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ROBERT DE LEIC ESTER

ROBERT DE M EL UN

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vent d’Oxford où il fut le 18° maître eu théologie. En 1201, il dédie à Richard Swiniield. évêque de Hereford, un traité De ratione temporum sive de computo hebrseorumaptato ad kalendarium lalinorum (Bibl. bodléienne, Digb. 21 :.'). En 1325 il était certainement en résidence à Oxford et l’un des deux magistri extranei de BalliolCollege. D’après Baie, il serait mort à Liehtfield en 1318. mais au dire de A. Liltle, l’assertion sérail sans preuves. Outre un Commentaire sur les Senlenrrs, un livre de Quodlibeta et un traité Dr paupertate Christi que Leland lui attribue, il faudrait portera son compte un Enchiridion pænitentiale… ex distinctionibus… It<>berti de Leycester, contenu dans le ms. 220 de Pembroke-College à Oxford.

Tanner, lïibl. Britaimico-Hibernica, Londres, 1748, p. 636

(d’après Leland) ; A. -G. Little, art. Leicester (Robert of) dans Dictionary o/ national biographg, t..x.x.xii, Londres, 1892, p. 426.

É. Amann.
    1. ROBERT DE MELUN##


5. ROBERT DE MELUN, dit aussi Robert deHereford, né en Angleterre à la fin du xie siècle, étudiant à Oxford, puis à Paris, professa d’abord les arts libéraux sur la Montagne Sainte-Geneviève vers 1137. Il succédait à Abélard et eut parmi ses auditeurs Jean de Salisbury. C'était un professeur prompt, bref et clair. Il poussait à ce qu’on introduisît les écrits d’Aristote dans l’enseignement « les arts libéraux. Il aimait à expliquer les Topiques. Il procédait d’ailleurs avec beaucoup d’originalité. Plus tard, il alla à Melun diriger une école, ce qui était déjà arrivé à Abélard. Il semble que tout un petit milieu scolaire ait existé à Melun à cette époque. Vers 1140. à l'époque du concile de Sens, Robert de Melun s’intéresse déjà à la théologie de la Trinité. En 1148, au concile de Reims, Robert s’attaque avec vigueur et finesse à divers écrits de Gilbert de La Porrée. D’ailleurs, le cas échéant, il n’hésitait pas à s'élever dans son enseignement contre Pierre Lombard lui-même, après avoir combattu dans le même camp que lui contre Gilbert de La Porrée. On pense qu’ensuite Robert de Melun vint occuper une chaire de théologie à Paris à l’abbaye de SaintVictor. Robert quitta Paris pour l’Angleterre vers 1 160, appelé par le roi Henri 1 1 sur les conseils de Thomas Becket. Il devint archidiacre d’Oxford, puis, en 1163, évêque de Hereford. Il prit parti pour le roi Henri II contre Thomas Becket, avant de se rallier à la cause de ce dernier. Il mourut à Hereford le 27 février 11(17. Il ne faut pas le confondre avec un autre évêque de Hereford, nommé lui aussi Robert (10751095) qui a donné un abrégé fort estimé de la grande chronique de Marianus Scotus.

Trois ouvrages de théologie de Robert de Melun nous sont parvenus : Queestiones de divina pagina, Qusesiiones de epistolis Pauli, Senientiæ. Il existe deux rédactions de ce dernier ouvrage, une complète et une brève ; mais la rédaction abrégée ne paraît pas être l'œuvre de Robert lui-même. Les Senientiæ surtout ont été très répandues. Elles ont été pour ainsi dire classiques à Paris dans le dernier tiers du XIIe siècle. L’auteur lui-même, modéré dans ses opinions personnelles, sévère dans ses critiques contre les abélardiens outranciers, échappait à la suspicion des zélotes de l'école de Saint-Victor.

Depuis quelques années, divers érudits ont publié des extraits des écrits de Robert de Melun (voir leur liste dans R.-M. Martin, Œuvres île Robert de Melun, t. i, p. xxm-xxv).

Sur une foule do quest Ions de I néologie : incarnat ion. Trinité, toute-puissance divine, liberté de l’homme, nature et portée du péché originel, Robert de Melun a eu ses i héories propres.

