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REVIVISCENCE — REYNAUD (MARC-ANTOINE)


objections) nie absolument la reviviscence des péchés antérieurement pardonnes. La peine qui leur était due ne revit dans la peine due au nouveau péché commis que dans la mesure où ce péché requiert d'être châtié. Et enfin, l’ingratitude qui est au point de départ de toute rechute n’est pas, sauf exception, un péché spécial distinct du nouveau péché commis : et donc, sa culpabilité se mesure à la culpabilité même de la nouvelle faute.

/II. APRÈS saint tiiomas. — Tous les théologiens sont unanimes à maintenir ces deux points : les péchés une fois pardonnes ne revivent ni quant à la coulpe, ni même quant à la peine. S. Bonaventure, In IV^nSenl., dist. XXII, a. 1, q. i et n ; Albert le Grand, id., a. 1-4 ; Duns Scot, id., q. un. ; Pierre de Tarentaise, id., q. i, a. 1, 2 ; Richard de Médiavilla, id., a. 1, q. i-iv ; Durand de Saint-Pourçain, id., q. i ; Dcnys le Chartreux, id., q. i.

Les dissertations qu’on rencontre chez les théologiens du xvi « ou du xviie siècle sont d’ordre purement spéculatif, ou se développent sur des points tellement subtils qu’il est inutile d’y insister. La controverse la plus importante concerne la possibilité d’une reviviscence des péchés de potentia absoluta Dei. Affirment cette possibilité : Suarez, De pœnilentia, disp. XIII, sect. ii, n. 14 ; Grégoire de Valencia, InIID m purt.Sum. S. Thomæ, t. iv, De peenilenlia, q. v, punct. 1 ; Silvius, In jT// am pari. Sum. S. Thomæ, q. lxxxvhi, a. 1 ; Gonet, De pœnilenlia, disp. V, n. 13-14, etc. Nient cette possibilité : De Lugo, De pœnilenlia, disp. X, sect. n ; Vasquez, In lll am pari. Sum. S. Thomie, q. lxxxviii. C’est à cette dernière opinion que se rallie l’unanimité des théologiens contemporains, du moins parmi ceux qui parlent encore de cette question antiquala de la reviviscence des péchés.

Les théologiens modernes, quelle que soit leur opinion dans la controverse théorique de la reviviscence des péchés de potentia absoluta Dei, se contentent d’exposer la doctrine précisée par saint Thomas et d’expliquer en un sens acceptable les autorités autrefois invoquées en faveur de la reviviscence. C’est le procédé employé par Suarez, de Lugo, Valencia, Vasquez, Gonet, Billuart, etc. On le retrouve, en abrégé, chez les auteurs plus récents, Palmieri, De Augustinis, Chr. Pesch, etc.

Le schéma habituel présente la doctrine certaine de la non reviviscence des péchés pardonnes comme une conséquence de la rémission absolue du péché dans la justification, rémission absolue affirmée par a) l'Écriture ; b) hs Pères ; c) le concile de Trente (sess. v. can. 5 : sess. vi, can. 17, Denz.-Bannw., n. 7112, 827) ; rémission confirmée par la raison théologique. Le meilleur exposé que nous ayons trouvé en ce sens est celui de P. (laitier, De pœnilenlia, n. 553-550. On voudra bien s’y reporter.

La seule question pratique agitée aujourd’hui autour de la reviviscence des péchés est celle de l’obligation de confesser les péchés pardonnes en raison d’un acte de contrition parfaite ou remis par un sacrement des vivants. Si le pécheur justifié néglige volontairement d’accuser ses péchés, pardonnes, au temps prescrit, lesdits péchés ne revivent pas à proprement parler ; mais il reste toujours l’obligation de les accuser et d’accuser la faute grave commise en ne les accusant point. Mais les péchés eux-mêmes, comme tels, ne revivent pas.

1° Il est difficile de fournir une bibliographie sur la ques tion de la reviviscence des péchés chez les théologiens antérieurs à s : iini Thomas. < >n ne peut guère Indiquer que l’article <ie J. de GheBincfc, La reviviscence des péchés pardonnes a l'époque dePierre Lombard et < ! < Gandulphede Bologne, dans la Nouvelle revue Ihéologlque de Louvaln, 1909, p. M)0 408. On trouvera aussi de substantielles notes dans A. -M. Gietl,

Die Scntenzen Rolands, Fribourg-en-B., 1891, p. 249-250. Les théologiens modernes et contemporains qui parlent de cette époque sont ; n général déficients : une exception doit être faite en faveur de P. Galtier, op. cit., n. 533 sq.

