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    1. INSURRECTION##


INSURRECTION. SPECULATIONS THEOLOGIQUES

oo.

est à la matière. D’où il suit que l’action appartient… aux deux parties de l’homme et non pas seulement à son âme ; et, comme la récompense de l’action est due à l’agent, il s’ensuit que c’est l’homme tout entier, composé d’un corps et d’une âme, qui doit recevoir la récompense de ses actions. » Id., ad 3um.

3. Aspect surnaturel.

C’est l’aspect développé par saint Paul montrant que la victoire du Christ sur la mort ne saurait être complète si la mort n’est pas vaincue, chez les hommes rachetés, par leur résurrection glorieuse. « La mort corporelle, dit saint Thomas, a été introduite dans le monde par le premier péché ; mais elle n’existe pas éternellement, parce que la mort du Christ a détruit le péché dont elle est la peine. Id., ad 5 ura. Pour les diverses formes que prend cet argument dans la tradition catholique, voir E. Mersch, S. J., Le corps mystique du Christ, 2e éd., Paris, 1936, Table alphabétique des matières, au mot Résurrection et C. M., t. ii, p. 482. L’eucharistie, gage de la résurrection future, n’est qu’une forme particulière de cet argument. Voir Hurter, op. cit., t. iii, n. 355, 7.

Un certain nombre d’auteurs modernes et contemporains préfèrent énumérer les convenances de la résurrection : ex parte Dei (sa justice, sa sagesse, sa puissance), ex parle Christi (corps mystique, rédemption parfaite, victoire totale sur la mort), ex parte naturæ humanæ (nature composée d'âme et de corps, dignité de cette nature en raison de l’incarnation, effets des sacrements et notamment de l’eucharistie). Cf. Hurter, op. cit., n. 705 ; Tanquerey, Synopsis theol. dogm., t. iii, n. 1174(b). Hervé, Manuale, t. iv, n. 631, suit davantage saint Thomas.

Remarque. — Il faut se garder de donner à cet argument de convenance plus de force qu’il n’en a réellement. Quand les théologiens parlent parfois (l’expression se trouve chez saint Thomas) de la « nécessité » de la résurrection, il ne peut être question que d’une nécessité au sens très large du mot : « les choses naturelles ne font pas connaître les choses surnaturelles par des raisons démonstratives, mais par des raisons simplement persuasives. » Suppl., q. lxxv, a. 3. Pareillement, en marquant ce que la résurrection a de conforme aux aspirations de la nature humaine, les théologiens n’entendent pas affirmer qu’elle est purement et simplement naturelle. La résurrection, en effet, n’a pas son principe dans la nature ; donc, absolument parlant, elle est un fait miraculeux ; toutefois, parce que, dans son terme, elle reconstitue la nature, on peut la dire relativement naturelle, naturelle secundum quid. Id., a. 3, corp.

II. LES SPÉCULATIONS THEOLOGIQUES.

1° Le

cadre tracé par le Maître des Sentences. — Pierre Lombard est ici très peu personnel. S’inspirant de saint Grégoire et de saint Augustin, il est un témoin sûr de la tradition, n’affirmant que ce que les Pères affirment et dans la mesure même où ils l’affirment ; hésitant sur toutes les questions que n’a pas tranchées saint Augustin, dont il reproduit les opinions exprimées dans YEnchiridion, c. lxxxviii et lxxxix. C’est au IVe livre des Sentences que Pierre Lombard expose la doctrine de la résurrection ; son exposé deviendra le canevas obligé des théologies postérieures.

