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RÉSURRECTION. LES APOLOGISTES
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est ressuscité pour détruire la mort et manifester notre propre résurrection, v, 6. — b) La II* démentis et la même épître du pseudo-Barnabe insistent sur la nécessité de ressusciter en cette même chair que nous possédons pour recevoir la récompense due à nos œuvres. Barn., xxi, 1 ; II* Clem., ix, 1. — c) Enfin la 7 a démentis esquisse une explication :

Considérons, mes bien-aimés, comment le Seigneur nous manifeste continuellement la résurrection future, dont il a institué les prémices, Jésus-Christ, Notre-Seigneur, en le ressuscitant d’entre les morts. Regardons, mes bien-aimés, la résurrection qui se fait en son temps. Le jour et la nuit nous montrent une résurrection : la nuit cesse (mot à mot : se couche), le jour se lève. Le jour disparaît, la nuit vient et suit. Prenons les fruits. Comment, de quelle façon s’en fait la semence ? Le semeur sort et jette en terre les différentes semences ; tombées sèches et nues dans la terre, elles se dissolvent ensuite ; de leur dissolution la grande puissance de la divine providence les ressuscite et d’une unique graine en fait sortir plusieurs et produire le fruit, xxiv, 1-5.

L’idée de « germe » ou semence est certainement empruntée à I Cor., xv, 38, 42-43. Clément la complète en prenant, au c. xxv, la légende classique du phénix renaissant de ses cendres, et en faisant appel, au c. xxvi, à la puissance divine pour réaliser ses promesses. Il invoque alors ps., xxvii, 7 ( ?) ; ni, 6 ; xxii, 4, et Job, xix, 26.

Pères apologistes.

1. Aristide, d’un simple mot

de son Apologie, n. 15, rappelle que les chrétiens « ont les préceptes du Seigneur Jésus-Christ empreints dans leurs cœurs et qu’ils les gardent, attendant la résurrection des morts et la vie du siècle à venir ». P. G., t. xcvi, col. 1121 ;

2. Saint Justin est plus prolixe et justifie la résurrection par l’exemple du germe.

… Nous aussi, autant et plus que ces (auteurs, Pythagore, Platon, etc.), nous croyons en Dieu ; et nous espérons même que nos corps, morts et confiés à la terre, seront de nouveau à nous, rien n’étant impossible à Dieu. Et, à bien y réfléchir, quoi de plus incroyable, semble-t-il, si nous n’avions pas de corps et que quelqu’un nous dise que d’une petite goutte de sperme humain peuvent être formés les os et les chairs sous la forme que nous leur connaissons ? … Mais comme vous n’auriez jamais cru que d’une gouttelette vous puissiez devenir tels que vous êtes, et pourtant vous vous voyez ; ainsi, de la même manière, croyez que les corps des hommes dissous, et répandus dans la terre comme des semences, peuvent, à un moment donné, sur l’ordre de Dieu, ressusciter et revêtir l’incorruption. I Apol., xviii-xix, P. G., t. vi, col. 356-357. Cf. De resurrec/ione( ?), fragm.v, viii, x, col. 1580, 1585, 1589. Mais l’authenticité de ces fragments est loin d’être assurée.

3. Tatien explique comment, malgré les transformations subies par le corps après la mort, Dieu saura retrouver de quoi le reconstituer :

Nous croyons la résurrection future des corps, quand les temps seront accomplis. Non à la façon des stoïciens qui imaginent sans aucune utilité des cycles au bout desquels les mêmes renaissent toujours après avoir péri ; mais, notre temps étant accompli, nous ressusciterons une seule fois et pour toujours, la résurrection devant réunir tous les hommes et eux seuls, en vue du jugement… Même si nous vous paraissons des menteurs et des bavards, peu nous importe, puisque notre croyance s’appuie sur cette bonne raison : De même, en effet, que, n’existant pas avant de naître, j’ignorais qui j’étais, et que j’existais seulement dans la substance de la matière corporelle, mais qu’une fois né, moi qui n’étais pas autrefois, j’ai saisi par ma génération qu’il ne fallait pas douter de mon existence ; de la même façon, moi qui suis né et qui, par la mort, cesserai d’être et d’être vii, j’existerai de nouveau, tout comme autrefois, après le temps où je n’existais pas, j’ai été engendré. Même si ma chair est consumée par le feu, le monde reçoit ma substance volatilisée (mot à mot : répandue comme de la vapeur). Même si je suis absorbé dans les fleuves ou encore dans la mer, même si je suis déchiré par les fauves, je suis encore dissimulé dans les trésors du riche Seigneur. Le pauvre, l’athée ne connaissent pas tout ce que recèlent ces

trésors ; mais le Dieu qui règne rendra, à son gré, à son état premier, la substance à lui seul visible. Adversus Greecos oratio, vi, P. G., t. vi, col. 817-820. Autre texte, xiii, col. 833.

