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QUIÉTISME. LE NÉO-PLATONISME


présentent une fâcheuse parenté avec les hypnoses des sorciers. La Vallée-Poussin, lot. cit., p. 257.

Le bouddhisme.

Le bouddhisme est par rapport

au brahmanisme ce qu’une hérésie est par rapport au catholicisme. Il a retenu les principaux dogmes brahmaniques, mais en les modifiant. Il est surtout une ascèse. Ses adhérents sont moines.

Pour les bouddhistes, comme pour les brahmanes, l’existence est un mal et même le seul mal. Une lois débarrassé de l’existence par l’entrée dans le Nirvana

— sorte de néant d’après le bouddhisme - l’homme est sauvé. Il est assuré de n’avoir pas d’autres existences, d’autres renaissances ni d’autres remorls ».

L’exercice de la méditation est ainsi pour le bouddhisme « une sorte d’apprentissage du Nirvana », la « perte de la conscience personnelle ». Il consiste aussi « dans l’ankylosc de la pensée aussi bien que du corps », ce qui ne saurait se produire que dans la vie monastique bouddhiste. « Assis sur ses talons, les mains rapprochées ou jointes, les yeux à demi clos, sans regard, l’ascète [bouddhiste] retire, pour ainsi dire, en lui-même toutes ses facultés. Il suspend, autant que possible, sa respiration et tout à fait sa pensée, chose essentielle entre toutes, car la méditation bouddhique, de même que la méditation brahmanique, d’où elle procède, consiste avant tout à ne penser à rien, mais à s’absorber complètement dans cette pensée négative… Le modèle classique [de cette méditation !, celui que l’on propose comme l’idéal dont il faut se rapprocher le plus possible, c’est Vindlinna. le stambba, c’est-à-dire la bûche, le poteau, la pièce de bois, inerte et morte, qui reste là où on la jette, où on la pose, et qui, si on l’enfonce en terre, ne prend pas racine et ne pousse ni branches, ni feuilles, ni fleurs, ni fruits. » A. Roussel, Le bouddhisme primitif, Paris, 1911, p. 76-77.

Il est difficile de pousser le quiétisme plus loin. On arrivait par cette méditation « au sentiment calme et universel du néant », qui annonçait l’entrée définitive dans le Nirvâ îa. Les longues heures passées dans la méditation ainsi comprise causaient souvent « une surexcitation nerveuse qui mettait l’imagination en l’eu et produisait des effets analogues aux états pathologiques que s’efforce d’expliquer le psychisme actuel. Les bhikshus |moines bouddhistes | arrivaient fréquemment à l’extase par l’autosuggestion, au moyen de trucs spéciaux, minutieusement décrits dans les traités de discipline bouddhiste. Le plus usité consistait à fixer longtemps un objet quelconque, dans une position spéciale, jusqu’à ce que l’on acquît le reflet intérieur. Une fois en possession de ce reflet, le moine en quête d’extase rentrait dans sa cellule et là, les yeux fermés ou grands ouverts, mais immobiles, il contemplait ce que l’on appelait la copie du reflet. Il se sentait dégagé des sens, l’espril élevé au-dessus des sphères de ce monde. C’était le plus haut degré de l’extase, quand ce n’était pas le pur idiotisme. A. Housse !, Dict. apolog., t. n. col. 663.

Il était utile de connaître ce quiétisme de l’Inde. Nous en trouverons des infiltrations eu Orient, au Moyen Age, chez les faux mystiques hésychastes.

Voir Louis de La Vallée-Poussin, Bouddhisme, éludes et matériaux, Londres, 1898 ; le même, Bouddhisme. Opinions sur l’histoire <lr In dogmatique, Paris, 1909 ; le même, Inde ( Religions de l’), Problèmes apologétiques, dans Dict. apolog. t. ii, 1911, col. 676 sci. ; A - Roussel, Inde (Religions <’< V), Exposé historique, Dict. tipol.. t. ii, col. 645 sq.i A. Barth, Les religions de l’Inde, Paris. 1879 (extrait (le V Kncnelopalie

îles sciences religieuses) : Chantepie d<’la Saussaye, Manuel

d’histoire des religion :, , trad. de l’allemand, Paris, 1904 ;

, r.-.. Dubois, iiiniin manners, customi and cérémonies, oxford. 1906 ; Indische Studlen ; II. Oldenberg, LeBoudda, su vie, su doctrine, sa communauté, Paris, 1903, trad. de l’allemand. Pour redresser les théories, parfois si ten dancieuses, des historiens rationalistes voir Pinard de la Boullaye, s. J., L’étude comparée des religions, essai critique, 2 ol., Paris, 1922-1925.

