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RESURRECTION. LES PERES GRECS


du ve), dans son 'ArcoxpiTixoç, en réponse aux objections opposées par un philosophe païen aux dogmes chrétiens. Au dogme de la résurrection, le philosophe oppose le cas des naufragés mangés par les poissons. qui, à leur tour, servent de nourriture aux hommes, ces derniers devenant enfin la proie des chiens et des vautours. Comment, en tant de transformations, retrouver, au dernier jour, de quoi faire revivre et ressusciter les corps humains ? La réponse est assez peu claire : « De telles remarques, déclare Macaire, ne sont pas d’un homme à jeun et en état de veille, mais sont le fait d’hommes ivres et décrivant des songes… Même si l’or est dispersé en une infinité de lieux cachés, et quoiqu’il soit fondu et disséminé en une infinité de parcelles dans la boue, dans l’argile, dans des amas de diverses matières, dans des tas de détritus, le feu lancé en tout cela saura bien en exprimer intégralement la nature des cléments précieux qui semblaient avoir péri. Que dirons-nous donc de Celui qui a fait lui-même la nature du feu ? » Recours à la puissance divine, sans autre explication : telle est l’attitude de Macaire. Édit. Blondel, Paris, 1876, p. 224.

Même attitude chez saint Nil, dans ses réponses à des objections similaires. EpisL, t. I, exi, exil, P. G., t. lxxix, col. 129 sq.

Sous les formules imagées dont se sert Basile de Séleucie pour décrire la résurrection et le jugement dernier, on ne trouve en définitive que l’affirmation pure et simple du dogme. Oral., xi-, In transfiguralionem Domini, n. 3 ; cf. xiii, In Jonam, P. G., t. lxxxv, col. 460-461, 172 sq.

Saint Cyrille d’Alexandrie, dans son commentaire sur Luc, xxiv, 38, cite en passant I Cor., xv, 44, et en expose ainsi le sens : « C’est ce même corps qui, après avoir été porté dans la terre, revêtira l’immortalité. » P. G., t. lxxii, col. 948. Voir aussi dans le commentaire sur Jean, c. viii, ꝟ. 51 ; c. xi, ꝟ. 44, P. G., t. lxxiii, col. 917, t. lxxiv, col. 65 ; et le commentaire sur Isaïe, c. xxvi, ꝟ. 19, t. lxx, col. 588.

C’est la même foi, très simple et sans considération apologétique autre que le recours à la puissance divine, qu’on retrouve encore chez Théodoret, Qwest, in Gen., interrog. liv, P. G., t. lxxx, col. 157, et, plus tard, chez Léonce deByzance, à propos de la résurrection du Christ et des résurrections qui se produisirent alors. Adversus argument. Severi, P. G., t.Lxxxvi b, col. 1941. Comme saint Irénée, voir ci-dessus, col. 2523, Léonce considère l’eucharistie comme un gage de résurrection et une source d’immortalité, Aduersus Nestorium, t. V, c. iii, xxii, P. G., t. lxxxvi b, col. 1728, 1744-1745. Saint Sophrone confesse pareillement la foi en la résurrection de notre chair, de ces corps dont nous sommes présentement revêtus. Episl. synodica, P. G., t. lxxxii, col. 3181. Cf. Homil., vi, col. 3317, 3318, 3320. Voir aussi saint Maxime, Epist., xliii, ad Joannem Cubic., P. G., t. xci, col. 641 ; cf. i, ad præf. Afric. Georgium. id., col. 389, mais surtout le commentaire au livre De ceci, hicrarch., du pseudo-Denys, c. vii, P. G., t. IV, col. 176.

Le P. Segarra, S. J., De identilale corporis morlalis et corporis resurgenlis, Madrid, 1929 (dont nous nous inspirons dans cette enquête patristique), cite encore nombre d’auteurs, compilateurs ou exégètes : Procope de Gaza, In Gen., P. G., t. lxxxvii a, col. 153, 165, 224-225, 288 ; /n////?e<7., col.ll64 ; /n/s., t.Lxxxv116, col. 2197, 2224 ; André de Césaréc, In Apoc, xx, v. 13, P. G., t. evi, col. 421 ; les moines d’Antiochc, dans les Pandecles, P. G., t. lxxxix, col. 15 18 ; Grégoire d’Antioche, Oral, in mulicrcm unguentiferam, P. G., t. lxxxviii, col. 1848 ; saint Grégoire d’Ami gente, dans son Commentaire sur l’Ecclésiaste, c.xii, t. 5, P. G., t. xcviii, col. 1160 ; Georges Pixidès. dans les vers de son Hexacmeron, 1117-1122, 1293 sq.,

