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RICHARD DE CORNOUAILLES — RICHARD DE MEDIAVILLA
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Un autre ms. (n. 375, du même catalogue) également disparu contenait une Compilalio quatuor librorum Sententiarum sccundum magistrum Richardum Ruphi de Anglia, jacla Parisiis ; on a proposé de l’identifier avec le ms. 33 de la bibliothèque communale de Todi. On a donné aussi de sérieux arguments pour l’attribution à notre Richard d’un commentaire sur les trois premiers livres des Sentences, contenu dans le ms. 62 de Balliol Collège à Oxford, et qui contiendrait la substance des leçons professées par Richard, en cette ville, de 1250 à 1253. Le ms. 196 de la même bibliothèque contient un commentaire anonyme des quatre livres des Sentences. A. -G. Little y verrait volontiers le commentaire professé à Paris par notre auteur. Tout ceci aurait encore besoin de précision.

Tout l’essentiel dans A.-G. Little. Franciscan school ut Oxford, dans Arcliivum franciscanum hisloricum, t. xix, 102(5, p. 841-845, qui reprend et complète son livre antérieur : The gret ; friais in Oxford ; pour l’identilication du ms. 62 de Balliol Collège, voir F. Pelster, dans Scholastik, 1. 1, p. 50-58.

É. Amann.
    1. RICHARD DE MAIDSTONE ou MAYDESTONE (xivs##


6. RICHARD DE MAIDSTONE ou MAYDESTONE (xivs.). Originaire du comté de Kent (Angleterre), il entra chez les carmes, sans doute à Aylesford (même comté), et fut envoyé à Oxford pour faire ses études de théologie ; il devint bachelier, (mis docteur ; il a dû rentrer ensuite dans son couvent, où il mourut le 1 er juin 1396. Polémiste ardent, il prit part aux controverses sur la pauvreté, qu’avait ranimées la prédication de Wyclef († 1384) ; Richard s’attaqua surtout à l’un des disciples du novateur, Jean Ashwardby. En dehors d’un poème Super concordia régis Ricardi et civium Londinensium (publié dans Rolls Séries, Polilical songs, t. ii, p. 289-299), toute son œuvre est demeurée manuscrite. Elle comporte, outre quelques commentaires sur des passages ou des livres bibliques (Psaumes de la pénitence, Cantique de Moïse, Cantique des Cantiques) des traités polémiques : Protectorium pauperis (bibl. Bodléienne, ms.e Mus. 86, fol. 160-176) ; Determinacion.es (ibid..e Mus. 94), dont la seconde est dirigée contra M. Johanncm (Ashwardby) vicarium ecclesiæ Sanctse Mariée Oxon. ; Contra lollardos ; Contra wiclefislas. Il reste aussi d’assez nombreux sermons et des ouvrages de théologie : Qusestionum liber unus ; Super Sententias libri IV ; De sacerdotal i functione lib. I : An quilibet constitutus in ordine sacerdotis teneatur ex vi ordinis ad officium prædicandi ? etc.

Tanner, Bibl. tritannico-hibernica, Londres, 1748, qui renverra à Leland et à Baie ; Cosme deYilliers, Bibl.carmelilana, t. ii, p. 682, 683 ; C.-L. KingsTord, art. Maidsteme du Diclionary o/ national biogrt.phy, t. xxx, 1803, p. 330.

É. Amann.
    1. RICHARD DE MEDIAVILLA##


7. RICHARD DE MEDIAVILLA, célèbre professeur franciscain de la fin du xme siècle.

I. Vie.

Malgré les prodiges d’ingéniosité faits depuis quelque vingt ans pour préciser les données relatives à la vie de cet auteur, il semble que l’on reste encore dans l’incertitude sur bien des points. On ne sait même pas encore comment il faut transcrire son nom. Les anciens bibliographes anglais, Leland, Baie, le nommaient, sans hésiter, Richard de Middleton ou de Middletown, mais ne pouvaient dire laquelle des villes anglaises de ce nom devait lui être attribuée comme patrie. Récemment on a signalé deux mss., qui paraissent tous deux anglais d’origine, le ms. 144 d’Assise, et le ms. 139 de Merton Collège à Oxford, qui s’accordent à mettre des quodlibet sous le nom de Richard de Menneville ; et l’identité de ce dernier est assurée, car le scribe qui a écrit ce nom en tête de la série des trois quodlibet, d’ailleurs connus par ailleurs, de notre Richard, n’hésite pas à intituler la première de ces pièces : Primum quodlibet fratris Ricardi de Mediavilla (Merton Collège, ms. 139, fol. 162 r°). Mediavilla

