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    1. RÉSURRECTION##


RÉSURRECTION. LA LITURGIE

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sière. Mais c’est un symbolisme admirable que représente la cérémonie de l’inhumation, entourée de toutes les prières de l’Église, relativement à nos espérances futures et à la résurrection : « La mort, dans la doctrine chrétienne, est un châtiment où sombre toute vanité terrestre et où la chair, souillée par le péché, revient à la poussière d’où elle a été tirée. Cependant, elle n’est pas une destruction absolue et définitive : l’âme immortelle est inaccessible aux atteintes du trépas et le cadavre lui-même est réservé à la résurrection future… Quelle signification mystérieuse de nos espérances que ce dortoir, selon l’expression si douce cçéée par le christianisme, où le fidèle sommeille, se reposant de sa journée, dans l’attente du réveil, eos qui dormicrunt ; requiescanl a laboribus, IThess., iv, 11 ; Apoc, xiv, 13 ; ce champ bénit auquel l’Église a confié une semence mortelle qui doit germer à l’immortalité, seminatur in corruplione, surget in incorruptione. I Cor., xv, 42. » J. Besson, art. Incinération, dans le Dict. apol. de la foi cath., t. ii, col. 633-634.

L’espérance de la résurrection est elle-même parfois gravée dans l’inscription funéraire. Le mot, y.oirrrrptov, déjà par lui-même si expressif, se double parfois de l’apposition, ëwç àvaoTâaewç, la tombe est un dortoir jusqu’au jour de la résurrection, Épilaphe de Thessalonique, voir art. Achaïe, dans le Dict. d’archéologie chrél., t. i, col. 1340. Voir ici même d’autres exemples, art. Épigraphie chrétienne, t. v, col. 341-342.

Le symbolisme de la résurrection future est une des raisons qui motivent, dans la discipline de l’Église, l’interdiction de la pratique de la crémation des corps. Voir ce mot, t. iii, col. 2310 sq.

Le culte des reliques.


Le culte des reliques est aussi une institution qui plaide en faveur du dogme de la résurrection. Voici la formule précise et achevée qu’en donne saint Thomas d’Aquin : « Il est manifeste que nous devons avoir de la vénération pour les saints de Dieu, qui sont les membres du Christ, les fils et les amis de Dieu, et nos intercesseurs auprès de lui. Nous devons donc, en souvenir d’eux, vénérer dignement tout ce qu’ils nous ont laissé, et principalement leurs corps qui furent les temples et les organes du Saint-Esprit habitant et agissant en eux et qui doivent être configurés au corps du Christ par la gloire de la résurrection. C’est pourquoi Dieu lui-même glorifie comme il convient leurs reliques, en opérant des miracles en leur présence. » Sum. theol., III 11, q. xxv, a. 6.

Le concile de Trente a canonisé cette doctrine dans son décret de la xxv* session sur l’invocation, la vénération et les reliques des saints et sur les images sacrées. Si « les corps des martyrs et des autres saints qui vivent avec le Christ doivent être vénérés par les fidèles », c’est qu’ « ils furent les membres vivants du Christ et le temple du Saint-Esprit (cf. I Cor., iii, 16 ; vi, 19 ; II Cor., vi, 16), qui doivent par lui être ressuscites à la vie éternelle et glorifiés ». Denz.-Bannw., n. 985 ; Cavallera, Thésaurus, n. 820.

La liturgie.


1. Quelques textes de liturgies anciennes. —

Le P. Segarra, op. cit., p. 101 sq., rapporte, d’après le Liber ordinum, publié par dom Férotin, dans Monum. Ecclesix liturg., t. v, 1904, plusieurs textes de la liturgie mozarabe. Voici le début d’un office pour un défunt, n. 43, col. 148-149 : Requiem eternam det tibi Dominus : lux perpétua luceal tibi, elrepleal splendoribus animam tuam, et ossa tua revirescanl de loco suo. Et voici les prières qui suivent immédiatement : Christe Rex, Unigenite Patris altissimi, qui es angelorum et requics omnium in te credentium animarum, lacrimabililer quesumus, ut noslras nunc pius oraliones exaudias… Sicque animam ejus nunc splendoribus reple in regione vivenlium ut lempore judicii, sumto corpore quod hoc delinetur in tumulo, a te se graluletur suscipi celesli in regno. Ossa quoque ejus, que modo casu corruplibililalis

hoc in sepulcro jacent recondita, supremo examinis die revirescentia resurganl in gloria immorlalitalis induta ; atque ab exitio morlis secunde ereptus, gaudium vite perpétue potiatur securus, ut eleclorum numéro insertus, ani/elorum catervis unitus rura paradisi vernanlia mereatur ingredi lelus…

