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RÉSURRECTION. LES PÈRES SYRIAQUES


a en nous un clément stable et un autre qui évolue. L’élément qui évolue, par accroissement et décroissance, est le corps, semblable à des vêtements qu’on change avec l’âge. L’élément stable, qui échappe à tous les changements, c’est la forme, qui ne dépouille pas les caractères une fois imprimés par la nature, mais qui, à travers les changements du corps, conserve ses traits distinctifs… Dès lors que la forme demeure proche de l’âme, comme l’empreinte d’un cachet, les éléments qui ont reçu cette empreinte sent reconnus par elle et, lors de la restauration, elle attire à elle ces éléments qui répondent à sa forme, c’est-a-dire ceux qui en furent marqués dès l’origine. De hominis opificio, c. xxvii, P. G., t. xliv, col. 225-228.

On trouve la même doctrine, permanence d’un type dans l’âme, dans le De anima et resurreclione, P. G., t. xlvi, col. 73-80, 145 sq. ; et dans le discours De mortuis, id., col. 532-536. On notera que Grégoire rejette la préexistence des âmes et leur inclusion dans un corps en punition de péchés antérieurs, De anima et resur., col. 125. C’est l’existence de ce type qui, pour Grégoire, explique la permanence ou mieux la réapparition des éléments emportés par le tourbillon vital.

Par là s’explique aussi que la résurrection, tout en maintenant l’identité du corps, sera pour nous la restitution dans l’état primitif que nous a fait perdre le péché d’Adam : <xvâ<7Taai.ç êcmv y) elç to c.pyaïov tîjç cpûasoç T)[zwv àrtoxaTà<TTaaiç. Dès lors doit être exclu des corps ressuscites tout ce qui est conséquence du péché : mort, infirmités, difformités, maladies, blessures, faiblesse, vieillesse et même différence des âges. Ainsi, sans cesser d’être elle-même, éauTr)voûxà<pû)aiv, la nature humaine passera à un état supérieur, spirituel et impassible, eîç 7rv£U(i.aTix7)v riva xal àntxQr] xa-TâcffacFi. v, indépendant de la quantité de matière qui sera successivement entrée en composition du corps sur cette terre. Col. 148 sq.

On ne peut nier que cette explication du type individuel inhérent à l’âme et dégagée de toute compromission avec la doctrine reprochée à Origène de la préexistence des âmes, ne constitue un progrès doctrinal appréciable et un substantiel apport pour l’explication rationnelle de la résurrection.

c) Didyme. — Quelles que soient les difficultés que présente l’eschatologie de Didyme l’Aveugle, sa foi en la résurrection future des corps est inattaquable. Didyme apporte comme preuve de cette croyance la vision d’Ézéchiel, De Trinilale, t. ii, c. vii, n. 1, P. G., t. xxxix, col. 561, et aussi l’enseignement de saint Paul dans la I re aux Corinthiens, cf. S. Jérôme, Episl., c.xix, n. 5, P. L., t. xxii, col. 968-970. Didyme insiste avec force sur le fait que le corps ressuscité ne sera pas un corps matériel, mais un corps céleste, ocôjxa oùpàviov, un corps spirituel, incorruptible. In // am ad Cor., fragm., P. G., t. xxxix, col. 1704 ; In Jud., id., col. 1818. Cf. Bardy, Didyme l’Aveugle, Paris, 1910, p. 163. Le corps céleste, opposé par Didyme au corps terrestre, animal, n’implique pas un changement de corps mais une simple transformation : « La vie ne détruira pas notre tabernacle lorsque nous revêtirons l’immortalité, mais elle l’absorbera, en lui communiquant une qualité supérieure à celle que nous possédons en cette vie mortelle. » In // « m ad Cor., c. v, t. 2, id., col. 1704.

d) Cette transformation d’ordre spirituel et surnaturel qu’imprimera la résurrection au corps humain, d’autres Pères l’appliquent au corps du Christ ressuscité et apparaissant aux hommes lors de la parousie : ce corps glorieux, ce ne seront plus la chair corruptible, les os et le sang, tels qu’ils existent présentement dans la nature humaine, cf. Eusèbe de Césaréc, Episl. ad Conslantiam Augustam, P. G., t. xxiv, col. 653, et Grégoire de Nazianze, Oral., xi., n. 45, P. G., t. xxxvi, col. 424, tous deux accueillis par le IIe concile de Nicée, Actio vi, Mansi, Concil., t. xiii, col. 313-317 et 336.

