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    1. RÉSURRECTION##


RÉSURRECTION. LES INSTITUTIONS

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dessus, col. 2541, en déduisait que les petits enfants ressusciteraient avec des corps doués du développement physique auquel la nature les destinait, mais dont les avait privés une mort prématurée. Augustin penche vers le même sentiment, sans oser cependant se prononcer. Serm., ccxlii, n. 3, 4, 5, t. xxxviii, col. 1140 : De civ. Dei, t. XXII, c. xiv, t. xli, col. 776-777 ; cf. xx, n. 1, col. 782. Le cas des fœtus et des monstres est examiné, en même sens, dans YEnchiridion, c. lxxxv, i.xxxvi, lxxxvii, t. xl, col. 272.

e) Les corps des élus seront transformés et deviendront, selon la parole de l’Apôtre, en quelque sorte spirituels. On retrouve ici une pensée chère à Origène, dont Augustin, semble-t-il, développe le thème en s’efforçant peut-être d’en corriger quelques expressions exagérées : « De même que l’esprit, quand il est tombé sous l’esclavage de la chair, mérite d’être appelé charnel, de même le corps mérite à bon droit d’être nommé spirituel, lorsqu’il obéit parfaitement à l’esprit. Ce n’est pas certes qu’il soit changé en une substance spilituelle, comme quelques-uns l’ont prétendu sur cette parole de l’Apôtre : « c’est un corps spirituel qui se lèvera » ; c’est qu’il obéira avec une promptitude et une facilité merveilleuse à la volonté de l’esprit jusqu’à lui être complètement uni par les indissolubles liens de l’immortalité bienheureuse. Il n’éprouvera plus lien alors de ses souffrances, de ses infirmités, de ses lenteurs actuelles. Il sera incomparablement supérieur, non seulement à ce que nous le voyons dans la santé la plus florissante, mais encore à ce qu’il était dansl’oririgne, avant qu’il eût été flétri par le péché. » De civ. Dei, t. XIII, c. xx, t. xli, col. 303.

() Enfin saint Augustin s’efforce de venger le dogme de la résurrection des attaques dont il est l’objet de la part de l’incrédulité. Il s’appuie sur le fait de la résurrection de Jésus-Christ, modèle et gage de la nôtre, et sur le miracle que la foi en cette résurrection établit dans le monde, De civ. Dei, t. XXII, c. v, col. 756 ; sur la création et aussi sur les merveilles de la nature, non moins mystérieuse que la résurrection. Episl., cii, q. i, n. 5, t. xxxiii, col. 372. Sur ce sujet, il n’apporte donc aucune donnée bien neuve.

3. Après saint Augustin. —

La tradition latine, après saint Augustin, piétine et se répète constamment. Nous n’indiquerons la plupart du temps que les textes auxquels on pourra se référer.

Saint Prosper d’Aquitaine, Sentent., t. I, ccxvi, P. L., t. li, col. 457 ; cf. S. Augustin, In Ps. lxii, n. 6, P. L., t. xxxvi, col. 751 ; Gennade, Liber eccl. dogm., P. L., t. LVin, col. 982 ; S. Léon le Grand, dont les paroles relatives à la résurrection du Christ peuvent, quant à l’identité des corps et à la transformation de la chair, s’appliquer à notre résurrection, Serm., lxv, c. iv, P. L., t. liv, col. 363 ; cf. Serm., lxxi, c. iv, col. 388 ; lxvi, c. iii, col. 360 ; S. Pierre Chrysologue, Serm., lxii, clxxvi, t. lii, col. 375, 664 ; le poète Prudence, Calhemerinon, iii, t. lix, col. 810 ; S. Paulin de Noie, Carm., xxxiv, vers 150 sq., t. lxi, col. 679 ; S. Fulgence de Ruspe, De Trinilate, c. xiii, t. lxv, col. 508 ; Denys le Petit, Libri de creatione hominis (de saint Grégoire de Nysse) interprelalio, c. xxvii, xxviii, t. lxvii, col. 393-395 ; cf. P. G., t. xliv, col. 214 sq. ; S. Grégoire de Tours, qui proclame facile à Dieu de ressusciter à la vie les éléments même dispersés et absorbés. Mon. Germ. hisl., Script, rerum Merov., t. i, p. 419-423.

