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    1. RÉSURRECTION##


RÉSURRECTION. LA THÉOLOGIE JUIVE

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de Baruch, estimant que xxx, 1-2 est une interpolation qui ne cadre guère avec le reste de la vision ; mais il affirme que le sujet est abondamment traité dans les autres perspectives, II Bar., xlix-li, cf. xxi, 23 ; xxiii, 5 ; xlii, 6 sq., parce que, « dans le système religieux du rédacteur dernier, la résurrection tenait une place plus considérable que dans les documents messianiques qu’il a insérés ». Op. cil., p. 470, note 10. « Ces constatations, ajoute le même auteur, permettent les conclusions suivantes : aux alentours de l’ère chrétienne la pensée de la résurrection ne s’est pas encore emparée des esprits comme elle le fera plus tard ; elle n’est pas encore un point invariable et familier des horizons eschatologiques : elle s’efface quelque peu derrière l’attente du grand jugement, qui fera prévaloir la justice, et derrière l’espérance de la vie éternelle. » Op. cit., p. 471.

Sur les preuves apologétiques de la résurrection, preuves scripturaires et arguments de raison, invoquées par les rabbins contre les hérétiques sadducéens, voir Bonsirven, p. 471-474.

Notion de la résurrection chez les Juifs.


Les termes traditionnels qui désignent chez les Juifs la résurrection se trouvent condensés dans Is., xxvi, 19 : « Vos morts vivront, mes cadavres ressusciteront (se lèveront) ; réveillezvous et chantez, vous qui êtes couchés dans la poussière. » Voir col. 2506. Deux catégories de formules doivent être surtout retenues, répondant chacune à une conception différente :

Tout d’abord, « ressusciter » signifie surgir soit du sommeil, soit du tombeau. C’est là l’idée et le mot qui reviennent le plus souvent dans l’Écriture et dans les apocryphes. Cf. Dan., xii, 2 ; Ps., lxxxviii, 11 ; II Mac, xii, 43, 44 ; vii, 9, 14. Dans les apocryphes, Hen., xci, 10 ; xx, 8 ; xxii, 13 (éthiopien) ; Test. pair. (Siméon), vi, 7 ; Ps. Sal., ni, 16. On trouve la même idée sous des expressions analogues : surgir de son sommeil, Hen.. xci, 10 ; cf. Is., xxvi, 19 ; les morts montant du Seol, Midraë Babba, Gen., édit. Theodor-Albeck, 12, 10, p. 109 ; Talmud, Berakhoth, 15 b et Sanhédrin, 92 a ; Hen., li, 1 ; les réceptacles des âmes rendant leur dépôt, Hen., li, 1 ; lxi, 5 ; Test. (Levi), îv, 1 ; IV Esd., vii, 32 ; Baruch (édit. syriaque, P. S., t. n), xxi, 23 ; xxx, 2.

Ensuite, « ressusciter » signifie vivifier les morts. On trouve l’expression dans la Bible, Os., vi, 3 ; Is., xvi, 1 9 ; Ez., xxxvii, 1-14 ; Dan., xii, 2 ; dans les apocryphes, IV Esd., v, 45 ; Bar. (éd. syr.), xxiii, 5 ; xlii, 7 ; xlix, 2. Elle abonde chez les rabbins : pour eux, la résurrection est la vivification des morts, Deut., xxxii, 2, cité d’après l’éd. Friedmann, Vienne, 1864, p. 132 a ; Talmud, Sanh., x (xi), 1 ; Ros ha-sana, 17 a, et Dieu est celui qui donne (ou rend) la vie aux morts, Sanh., 90 b. L’expression « vivre » devient ainsi, pour les morts, l’équivalent de ressusciter. Ceux qui ne ressuscitent pas, ne vivent pas, Sanh., x, 2 sq. De là la maxime de Rabbi Éléazar Haqqapar : « tous les morts doivent revivre, (ressusciter) et tous les vivants (les ressuscites) doivent être jugés ». Aboth, iv, 22.

Bénéficiaires de la résurrection.


Il est impossible de donner à cette question une réponse nette. Dans la théologie juive du temps de Jésus-Christ, il y a, touchant les problèmes de la vie future, tant de doutes et d’obscurités qu’une solution unique ne pourrait rallier tous les suffrages.