4. Athénagore a écrit expressément un traité De resurrectione morluorum : aussi entre-t-il dans bien plus de détails que ses devanciers. Sans doute, le traité est incomplet car il laisse de côté la question de l’état des corps ressuscites, tant au point de vue physiologique qu’au point de vue surnaturel ; il néglige les analogies déjà signalées par Clément de Rome, que Minucius Félix et saint Cyrille de Jérusalem mettront en lumière ; il ne renferme aucune des images sensibles de la résurrection qu’on trouvera chez Théophile d’Antioche et surtout chez Tertullien ; deux points néanmoins sont nettement marqués : le fait de la résurrection et sa possibilité eu égard à la puissance divine.

La possibilité de la résurrection fait l’objet de la première partie du traité, c. i-x. Dira-t-on que Dieu ne peut pas ressusciter les morts ? ou bien que, le pouvant, il ne peut pas le vouloir, soit faute de science, soit faute de puissance. Mais il a prouvé qu’il possède l’une et l’autre en formant l’homme. S’il ne pouvait le vouloir, ce serait que la résurrection léserait la justice ou dans le ressuscité lui-même ou dans autrui, ce qui n’est pas, ou bien qu’elle serait indigne de Dieu, ce qui n’est pas davantage, puisque la création n’est pas indigne de lui. En bref, la résurrection est possible, parce qu’elle ne répugne ni à la science, ni à la puissance, ni à la justice de Dieu. Toutefois, Athénagore se pose l’objection du cas de l’anthropophage ou de l’homme mangeant la chair d’un animal, lequel lui-même a dévoré un homme. La réponse d’Athénagore est aussi simple qu’arbitraire : pour chaque animal, il n’existe qu’un aliment spécifique, et la chair humaine n’est pas un aliment assimilable pour l’homme. C. iv-vm, P. G., t. vi, col. 977-989, passim.

Le fait de la résurrection est l’objet de la seconde partie, xi-xxv. Cette résurrection aura lieu, car elle est nécessaire. Quatre raisons le prouvent : la destinée de l’homme, créé pour vivre toujours, c. xii-xin ; sa nature, qui comprend deux éléments unis, l’âme et le corps, c. xiv-xvii ; le jugement, qui doit s’appliquer au composé humain, c’est-à-dire au corps comme à l’âme, c.xviii-xxiii ; la fin dernière, qui ne peut être atteinte en cette vie. C. xxiv-xxv. La raison confirme donc ici les données de la foi. Sur tous ces points, voir L. Chaudouard, La philosophie du dogme de la résurrection de la chair au iie siècle, Lyon, 1905, et ici même, Corps glorieux, t. iii, col. 1891-1894.

5. Théophile d’Antioche, dans le Discours à Aulohjcus, répond aux railleries de son interlocuteur sur la résurrection future et insiste sur la nécessité de croire dès maintenant à ce dogme. La foi précède toutes choses ici-bas : » Quel agriculteur pourrait récolter s’il n’avait auparavant confié la semence à la terre ? Qui pourrait traverser les mers, s’il ne s’était auparavant confié au bateau et au pilote ? » Le malade doit se confier au médecin, l’élève à son maître. Pourquoi ne pas faire confiance à Dieu, surtout après en avoir reçu tant de gages ? Ad Aulolycum, t. I, c. vii, P. G., t. vi, col. 1036 ; cf. c. xiii, col. 1041 sq.

Pères controversisles.

1. Saint Irénée. — La

résurrection de la chair est une des thèses capitales d’Irénée. Voir sa confession de foi, Cont. hxr., t. I, c. x, n. 1, P. G., t. vii, col. 549. Il la défend contre l’erreur fondamentale du gnosticisme selon qui la matière est essentiellement mauvaise et, en conséquence, ne peut être l’œuvre d’un Dieu bon. Cont. hær., t. I, c. vi, n. 2 ; c. xxii, n. 1 ; c. xxvii, n. 3 ; t. V, c. i, n. 2, col. 505, 669670, 689, 1122. Le monde des corps est, lui aussi, du domaine du Verbe et la matière est susceptible de salut, t. V, c. ii, n. 2, 3, col. 1124, 1126 ; c. xx, n. 1, col. 1177.