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RÉVÉLATION. LE MAGISTERE VIVANT

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versa. J.-Y. Bainvel, De magisterio vivo et tiaditione, p. 11.

La tradition passive se manifeste dans les monuments. Parla on entend les œuvres qui nous restent des siècles passés et qui tirent leur origine de la foi de l’Église antique et nous manifestent ses croyances. Ce sont les écrits, les choses, les mœurs, les institutions, les symboles ou professions de foi, les actes des conciles et des souverains pontifes, les livres liturgiques et pénitentiels, les actes des martyrs, les écrits des Pères, des auteurs catholiques et même, en un certain sens, des hérétiques ou des païens, les histoires ecclésiastiques, les monuments figures, etc.

Ces divers monuments, écrits ou figurés, n’ont pas Dieu pour auteur principal, et n’ont pas été ordonnés immédiatement par lui. Ils représentent le travail de l’homme et sont la conséquence naturelle de l’existence de la société visible qu’est l’Église, étant l’expression de sa doctrine et de sa morale, à des moments déterminés. Considérée comme superflue par Wiclef, cette source de la tradition a été rejetée par les protestants dans leurs différentes professions de foi. A rencontre, les conciles de Trente et du Vatican, reprenant à leur compte les anathèmes lancés par le IIe concile de Nicée contre les iconoclastes, qui se refusaient à admettre le culte des images, inconnu dans la sainte Écriture, et rejetaient ainsi la tradition, affirment que le dépôt révélé est contenu dans les livres écrits et dans les traditions non écrites conservées par l’Eglise et que ces deux sources ont droit à notre pieuse affection et sont dignes d’un égal respect. Comme la Bible, les documents de la tradition passive demeurent toujours soumis au jugement du magistère, ou de la tradition active. Sur tout ceci voir l’art. Tradition.

III. LE MAGISTÈRE EST CAPABLE DE TRANSMETTRE LE DÉPÔTS RÉVÉLÉ

Considérée, en effet, dans les vestiges de l’antiquité et des autres périodes de l’Église, la tradition passive est une chose morte ; elle exige un interprète pour expliquer les obscurités et porter un jugement sur les controverses qui s’élèvent bien souvent à leur occasion. Par ailleurs, contrairement à ce qui se passe pour les saintes Écritures, il peut se faire que les monuments du passé soient parfois entachés d’erreur, soit qu’ils proviennent de source hérétique, soit que les auteurs catholiques, malgré l’éminence de leur savoir et de leurs vertus, aient mêlé à la tradition sacrée des opinions purement humaines, fausses.

Pour discerner avec certitude le vrai du faux, et le divin de l’humain, la recherche scientifique, d’ailleurs très utile, voire nécessaire, pour décrire le progrès des dogmes et préparer les définitions solennelles de l’Église, est insuffisante, étant faillible comme tout jugement humain. Il faut un tribunal assisté de l’Esprit-Saint, qui puisse se prononcer définitivement. Ainsi donc, la tradition comme la sainte Écriture ne supprime pas, mais postule l’existence d’un magistère vivant et d’origine divine.

Le magistère ecclésiastique, chargé de conserver et de propager la révélation contenue dans la parole de Dieu écrite et dans la tradition, a été établi par le Christ. Il est hiérarchique, car il a été confié non à tous les fidèles, mais aux membres du collège apostolique et à leurs successeurs, le corps épiscopal. Il est monarchique, parce que les apôtres n’ont pas tous reçu les mômes droits et que saint Pierre a exercé sur eux, de par la volonté du Maître, un pouvoir prééminent, qui passe à ses successeurs, les papes.

Enfin, puisqu’il doit durer jusqu’à la fin des temps, le magistère hiérarchique et monarchique a la garantie de l’infaillibilité dans l’exercice ordinaire et extraordinaire de sa mission. Grâce à ce privilège, il est dans L’impossibilité de se tromper en ce qui concerne la foi et les mœurs, et se trouve ainsi capable non seulement de conserver mais de transmettre intégralement le dépôt de la révélation. Celui-ci à travers les âges, bien qu’il progresse, demeure cependant substantiellement le même. Sur le magistère de l’Église, voir l’art. Église, spécialement t. iv, col. 2175-2200.

