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    1. RESURRECTION##


RESURRECTION. L’APOCALYPSE

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sensé, ce que tu sèmes n’est point vivifié, si auparavant il ne meurt. (37) Et ce que tu sèmes n’est pas le corps même qui doit venir, mais une simple graine, comme de blé ou de quelque autre chose. (38) Mais Dieu lui donne un corps, comme il veut, de même qu’il donne a chaque semence son corps propre. (39) Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est celle des hommes, autre celle des bestiaux, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. (40) Il y a des corps célestes et des corps terrestres ; mais autre est la gloire des célestes, autre celle des terrestres. (41) Autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, autre l’éclat des étoiles. L’ne étoile même diffère d’une autre étoile en éclat.

(42) Ainsi est la résurrection des morts. (Le corps) est semé dans la corruption, il ressuscitera dans l’incorruptibilité. (43) Il est semé dans l’abjection, il ressuscitera dans la gloire ; il est semé dans la faiblesse, il ressuscitera dans la force. ( J 4) Il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel. S’il est eorpsanimal. il est aussicorps spirituel, comme il est écrit : (45) > Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante, le dernier Adam, espiit vivifiant… » (47) Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre ; le second, venu du ciel, est céleste. (48) Tel qu’est le terrestre, tels sont les terrestres ; tel qu’est le céleste, tels sont les célestes. (49) Comme donc nous avons porté l’image du terrestre, portons aussi l’image du céleste.

(51) Voici que je vais vous dire un mystère. Nous ne nous endormi’ons pas tous, mais nous serons tous changés. (52) fin un moment, en un clin d’oeil, au son de la dernière trompette : car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles et nous, nous serons changés, (53) puisqu’il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité et que ce corps mortel revête l’immortalité. (54) Et quand ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors sera accomplie cette parole qui est écrite : « La mort a été absorbée dans sa victoire » (Is.. xxv, 8 : a été absorbée pour toujours). (Trad. Glaire, modifiée au ꝟ. 51, pour suivre le texte grec.)

Pour saint Paul, dans la résurrection, notre corps doit subir une transformation profonde. Cette transformation, nous l’at tendons de « Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui reformera le corps de notre humilité on le conformant à son corps glorieux, par cette vertu efficace par laquelle il peut s’assujettir toutes choses ». Phil., iii, 20-21. L’Apôtre explique cette transformation par l’exemple du germe, lequel, doué d’une vie latente qui ne se manifeste que par la mort, se transforme en périssant, pour acquérir une vie supérieure, suivant une loi de proportion établie par Dieu. Saint Paul donne divers exemples de cette loi de proportion, faisant ressortir la diversité des transformations. Et il conclut : ainsi en est-il du corps ressuscité. Le corps des justes contient un germe de vie surnaturelle : la transformation commune à tous les justes n’exclura nullement lus différences de gloire, proportionnée aux mérites de chacun.

Notre corps, en ressuscitant, restera identique à lui-même : c’est le même corps, semé dans la corruption, qui doit ressusciter dans l’incorruptibilité : « Il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, que ce corps mortel revête l’immortalité », ꝟ. 53. Toutes les transformations propres aux corps glorieux, voir t. iii, col. 1884 sq., laissent cependant le corps avec la même personnalité : spiritualisé, c’est-à-dire dominé par l’Esprit de Dieu, qui l’a transformé, le corps ressuscité devient un corps semblable au corps glorifié de Jésus. La génération naturelle nous fait tenir du premier Adam un corps terrestre (yoïxôv), psychique (s^j/ikov), qui appesantit l’âme et l’entrave dans ses opérations ; la régénération spirituelle nous fait tenir du second Adam un corps céleste (£Tcoupâvt.ov), spirituel (rcv£U|i.a-Ttxôv), pareil au sien. Les propriétés glorieuses de ce corps deviendront les nôtres.

Se reportant à la fin des temps, saint Paul expose aux Corinthiens le vrai mystère de la résurrection. Ce mystère consiste moins dans la réassomption du corps par l’âme que dans la transformation complète de ce corps. Un dernier trait le montre bien : saint Paul insiste sur le fait que « la chair et le sang ne sauraient hériter du royaume de Dieu », I Cor., xv, 50, et que la transformation de ceux qui, au dernier jour, seront encore vivants équivaudra, elle aussi, à la transformation des morts dans la résurrection. C’est là, en effet, le « mystère » qu’il révèle aux ꝟ. 51-53, reprenant une vérité déjà annoncée, 1 Thess., iv, 13-16. Cf. F. Prat, op. cit., p. 157-167 ; B. Allô, Saint-Paul et la « double résurrection » corporelle dans Revue biblique, 1932, p. 190-207 ; Première épîlre aux Corinthiens, Paris, 1935, p. 419 sq.

