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REVIVISCENCE DES SACREMENTS


tence a pour partie essentielle ou tout au moins intégrale la contrition qui est une disposition du sujet requise à la production de la grâce : il est donc difficile de concevoir qu’il puisse être administré validement et cependant qu’il demeure informe, c’est-à-dire infructueux.

D’où viendrait l’obstacle qui le rend informe ? A coup sûr, ce n’est pas du côté du ministre ou de l’absolution. Si le ministre a le pouvoir et emploie la forme requise, il rend, autant qu’il est en lui, le sacrement valide et capable de produire son effet. Ce n’est pas non plus en raison d’un manque d’intégrité dans la confession, car si la confession, matériellement incomplète, est cependant intègre formellement, elle ne peut constituer un obstacle à la production de la grâce. Ce n’est pas non plus du côté de la satisfaction, car la satisfaction, comme tille, n’est pas partie essentielle du sacrement de pénitence et son omission ne saurait empêcher le sacrement de produire son fruit essentiel. Reste donc que la fiction qui rend informe le sacrement ne peut provenir que d’une contrition, su/lisante pour assurer la validité, insuffisante pour produire l’effet de lu grdee. Ce cas est-il possible ?

2. Les réponses des théologiens.

Les auteurs sont très partagés sur ce point. On peut ramener leurs réponses à quatre solutions.

Première solution : là où la contrition est insuffisante pour produire l’effet de la grâce, le sacrement est non seulement informe, mais encore invalide. — La raison invoquée est qu’il manque ici une matière absolument rjquise pour l’existence même du sacrement. Cet le matière, c’est la détestation réelle et efficace du péché commis accompagnée du ferme propos de ne plus pécher, propos absolu et universel, qui doit se rencontrer explicitement ou tout au moins implicit ement dans la disposition du pénitent. Beaucoup d’auteurs invoquent cet argument contre l’opinion que nous proposerons en quatrième lieu ; mais tous n’en tirent pas une conclusion contre la possibilité, au moins spéculative, d’un sacrement de pénitenceà la fois valide et informe.

Parmi ceux qui poussent leurs conclusions jusqu'à 1 i négation de cette possibilité, citons les théologiens de Wiirtzbourg, De pœnilentia, n. 177-179 ; Chr. Pesch, Traclalus dogmalici, t. vii, n. 172 ; d’Annibale, Theol. mcralis, t. iii, n. 240, note 18 ; Génicot-Salsmans, Theol. moralis, t. ii, n. 272 ; Prùmmer, Manuede theol. moralis, t. iii, n. 42 ; Hugon, Traclatus dogmalici, Paris, 1031, p. 525. Cappcllo, Traclatus canonico-moralis de. sacramentis, t. ii, Turin, 1926, n. 153, après (laitier, De pœnilentia, Paris, 1923, n. 407, déclare que cette solution est « théoriquement plus probable », en raison des déclarations des conciles de Florence, Denz.-Banrrw., n. 699, et de Trente, id., n. 896, 914, voir ici t.xii, col. 1046, 1090, 1105. Ces conciles, en effet, ne distinguent pas entre ce qui est nécessaire à la validité du sacrement et ce qui est nécessaire à la production de la grâce ; par contrition, partie du sacrement de pénitence, ils entendent cette contrition qui exclut toute affection aux péchés passés et futurs et qui, par conséquent, supprime tout obstacle à l’infusion de la grâce.

Deuxième solution : là où la contrition est suffisante pour assurer la validité du sacrement, elle est également suffisante pour assurer la production de la grâce. — La contrition n’est suffisante pour la validité du sacrement qu'à la condition de renfermer, d’une part, le ferme propos de ne plus pécher, d’autre part, la volonté sincère de se réconcilier avec Dieu. Or, cette volonté sincère de réconciliation ne peut se concevoir sans une vraie et efficace rétractation de tout péché mortel et une volonté universelle de ne plus offenser Dieu. Telle est la position adoptée par Vasquez, De pœnilentia, q. xcii, a. 2 ; Palmieri, De pœnilentia, th. xxxii, n. 6 ; Ballerini-Palmieri, Opus morale, t. v, n. 51 sq. (quoi que cependant, en raison de ce que Ballerini enseigne de l’attrition existimala, n. 41, 42, 45, on pourrait, à la rigueur, le placer parmi les tenants de la quatrième opinion).