IV. DÉVELOPPEMENT DU DÉPÔT RÉVÉLÉ. —

Ici ne sera donné qu’un rappel très sommaire des lignes fondamentales. Pour de plus amples détails, voir art. Dogme :, V, VI et VII en particulier, t. iv, col. 1574-1650.

Immutabilité du dépôt révélé.

La révélation publique se termine avec les apôtres. Depuis lors elle est demeurée substantiellement la même et ne s’est pas transformée, car elle n’est pas passée d’un sens à un autre différent au gré des conceptions philosophiques. De même, il n’y a pas eu addition de croyances nouvelles, et il n’y en aura jamais. Toutes les vérités professées actuellement ont été crues au moins implicitement aux premiers âges de l’Église. Enfin aucune de celles qui ont fait partie de la croyance catholique ne s’est obscurcie, n’a disparu. Le dépôt révélé n’a donc pas diminué. Malgré son immutabilité, il progresse cependant.

Progrès du dépôt révélé. —

Il est extrinsèque ou intrinsèque. Le premier se fait par le travail des savants qui, en défendant les principes de la foi, en comparant et en établissant les connexions entre les différents mystères, parviennent à formuler des conclusions théologiques. Du fait qu’il se présente comme l’élaboration d’une science qui s’appuie sur des données révélées, le progrès exclusivement théologique est d’une certaine manière extrinsèque au dogme ; mais il est en relation très étroite avec celui d’ordre proprement dogmatique. L’un ne semble même pas pouvoir aller sans l’autre.

L’Église, qui rejette le transformisme aussi bien que le fixisme doctrinal, admet qu’il y a un développement du dépôt révélé. C’est une notion traditionnelle, reconnue par les Pères aussi bien que par les scolastiques. Le progrès dogmatique est substantiellement homogène et consiste dans l’explication de ce qui n’était jusqu’alors connu que d’une manière implicite ou moins explicite. Ceci a lieu quand un point de doctrine est défini en des formules plus adaptées, quand ce qui était formellement révélé et cru, mais d’une façon confuse, est cru dorénavant d’une manière distincte, quand une vérité révélée virtuellement est crue formellement et enfin quand ce qui n’a été dit que d’une manière indéterminée est précisé.

La définition du magistère ecclésiastique, solennelle ou au moins ordinaire, est une condition, qui n’est pas absolument mais moralement requise, pour qu’une vérité implicitement révélée puisse être explicitement crue de foi divine. Une telle définition est essentiellement exigée pour que cette même vérité soit crue de foi catholique et se présente comme un dogme proprement dit.

On trouvera ici une énumération alphabétique des principaux auteurs qui traitent de la révélation, l.a liste n’a aucune prétention à être exhaustive ; elle signale surtout les ouvrages cités au cours de l’article.

J.-V. Bainvel, De vera religione et apologetica, Paris, 1014 ; li. Hartmann, Lehrbuch der Dogmatik, Fribourg, 102 : S ; Jos. Haut/, Grundzùge der christlichen Apologetik, Mayence, 1863 ; Ant. Berlage, Apologetik der Kirche, oder B grûndung der Wcdvheii urul Gôltlichkeil des Christentums, .Munster, 1834 ; J.-B. Boone, Manuel de l’apologiste, Bruxelles, 18501851, 2 vol. ; Fr. Brenner, Sgslem der katholischen specula-Ui’. n Théologie, t. i, Fundamentierung der katholischen spéculation Théologie, Ratisbonne, 1837 ; E. de Broglic, Les fondements intellectuel* de lu fui chrétienne, Paris, 1905 ; !.. Brugére, De vera religione, Paris, 1878 ;.1. Brunsmann, Lehrbuch der Apologetik, 1. 1, licligion undOfl bar un g, Saint Gabriel-Vienne, 1024 ; de Bulsano, Insiitutiones Iheologim dogmaticee. Pars I a : Insiitutiones théologies dogmaticæ generalis seu fundamenlalis, Inspruck, 1852, Turin, 1802 et