II. L’ancien stoïcisme et le néo-platonisme. — D’après The catholic encgclop’edia de NewYork, t.xii, p. 608-609, il faudrait voir des tendances quiétistes, chez, les grecs dans l’àTrâŒia stoïcienne et dans l’extase néo-platonicienne.

1° L’ancien sionisme fut conduit à l’impassibilité (àTtiŒta) par sa conception matérialiste du monde cpù aboutit au fatalisme. Tout ce qui arrive dans le monde est le résultat de la loi suprême, « de cette Nécessité qui régit le cours des phénomènes et des événements de l’histoire… Suivre la nature ou suivre Dieu, c’est se soumettre à la Nécessité, c’est reconnaître que chaque événement est l’effel d’une loi rigide, c’est accepter un sort cpie nul ne peut plier. » A.-.I. Fcstugière, O.P., L’idéal religieux des Grecs et l’Évangile, Paris, 1932, p. 71. Contre cette nécessité, il faut se raidir, ne rien l’aire, rester impassible : « Quel es t, en ellet, le porl rait du sage dans l’ancien stoïcisme ? Il est au-dessus des maux. L’épicurien se retirait de la vie, où tout le trouble. Le sage du portique la domine… Plus n’est besoin de se cacher, de s’endormir pour éviter les maux. On les attend. On les nie, car ils ne sont plus maux pour le ono^Sodoç, dès là qu’il en triomphe et n’y voit qu’une occasion nouvelle de se démontrera soi-même combien il est vertueux, patient, invincible. » Festugière, op. cit., p. 68.

En fait, ce « sage stoïcien » n’existe pas. Il y a, en ellet, dans l’âme stoïcienne une contradiction entre les principes philosophiques et les aspirations. Au premier abord, il semble y avoir dans la morale stoïcienne une insurmontable difficulté qui la force à aboutir au quiétisme de l’homme partait, qui, bon gré mal gré, assiste, impassible, à tous les événements. Tous les stoïciens sont d’accord pour reconnaître que tout est Indifférent, hors cette disposition intérieure qu’est la sagesse et qu’il n’y a ni bien ni mal pour nous en ce qui nous arrive : c’est dire qu’il n’y a aucune raison de vouloir un contraire plutôt que l’autre, la richesse plutôt que la pauvreté, la maladie plutôt que la santé. » É. Bréhier, Histoire de lu philosophie, t. i, Paris. 1927, p. 327.

Les aspirations foncières de l’âme humaine ramènent les stoïciens à une doctrine moins rigide dans la pratique. L’homme sage, l’homme parfait choisirait la maladie, par exemple, s’il savait qu’elle est voulue par le destin ; mais, toutes choses égales d’ailleurs, il choisira plutôt la santé. D’une manière gêné raie, sans les vouloir du tout comme il veut le bien, il considère comme préférables. TcpovjYjjiÉva, les objets conformes à la nature, sauté, richesses, et comme non préférables, à7to7rpor ; Y ! Ji£va, les choses contraires à la nature. » É. Bréhier. ibid.. p..’528.

L’idéal cependant est V rLniS)zi ?. rigide, l’impassibilité absolue. Celle complète ataraxie exercera une influence, plus tard, sur la secte hérétique et quiéiisle des euchites ou messaliens. Car cette impassibilité semblera se réaliser plus sûrement, aux dires de ccr tains, par la suppression de lout effort et de toute activité.

(, r. Emile Bréhier, Les idées philosophiques et religieuses de Philon d’Alexandrie, Paris, 1908 ; G. Bardy, art. Apatheia, dans Dict. de spiritualité, t. i, col. 727 7 16,

2° Le néo-platonisme île Plotin († 270 apr., 1, -C.) voit dans l’extase le moyen dont dispose l’âme humaine d’atteindre sa destinée, qui est son retour à l’Unité divine et son absorption en elle.

Le plotinisme doit-il quelque chose aux théories religieuses de l’Inde ? Cettequestion île 1’orientalisme « de Plotin est très controversée.