Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/662

Cette page n’a pas encore été corrigée

2 73 7

R] l’ALDA

RITES (CONGREGATION DES 1

2738

Mais il est inutile de reprendre ici un travail qui a déjà été fait. Voir art. Infidèles (Salul des), t. vii, col. 1704 sq.

En l'étudiant attentivement, on retrouvera dans cette thèse de Ripalda les mêmes qualités et les mêmes défauts qui caractérisent son œuvre entière : une érudition bien informée, mais qui digère mal les documents qu’elle a recueillis et les exploite plus souvent à coups de syllogismes qu'à l’aide d’une exégèse soucieuse de rigueur objective ; une subtilité raffinée qui s’exprime en formules obscures et complique parfois les questions au lieu de les approfondir : un désir manifeste de se signaler par des opinions inédites et audacieuses, mais que domine toujours le plus sincère attachement à la doctrine commune et que corrige une prudente défiance envers ses propres innovations.

Théologien de valeur et intéressant à plus d’un égard, sa réputation a cependant été surfaite par ses contemporains (Hurter, Xomenclator lillerarius, t. iii, col. 928) qui eurent certainement tort de le considérer comme le rival en mérite du cardinal Jean de Lugo.

P. Dumoxt. RIPELIN Hugues, dominicain, plus connu sous le nom d’HuGUES de Strasbourg, descendant de la famille strasbourgeoise des Ripelin, naquit au premier tiers du xme siècle. Il entra au couvent dominicain de Strasbourg, qui jouissait alors d’une grande réputation. Il est très probable qu’il y fut l'élève de saint Albert le Grand et le condisciple d’Ulrich de Strasbourg. On peut supposer qu’il termina ses études à Paris, mais on ne saurait affirmer qu’il y conquit le grade de maître en théologie. Nous le trouvons prieur du couvent de Strasbourg en 1268. Vers la fin du siècle il remplit la même charge au couvent de Zurich. En 1300 et en 1303, il fut provincial de nation allemande, et plus tard vicaire de la même nation. Ajoutons que les chroniqueurs en font un excellent prédicateur et un très bon directeur spirituel.

Plus que ces détails biographiques par trop fragmentaires, c’est l'œuvre de Hugues de Strasbourg qui mérite de l’intérêt. Les chroniqueurs lui attribuent des Sermones uarii, un Commentarium in IV Ubros senteniiurum, des Quodlibeta, des Disputationes et des Expianationes. De tout cela, il ne nous reste rien, si tant il est qu’Hugues soit l’auteur de tels ouvrages. La seule œuvre qui nous soit parvenue, c’est le Cornpendium theologicæ veritalis. Il en existe des centaines de manuscrits, et les éditions en furent nombreuses jusqu’au xviie siècle. La plus récente, qui a vu le jour en 1880 par les soins du P. Éphrem, trappiste, se contente de reproduire une édition de 1559, parue sous le nom de De Combis, O. M., Cornpendium totius théologien* veritalis VII libris digeslum… per Fralrem Joannem de Combis O. M. Lugduni, 1559. Denuo edidit Fr. Ephrem Abbas B. M. de Trappa de Monte Olivarum, Fribourg-enBrisgau, 188U. Ces manuscrits et leurs éditions attribuent l'œuvre aux auteurs les plus divers. Les noms de saint Thomas, de saint Albert le Grand, de saint Bonaventure, d’Alexandre de Halès, de Hugues de Saint-Cher, d’Ulrich de Strasbourg se lisent tour à tour en tête des différentes copies et, jusqu’au début de ce siècle, les avis étaient partagés. Mgr Grabmann et L. Pfleger, se fondant sur des témoignages de chroniqueurs et de manuscrits presque contemporains d’Hugues de Strasbourg, ont démontré que le Cornpendium était bien son œuvre.