Saint Grégoire le Grand mérite une mention un peu plus spéciale. Le patriarche de Constantinople, Eutychius, avait plus ou moins déformé le dogme de la résurrection. Si l’on en croit le récit de saint Grégoire, Moralium, t. XIV, c. lvi-lviii, P. L., t. lx.w, col. 1077 sq., Eutychius, s’appuyant sur I Cor., xv, 50, refusait aux corps ressuscites une chair palpable, les corps glorieux devant être, à son avis, spiritualisés et inaccessibles au toucher. C’était, en somme, une explication défectueuse de la qualité de subtilité. Cette idée devait être partagée par d’autres en Orient, car nous lisons dans la vie d’Eutychius par Eustrate, c. ix, de vifs reproches à l’adresse des accusateurs du patriarche, P. G., t. lxxxvi b, col. 2373, 2376. Saint Anastase d’Antioche lui-même, très ami de saint Grégoire le Grand, n’hésite pas à écrire, à propos du Christ ressuscité : « … Son corps demeura, non sa chair ; non pas que la substance qui en est le sujet eût disparu, mais parce qu’elle a été transformée par la gloire. » De resurreclione Christi, n. 7, P. G., t. lxxxix, col. 1359. On trouve des expressions analogues chez Anastase le Sinaïte, Vise dux, P. G., t. lxxxix, col. 73, et chez saint Isidore de Péluse, qui appelle les corps ressuscites, corps éthérés et spirituels, ou encore sans pesanteur (odOépia), Episl., t. II, xliii ; t. III, lxxvii, P. G., t. lxxviii, col. 485, 785. Saint Grégoire, dans sa controverse avec Euthymius, rejette ce que de telles conceptions ont d’exagéré. Il fait appel à la prophétie d’Ézéchiel, aux autres autorités scripturaires, à l’argument tiré des Pères, aux analogies que présente la nature. Moralium, t. XIV, c. lv, P. L., t. lxxv, col. 1075 sq. ; In Ezechielem homiliæ, t. II, hom. viii, n. 6 sq., t. lxxvi, col. 1030-1034. A l’objection traditionnelle des hommes dévorés par les animaux féroces, il répond simplement : Quid mirum si possit omnipotens Deus in illa resurreclione mortuorum carnem hominis distinguere a carne besliarum, ut unus idemque pulvis et non rèsurgat in quantum pulvis lupi et leonis est, et lamen resurgai in quantum pulvis est hominis ? N. 8, col. 1033. On dit qu’Eutychius, avant sa mort, se rétracta et que, tenant la peau de sa main, il disait à ses visiteurs : Confileor quia omnes in hac carne resurgemus (Bréviaire romain, leçon IV, second nocturne).

Nous trouvons, en Espagne, trois écrivains qui s’inspirent des idées de saint Augustin touchant la résurrection : Taïo.évêque de Saragosse, Epist. ad Quiricum, P. L., t. lxxx, col. 729 ; saint Ildefonse de Tolède, qui s’inspire surtout de VEnchiridion, dans De cognilione baptismi, c.lxxxiii-lxxxviii, P. L., t.xcvi, col.l31 sq. ; saint Julien de Tolède, qui puise surtout au De fide et symbolo. Ce dernier attribue aux enfants, lors de la résurrection, la stature des hommes faits. Il cite en faveur de cette opinion, non seulement saint Augustin (que nous avons vu hésitant), mais Julien Pomère, au 1. VII de son De anima et qualilate ejus, que nous ne connaissons que par Isidore de Séville et le continuateur de Gennade. Voir ici, t.xii, col. 2537. Saint Julien parle de la résurrection dans le Prognosticon, t. III, c. xiv-xxxii, P. L., t. xevi, col. 503 sq. ; l’opinion sur les enfants au c. xx, col. 505.

Au viiie siècle, saint Bède le Vénérable s’inspire encore d’Augustin dans son exposition In Lucse evangelium, t. IV, c.xii, P. L., t. xcii, col. 488-489, et dans l’homélie ix, In die festo Innocenlium, t. xciv, col. 52-53.


II. LES INSTITUTIONS ET LA LITURGIE.

Les cimetières et l’inhumation des morts.


La coutume traditionnelle dans l’Église catholique d’inhumer les morts et de les placer dans des lieux de repos (xoiu.7)-ut ; pia = dortoirs), atteste l’espérance en la résurrection future. Sans doute, l’Église n’attache pas un rapport étroit entre l’inhumation et le fait de la résurrection future, comme s’il était nécessaire de confier ù un lieu déterminé les corps qui, plus tard, devront en être tirés par Dieu pour être réunis à leur âme. La résurrection des corps n’est en rien liée à l’usage de l’inhumation. Quelle que soit la théorie philosophique proposée pour expliquer la résurrection générale à la fin du monde, cette explication doit faire abstraction de la façon dont le corps, qui est poussière, retourne en pous-