1. Distinction XLIII.

Sept paragraphes, dont le premier est précédé de quelques mots significatifs : omnibus quæslionibus quæ de hac rc moveri soient salisfacere non vales. — a) Il est de foi néanmoins (nullatenus ambigere débet christianus) que tous ceux qui sont nés et naîtront dans cette chair, qui sont morts et mourront, ressusciteront à la fin des temps. Cette croyance s’appuie sur Is.. XXVI, lit et I Thess., iv, 2. — b) La cause immédiate de la résurrection sera la voix de la trompe t le, Joa., v, 28. La trompette est prisa ici au sens figure pour montrer que la voix de l’archange

ou du Christ lui-même sera entendue de tous. — c) Le juge doit venir au milieu de la nuit. Matth., xxv, 6. Il s’agit, ici encore, d’un symbole, pour marquer que le juge viendra au moment où on ne l’attendra point. A sa venue, non seulement les ténèbres de l’air seront illuminées, mais les consciences seront éclairées ; élus et damnés se connaîtront d’eux-mêmes. — d) A ce jugement, il est plus probable que les élus auront connaissance et souvenir des péchés passés, mais ce sera, comme dit saint Grégoire, pour chanter éternellement les miséricordes divines. Cf. Moralium, t. IV, c. xxxvi, n. 72, P. L., t. lxxv, col. 678. — e) Quel sera le sort de ceux qui pour lors seront encore en vie ? Le Maître estime qu’ils mourront et, aussitôt après, ressusciteront ; il s’appuie sur I Cor., xv, 22, 36. — f) Le Christ viendra juger les vivants et les morts, c’est-à-dire ceux que le dernier jour trouvera encore en vie et ceux qui seront décédés auparavant ou bien, d’une manière symbolique, les justes et les pécheurs. — h) Enfin tous ressusciteront incorruptibles, quoique non impassibles en ce qui concerne les damnés, et avec l’intégrité de leurs membres.

On le voit, seules la première et la dernière assertion se rapportent à la résurrection et la première s’en tient au dogme lui-même.

2. Distinction XLIV.

C’est surtout dans la distinction XLIV que se fixe le cadre des spéculations théologiques. Ici, huit paragraphes : a) De l'âge et de la stature des corps ressuscites. — b) Tout ce qui fait partie de la substance et de la nature du corps vivant ressuscitera et dans la même partie du corps. — c) Les saints ressusciteront sans la moindre déformité. — d) Les impies garderont-ils les déformités qu’ils avaient ici-bas ? — e) Les corps des damnés ne sont pas détruits (consumés) en brûlant en enfer. — f) Les démons sont-ils brûlés par le feu corporel ? — g) Les âmes séparées souffrent-elles du feu corporel ? — h) En quel état ressusciteront les fœtus abortifs et les monstres ? — Sur la plupart des points les solutions sont empruntées à saint Augustin. Voir ci-dessus, col. 2542 sq.

Ce plan du Maître des Sentences est fidèlement suivi par la plupart des commentateurs. Le dogme fondamental de la résurrection future et de la résurrection de tous les hommes est ordinairement exposé en deux articles, la question de la résurrection de tous les hommes étant posée principalement en raison des impies auxquels le psalmiste semble refuser la résurrection. Ps. i, 6. Saint Thomas, que tous suivent ici, déclare que la justice exige la résurrection de tous, annoncée d’ailleurs par Joa., viii, 24 et I Cor., xv, 51. Sur le sens exact de ce dernier texte, voir col. 25 17. Mise à part la question de l’action du feu infernal sur le corps des damnés, sur les âmes séparées et sur les démons, voir Feu de l’enfer, t. v, col. 2226 sq., les autres questions de la dist. XLIV jointes à la dernière de la dist. XLIII constituent le champ propre où s’est exercée la spéculation théologique.

Afin de ne pas disperser les données de cette spéculation, nous les ramènerons à quatre chefs principaux : les causes de la résurrection ; l’identité numérique des corps ressuscites ; les propriétés des corps ressuscites ; les circonstances de la résurrection.

Causes de la résurrection.

L’enseignement de

saint Paul, voir col. 2514 sq., est à la base des spéculations théologiques ; les auteurs s’efforcent de développer cet enseignement en fonction de leur philosophie du composé humain.

1. Tout d’abord la résurrection est-elle naturelle ? — L’union de l'âme et du corps étant conforme aux exigences de la nature, il semble que la réunion de l'âme au corps, pour assurer à celui-ci une vie perpétuelle, soit nécessaire.