La notion commence à s’introduire d’une survie et d’une rétribution immédiatement consécutive à la mort : à quoi bon imaginer, se produisant après de nombreux siècles, un nouveau jugement précédé de la résurrection, lequel jugement ne pourrait que replacer les ressuscites dans l’état où ils se trouvent déjà ? Beaucoup croient également que certains impies sont anéantis au moins après quelques mois de torture dans la géhenne. La résurrection, elle-même, n’est pas encore généralement admise et, de plus, comment la concevoir : comme une mesure générale destinée à réunir tous les hommes pour le dernier jugement ? ou simplement comme la mise en possession de la vie éternelle ? Ne soyons donc pas étonnés de rencontrer sur ce point des opinions divergentes et n’essayons pas de les réduire à l’unité. Ne crions pas non plus à l’incohérence : la cohérence logique suppose des idées nettes et universellement reconnues. (J. Bonsirven, op. cit., t. i, p. 475-476.)

Un certain nombre de textes affirment Y universalité, de la résurrection, s’inspirant en cela de Dan., ii, 2. Nous avons déjà cité la phrase du rabbin Éléazar Haqqapar : « Ceux qui naissent sont pour mourir ; et les morts pour être vivifiés et les vivants (les ressuscites) pour être jugés ». De Deut., xxxiii, 39 : « C’est moi qui fais mourir et c’est moi qui fais vivre », on déduit que c’est Dieu qui envoie au même et la mort et la vie (la résurrection), édit. citée, p. 139 b. De même, la croyance que le Seol et les réceptacles des âmes rendront à l’ave nir leur dépôt implique une résurrection universelle. Cf. Test. (Levi), iv, 1 ; IV£srf., vii, 32 ; Bar. (édit. citée). xxi, 23 ; xxx, 2 ; xi.ii, 7 ; l, 2 : Talmud, Sanh., 92 a : Berakhoth, 15b ; MidrasRabba, Gen. (édit. citée), 12, 10, p. 109. Sans qu’on puisse se prononcer sur la signification exacte d’autres textes, il semble cependant vraisemblable « que la plupart des docteurs des premiers siècles ont cru à l’universalité de la résurrection ». Bonsirven, op. cit., p. 477. La résurrection semblait être la condition préalable du jugement universel.

Toutefois, pendant assez longtemps, plusieurs docteurs n’accordèrent qu’aux seuls justes le privilège, de la résurrection. La résurrection était l’accès à la récompense éternelle. C’est la doctrine de Josophe, qu’il attribue aux pharisiens, sinon à Moïse lui-même. Antiq. XV III, I, 3 (14) ; cf. Cont. Apionem, ii, 30 (218). (Les chiffres entre parenthèses reproduisent les paragraphes rétablis par l’édition Niese, Berlin, 1887.) C’est toutefois en un autre corps que passent les âmes des justes, Debello, II, viii, 14(163) ; III, viii, 5 (374). Telle paraît bien être aussi la pensée des jeunes martyrs dans II Mac, viii, 14 ; cꝟ. 17, 19, 35, 36, encore cependant qu’ils menacent du jugement et de châtiments leur juge persécuteur : ils semblent donc admettre aussi une résurrection, mais non pour la vie. N’est-ce pas là aussi la doctrine de II Mac, xii, 39-46 et spécialement 44 ? Voir art. Purgatoire, col. 1166. La première partie du livre d’Henoch incline en ce sens, puisqu’elle affirme qu’une catégorie de pécheurs ne sortira pas de son lieu de supplices, Hen., xxii, 13 ; les ressuscites seront des justes confiés à l’archange Remeiel, xx, 8. Dans le livre des Paraboles, il semble bien que la résurrection soit universelle, terre, Seol et enfers rendant leurs proies, et cependant seuls les justes paraissent en bénéficier. Hen., li, 2 ; lxi, 5. La cinquième partie ne reconnaît expressément que la résurrection des justes. Hen., xci, 10 ; cf. c. 5. De même les Psaumes de Salomon promettent aux justes la résurrection pour la vie éternelle et aux pécheurs la perdition sans rémission et sans résurrection pour la vie éternelle ». Viteau, Les psaumes de Salomon, Paris, 1911, p. 59. Cf. Ps. Sal., m, 11-16 ; xv, 14 sq. ; xiv, 2-4, 6. L’Apocalypse de Moïse est moins précise : la résurrection y est présentée, tantôt comme universelle, tantôt comme réservée aux seuls justes. Apoc. Mos., xxviii, 4 ; xli, 3. en sens universaliste ; xiii, 3, restriction au seul c peuple saint ». Seuls les justes en ont le privilège, d’après l’Apocalypse de Baruch, édit. syr., xxi, 23 : xlix-li ; xxiii, 5, dont la tendance universaliste est corrigée par xxx, 1, 2 ; et peut-être xlii, 7, 8, dans le sens indiqué. C’est que la résurrection apparaît liée à la vie éternelle. Mêmes indications dans les Testaments, Benjamin, x, 8, (cf. Dan., xii, 2) : Juda, xxv, 1 ; Zabulon, x, 2, 3 ; Benjamin, x, 6. 7.