Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/557

Cette page n’a pas encore été corrigée
2527
2528
RÉSURRECTION. ORIGÈNE


l’esprit. Là où elle semble périr, elle ne fait réellement que s'éclipser pour un temps ; après avoir passé par l’eau, par le feu, par l’estomac des bêtes, par les entrailles de la terre, elle reparaîtra un jour devant Dieu, pour s’entendre convier à la gloire ». C. lxiii. Cf. d’Alès, op. cit., p. 142-153.

c) Dans le livre V de l’Advcrsus Marcionem, c. ix-x, Tertullien ne fait que résumer le traité De resurrectione carnis, P. L., t. ii, col. 491-501.

4. Saint Hippolyle. — D’Hippolyte, nous recueillons une double démonstration de la résurrection des corps, scripturaire et rationnelle.

On trouve la première dans le traité De l’Antéchrist, lxv-lxvi, P. G., t. x, col. 785-788. L’annonce de la résurrection corporelle se lit dans Dan., xii, 2 ; Is., xxvi, 19 ; Joa., v, 25 ; Eph., v, 14 ; Apoc, xx, 6 et 14. Les justes brilleront alors comme le soleil en sa gloire, Matth., xiii, 43 ; ils entreront dans le royaume qui leur a été préparé dès l’origine du monde, Matth., xxv, 34. La sentence de réprobation prononcée sur les impies, commentée par l’Apocalypse, xxii, 15 et xxi, 8, répond aux menaces d’Is., lxvi, 24. Réveillés par la trompette, les justes qui reposent dans le Christ se lèveront les premiers ; les vivants de la dernière génération seront ravis avec eux dans les nuées au-devant du Christ et demeureront à jamais avec lui. I Thess., iv, 13-17. Ces considérations sont données en vue de se préparer par une vie sainte au prochain retour du Christ. Cf. In Danielem, ii, iv, col. 644, 645 ; Adversus Grsecos, ii, iii, col. 800-801. A l’instar de saint Paul, Hippolyte considère la résurrection du Christ, comme le gage et les prémices de la nôtre. LTp6ç (ïaat.Xîo’a Tivà èmezoli) (Lettre à l’impératrice Mammée), n. 7 et 8, édit. Achelis, dans Texte und Unlersuchungen, t. xvi, fasc. 4, Leipzig, 1897, p. 253. Sur la condition des corps glorieux, voir fragment Sur la résurrection, même édit., p. 254.

Un fragment du traité Contre les Grecs, conservé dans les Sacra parallela de saint Jean Damascène, à l’occasion d’une description de l’Hadès, lieu commun de séjour des âmes qui attendent le jugement dernier, contient une affirmation et une justification rationnelle de la résurrection générale. Sur la description de l’Hadès, voir d’Alès, La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. 200. Mais, au jour marqué, Dieu ressuscitera tous les corps pour le jugement.

Toutes les âmes sont retenues dans l’Hadès, jusqu'à l’heure que Dieu a marquée pour la résurrection de tous, qui ne sera point l’envoi des âmes en de nouveaux corps, mais la résurrection des corps eux-mêmes. Si la vie de ces corps qui se dissolvent vous inspire quelque doute, gardezvous en bien. L'âme a été faite, et faite immortelle, dans le temps ; vous l’avez admis, sur la démonstration de Platon : ne doutez donc pas que Dieu peut également reconstituer le corps des mêmes éléments, le rappeler à la vie et le rendre immortel. Ne dites pas : Dieu peut ceci et non cela. Nous croyons donc que le corps même ressuscite. Car s’il meurt, il n’est point anéanti : la terre reçoit ses restes et les garde : comme une semence confiée au soin fécond de la terre, ils refleurissent. La semence qu’on jette en terre est un grain nu ; mais à l’appel du Créateur, ce grain apparaît florissant dans un vêtement de gloire, après seulement qu’il est mort, qu’il s’est dissous et mêlé au sol. Donc ce n’est pas sans raison que nous croyons à la résurrection des corps. S’il est dissous pour un temps, à cause de la désobéissance originelle, il est jeté en terre comme dans un creuset pour être reformé : il ressuscite non tel quel, mais pur et immortel. A chaque corps son âme sera rendue ; elle le revêtira sans ressentir aucune peine, mais bien de la joie, si, pure, elle habita un corps pur ; si, en ce monde, elle a cheminé avec lui dans la justice, non comme avec un ennemi domestique, elle le reprendra en toute allégresse. Quant aux méchants, ils reprendront leurs corps, non point Changés, non point affranchis de la souffrance ou <le la maladie, non pas glorifiés, mais avec les maladies dont ils moururent ; et s’ils ont vécu sans foi, ils seront jugés par la foi. (Traduction

