyen, Biographie luxembourgeoise, t. ii, 1861, p. 85 sq. ; Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vi, col. 19001906 ; surtout J. Vannérus, article Roberti Jean dans Biographie nationale de Belgique, t. xix, 1907, col. 515-532.

J.-P. Grauskm.

ROBINET Urbain (1683-1758), né en Bretagne en 1683, fut docteur de Sorbonne et devint chanoine et vicaire général de Paris et abbé de Bellozane. Il mourut à Paris le 29 septembre 1758. Il a publié un résumé de la théologie de Tournely. sous le titre Compendiosæ instilutiones excerptse ex contractis prælcctionibus Honorati Tournely, Paris, 1731, 2 vol. in-8°, et Medulla theologiæ Tournelianæ, Cologne, 1735, 2 vol. in-4°. Quérard lui attribue un Mémoire pour prouver la nécessité de l’évocation générale des appels comme d’abus et une Lettre d’un ecclésiastique à un curé, où l’on expose le plan d’un nouveau bréviaire. Robinet avait publié un Breviarium Rothomagense, Rouen, 1733, 4 vol. in-12, ct un Breviarium ecclesiasticum clcro propositum, Paris, 1714, in-12.

Férct, I.u faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, t. vii, 1910, p. 437 ; Hurtcr, Nomenclator, 3 f éd.. t. iv, col. 1113.

.1. Carreyre.

    1. ROCABERTI (Jean-Thomas de)##


ROCABERTI (Jean-Thomas de), dominicain. Né vers 162 1 à Perelada sur la frontière du Roussillon, il appartenait à une vieille famille catalane alliée à la famille française des Mirepoix. Après des études à Toulouse, il prit l’habit de Saint-Dominique à Gérone et étudia la I licol igie à Valence. Bientôt il y professa à l’université ; et il devint, en 1664, maître général de son