2° Sur la théologie moderne, les références peuvent être innombrables. Parmi les grands auteurs, citons : Suarez, De pœnilentia, disp. XIII, sect. i ; De Lugo, De pœnilentia, disp. X, sect. i ; Vasquez, In IH^rn part., q. i.xxxviii ; cf. In I*™- !  ! *, disp. CGVIII : Gonet, De pœnilentia, disp. V, a. un. ; Billuart, De pvnilentia, dist. III, a. 3, etc.

Les manuels passent généralement sous silence cette question ou ne lui accordent qu’un intérêt minime (dix lignes dans Billot). Quelques auteurs ont cependant abordé la question plus abondamment. Voir Chr. Pesch, Prælcctlones ilagmalicæ, t. vii, De pœnitentia, n. 305-315 ; I.épicier, De pivnitentia, p. 198-218 ; Palmieri, De pœnitentia, th. xviii, p. 225-234, avec le préambule xiii, p. 223-225.

A. Michel.

    1. REYN (Louis de)##


REYN (Louis de), frère mineur capucin de l’ancienne province de Lille de la fin du xvir 2 et du début du xviiie siècle. Originaire de Dunkcrque, il s’est illustré dans l’ordre des capucins, surtout par ses prédications et ses ouvrages contre les hérétiques. Ainsi nous avons de lui : Spéculum abominationum sive epilaphia omnium hivresiarcharum a temporibus apostolorurn ad usque modo, prosa præeunle, métro expressa. Enucleatur etiam séries romanorum pontificum nec non conciliorum tam generalium quam parlicularium. Opus non minus utile quam lectu dclectabile per singulas annoTum centurias distributum, in quo hæresiarcharum doctrina, mores et acla ex professa exponuntur, Ypres, 1701, in-8°, xxx-4 14-22 p. ; Antidotum adversus lucresum venena sive praxis peculiaris multiplex convincendi heterodoxos romanæ Ecclesiæ adversarios. Opus bipartitum, in quo enucleantur acla Martini Luther ac Joannis Calvini. Insuper anatome sectarum omnium modernarum ear unique status hodiernus. Exhibetur sijstenta præsens s. catholicæ el apostolicæ Ecclesise romaine per quatuor partes mundi, Saint-Omer, 1716, in-8°, xvi-229-19 p.

Ayant décrit dans le premier volume les différentes sectes hérétiques, qui ont infecté l'Église depuis les apôtres jusqu'à l'époque où il écrivit, le P. Louis, dans le second volume, propose les remèdes à employer soit pour se prémunir contre les hérésies, soit pour les abjurer et se convertir au christianisme. Ces remèdes il les emprunte à la sainte Écriture, à la tradition de l'Église, aux conciles, aux saints Pères, aux meilleurs théologiens et écrivains. Le dernier ouvrage comprend deux parties. Dans la première il y a d’abord deux apparatus, dans lesquels l’auteur examine pourquoi tous n’adhèrent pas à la vérité et enseigne comment il faut instruire un hérétique dans la vraie foi ; suit alors l’exposé de cent quinze remèdes contre les hérésies. Dans la deuxième partie le P. Louis retrace la vie et l’activité de Luther et de Calvin et donne une analyse minutieuse et l'état plus ou moins exact de toutes les sectes hérétiques modernes. L’auteur y procède pal mode de dialogue entre Etymophylus et Veredicus. Tout cela est présenté dans un style simple et familier, de sorte que même les esprits médiocres peuvent comprendre sans difficulté l’exposé et profiter des remèdes qui y sont fournis, soit pour se prémunir contre les hérésies, soit le cas échéant pour les abjurer et retourner à l'Église catholique.

Bernard de Bologne, Bibliotneca scriplorum onl. min. capuccinorum, Venise, 1717. p. 17."> ; IL Ilurter, Nomenclator, :  ! éd., t. iv, col. 717.

A. Teetært.

REYNAUD Marc-Antoine (1717-1796), naquit vers 1717 à Limoux, dans le Languedoc, ou suivant d’autres à Brive-la-Gaillarde ; il se destina de bonne heure à l'état ecclésiastique et il fit ses études à l’abbaye de Saint-Polycarpe, au diocèse de Narbonnc. A la mort de l’abbé La File Maria, le 1 mars 1728,