Troisième solution : un seul cas, plus théorique que pratique, peut se présenter, qui rendrait le sacrement valide et informe ; c’est le défaut inconscient d’universalité dans la contrition. — Un pénitent, coupable de plusieurs péchés mortels, les déteste pour des motifs particuliers. Il se trouve que l’un de ses péchés n’est pas atteint par les motifs particuliers de contrition auxquels il s’arrête. En réalité donc, quelque illusion qu’il se fasse à ce sujet, le pénitent n’a pas la contrition de ce péché qu’il n’a pu envisager dans ses motifs de regret et de détestation. Cette thèse est défendue par les auteurs qui, attaquant la solution que nous exposons en quatrième lieu, entendent la ramener à ses justes proportions. Ainsi l’ont pensé Suarez, De pœnitentia, disp. XX, sect. iv, n. 22, 24-25 ; sect. v, n. 7 sq. ; Gonet, Clypeustheologiæ, De psenitentia, disp. X, a. 1, n. 11-14 : De Lugo, De pœnitentia, disp. XIV, sect. vi, n. 74 sq. : S. Alphonse, Depœnitentia, n. 144 : Lehmkuhl, Theol. moralis, t. II, n. 402. Cette opinion est également rapportée avec quelque faveur par Chr. Pesch, op. cit., n. 173 ; Génicot-Salsmans, op. cit., n. 275 ; N’oldinSchmitt, De sacramentis, n. 259. « Vraiment probable, mais presque fictive » telle est l’appréciation de 1'. Galtier, op. cit., n. 405 bis, sur cette solution. La raison pour laquelle il est difficile de rencontrer ce cas exceptionnel, c’est que les pécheurs n’ont pas l’habitude de s’exciter à la contrition pour des motifs particuliers ; c’est toujours un mol if général, s'étendant à tous les péchés, qui excite leur cœur au repentir, motif presque toujours pris dans la crainte du châtiment divin. Galtier, lue. cit. ; Cappcllo, op. cit., n. 152. Génicot-Salsmans donne cependant un exemple oii le cas pourrai ! facilement se vérifier, c’est le cas d’un pécheur, coupable de deux péchés mortels d’espèce très différente, vol et luxure, qui ressent une attrition très sincère de son péché de luxure en raison de la honte spéciale qui s’y attache : il oublie d’accuser le péché de vol, ou il l’accuse n’ayant de ce péché aucune contrition et cela, en raison de la honte violente qu’il a conçue de l’autre péché, avec la plus entière bonne lui. hoc. cil. Thèse reprise, en des termes presque identiques par A. I Iayual. (). P.. dans V Angelicum, 1927, p. 31 sq., et par J. (Jmberg, s., 1.. Periodica de re morali, canonica

liturgiea, 1928, p. 17 sq.

Quatrième solution : Toute attrition estimée par le pénitent de bonne foi suffisante et quant à son universalité et quant à sa souveraineté. ENCORE QU’EN RÉALITÉ ELLE NE LE SOIT POINT, rend le sacrement valide tout cil le laissant informe. — Si l’on admet la possibilité d’un sacrement de pénitence valide et informe pour le cas accepté dans la troisième solution, pourquoi ne pas l’admettre d’une manière générale pour tous les cas ou la contrition serait estimée suffisante par le pénitent fie bonne foi"? Sous cette forme, la solution devient vraiment pratique et opérante. Il ne s’agit plus seulement du cas. neuf fois sur dix chimérique, d’une contrition, issue d’un motif particulier, qui se croit universelle et ne l’est pas : il s’agit de toute espèce de cas où le pénitent, ayant loyalement confessé ses pêches el n’en ayant cependant conçu, d’ailleurs de bonne foi, qu’un repentir insuffisant (quelle que soit la raison de cette insuffisance), pose en réalité et sans le savoir un obstacle à la grâce, tout en présentant a l’absolution du prêtre une matière suffisante. D’où sacrement valide et cependant informe. Au premier acte de repentir suffisant, l’obstacle à la grâce disparaît, et la grâce du sacrement est conférée. Le sacrement « revit ».

Cette solution, déclarent ses défenseurs, est admissible. Car il faut distinguer, dans le pénitent, la réalité