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    1. RESURRECTION##


RESURRECTION. SAINT PAUL

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résurrection même du Christ. C’est dans I Cor., xv, que l’apôtre développe surtout son enseignement.

Ou a vu que les négateurs de la résurrection étaient nombreux chez les Juifs eux-mêmes. Paul s’élève contre ceux des Corinthiens qui « disent qu’il n’y a pas de résurrection des morts ». I Cor., xv, 12. Cette négation provenait sans doute d’une source juive sadducéenne parmi les chrétiens d’origine juive..Mais les chrétiens d’origine païenne pouvaient aussi avoir des représentants parmi les négateurs, car nous savons comment les Athéniens païens accueillirent Paul leur parlant de la résurrection, Act., xvii, 32, et comment, Paul exposant la même vérité devant Fcstus, le procurateur lui dit brutalement : « Paul, tu radotes ; trop de science te trouble l’esprit. » Act., xxvi, 24. Or, aux yeux de Paul, nier la résurrection des corps, c’est nier la résurrection du Christ : pour être logique, il faut ou les accepter ou les nier toutes deux. Si le Christ n’est pas ressuscité, le christianisme est mensonge et imposture :

(13) S’il n’y a point de résurrection des morts, le Christ n’est pas ressuscité. (14) Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vaine, et vaine aussi votre foi ; (15) nous nous trouvonsmèmeètrede faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous rendons ce témoignage contre Dieu, qu’il a ressuscité le Christ, qu’il n’a pourtant pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point. (16) Car, si les morts ne ressuscitent point, le Christ non plus n’est pas ressuscité. (17) Que si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine ; vous êtes encore dans vos péchés. (18) Donc ceux aussi qui se sont endormis dans le Christ ont péri. (19) Si c’est pour cette vie seulement que nous espérons dans le Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes.

(20) Mais très certainement le Christ est ressuscité d’entre les morts, comme prémices de ceux qui dorment ; (21) car par un homme est venue la mort, et par un homme la résurrection des morts. (22) Et comme tous meurent en Adam, tous revivront aussi dans le Christ, (23) mais chacun en son rang ; le Christ comme prémices, puis ceux qui sont au Christ, qui ont cru en son avènement.

(24) La fin suivra, lorsqu’il aura remis le royaume à Dieu et au Père ; qu’il aura anéanti toute principauté, toute domination et toute puissance. (25) Car il faut qu’il règne jusqu’à ce que le Père ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. (26) Or le dernier ennemi détruit sera la mort. (28) Et lorsque tout lui aura été soumis, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.

(29) Autrement, que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si réellement les morts ne ressuscitent point ? Pourquoi sont-ils baptisés pour les morts ?

(30) Et pourquoi, nous, a toute heure, nous exposons-nous au danger ? (31) Chaque jour, mes frères, je meurs, je le jure, par la gloire que je reçois de vous en Jésus-Christ Notre-Seigneur. (32) Que me sert (humainement parlant) d’avoir combattu contre les bêtes à Éphèse, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons et buvons, car nous mourrons demain (Trad. Glaire).

Il n’est ici question sans doute que de la résurrection des justes, non que Paul n’enseigne pas la résurrection de tous, même des pécheurs — ne déclare-t-il pas à Festus qu’il attend la résurrection future des justes et des pécheurs, Act., xxiv, 15 ? — mais parce que la résurrection des justes seule intéressait les chrétiens de Corinthe. Aussi n’emploie-t-il, à prouver la résurrection, que des arguments valables pour la résurrection des justes. Nous trouvons dans le passage cité un argument principal, tiré du rôle joué par la résurrection du Christ, cause exemplaire et cause méritoire de notre gloire future, et deux arguments accessoires, tirés, l’un de la conviction intime des fidèles, l’autre, de la conduite des apôtres.