est-il la traduction telle quelle de Menneville ? Ce n’est pas impossible. Menneville est-il un nom de localité, ou un nom de famille ? L’une et l’autre hypothèses ont élé soutenues. Si c’est un nom de localité, faut-il chercher celle-ci en Angleterre ? On n’en a point trouvé ; mais les Menneville ou les Moyenneville ne manquent pas en France. Par contre, si c’est le nom d’une famille noble — naturellement originaire de France — il ne manque pas d’attestations relatives à l’existence aux xme et xive siècles dans le Northumberland de personnes portant le nom de Meyneville ou Menneville. Voir F. Pelster, S. J., Die Herkunft des Richard von Mediavilla, dans Philosophisches Jahrbuch de la Gœrresgesellschaft, t. xxxix, 1926, p. 172-178. Cette argumentation n’a pas convaincu le P. Lampen, O. M., qui est intervenu à plusieurs reprises, non pour démontrer, comme on l’a dit parfois, l’origine française de Richard, mais pour faire remarquer que l’on ne peut donner aucune preuve de son origine anglaise. De fait, ni les mss. contenant ses œuvres ni les plus anciens chroniqueurs de l’ordre quand ils citent Richard de Mediavilla n’en font un Anglais. P. Glorieux n’a pas réussi davantage à démontrer son origine française (Moyenneville près d’Abbeville). Noir France franciscaine, 1936, p. 97 sq. Mais c’est certainement à Paris que Richard a enseigné, et les œuvres considérables qui restent de lui reproduisent ses leçons et ses argumentations parisiennes ; c’est à Paris qu’il a acquis une juste célébrité.

Il y est vers 1280, au dire du Firmamentum Irium ordinum, fol. xlii, c. 2. En 1283, il est bachelier et fait partie comme tel de la commission franciscaine qui doit examiner les écrits de Jean-Pierre Olk’U. Cf. Chronique des XXIV généraux, dans Analecta franciscana, t. iii, p. 374-376. Cette commission, on le sait, fut très sévère à Olieu, voir ici t. xi, col. 983, et Richard passa aux yeux de ce dernier comme un de ses plus décidés adversaires. Quand en 1285 il compose un mémoire pour sa défense, Olieu met en cause avec d’autres « maîtres en théologie » frère Richard de Mediavilla. Texte dans Ehrle, Pelrus Olivi, publié dans Archiv fur Litteratur-und Kirchengeschichte des M. A., t. iii, 1887, p. 418 ; et sous une autre forme dans Duplessis d’Argentré, Collectio judiciorum, t. i, p. 226. Ces deux textes nous permettent de fixer à peu près les dates du professorat de Richard à Paris, en les complétant par les renseignements, assez maigres à la vérité, que l’on peut retrouver dans les œuvres existantes de Richard. C’est en 1284 qu’il devient maître, et il est aclu regens dès septembre de cette année, jusqu’en juin 1287. A partir de ce moment, ses traces se brouillent de nouveau. Par le procès de canonisation de saint Louis, évêque de Toulouse, de l’ordre des frères mineurs, nous apprenons que Richard a été en rapport avec celui-ci : non peut-être à Barcelone lorsque Louis, fils de Charles 1 1 de Sicile, y était retenu comme otage, mais certainement alors que, rentré à Xaples, le jeune prince, retiré au château de l'Œuf, après avoir déjà reçu la prêtrise, s’instruisait dans la théologie. « Après le repas, dit un témoin du procès, il s’appliquait à quelque conférence sur des matières théologiques, philosophiques ou morales, surtout après l’arrivée de Richard île Mediavilla, maître en théologie, qui lui avait été assigné comme maître et socius. » Texte dans Analecta /ranciscana, t. vii, p. 14. Ceci se passait après l’ordination sacerdotale de Louis et donc pas avant 1296. Comme, par ailleurs, Richard n’est pas cité parmi les frères mineurs bénéficiaires du testament que le jeune évêque de Toulouse dicte le 19 août 1297 (jour même de sa mort), on en conclura, selon toute vraisemblance, qu'à ce moment Richard n'était plus dans l’entourage de saint Louis. Sur ces rapports de Richard avec Louis, voir V. Lampen, Vlrum Richardus de M. fuerit S. Ludovici