Les Queestiones de divina pagina exposent, après les

opinions pour et contre (comme dans le Sic et non

d' Abélard), une théorie qui donne les solutiones. Ces solutiones représentent une étape intermédiaire entre le Sic et non et le procédé analytique et spéculatif qui sera celui de chaque article dans la Somme de saint Thomas. Il se pose à ce sujet un problème complexe sur l’enseignement au Moyen Age et son évolution. On manque d'éléments précis pour aboutir à des éclaircissements suffisants. Robert de Melun dans ses Quæstiones connaît les écrits logiques d’Aristote, la Bible, les Pères grecs et lat iris, WalafridStrabon. Il reste en étroite relation d’idées avec les plus fameux maîtres de son temps : Abélard, Gilbert de La Porrée, Gratien. Mais il a sur tous les sujets des vues personnelles. Il se réfère aussi à Magister Hugo, c’est-à-dire Hugues de Saint-Victor, le plus spontané et le plus indépendant parmi les victorins, ses amis.

Commentateur de saint Paul, comme l’a reconnu A. Landgraf, Robert de Melun a fait école et les autres commentateurs se sont inspirés de lui.

Son livre le plus répandu est d’ailleurs les Senientiæ, où il fait preuve d’une remarquable et féconde originalité. Il y apparaît comme une sorte d’intermédiaire entre Pierre Abélard et l’abbaye de Saint-Victor. Il n’hésite même pas à combattre sur ce terrain doctrinal, le cas échéant, des amis de Saint-Victor et non des moindres : Guillaume de Saint-Thierry et surtout saint Bernard de Clairvaux lui-même. Comme l’a remarqué le I'. R.-M. Martin, Robert de Melun défend implicitement Abélard dans une affaire de condamnation doctrinale importante. Le concile de Sens de 1140, parmi dix-huit propositions abélardiennes qu’il condamnait au sujet de la Trinité, avait noté les deux propositions suivantes :

1. Quod Pater sit plena potentia, Filius quædam potentia, Spirilus sanctus nulla potentia.

14. Quod ad Patrem, qui ab alio non est, proprie vel specialiter atlineat operalio, non eliam sapientia et benignilas. Abélard pouvait être condamné de ce chef ; mais Robert de Melun ne pouvait pas admettre la thèse suivante de saint Bernard qui avait fait condamner Abélard. Chaque personne de la Trinité, pensait saint Bernard, est également puissante, sage et bonne. Pour le prédicateur de la deuxième croisade, si le Père seul est puissant, le Fils et le Saint-Esprit ne le sont pas ; si le Fils seul est sage, le Père et le Saint-Esprit sont dépourvus de sagesse ; si le saint Esprit seul est bon, le l 'ère et le Fils sont sans bonté. Robert de Melun défend la distinction qui attribue la bonté à l’Esprit, la sagesse au Fils, la puissance au Père. Mais il ne refuse pas lis deux autres qualités à chaque personne à laquelle il attribue spécialement une qualité et une seule des trois. Par ce procédé, Robert de Melun veut empêcher que l’on confonde les personnes divines : il ne lui vi snt nullement a l’idée d’attribuer des degrés de perfection inégaux aux diverses personnes. Toutes les trois ont la plénitude de la puissance, de la sagesse et de la bonté. Il arriva que les théologiens de Saint-Victor comprirent. Malgré leur peu d’estime pour Abélard, l’opinion de Robert de Melun leur plut. C'était une théorie complète de l’appropriation trinitaire qu’exposaient les Senientiæ. Tout cela était neuf et Robert de Melun caractérisait heureusement cette appropriation par trois ternies : allribuitur, allribuitur specialiter, appropriatur. Richard, prieur de l’abbaye victorîne, reprendra cette théorie quelques années plus tard. Elle deviendra classique. Elle sera enseignée et prêchée par les trois docteurs de l'Église du xiii c siècle parisien : Albert le Grand, Bonaventure et Thomas d’Aquin.

H. -M. Martin, Œuvres de Robert de Melun, 1. 1, Qutesllones île divina pagina, 1934, s ? p. de texte et i, u p. d’introduction sur Robert de Melun ; compléter par : 15. -M. Martin, Pro Peiro. I belardo, l 'n plaidoyer de Robert de Melun contre suint Reniant, dans Renne îles sciences philosophiques et