L’ouvrage est un manuel de théologie au sens large du mot, contenant l’essentiel de ce que devait connaître à cette époque un prêtre qui avait charge d'àmes. Il est divisé en sept livres, qui traitent successivement de Dieu, de la création, du péché, de l’incarnation, des sacrements et des fins dernières. Hugues nous avertit lui-même dans la préface qu’il n’a fait

qu’utiliser les matériaux des grands théologiens qui l’ont précédé. En fait, il s’est surtout inspiré de saint Bonaventure. Si le Cornpendium ne se distingue pas par l’originalité des spéculations, il réalise au mieux les qualités d’un bon manuel : écrit en une langue sobre et précise, il donne un résumé complet et bien ordonné de la théologie du temps. Ces mérites en ont fait « le manuel le plus célèbre du Moyen A.ge > (Mandonnet, Des écrits authentiques de saint Thomas d’Aquin, 2e éd., I-'ribourg, 1910, p. 86). Les très nombreux manuscrits, tant latins qu’allemands, qui en subsistent, ainsi que les multiples éditions qui en parurent témoignent de la haute estime que des générations de prêtres ont portée à l'œuvre de Hugues de Strasbourg.

QuétH-Echard, Scriptores, 0. P., t. i, p. 470-471 ; Histoire littéraire de la France, t. XXI, |>. 157 ; articles de !.. l’Ileger, dans Zeiischrift /urkatli. Theol., t. xxviii, 1904, p. 420-440 ; t. xxix, 1905, p. 321- ; s : ii> ; t. xi.v, 1921, p. 147-i ; > : { ; Hauck, Kirchengesch. Deutschlands, t. v a, Leipzig, 191 1, p. 257-259 ; M. Grabmann, Mittelalterliches Geistesleben, Munich, 1926, p. 174-184.

A. Raugel. RITES (CONGRÉGATION DES). — I. Aperçu historique. — II. Organisation actuelle.

I. Aperçu historique.

La Sacrée Congrégation des Rites tire son origine de la fameuse bulle Immensa, 22 janvier 1588, dans laquelle, au nombre des quinze congrégations créées ou confirmées par Sixte-Quint, figurait celle qu’il instituait spécialement pro sacris ritibus et cieremoniis.

Jusqu'à cette époque, une certaine liberté appartenait aux Églises particulières en matière de culte et de cérémonies : la réglementation en était pratiquement abandonnée aux évêques et aux conciles provinciaux. Ceux-ci ne recouraient à Rome que pour les cas difficiles et dans les circonstances vraiment embarrassantes ; le pape alors tranchait les questions, après avoir pris conseil des cardinaux ou d’hommes compétents. Il en résultait, pour la liturgie un manque d’uniformité. Vn premier effort dans le sens de l’unification, prévue et voulue par le concile de Trente en sa xxve session, cf. Richter, Canones et décréta, p. 471, avait été la réforme du bréviaire en 1568 et celle du missel en 1570. Mais ces deux ouvrages ne furent pas imposés aux Églises particulières ou aux ordres religieux qui avaient à leur disposition leurs propres livres depuis deux siècles et plus.

Dans la pensée de Sixte Y, l’institution d’une congrégation spéciale pour les rites et cérémonies devait poursuivre ce mouvement de réforme et d’unification : « C’est pourquoi, dit la bulle, voulant développer de plus en plus la piété des enfants de l'Église et relevés le culte divin, nous avons choisi cinq cardinaux qui auront pour mission principale de faire observer exactement les vieux rites sacrés, en tous lieux et par toutes les personnes, dans les églises de Rome et de l’univers, y compris notre chapelle pontificale, pour tout ce qui concerne la messe, les offices divins, l’administration des sacrements et en général les autres fonctions cul tuelles : si les cérémonies sont tombées en désuétude, qu’on les restaure ; si elles sont corrompues, qu’on les réforme. Les cardinaux auront tout d’abord à réformer et à corriger, autant que besoin sera, le pontifical, le rituel et le cérémonial ; ils reviseront aussi les offices des saints patrons et les concéderont après nous avoir consulté. Ils étudieront avec le plus grand soin les questions relatives à la canonisation des saints et à la célébration des fêtes, afin que tout se fasse selon les règles, avec ordre et conformément à la tradition des Pères… » La bulle chargeait encore la Congrégation des questions de protocole dans la réception des souverains, ambassadeurs et autres personnages ; elle la constituait de plus juge des préséances et arbitre des contestations