1442 sq., P. G., t. xcii, col. 1520. 1532 sq., 1543 sq. (appel à la puissance divine pour reconstituer les éléments disparus dans de multiples transformations) ; Énée de Gaza, dial. Theophraslus, P. G., t. lxxxv, col. 871-1004 (même attitude en face des transformations, avec cependant, ça et là, des appels aux analogies du germe, de la semence, etc.), voir surtout, col. 976 sq. ; Anastase le Sinaïte, Quæsliones et responsiones, q. cxii, P. G., t. lxxxix, col. 728 ; cf. col. 717 ; In Hexæm., t. VII, ibid., col. 939. Anastase esquisse cependant un semblant d’explication scientifique : le corps humain, quelles que soient les vicissitudes par lesquelles il devra passer, se résoudra dans les quatre éléments dont il est composé, et Dieu saura garder et retrouver ces éléments pour le jour de la résurrection. Qusesl., xcii, col. 728.

Saint Jean Damascène. le dernier des Pères grecs, se contente lui aussi, de l’affirmation simple de la foi. Il faut croire à la résurrection des morts, l'âme immortelle reprenant son même corps mortel, dissous et tombé, lequel doit ressusciter le même et impérissable. Les morts ressuscites se présenteront ainsi au tribunal du Christ, où bons et méchants recevront leur juste rétribution. De fide orlhod., t. IV, c. xxvii, P. G., t. xciv, col. 1220, 1228.

2. Mais il faut faire aussi une place aux Pères, moins nombreux, qui ont risqué quelques spéculations théologiques ou philosophiques pour expliquer l’identité des corps ressuscites, nonobstant les difficultés d’ordre physiologique ou physique.

a) Saint Cyrille de Jérusalem consacre à la résurrection des corps sa xviiie catéchèse. Il commence par rappeler combien salutaire pour l'âme est le dogme de la résurrection, qui nous apprend à conserver pur de tout péché notre corps destiné à la récompense, n. 1, P. G., t. xxxiii, col. 1017. Il se pose ensuite les objections d’ordre scientifique, la putréfaction des corps, le sort des naufragés dévorés par les poissons, les cadavres mangés par les vautours et les corbeaux, ceux qui ont été consumés par les flammes et dont les cendres ont été jetées aux vents, etc., n. 2, col. 1020. Pour résoudre la difficulté, il fait appel à la puissance de Dieu qui saura réunir les éléments dispersés et leur rendre leur nature primitive, n. 3, col. 1020-1021. Cependant, les corps ressuscites seront transformés et, en un sens, spiritualisés. Il intervient donc ici une modification intrinsèque, que Cyrille explique en ces termes : le même corps ressuscitera, ocùt6 toûto (awu, a) èyelpeioLi ; mais il ne sera pas absolument tel qu’il était, toûto non pas toioûto, car le corps des justes revêtira des propriétés surnaturelles et celui des méchants deviendra capable de brûler éternellement, n. 18-19, col. 1040. La formule, toûto où toioûto, qu’on retrouve littéra lement chez saint Amphiloque, Fragm., x, P. G., t. xxxix, col. 109, représente une doctrine déjà unanimement adoptée, puisqu’on en trouve le sens dans ï'Exposilio fidei, n. 17, qui termine Y Adversus hærcscs de saint Épiphane, P. G., t. xlii, col. 813 sq., qu’elle est impliquée dans nombre d’assertions de saint Jean Chrysostome, voir ci-dessus les références (col. 2534). et que son expression même est derechef accueillie plus tard par saint Isidore de Pélusc, Epist., t. II, xliii, P. G., t. lxxviii, col. 485.

b) Saint Grégoire de Nysse est bien près de reprendre la formule d’Origène. Son texte mérite d'être cité intégralement ; nous citons d’après la traduction A. d’Alès, op. cit., col. 998 :

Rien n’empêche de croire que de la niasse commune, les éléments propres feront retour au corps lors de la résurrection ; surtout a bien réfléchir sur notre natuie. Car nous ne sommes pas complètement livrés à l'écoulement et a la tniusformation. Ce serait chose Incompréhensible qu’une totale instabilité de notre nature : a parler exactement, il y