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RICHARD DE MEDIAVILLA — RICHARD DE SAINTVICTOR


solution du prêtre « informe » l’attrition, des développements qui méritent d'être retenus. Les données de Richard sur les autres sacrements ont moins d’importance, encore qu’elles témoignent toujours d’une pensée très personnelle.

Tout ceci montre que Richard de Mediavilla tient une place tout à fait distinguée parmi les théologiens de second ordre qu’a vu éclorc la fin du XIIIe siècle et qui ont rendu classiques les synthèses élaborées par leurs grands prédécesseurs. Les titres qui lui seront donnés plus tard : Doclor solidus, copiosus, fundatissimus expriment assez bien les qualités que la postérité a découvertes chez lui. Il semble que l’on ait vu surtout en lui un théologien tout à fait classique, à qui il était indiqué de faire confiance. Le fait que Denys le Chartreux lui fasse une place considérable dans son Commentaire sur les Sentences est particulièrement significatif. Assez oublié depuis la Réforme et la contreréforme, il semble que le maître franciscain retrouve aujourd’hui une nouvelle jeunesse.

On trouvera dans le livre de EHocedez, Richard de Middlclon, sa vie, ses œuvres, sa doctrine, Paris-Louvain, 1925, une bibliographie exhaustive des travaux parus jusqu'à cette date. Les travaux plus récents de F. Pelster, YV. Lampen, V. Heynck, J. Reuss, P. Rucher et J. Lechner ont été mentionnés au cours de l’article.

É. Amann.

8. RICHARD DE SAINT-LAURENT (xme s.). Les circonstances de sa vie sont mal connues ; on sait qu’en 1239 il est doyen du chapitre métropolitain de Rouen et qu’en 1245 il devait encore remplir ces fonctions. Par la lettre d’envoi de son œuvre majeure au célèbre dominicain Hugues de SaintCher, on voit qu’il était en relations d’amitié avec celuici. C’est tout ce que l’on peut dire de certain sur son compte. Qu’il soit entré ultérieurement dans l’ordre de Cîteaux, on l’a conjecturé du titre d’un de ses ouvrages. Sa production littéraire qui est surtout d’ordre édifiant est considérable ; et il est même surprenant qu’un écrivain si fécond ait été si profondément ignoré par les plus studieux bibliographes du Moyen Age. Il lui revient un De virliitibus en. Il livres, conservé dans les mss. 174de Saint-Omer, 1530 et 1774 de Troyes ; un De viliis, dans les mss. 4 de Gray et 1530 de Troyes ; un De exlerminatione mali et promolione boni, qu’on trouvera édité parmi les œuvres de Richard de Saint-Victor, P. L., t. exevi, col. 1073-11 16 ; un certain nombre de sermons ; un De origine ac viris illustribus ordinis cislerciensis dans un ms. de Saint-Jacques de Liège (a donné lieu au bruit que l’auteur était entré chez les cisterciens) ; enfin et surtout un énorme Mariale, intitulé encore De laudibus beatse Mariæ virginis libri XII, conservé par un nombre assez important de mss. parmi lesquels il faut signaler le Paris, lat. 3173 qui a appartenu à Hugues de Saint-Cher et lui avait été envoyé « de Picardie » par l’auteur lui-même. Imprimé sans nom d’auteur à Strasbourg, 1493, peu après à Cologne, s. d., puis en 1509 ; à Douai sous le nom de Richard en 1625, cet ouvrage a été inséré par Jaminv, (). P., dans les œuvres d’Albert le Grand, t. xx, 2e part., 1651 : il figure encore aujourd’hui dans l'édition Vives de ce même docteur, t. XXXVI, tout entier. L’auteur s’y réfère à des passages de ses ouvrages antérieurs spécialement au De virttiti bus et au De vitiis, ce qui permet d’assurer son identité. Ce Mariale est une somme intéressante de théologie et surtout de dévotion mariâtes, très propre à éclairer sur l'état des questions relatives à la sainte Vierge en ce milieu du xm° siècle..Après une explication de la salutation angélique (I. I), l’auteur entend montrer ce que Marie est pour nous, quomodo Maria servivit nobis in singulis mrmhris et sensibus suis (1. II). Suit la description des privilèges accordés à Marie (il n’est pas question de la conception imma culée), puis de ses vertus, de sa double beauté, corporelle et spirituelle (1. III-V). Alors commence l’inventaire des appellations qui lui conviennent : mère, sœur, fille, épouse, princesse, reine et servante (1. VI) et des symboles par lesquels on la peut désigner, symboles célestes (1. VII), terrestres (1. VIII), aquatiques (1. IX). Plus curieuse encore que ces dernières énumérations, où la fantaisie se donne déjà fort libre carrière, est la série des symboles représentant Marie qui sont empruntés aux détails de l’habitation humaine : trône, tribunal, chaire, lit, tente, grenier, etc. (1. X). Avec le 1. XI viennent les images prises soit à l’art de la guerre (château, citadelle, tour, place forte), ou à l’art nautique (navire, ancre, port, arche de Noé, etc.). Le 1. XII roule tout entier autour de l’appellation Ilorlus conclusus, qui fournit à l’auteur un certain nombre de gracieuses images. De toute cette symbolique mariale dont la piété ultérieure n’a recueilli qu’une minime partie (se reporter par exemple aux Lilanite Laurelanee), Richard n’est pas l’inventeur ; il doit beaucoup à ses prédécesseurs et en particulier à saint Bernard. Son œuvre n’en reste pas moins le reflet de son époque et à ce titre elle mériterait d'être étudiée.