A. d’Alès, Dict. apol. de la foi calh., t. IV, col. 093). Frugm. Il, P. G., t. x, col. 800.

4° Les Docteurs alexandrins du ine siècle. — 1. Clément d’Alexandrie. — Clément n’a pas traité ex professo la question de la résurrection des corps ; il avait annoncé un livre LTepi àvoccTàascoç que nous ne connaissons pas autrement. Psed., t. I, c. vi ; t. II, c. x, P. G., t. viii, col. 305, 521. Clément trouve un symbole de la résurrection dans l’arbre dont les feuilles ne meurent pas. Id., t. I, c. x, col. 360. Certains hérétiques prétendaient que la résurrection avait déjà eu lieu : Clément montre que nous l’attendons encore. Slrom., t. III, c. vi, P. G., t. viii, col. 1152 ; cꝟ. t. V, c. xiv, t. ix, col. 157. La confession de foi la plus claire sur ce point est tirée du fragment Adumbraiiones in I am Pétri, i, 3, traduction latine d’origine inconnue :

Il était convenable que l'âme ne revînt jamais une seconde fois à son corps sur cette terre, ni l'âme juste, qui est devenue comparable aux anges, ni l'âme pécheresse, qui, en reprenant la chair, pourrait trouver de nouvelles occasions de pécher. Mais à la résurrection, âmes justes et âmes pécheresses reprendront leurs corps. Ils se réuniront suivant la loi de leur être, suivant la naturelle harmonie de leur composition. P. G., t. ix, col. 729.

2. Origène.

La pensée d’Origène nous est mieux connue et cependant elle présente tant de difficultés qu’elle mérite d'être considérée avec plus d’attention.

On ne comprend la position d’Origène qu’en rappelant les conditions dans lesquelles il composa son Traité de la Résurrection, qui ne nous est connu que par les citations qu’en a données Pamphile au livre VII de son Apologia et indirectement par la critique de Méthode. En commentant le ps. i, voir plus loin, Origène avait traité incidemment de la résurrection. C'était le dogme qui heurtait le plus l’hellénisme. Les apologistes, on l’a vii, étaient sobres de détails sur les perspectives de la résurrection dans l’au-delà. Mais les adversaires du dogme multipliaient leurs railleries : pourquoi les chrétiens affichaient-ils tant de dédain pour une vile existence charnelle, qu’ils s’efforçaient de prolonger dans l'éternité? Cf. Cont. Celsum, t. V, n. 14 ; t. VIII, n. 49, P. G., t. xi, col. 1201, 1589.

Origène entreprend donc de défendre la tradition catholique de la résurrection, à laquelle, malgré les difficultés qu’elle comporte, il est fermement attaché. Sur les difficultés que présente la question, voir Cont. Celsum, t. VII, n. 32, t. xi, col. 465 ; In Joannem, tom. x, n. 20, t. xiv, col. 372. Sur l’intention d’Origène de demeurer fidèle à la règle de la foi, De princ, t. II, c. x, n. 1, t. xi, col. 233-234 ; t. I, préface, n. 5, col. 118. Cf. G. Bardy, La règle de foi d’Origène, dans Recherches de science religieuse, 1920, p. 162 sq.

Cette fidélité à la foi chrétienne, Origène l’affirmait dans le premier livre du traité De la résurrection. Il y a d’autres combats que ceux du martyre. Si le martyr doit être récompensé non seulement dans son âme, mais aussi dans son corps, l’ascète qui aura lutté contre les passions doit, lui aussi, être pareillement récompensé. A cet argument traditionnel du mérite, s’ajoutaient les autres arguments empruntés aux apologistes. Cf. Pamphile, Apologia, vii, P. G., t. xvii, col. 594. — Le second livre entendait justifier, devant les incroyants, la doctrine catholique, cum prædixisscl quia quasi ad Gentiles loqueretur, rapporte Pamphile, Apologia, vii, P. G., t. xvii, col. 594. « La première Épître aux Corinthiens lui donnait le fondement de sa démonstration. Le grain que la main du semeur jette en terre, selon la comparaison de l’Apôtre, semble mourir. Il se dissout dans les éléments qui le cachent. Mais aussitôt sa raison séminale, vie invincible, se développe aux confins de la mort. Il perce la matière qui l’entoure. Nouveau démiurge, il se forme sa propre qualité, la dimension et l’aspect qui doivent être les siens. Rien ne lui résiste, ni eau, ni air, ni terre, ni feu. Il grandit, il élève vers le ciel