Cet enseignement général de saint Paul éclaire les autres textes dans lesquels l’Apôtre enseigne le dogme de la résurrection, et qu’il suffit d’indiquer : Act., xvii, 18, 31-32 ; xxiii, 6 sq. : xxtv, 15, 21 sq. ; Rom., vi, 5 : viii, 11 : II Cor., iv, 14 ; I Thess., iv, 15-17 ; IlTim., il, 18. Nous avons vu que, si Paul parle surtout de la résurrection des justes, non seulement il n’exclut pas, mais il suppose expressément aussi la résurrection des pécheurs. Il semble bien que ce soit la le résumé de son enseignement. Heb., vi, 2. où le dogme de la résurrection est complété par celui du jugement éternel, c’est-à-dire de la condamnation des réprouvés. Voir une expression analogue, Joa., v, 29.

La doctrine de l’Apocalypse.


1. Une double résurrection corporelle ? —

L’Apocalypse mérite une mention à part, en raison de la double résurrection qu’elle semble enseigner, xx, 4 sq. :

(4) Et je vis… les âmes de ceux qui avaient été frappés de la hache a cause du témoignas ; 3 de Jésus… et ils vécurent, et régnèrent avec le Christ, mille ans. (5) Le reste des morts ne vécut pas jusqu’il ce que fussent achevés les mille ans. C’est la la RÉSURRECTION première. (0) Heureux et saint qui a part a la résurrection première ! Sur ceux-là la seconde mort n’a pas de pouvoir, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui les mille ans. (7) ICI une fois que seront achevés les mille ans, le Satan sera délié de sa prison, ꝟ. 8) et il sortira (pourï égarer les nations qui sont aux quatre angles de la terre, Goi ; et Magog, les rassembler pour la guerre (eux) dont le nombre est comme le sable de la mer. (9) Et Ils montèrent sur l’étendue de la terre, et ils investirent le camp des saints et la ville bienaiméc. Et il descendit un feu du ciel et il les dévora…

(121 Et je vis les morts, les grands et les petits, se tenant debout en face du trône ; et des livres furent ouverts… ; et les morts fuient jugés sur les (choses) écrites dans les livres, d’après leurs œuvres. (13) Et ta mer donna les morts qui étaient en elle, et la Mort et l’iladès donnèrent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun d’après leurs ceux res. (14) Et la Mort et l’iladès fuient jetés dans l’étang du feu ; cet le (mort) est la deuxième mort et l’étang de feu. (lu) Et si quelqu’un ne se trouva pas inscrit dans le livre de la vie, il Tut jeté dans l’étang de feu (trad. B. Allô, L’Apocalypse, Pails, 1921, p. 287, 289, 305).

La doctrine du millénarisme, qui prétend accaparer ce texte en sa faveur, a été examinée ailleurs, et, nous n’avons pas à y revenir. Voir Millénarisme, t. x, col. 1760. Voir aussi B. Allô, L’Apocalypse, p. 292-302 ; Billot, De novissimis, Rome, 1903, th. xi. Il suffit ici d’en examiner le sens quant au fait de l’unique lésurrection générale à la fin du morde. Si les anciens chiliastes et la plupart des critiques indépendants ont cru qu’ici Jean enseignait une double résurrection corporelle, l’une des martyrs et des saints, au début du Millenium, l’autre générale, à la fin du monde, c’est faute d’avoir compris le caractère spirituel de la prophétie du Millenium. Cette prophétie, dit le P. Allô, fait parfaitement corps avec les autres prophéties du livre ; elle < est simplement la figure de la domination spirituelle de l’Église militante, unie à l’Église triomphante, depuis la glorification de Jésus jusqu’à la fin du monde. Op. cit., p. 301. Donc résurrection purement spirituelle que cette première résurrection, et que Jean indique déjà d’un mot dans l’évangile, v, 24-25 ; cf. S. Paul, Eph., v, 14. Dans la pensée de saint Jean, il y a