Ce n’est pas pour autant nier l’identité du corps ressuscité.

Enfin, dans son Apologie pour Origène, Pamphile n’omet pas de signaler le commentaire du psaume i, où précisément l’identité du corps ressuscité est expliquée par l’identité de l’sTSoç. Pamphile ne paraît pas considérer cette explication comme contraire au dogme, qu’il affirme simultanément plus de dix fois à l’aide de textes d’Origène. Apologia, vii, P. G., t. xvii, col. 598 : cꝟ. 594-601.

Les Pères syriaques.

1. La Didascalie des

Apôtres dans sa version syriaque, contient une profession de foi explicite en la résurrection. « Dieu nous ressuscitera des morts tout à fait en cette forme que nous avons présentement, mais aussi avec la gloire immense de la vie éternelle, en laquelle rien ne nous fera défaut. Même si nous avons été jetés au fond de la mer, ou si nos cendres ont été dispersées comme les plumes aux vents, nous demeurons encore en ce monde et tout ce monde est entre les mains de Dieu. » L. V, c. vii, édit. F. Nau, p. 248. Cf. Constitutions apostoliques, 1. Y, c. vii, n. 19, édit. Funk, t. i, p. 259. Suivent les autorités scripturaires invoquées pour prouver le fait de la résurrection, Dan., xii, 2, 3 ; Ez., xxxvii, 1-14 ; Is., xxvi, 18-19. Nous retrouvons ici le symbole du phénix renaissant de ses cendres.

2. Aphraate confesse la foi catholique en la résurrection des corps, à la fin du monde, lorsque les âmes se réveilleront de leur sommeil. Demonstraliones, xxii, n. 17 ; cf. viii, n. 20, Pal. Syr., t. i, p. 1023, 398. La résurrection des justes doit les diriger vers la vie éternelle ; la résurrection des impies les livrera à la mort éternelle. Id.. p. 1023.

Mais Aphraate ne s’en tient pas à cette affirmation générale ; il aborde dans la Démonstration, viii, n.’.i. l’explication rationnelle du dogme. C’est à l’analogie de la semence qu’il demande cette explication, mais d’une semence qui contient un type particulier dont elle ne saurait se départir :

Apprends, insensé, que chaque semence revêt un corps qui lui est propre. Jamais, après avoir semé du froment, tu ne moissonneras de l’orge ; jamais tu ne planteras de la vigne pour produire des figues : tous les végétaux croissent selon leur nature propre. Ainsi le corps qui est tombé en terre, ressuscite de même. Sur la corruption et la dissolution du corps, apprends, par la parabole de la semence, qu’il en est de même de la semence, qui tombe en terre, pourrit, se corrompt et, de la corruption même, croît. germe et fructifie. Et de même que la terre inculte, où n’est tombée aucune semence, ne fructifie pas, quoiqu’elle absorbe toutes les pluies, ainsi du sépulcre où nul mort n’aura été déposé, nul ne surgira au jour de la résurrection des morts, quels que soient les appels de la trompette. Mais si, comme on l’affirme, les âmes des justes montent au ciel et revêtent un corps céleste, elles seront au ciel, avec leurs corps… Ce n’est pas un corps céleste qui descendra dans le sépulcre pour en ressortir. Trad. A. d’Alès, op. cit., col. 999. P. S., t. i, p. 363-366.

Les deux derniers membres de phrase réfutent l’assertion qui prête un corps céleste aux hommes devant ressusciter. C’est avec son propre corps, celui qui a été mis au tombeau, que l’âme se présentera au jugement dernier. L’analogie du germe s’accorde, dans la pensée d’Aphraate, avec l’intervention divine : « Dieu, au commencement, créant l’homme, l’a formé de la terre et lui a donné vie. Si donc il a pu faire que l’homme existe en le tirant du néant, combien lui sera-t-il plus facile de le faire sortir de terre, à l’instar d’une semence ! » Id., n. 6, p. 370.

3. Saint Éphrem confesse, lui aussi, le dogme de la résurrection. « Sous la terre, dit-il, sont les cadavres et les corps de ceux qu’on a ensevelis, et au ciel sont les justes. Ces deux lieux conservent les dépôts des hommes. Aussi la terre et le ciel clameraient, si les justes