Autre texte, tiré de la Missa generalis defunclorum, col. 421-422 : Vere sanctus, vere benedictus es, Domine Deus noster, auctor vite et conditor… ; qui necessitalem animarum recedenlium a corporibus non interilum voluisli esse, sed somnium, ut dissolulio dormiendi roboraret fiduciam resurgendi : dum in te credentium vivendi usus non amitlitur, sed transfertur, et fidelium tuorum mutatur vita, non tollitur. Cujus institutionem nulla diversilas morlis, nullum indicium indicte mortalilatis inludit, et ila opéra tuorum digitorum perire non paleris : ut quicquid hominum per morlis varielatem lempus labefeccrit, aura discerpserit, terra obsorbuerit, pulvis involverit, gurgis inmerscril, piscis exesseril, vel quicquid in vetustissimum mare fuerit redaclum, le jubenle, terra redivivum restituât, induatque incorruptionem, deposita corruplione… Ces textes sont du vie siècle environ.

Mais voici quelques autres témoignages. Dans la description de la messe gallicane, les lettres dites de saint Germain de Paris s’expriment ainsi à propos de la lecture des diptyques : Nomina defunctorum ideo hora illa recitantur (avant le baiser de paix et la préface, après l’oblation) qua pallium tollitur, quia lune eril rcsurreclio mortuorum quando advenienle Christo cœlum sicut liber plicabitur, P. L., t. lxxii, col. 93. Cf. Duchesne, Origines du culte, p. 211-213. — Dans une collecte, post nomina recitala, extraite du recueil de Mone, Laleinische und griechische Messen, Francfort-sur-le-Mein, 1850, p. 17, nous lisons : Recitala nomina Dominus benedicat et accepta sil Domino ut hujus oblatio, nostrisque prœcebus inlercessio sufjragetur, spirilibus quoque karorum nostrorum lœtis sedibus conquiescant, et primi resurrectionis gaudia consequantur. Per D. N. etc.

Dans la messe celtique, le texte de la préface, tel du moins que le donne le Missel de Sloive, est une confession de la Trinité : le prêtre invoque Dieu… per quem salus mundi, per quem vita hominum, per quem resurrectio mortuorum, per quem majestatem tuam laudanl angsli, etc. Voir ici, t. x, col. 1382.

Dans les messes orientales, l’épiclèse se termine ordinairement par une allusion au jugement dernier, le pain et le vin eucharisties devant nous obtenir à ce moment « la sanctification des âmes et des corps ». Voir ici Épiclèse eucharistique, t. v, col. 195, 196, 205, 206. Mais le rite persan, à la fin de la lecture des diptyques, comporte ce vœu : Veniat, Domine, Spiritus tuus sanctus et requiescat super oblalionem hanc seroorum tuorum, eamque benedicat et sanctificet, ut sil nobis Domine, ad propitialionem deliclorum et remissionem peccalorum, spemque magnam resurrectionis a morluis et ad vilam novam in regno cœlorum… (trad. Renaudot). Voir ici, Orientale (Messe), t. xi, col. 1458.

2. La liturgie romaine actuelle. —

C’est principalement dans l’office des défunts que la liturgie romaine fait allusion aux espérances chrétiennes de la résurrection future. Dans les différentes messes pro defunclis, elle a rassemblé les textes scripturaires les plus consolants à cet égard. L’épître de la messe pour la commémoraison de tous les défunts est empruntée à I Cor., xv ; l’évangile est tiré de Joa., v. La messe d’enterrement a pour épître I Thess., iv, 13 sq., et l’évangile retrace la scène touchante entre Jésus et Marthe, avant la résurrection de Lazare, Joa., xi, 21-27. La messe d’anniversaire relate l’histoire des Machabées, nisi enim eos, qui cecideranl, resurrecturos speraret, II Mac, xii, 42-46, et, à l’évangile, rappelle la promesse du Christ : hxc est voluntas Palris ut omnis qui videt Filium et crédit in eum, habeat vilam œlernam, et ego resusci-