L’argument principal considère dans la résurrection du Christ la cause exemplaire de noire résurrection :

Si les justes ne ressuscitent pas, le Christ n’est pas ressusteité ; si le Christ est ressuscité, les justes, eux aussi, ressusciteront. I Cor., xv, 16. Cꝟ. 1 1 Cor., IV, 14 ; I Cor., VI, 14 ;

Rom., vi, 4-6, VIII, 11 ; I Thess., iv, 14. Un lien de dépendance unit les deux membres de ces propositions conditionnelles qu’il faut ou nier ou affirmer ensemble. Or Il est constant que le Christ est ressuscité, les sceptiques de Corinthe n’en doutent pas et, au besoin, les témoignages accumulés par saint Paul leur fermeraient la bouche. La conséquence inéluctable est que les justes ressusciteront eux aussi. Pourquoi cela ? Parce que Jésus-Christ « est ressuscite des morts comme prémices des dormants ». I Cor.. x, 20, 23 ; cf. Col., i, 18… Ainsi le Christ n’aurait pas droit aux titres qui lui appartiennent ; il ne serait pas « le premierné d’entre les morts, les prémices des dormants », si seul, à l’exclusion de ses frères, il était ressuscité. On voit aisément que la raison dernière de tout cela réside dans la solidarité des élus avec leur rédempteur. « Comme tous les « hommes meurent en Adam, de même aussi tous seront i vivifiés dans le Christ. » I Cor., xv, 22. Pour contracter la dette de mort, dans le corps et dans l’âme, il suffit d’appartenir â la lignée d’Adam et d’être un avec lui par le fait de la génération naturelle ; pour recevoir la créance de vie, dans l’âme et dans le corps, il suffit d’être incorporé au second Adam et de ne faire qu’un avec lui par le fait de la génération surnaturelle. Tous ceux qui sont morts en Adam par suite de la commune nature reçue de lui, seront vivifiés dans le Christ, à condition de communier à sa grâce. F. Prat, La théologie de saint Paul, Ve part., 17e édit., p. 160.

De toute évidence, cette argumentation, fondée tout entière sur la doctrine du corps mystique, chère à saint Paul, n’est concluante que si elle est restreinte aux justes. C’est dès l’instant où, parle baptême, nous commençons à vivre de la vie du Christ, à participer à ses privilèges et à sa destinée, que nous acquérons, comme membres, comme partie intégrante du Christ, un droit véritable à la résurrection. Dans le plan actuel de la Providence, c’est une sorte de nécessité.

A cet. argument tiré de la cause exemplaire se joint un argument partant de la notion de cause méritoire. Jésus-Christ est le nouvel Adam qui, par ses mérites, doit relever les ruines causées par le premier Adam. Or, parmi les ruines causées par Adam, la perte de l’immortalité tient une place insigne. Si le Christ n’était pas vainqueur de la mort, comme il l’est du péché, le Christ n’aurait pas accompli complètement son œuvre. « Par un homme est venue la mort ; par un homme vient la résurrection. » Au nombre des ennemis à détruire, la mort vient en dernier lieu ; mais il faudra qu’elle soit enfin vaincue. Elle ne le serait point si le Christ, après avoir mérité sa résurrection glorieuse, ne méritait point la nôtre.

Ces deux arguments appartiennent à l’essence même du mystère de la rédemption. Voici maintenant deux raisons accessoires et secondaires, mises en avant par saint Paul.

Raison tirée de la conviction intime des fidèles, tout d’abord. Un curieux usage existait à Corinthe : le baptême pour les morts. Voir ici t. ii, col. 360. Saint Paul ne l’approuve ni ne le blâme ; il y voit seulement un argument en faveur de la résurrection. Le baptême, symbolisé par l’arbre de vie, dépose dans le corps un germe d’immortalité. Il imprime au chrétien un sceau indélébile qui le fera reconnaître au dernier jour comme un membre du Christ.

Raison tirée de la conduite des apôtres, ensuite. Par leurs renoncements volontaires, les apôtres meurent chaque jour ; leur vie n’est qu’une immolation lente et continue. Mais si le corps n’a pas de part à la récompense future, pourquoi le traiter ainsi ? Ne vaudrait-il pas mieux adopter la maxime des épicuriens ?

2. Le mode de la résurrection. —

Le mode de la résurrection est une difficulté que l’esprit humain se pose naturellement. Si les éléments dont sont composés les corps sont dispersés aux quatre vents du ciel, comment pourront-ils se réunir pour reconstituer les corps au moment de la résurrection :

(35) Mais, dira quelqu’un : « Comment les morts ressusciteront-ils ? ou avec quels corps reviendront-ils ? (36) In-