Les notices littéraires : Oudin, De script, eccles., t. iii, p.l58 ; Fabricius, BiMiofftecam( : diœe(in/(ma>/a ! im(a(is, t.vi, p. 81 ; Quétif-Écliard, Scriplores ord. prædic., t. 1, p. 177, et même de Daunou, dans Hisl. lilt. de la France, t. xix, 1838, ne sont plus au point. Les compléter par les renseignements fournis par P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIII » siècle, n. 118, 1. 1, Paris, 1933, p. 330-331.

É. Amann.
    1. RICHARD DE SAINT-VICTOR##


9. RICHARD DE SAINT-VICTOR. — I. Vie. II. Écrits. III. Doctrine. IV. Appréciation.

I. Vie.

Les maigres renseignements qui nous sont

parvenus sur la vie de Richard de Saint-Victor proviennent exclusivement de la notice intitulée Richardi canonici et prions Sancli Victoris parisiensis vita ex libro V antiquilatum cjusdem Ecclesix, c. lv. Cette notice fut rédigée par Jean de Toulouse, chanoine de Saint-Victor et a été publiée pour la première fois en 1650 en tête de l'édition de Rouen des œuvres de Richard. Voir cette notice, P. L., t. exevi, col. ix-xiv.

Nous y apprenons que Richard était d’origine écossaise ou irlandaise, scoticæ nationis ; qu’il fit profession au couvent des chanoines réguliers de Saint-Victor au temps de l’abbé Gilduin, et qu’il y fut le disciple du célèbre Hugues. En 1159, en qualité de sous-prieur, Richard souscrivit, avec l’abbé Achard et le prieur Nanter, une convention passée entre l’abbaye de SaintVictor et Frédéric, seigneur de Palaiseau. Devenu prieur en 1 162, Richard vit à Saint-Victor, dans le courant de l’année 1164, le pape Alexandre III et, en septembre 1170, il y reçut l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Recket, qui prêcha le jour de l’octave de saint Augustin. La situation du prieur de SaintVictor était alors assez délicate, car l’abbé Ervise, successeur d' Achard, joignait à une mauvaise gestion du temporel de son abbaye une grande négligence pour l’observation de la discipline canoniale. Alexandre III lui avait rappelé ses devoirs lors de la visite qu’il fit à SaintVictor, en 1164, mais ce n’est qu’en 1172 qu’une commission épiscopale, envoyée par le pape, obtint la démission de l’abbé négligent. Nous ignorons quelle fut l’attitude de Richard en cette affaire. On a voulu y voir une allusion dans un passage de son opuscule De gradibus carilalis, où il déplore la décadence de la ferveur religieuse. P. L., t. exevi, col. 1204. Mais la teneur de ce passage est bien trop générale pour qu’on puisse y reconnaître une allusion à des faits précis. Voir Kulesza, La doctrine mystique de Richard de Saint-Victor, Saint -Maximin, s. d. (1925). Richard mourut le in mars 1 173. peu de mois après l’installation de l’abbé Guérin, successeur d' l’avise.